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SAJ cultive le flou : Une indécision, des conséquences…

Le Premier ministre sait qu’il quittera son poste. Quand ? Il s’en remet à Dieu. Une décision qui ne semble pas convaincre les membres de son équipe…

 

Faites vos jeux. Prenez vos paris. Suivez des yeux votre tuyau banker. Brouillez les cartes, faites rouler les dés ou les numéros du loto. Signez des reconnaissances de dettes (ou pas) ou mettez tous vos démons de côté – n’était-ce pas l’ambition de l’alliance Lepep concernant les jeux de hasard ? – pour suivre le game du moment. C’est l’heure des spéculations, des hypothèses, des palab, des pronostics (tiyo perse lor baz).

 

Et si l’indécision de sir Anerood Jugnauth n’avait pas des conséquences pour le pays, tout ça serait bien entertaining ! Si, dans les rangs de l’opposition, on s’inquiète qu’il s’en remette «à Dieu» pour le moment de son départ (et l’accession au pouvoir de son fi ls, Pravind Jugnauth), son incapacité à faire le pas agace même les membres de son gouvernement. Depuis quelque temps, assurent certains d’entre eux, le pays bouz fix, les investisseurs attendent cette passation, les problèmes de fond ne sont pas réglés et un manque de sérénité se fait sentir…

 

Et si nombreux sont les Mauriciens, politiciens ou non, qui s’attendaient à ce que le Premier ministre précise sa pensée lors de sa sortie publique en fin de semaine, tel n’a pas été le cas  De retour de son périple diplomatique pour la cause des Chagos aux USA, SAJ a cultivé le flou concernant son éventuel départ, annoncé avant qu’il ne prenne l’avion (concernant le remaniement ministériel, il a annoncé que c’est son successeur qui s’en chargerait).

 

Marque de direction

 

Une mauvaise stratégie estime un député orange, plus proche de Pravind Jugnauth que de son père : «Il faut qu’il parte, qu’il laisse la relève prendre les commandes et qu’on puisse, enfin, continuer à bosser pour le pays. Pour l’instant, jet rouve qu’on subit ce manque de direction claire.» Il ne dira pas, non plus, que la situation est préjudiciable pour le pays. «Ça n’a rien à voir. Nous continuons àt ravailler pour les Mauriciens.»

 

Du côté de l’opposition, le discours n’est pas édulcoré. Paul Bérenger et Navin Ramgoolam semblent, pour une fois depuis 2014, être sur la même longueur d’onde : outre qu’ils réclament des législatives anticipées pour que Pravind Jugnauth puisse prétendre au poste ultime, ils estiment que l’indécision du Premier ministre mène le pays à la dérive (un discours d’opposition, quoi !). Le leader de l’opposition trouve que la transition doit avoir lieu rapidement pour le bien de Maurice. Il l’a redit lors de son point de presse, hier, samedi 8 octobre : «Il est très malsain pour lepays qu’il n’ait rien dit alors qu’il avait annoncé son départ avant qu’ilne se rende à New York. On ne sait pas combien de temps cette situation va durer. On perd beaucoup de temps sur les dossiers importants.»

 

Dans le sillage de cette annonce suivie d’une non-décision effective et nécessaire, le leader du MMM craint que ne s’amoncellent les cafouillages et la création de clans. Un scénario digne d’une telenovela ? Pas tout à fait. C’est déjà la réalité, assure un membre du MSM. «Surtout quand il y avait le spectre du remaniement ministériel. Disons que ça, ce n’est plus d’actualité mais il est difficile de gouverner et de prévoir quand il n’y a pas de sérénité. SAJ,que je respecte énormément, doit prendre une décision.» Pour lui, le Premier ministre aurait dû se taire, tout simplement. Aujourd’hui, il a créé un monstre. «S’il n’avait rien annoncé, la question ne se poserait même pas. Mais là,c’est trop tard. Il a provoqué la grogne chez le PMSD, qui rêvait de Xavier-Luc Duval en PM. Tant que la situation sera floue, ce ressentiment enflera. Alors, pour faire taire cette vague-là, il faut se décider, il faut imposer.» Comme pour régler le casBhadain, qui persiste à répandre uneodeur malsaine sur la bande à Lepep.

 

Notre interlocuteur s’inquiète, dit-il, que certains investisseurs ne veuillent pas aller de l’avant tant que la question de leadership à la tête du gouvernement ne sera pas clarifiée. «Ils veulent, bien sûr, savoir dans quelle direction ira ce pays ! Moi, pour l’instant, je n’en sais rien. Mais jen’ai pas de doute que Pravind Jugnauth pourra redresser la situation.»

 

Dans les discours de ceux que nous avons interrogés, une tendance nette se démarque. Ils semblent tous être en faveur du leader du MSM. «SAJ a fait son temps. Il a fait du bon boulot.Maintenant, il doit passer le témoin»,poursuit notre interlocuteur. N’empêche que certains au MSM ne sont pas encore prêts à ce que le bolom raccroche. «J’ai rejoint le parti parce qu’il serait mon Premier ministre et je crois en ses capacités. Il est inutile de bousculer les choses. D’ailleurs,c’est faux de dire qu’il y a de l’incertitude. L’alliance Lepep est au pouvoir et fait son travail. That’s it. Je ne comprends pas pourquoi les gens veulent compliquerles situations simples», affirme un élu du MSM.

 

S’il avoue que ces derniers temps, il y a eu des petites frictions entre les partenaires de l’alliance et que le conflit Bhadain-Sanspeur n’a pas fait du bien au gouvernement, il est persuadé que ce ne sont que des détails. «Pourquoi ne pas voir ceque le gouvernement fait ? Pourquoi rester bloqué sur ces choses qui ne sont au final quedes palab ? Haussons le niveau, voyons !» Le besoin de sérénité serait, donc, overrated. Il semble oublier que ces «palab» viennent souvent parasiter le decision making au sommet, que les guéguerres de pouvoir ne rassurent pas la population qui s’inquiète déjà de mille et une choses alimentaires du quotidien. Le plus important, estime-t-il, c’est que les membres du gouvernement ont à coeur l’avancement du pays et ne s’inquiètent que de ça. «Quand on a un pays à gérer, c’est déjà une occupation à plein-temps.Le reste n’est pas important», martèle-t-il. Une vision qui semble utopique alors que SAJ tient le pays en haleine par rapport à sa succession. En attendant, qu’il se décide (il évoque juin 2017, d’autres parlent d’avant Divali), les paris sont ouverts pour deviner cette date. Faites vos jeux


 

Le Premier ministre : entre flou et émotion

 

Son allocution était très attendue. Pourtant le Premier ministre n’a finalement pas annoncé la date de son départ. Interrogé par les journalistes à la fin de son discours, au lancement de la National Youth Policy 2016 à Rivière-du-Rempart, le vendredi 7 octobre, le chef du gouvernement a préféré cultiver le flou. Néanmoins, il a indiqué qu’il s’occuperait de l’affaire Chagos, dossier qui lui tient à coeur, jusqu’en juin 2017 (qui marquera la fin du délai accordé aux Britanniques). À la question de savoir s’il serait toujours Premier ministre à cette date, il a répondu : «Sa, Bondie ki kone (…) Mo mem mo pa kone !» Concernant le remaniement ministériel annoncé, il a confi é qu’il laisserait cette tâche au prochain Premier ministre. Plus tôt, le SAJ a été ému jusqu’aux larmes, lors de son discours face aux habitants de la circonscription de Piton–Rivière-du-Rempart où il a été élu, en évoquant sa jeunesse et ses débuts politiques.