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Sandra Jhabeemissur, compagne du chanteur Jahfazon : «Il faut cesser de persécuter les rastas à cause du gandia»

La jeune femme milite avec les membres de sa communauté pour pratiquer librement sa religion.

Elle a passé une nuit en cellule policière à cause d’une plante de gandia. Son compagnon est actuellement en prison pour la même raison. Membre de la communauté rasta, elle s’insurge contre cette situation.

Le respect. C’est ce que réclame Sandra Jhabeemissur, la compagne du chanteur Wendy Ambroise, plus connu comme Jahfazon. Ce dernier a été arrêté à sa descente d’avion, le mardi 3 janvier, alors qu’il revenait de Madagascar où il avait participé à un concert de reggae. Raison : en décembre, alors qu’il était absent du pays, la police a saisi une plante de gandia chez lui, à Rose-Belle. 

 

Sandra Jhabeemissur, qui était présente à ce moment-là, a été arrêtée et détenue en cellule policière. Elle a retrouvé la liberté après avoir fourni une caution. Jahfazon, lui, n’a pu sortir sous caution car au moment de son arrestation, il était déjà en liberté conditionnelle. Il avait été appréhendé avec plusieurs membres de la communauté rasta, le 6 mai 2016, pour avoir consommé du gandia en public, au Jardin de la Compagnie, lors d’une manifestation pacifique.

 

Sa compagne estime que ces nouvelles arrestations sont une énième preuve de la persécution dont sont victimes les membres de la communauté rasta. «Il faut cesser de persécuter les rastas à cause du gandia. Nous n’allons plus nous cacher pour pratiquer notre religion. Il est grand temps de clarifier notre situation. La plante de gandiaest liée à nos pratiques religieuses. Pourquoi ne pouvons-nous pas pratiquer librement notre religion ?» s’insurge la jeune femme.

 

Elle raconte que le matin du 10 décembre, elle dormait en compagnie de son fils Nesta, âgé d’un an, lorsqu’elle a entendu frapper à sa porte. «Quand je suis allée voir, il y avait des policiers armés et des chiens. Ils avaient déjà enfoncé ma porte. Ils n’avaient pas de warrant. Ils m’ont demandé où était Wendy. Je leur ai dit qu’il n’était pas à Maurice. Il avait obtenu l’aval de la Cour pour se rendre à Madagascar. Les policiers ont alors effectué une fouille», raconte Sandra.

 

Les policiers ont saisi une plante de gandia sur la terrasse, au premier étage, ainsi que quatre «taf», un «bong» artisanal et une graine de gandia. «Ils m’ont dit qu’ils étaient dans l’obligation de m’arrêter vu que mon mari n’était pas là. Ils m’ont emmenée au bureau de l’ADSU à Rose-Belle, sans me laisser prendre mon enfant qui dormait encore. J’ai refusé de faire une déposition sans mon avocat. On m’a alors conduite à la Bail and Remand Courtmais la police a objecté à ma remise en liberté sous caution. J’ai passé la nuit à Moka», confie la jeune femme. 

 

Séparée de son fils

 

Entre-temps, son fils est pris en charge par sa sœur. «Je suis repassée en Cour le lendemain et le magistrat m’a laissée sortir sur parole. Le jour suivant, j’ai dû me rendre en Cour de Mahébourg pour payer une caution de Rs 4 000», souligne Sandra. 

 

Elle précise par ailleurs que la plante retrouvée chez elle ne lui appartient pas personnellement, encore moins à son compagnon : «Plusieurs familles rastas s’étaient réunies chez nous le 2 novembre pour prier et célébrer le couronnement du roi Haile Selassie. La plante a poussé seule sur la terrasse car nous avons tous consommé du gandiace soir-là. Wendy s’est rendu à Madagascar le 4 décembre. Il devait rentrer 10 jours plus tard. Il a prolongé son séjour après avoir appris mon arrestation. Il savait qu’il allait se faire arrêter à sa descente d’avion. Nous faisons l’objet d’une charge provisoire de cultivating cannabisà cause de cette plante de 16 cm.»

 

Sandra se demande combien de temps encore les rastas vont continuer à être persécutés au quotidien. «Gard fatig nu ar la fouy.On ne peut pas vivre notre religion comme il se doit. L’autre gros problème, c’est le regard des autres. Nous menons une vie stressante. Pourquoi devons-nous vivre dans l’oppression ? Nous sommes victimes de discrimination. Personnellement, je peine à trouver du travail alors que je suis détentrice d’un diplôme en hôtellerie. Cette situation doit cesser.»

 


 

Le combat des rastas

 

Les membres du mouvement rastafari estiment que rien n’a été fait depuis 1999, soit l’année où Kaya est mort, pour la dépénalisation du gandia. Pour eux, il est temps de clarifier leur situation par rapport à cette plante car beaucoup d’entre eux sont emprisonnés pour l’avoir consommée alors qu’elle est intimement liée à leur religion. Les membres de cette communauté ont animé une conférence de presse le vendredi 6 janvier pour dénoncer l’arrestation de Jahfazon ainsi que celle de leur porte-parole Siva Pareemanun et d’un autre membre de la communauté pour rogue and vagabond alors qu’ils étaient venus soutenir leur ami chanteur lors de son passage devant la Cour de justice. «Aksepte nu. Aksepte nu relizion. Respekte nu drwa. Sa mem tou nu bizin», précise Jean-Alain Résidu.

 

 

Selon lui, la pratique d’une religion est un droit constitutionnel : «Nu anvi fer lepep konpran ki nu osi nu ena nu plas dan sa pei la. Si nu pena nu plas lotorite pu bizin deport nu. Akoz sa mem nu fer apel pu dimoun konpran nu soufrans. Inn ler pu aret persekit nu. Donn nu nu liberte. Nu zanfan later mama moris nu osi.» Le chanteur invite ceux qui ont des préjugés sur les rastas à écouter la compilation musicale Rouzonver Riddim, concoctée par la Natty Dread Family pour mieux faire entendre la voix de la communauté après l’épisode du 6 mai 2016. Ce jour-là, plusieurs rastas avaient été arrêtés et tabassés par la police à Port-Louis alors qu’ils réclamaient le droit de pratiquer librement leur religion en consommant du gandia