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RT Department de l’hôpital de Candos : Entre pagaille et patients exaspérés

 Il y a toujours une file d’attente impressionnante dans ce département de l’hôpital Victoria.

Incursion au seul département de radiothérapie et d’oncologie de l’île. Ceux qui doivent s’y rendre n’ont pas la tâche aisée, entre longue attente et autres conditions difficiles. Le décès de Suzette Aza, morte la semaine dernière dans des conditions révoltantes, a mis en lumière plusieurs problèmes concernant ce département réservé aux cancéreux, dont ceux devant faire la radiothérapie et la chimiothérapie…

Accéder à la salle d’attente du département de radiothérapie (RT Dept) et d’oncologie de l’hôpital Victoria à Candos relève déjà d’un véritable parcours du combattant. Pourtant, il n’est que 9 heures en ce jeudi matin. Le vigile qui gère l’aire de stationnement ne sait plus où donner de la tête. Le va-et-vient incessant des voitures qui viennent déposer des patients le dépasse. Les chauffeurs ont de grosses difficultés à faire marche arrière en raison du manque d’espace.

 

À l’intérieur de la salle principale, les choses de s’arrangent pas. Les places assises ne sont plus disponibles. Le personnel soignant s’attend à une autre demi-journée cauchemardesque. Il y a déjà plus d’une dizaine de cartes de rendez-vous dans la petite boîte déposée au guichet qui sert également de réception. Rien qu’à voir les visages, on devine que le pire reste à venir. Au fil des minutes suivantes, la liste des patients ne cesse de s’allonger.

 

Ce qui n’arrange pas la situation de Priya (*). «Pa kone kiler nou pou sap la zordi», murmure cette dame d’âge mûr à la jeune femme à qui elle fait un brin de causette. La patience, dit-on, est une vertu essentielle dans ce département. «Demandez-le à tous ceux qui, d’une façon où d’une autre, ont connu ce département. Tous vous diront la même chose : l’attente est un véritable calvaire lorsque vous êtes au département de radiothérapie. La seule chose qui a changé au fil des années, ce sont les endroits pour s’asseoir. Il n’y a plus de bancs en bois», souligne Fadia, une habituée des lieux.

 

Âgée de 48 ans, cette habitante des Plaines-Wilhems suit un traitement dans ce département après s’être fait opérer d’un cancer du sein en décembre 2014. 25 ans plus tôt, sa mère était aussi en traitement pour un cancer. «À l’époque, il y avait très peu de patients. Je pense que ce nombre a triplé, voire quadruplé, au fil des années, mais le personnel est resté au même nombre. 25 ans plus tard, il n’y a toujours qu’un seul département de radiothérapie et d’oncologie pour toute l’île. Voilà pourquoi nos rendez-vous ici nous laissent toujours un goût très amer», souligne Fadia. 

 

À chaque rendez-vous, le/la patient/e doit arriver très tôt pour avoir une chance de rentrer chez lui/elle tôt. Sur place, lafile d’attente est toujours conséquente. Les étapes suivantes frôlent le chemin de croix. Ce n’est pas Rouba, 60 ans, qui dira le contraire. Elle fréquente les lieux depuis cinq ans. Elle a connu la totale, soit de longues files d’attente pour les rendez-vous et plusieurs séances de chimiothérapie et de radiothérapie. «À chaque fois que je viens en rendez-vous, il y a au moins 200 personnes. J’arrive toujours à 9 heures mais ce n’est qu’à 12h30 que je vais être vue par le médecin. À l’époque où je faisais la chimio, je rentrais chez moi au-delà de 16 heures», souligne cette Vacoassienne.

 

Indignation

 

Les malheurs de Suzette Aza, une patiente cancéreuse qui a succombé à sa maladie à l’âge de 61 ans, le lundi 25 avril, ne laissent pas indifférents les autres patients du RT Dept. Les circonstances de son décès suscitent même l’indignation. «Je l’ai connue en tant que membre de Breast Cancer Care (BCC). Je vis dans la peur depuis la fin tragique de Suzette. Lors de mon opération pour un cancer du sein, le personnel soignant avait effectué un prélèvement à des fins d’analyses. C’était en décembre 2014. Nous sommes en mai 2016. J’attends toujours mes résultats. À l’époque, mon cancer était au stage 1. Je crains désormais le pire», déclare Fadia.

 

Rouba a elle aussi connu Suzette : «Je suis également membre du BCC. Les circonstances entourant sa mort m’avaient choquée. Beaucoup de personnes sont dans la même situation. Le personnel du RT Deptest submergé car il y a trop de patients. Un médecin examine quotidiennement entre 30 et 40 personnes. Il n’a même pas le temps de vous palper les seins après votre opération car il a les autres patients à voir avant d’aller rendre visite à ceux qui sont admis en salle. Le pire, c’est lorsqu’on vous fait vous asseoir à côté de quelqu’un qui est en phase final de son cancer. C’est un choc terrible sur le plan psychologique.»

 

Trois jours avant sa mort, Suzette Aza avait raconté dans l’émission Enquête en directsur Radio One, comment elle s’était rendue à l’hôpital en janvier pour une grosseur au sein. On lui a rapidement fait des prélèvements pour des analyses, mais elle a dû attendre les résultats pendant plus de deux mois. À chacun de ses nombreux rendez-vous, on la renvoyait chez elle en lui disant que les résultats n’avaient pas encore été reçus. Elle confiait aussi son angoisse et sa colère face à cette longue attente qui avait fait évoluer sa maladie et disait regretter d’avoir attendu si longtemps. Hélas, sa maladie a finalement eu raison d’elle…

 

Suzie, 58 ans, elle, a été plus chanceuse après la découverte de sa maladie : «Tout s’est passé bien vite dans mon cas. J’ai été opérée il y a cinq ans. J’ai fait la chimio et la radiothérapie. Il y a quelque chose que je n’arrive pas à comprendre. Pourquoi doit-on attendre aussi longtemps pour avoir nos résultats ? À chaque rendez-vous, on doit faire une prise de sang et avoir des résultats avant d’être vu par le médecin. Si les résultats se perdent, il faut faire une nouvelle prise de sang. Ce qui n’est pas évident. Vous devez aller déposer votre échantillon de sang au laboratoire vous-même et attendre pour être sûr d’avoir les résultats. Ce qui n’est pas toujours évident lorsque vous êtes seul et que votre état de santé ne vous permet pas de courir ici et là.»

 

Tous ceux rencontrés s’accordent à dire qu’il est grand temps de décentraliser les services fournis par le laboratoire central de l’hôpital de Candos. Ils sont aussi d’avis qu’il faut mettre sur pied un RT Deptdans un autre établissement hospitalier pour réduire le supplice de l’attente. Cette patiente âgée venant de Goodlands n’aura ainsi plus à quitter sa maison à 4 heures pour débarquer à Candos avant 5 heures afin d’être sûre d’être parmi les premiers de la liste d’attente et de pouvoir rentrer tôt chez elle.

 

(*) Prénom fictif

 


 

L’enquête interne sur la mort de Suzette Aza toujours en cours

 

L’enquête interne initiée pour situer les responsabilités après la mort de Suzette Aza n’est toujours pas terminée. C’est ce que laisse entendre une source officielle au ministère de la Santé. Le ministre de tutelle a toutefois fait une déclaration au Parlement à ce sujet mardi dernier. Dans sa réponse à une question parlementaire, Anil Gayan a voulu apporter ce qu’il appelle des éclaircissements. Il récuse ainsi les allégations de négligence médicale. Selon ses dires, cette patiente a reçu tous les soins nécessaires depuis la découverte de sa maladie. Le ministre vient également dire que le SAMU a agi, selon la procédure, le jour de sa mort. Ce qui étonne plus d’un. Rappelons que cette dame de 61 ans, souffrant d’un cancer, a attendu les résultats de ses analyses faits en janvier 2016 pendant plus de deux mois, ce qui a aggravé sa maladie. En sus de cela, souffrant de problèmes respiratoires le lundi 25 avril, elle n’a pas obtenu l’assistance du SAMU. Un membre du personnel hospitalier ayant fait comprendre à ses proches au téléphone que l’ambulance ne se déplace que pour des accidents ou des cas graves. Elle est morte peu après, chez elle.