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Rodriguais, Agaléens et Chagossiens… à l’heure des célébrations

Ils ont le coeur qui balance. Au moment où le pays célèbre avec faste un demi-siècle, des habitants de Rodrigues, d’Agalega ou qui ont été déracinés des Chagos, sont partagés. Ils ont leurs îles ancrées en eux et disent ne pas pouvoir se réjouir. Ils nous confient leurs sentiments…

«J’aime ma vie à Agalega»

Arnaud Poulay, Handy Worker, secrétaire général de l’Agalega Mauritius Partnership Association. Il a 34 ans et habite le village Vingt-Cinq sur l’île de Nord à Agalega : «Bien évidemment, je suis fier de notre drapeau et d’être un compatriote de l’île Maurice. Mais j’aime aussi mon archipel : Agalega. J’ai été conçu là-bas. J’ai grandi là-bas et j’aime ma vie là-bas. J’aime à dire, ki nou bazar, se lamer.  Mais d’un autre côté, il nous manque tellement de choses. Je suis actuellement à Maurice parce que mon épouse vient d’accoucher. Et vous ne pouvez pas savoir à quel point mon île me manque. On est ici parce que là-bas, il nous manque beaucoup de choses. Les accouchements sont un exemple. Ces trois dernières années, il n’y a plus eu de construction de nouvelles maisons. On n’a pas non plus de travail et cela nous affecte. À l’heure des festivités, je suis donc partagé car j’estime que les autorités ne font pas suffisamment pour améliorer le sort des Agaléens. À la dernière visite ministérielle, deux transports dernier cri ont été achetés alors qu’il n’y a pas de fonds pour construire des maisons. Cet argent aurait pu servir à changer nos vies. Et comment se réjouir quand il y a des rumeurs qu’il y aurait bientôt la construction d’une base militaire indienne sur notre archipel ? On est dans le doute, dans le flou... On espère ne pas vivre le même sort que les Chagossiens.»

 


 

 

«Un développement continu pour Rodrigues»

 

 

Jean Steeve Lucchesi, 34 ans, marié, Computer Attendant et habitant Anse-aux-Anglais à Rodrigues : «Les 50 ans de Maurice représentent la liberté pour Maurice mais ce n’est pas le cas pour Rodrigues. Le développement à vitesse grand V que connaît Maurice, comme l’arrivée prochaine du Metro Express, est un exemple de développement majeur pour Maurice alors que ce n’est pas le cas pour Rodrigues qui avance lentement. C’est comme si nous, Rodriguais, nous étions à la fois libres et prisonniers. Nous sommes autonomes sans l’être. On demande plus de considération en termes de budget. Nous serons plus fiers de célébrer ces 50 ans avec des réaménagements qui changeront notre vie. Comme avoir l’accès à l’eau courante et vivre à l’ère de la nouvelle technologie. C’est une fierté d’être partie prenante du développement de la République de Maurice et de contribuer à son succès mais en même temps, on revendique un développement continu pour Rodrigues afin que nous soyons plus fiers.»

 


 

 

«Les Chagossiens, des moutons sacrifiés»
 

 

 

Martin France, 29 ans, d’origine chagossienne. Son père François est né sur l’île de Salomon. Père de deux garçons, il travaille comme Quantity Surveyor en Angleterre : «Toutes les années, pendant la période de la fête de l’Indépendance de Maurice, je ressens une profonde amertume, une colère et une frustration terrible. Cela, à cause de l’injustice que nous vivons depuis un demi-siècle en raison de la décision du gouvernement mauricien 50 ans de cela. À mes yeux, nous sommes les moutons qui avons été sacrifiés pour que l’île Maurice soit indépendante. Mais le pire dans tout ça, c’est qu’on a été laissés pour compte. Quand mes parents et ma famille sont arrivés à Maurice après avoir été déracinés de leurs terres natales, ils ont été abandonnés sur le port, livrés à eux-mêmes, sans aucun abris et sans rien à manger et à boire. Ils ont dû dormir sur le port pendant plusieurs semaines et ont dû squatter et mendier pour pouvoir survivre jusqu’à ce qu’ils trouvent du travail et un abri. En outre, il y a des préjugés auxquels notre communauté a dû faire face et fait encore toujours face, de la part de Mauriciens qui nous traitent comme les derniers de la classe ! Ils ne réalisent pas qu’ils sont devenus un peuple indépendant à nos dépens. Ayant eu l’occasion de visiter Diego Garcia et les autres îles des Chagos récemment, j’ai été très triste de voir ce bijou paradisiaque que Maurice a cédé au gouvernement anglais.

 

Comment est-ce que l’île Maurice peut se proclamer indépendante quand elle n’a plus sa souveraineté sur toutes les îles qui lui appartenaient ? Si cela s’avère entre Agalega et l’Inde, je serais très triste mais en même temps, très en colère. Cela montrerait à quel point le gouvernement mauricien n’apprend pas de ces erreurs et ne regrette pas ce qu’il a fait au peuple chagossien. Alors, pendant que tout le monde se réjouit en ce 12 mars, pour moi, ce sera comme toutes les années : avec un sentiment d’amertume et de colère, et peut-être aussi une petite larme à l’heure où le drapeau se lèvera, tout comme pour beaucoup d’autres Chagossiens, je suis sûr.»