• Boxe thaï : première édition de «La Nuit des Nak Muay»
  • Badminton : les Internationaux de Maurice à Côte-d’Or
  • Trois univers artistiques à découvrir
  • Handicap et vie professionnelle : un pas de plus vers l’inclusion
  • Mayotte au rythme des crises
  • Une rare éclipse totale traverse l’Amérique du Nord : des Mauriciens au coeur d’un événement céleste spectaculaire 
  • World Thinking Day : les guides et la santé mentale
  • Mama Jaz - Sumrrà : prendre des risques musicaux avec le jazz
  • Karine Delaitre-Korimbocus : Kodel, une nouvelle adresse dans le paysage de Belle-Rose
  • Oodesh Gokool, le taximan attaqué au couteau : «Mo remersie piblik»

Saisie de Rs 4,7 millions d’héroïne à l’aéroport : Une passeuse sud-africaine conduit l’ADSU jusqu’à trois Mauriciens

La drogue avait été dissimulée dans des préservatifs.

Elle avait dissimulé de la drogue dans son soutien-gorge et ses parties intimes. Interpellée à sa descente d’avion, la jeune femme de 35 ans a permis à la brigade antidrogue de mettre la main sur trois présumés trafiquants mauriciens. Cette grosse prise serait liée au même réseau derrière l’importation des 135 kg d’héroïne.

Au fil des années, les enquêteurs de la brigade antidrogue sont témoins de divers subterfuges, les uns aussi surprenants que les autres, auxquels ont recours les trafiquants de drogue. Le mardi 14 mars, une opération de l’Anti-Drug & Smuggling Unit (ADSU) a conduit à l’arrestation d’une passeuse sud-africaine à l’aéroport. Cette dernière, Wendy Fikele Magoro, une enseignante de 35 ans, avait dissimulé de la drogue dans son soutien-gorge et ses parties intimes. 

 

La jeune femme est arrivée dans l’île par le vol MK 852, en provenance de Johannesburg. Son comportement suspect a interpellé le personnel de l’ADSU présent sur les lieux. Une fouille corporelle a alors permis de mettre la main sur trois préservatifs renfermant 316,05 g de drogue, d’une valeur marchande de Rs 4,7 millions. Wendy Fikele Magoro a été arrêtée et soumise à un interrogatoire serré. Elle a accepté de participer à une opération de livraison contrôlée le lendemain. 

 

Ainsi, mercredi soir, les enquêteurs se sont rendus à proximité d’une maison d’hôte à Mahébourg, où il était prévu que la Sud-africaine livre la drogue. Lors de cette opération, supervisée par le DCP Choolun Bhojoo, patron de la brigade antidrogue, trois individus sont venus récupérer le colis à bord d’un 4x4. 

 

Quand ces derniers se sont rendu compte qu’ils étaient tombés dans une embuscade, ils se sont montrés violents. Trois officiers ont été blessés, notamment aux bras et aux genoux, et des véhicules ont été endommagés. Mais les enquêteurs finiront par maîtriser les trois présumés  trafiquants : Jean Pierre Rosette, alias Youn, 46 ans, et Louis Laval Gurbhoo, alias Yar, 45 ans, des poissonniers domiciliés à Albion, et Jean Vincent Michael Laretif, un éleveur de chiens habitant Pointe-aux-Sables. Le jeudi 16 mars, ils ont comparu en cour de district de Grand-Port sous une accusation provisoire d’importation d’héroïne et ont été maintenus en détention. L’enquête suit son cours.

 

Jean Pierre Rosette n’est pas un inconnu des services de police. Il y a quelques mois, il a été libéré après avoir passé plusieurs années en prison pour un délit similaire. En juillet 2011, il avait été appréhendé lors d’une opération de livraison contrôlée de l’ADSU après que des boulettes de brown sugar valant Rs 15 millions ont été découvertes dans les valises d’une Malgache. Les enquêteurs le soupçonnaient d’être le commanditaire de l’importation de cette importante cargaison de drogue. 

 

Toutefois, ce ne serait pas l’unique fois qu’il a été appréhendé pour une affaire de drogue. Jessica, l’épouse de Louis Laval Gurbhoo, raconte que Jean Pierre Rosette et son mari sont des amis de longue date. «À sa sortie de prison il y a quelques mois, Youn n’avait pas d’endroit où aller, nous l’avons donc hébergé. Il était constamment harcelé par les policiers. On dirait qu’ils attendaient la moindre saisie pour la lui mettre sur le dos même s’il se tenait tranquille.» 

 

En quête de poisson

 

En ce qui concerne celui qui partage sa vie depuis 13 ans, Jessica persiste et signe : il est innocent. «Nos comptes en banque ne contiennent pas des millions. Nous ne sommes même pas les propriétaires de la maison dans laquelle nous vivons. Nous avons toujours vécu modestement. En plus, je croule sous les dettes. Si mon mari était un trafiquant, nous n’aurions pas eu tous ces soucis.»

 

Le jour de l’arrestation de son mari, raconte Jessica, elle attendait patiemment que celui-ci, qui se trouvait à Mahébourg, rentre pour le dîner. «Il allait souvent chercher du poisson là-bas, peu importe l’heure. Je l’avais eu au téléphone vers 19h15. Il m’avait dit que si la cargaison de poissons tardait, il allait rentrer. Puis, je n’ai plus eu de ses nouvelles.» Inquiète, elle essaie de le joindre à plusieurs reprises, en vain. Ce n’est que vers 3 heures qu’elle l’a finalement au bout du fil. «Il était aux Casernes centrales. Il m’a dit : ‘‘Monn gagn trape.’’»

 

Jessica ne cache pas sa colère. Lorsqu’elle s’est rendue en cour durant la journée de jeudi, elle dit avoir constaté que son mari était couvert de blessures. «Je ne suis pas contre la police mais j’estime qu’ils n’auraient jamais dû le brutaliser de la sorte. Ce ne sont que des allégations. La drogue n’était pas en sa possession», soutient-elle en montrant un T-shirt maculé de sang qu’aurait porté son mari le jour de son arrestation. «La police a aussi endommagé son 4x4.»

 

Quant au troisième suspect appréhendé, Jean Vincent Michael Laretif, Jessica dit le connaître que depuis deux mois. «Il nous donnait un coup de main pour vendre le poisson mais je ne sais rien de lui ou de son environnement.»

 

La prochaine comparution en cour des trois suspects est prévue pour jeudi.

 


 

Le DCP Bhojoo : «Notre combat continue»

 

Selon le responsable de la brigade antidrogue, son unité est sur la bonne voie, «grâce aux renseignements que (nous) avons obtenus sur le terrain et auprès de (nos) informateurs». Lors de son point de presse, le vendredi 10 mars, suite à la saisie de 135 kg d’héroïne, le DCP Choolun Bhojoo a soutenu : «Notre combat continue, avec le soutien du gouvernement et du Premier ministre. C’est la vigilance, la compétence, l’application et la combativité des unités impliquées dans ces opérations qui nous ont permis d’atteindre de tels résultats. Le combat contre la drogue est le combat de tout le monde. Nous avons besoin de l’aide de tout un chacun pour amener ce combat.»

 


 

Commission d’enquête sur la drogue : Seconde déposition pour Zahbeen Tafajoul

 

Les interrogatoires se poursuivent devant la Commission d’enquête sur la drogue. Cette semaine, la gérante de Tafa & Joomun Bakery a, de nouveau, été entendue par l’ex-juge Lam Shang Leen et ses assesseurs Ravind Domun et Sam Lauthan. Lors de la première audition de Zahbeen Tafajoul, ces derniers l’avaient questionnée sur sa situation financière, intrigués du fait qu’elle n’ait pas d’argent sur ses comptes bancaires. Ce, alors qu’elle venait d’acheter un campement à Flic-en-Flac. 

 

Le lundi 13 mars, Zahbeen Tafajoul a été interrogée sur de fréquents appels échangés avec sa cousine qui est actuellement en détention. Cependant, la séance a été interrompue car la carte Sim qu’elle utilisait n’était pas enregistrée à son nom. 

 

L’ex-juge et ses assesseurs se sont également intéressés à un peintre. Ce dernier a dû s’expliquer sur ses fréquents voyages, notamment le dernier qui remonte à février, à Madagascar. Il a aussi été sommé de s’expliquer sur ses sources de revenus. À ce sujet, le peintre a répondu qu’il travaillait également en partenariat avec un Malgache dans le secteur agricole. Également interrogé sur des virements de grosses sommes d’argent, il a demandé un délai afin de s’expliquer. 

 

Le DCP Choolun Bhojoo s’est aussi entretenu avec l’ex-juge et ses assesseurs mais son audition s’est déroulée à huis clos. D’après des sources bien informées, la commission d’enquête sur la drogue devrait s’étendre jusqu’à juin.