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On the road : Feu rouge aux dangers de la route

Plus de 30 000 accidents par an. Un triste record de morts (144) sur nos routes en 2016, un début d’année 2017 avec son lot de victimes : des vies perdues, des familles anéanties, des existences gâchées. Le constat n’est pas facile à regarder en face. L’urgence de la situation non plus, dans le confort de sa maison, loin de l’horreur des accidents. Néanmoins, la liste des morts qui s’allonge ne peut laisser indifférent. Alors, c’est à chacun de prendre ses responsabilités pour rendre les routes plus sûres. Bien sûr, il y a les règles élémentaires pour y arriver : pas d’alcool au volant, suivre le code de la route, entretenir son véhicule, écouter son corps et ne pas conduire si on ne se sent pas bien, entre autres. Mais il y a aussi des gestes à avoir sur les routes, auxquels on ne pense pas toujours mais qui peuvent permettre de se protéger et de protéger les autres. Nous avons demandé à Alain Jeannot, président de l’association Prévention routière avant tout (PRAT), ainsi qu’à des automobilistes de longue date, de nous faire part de ces «astuces» de bons conducteurs.

Les yeux dans le rétro. Pas dans le sens philosophique de l’expression. On ne regarde pas en arrière pour s’extasier sur les bons souvenirs de 2016 (on peut le faire mais ce n’est pas le propos). Sur la route, on y jette des coups d’œil régulièrement. Et pas uniquement quand vous avez une manœuvre à faire mais tout au long de la route. C’est une façon d’être conscient de tout ce qui vous entoure. Si un autre usager de la route a une conduite dangereuse à l’arrière ou sur les côtés, on peut le voir venir, ne pas être surpris et adapter sa conduite en fonction. 

 

«Les gens ne regardent pas assez dans leur rétroviseur. Pourtant, c’est un outil important et il faut s’en servir. Ça me permet de ne pas être surpris par certaines choses sur la route. On peut se préparer et agir en conséquence», confie Manoj Jinghoor, chauffeur de van depuis 25 ans. 

 

Il faut de la distance. De l’air ! De l’air ! Pour Alain Jeannot, c’est un must know de la sécurité routière : laisser de l’espace entre votre véhicule et l’autre qui vous précède est un basique. Assez pour ne pas voir votre ami usager de la route se curer le nez (c’est une bonne chose). Assez pour avoir de l’espace pour freiner si jamais il y a un imprévu : «À 110 km/h, il faut au moins 100 mètres pour stopper la voiture. C’est énorme. Alors, il faut se rendre compte que c’est une donnée très importante de la conduite.» 

 

Au carrefour. Il faut prendre son temps et même si on a la priorité, il vaut mieux vérifier qu’une autre personne, qui ne l’a pas, se l’octroie. «L’erreur est humaine, alors si on veut se protéger, il vaut mieux ‘‘double check’’ avant de continuer sa route. Moi, je préfère ralentir un peu», estime Manoj Jinghoor. 

 

Au feu ! Idem aux feux de signalisation : «Même si c’est vert, je vérifie avant de déboucher, ça ne prend que quelques secondes.» Et même si on vous klaxonne, prenez votre temps. «Les conducteurs doivent être patients», précise Alain Jeannot. 

 

«On alert». Bon, ça a l’air un peu banal dit comme ça mais il faut parfois une petite piqûre de rappel : il est nécessaire d’être vigilant et aux aguets sur la route. Faizal, qui fait des «courses» après ses heures de bureau, essaie de ne pas tomber dans la routine. «Je roule depuis 30 ans et il y a une chose que j’essaie de faire : ne pas me sentir super à l’aise sur la route. Même si je l’emprunte tous les jours ! Souvent, c’est tellement une habitude qu’on conduit sans faire attention et c’est là qu’on peut se laisser surprendre.»

 

Alain Jeannot en est conscient et rappelle qu’avec une flotte de véhicules importante à Maurice, le danger peut surgir de partout. «Ça n’existe plus les petites routes où il n’y a rien à craindre.» En plus, poursuit-il, les road markings, entre autres indications matérielles nécessaires sur la route, ne sont pas toujours visibles ou efficaces : «Alors, il faut toujours faire attention et se fier à ses sens.» Dans le doute, donnez-vous le temps de réfléchir ! 

 

Pris dans les phares. Les appels de phare, c’est un peu le langage des signes des automobilistes. Mais bon, parfois, il y a des ratés sur la ligne de communication. «Un appel de phare, ça permet de céder le passage ou de demander le passage ? Les deux ! Alors, quand on ne se comprend pas, ça peut provoquer des accidents. En attendant que ce genre de signes soient codifiés, il vaut mieux ne pas trop s’y fier», confie Alain Jeannot. Et puis, quand quelqu’un vous cède le passage, ne vous précipitez pas, prenez votre temps, d’autres usagers n’ont peut-être pas compris ce qui se passe entre vous et l’autre véhicule. 

 

Panique sur route.Et sur les gros véhicules, surtout ! Même si ça vous agace de ralentir, de prendre de l’écart, de vous serrer sur un coin de la route à l’approche des camions, des autobus, entre autres monstres de la route, il vaut mieux miser sur la prévention. «Souvent, les bus roulent de travers, les camions ne gardent pas leur lane, par exemple. Alors moi, je me dis que je dois accepter le fait que ce sont de plus gros véhicules. Que s’il arrive quelque chose, c’est moi qui vais en souffrir : alors, je ralentis ou je m’écarte un peu. Ça ne sert à rien de foncer»,confie Kumaren, chauffeur de taxi depuis 15 ans. 

 

Au passage clouté. Manoj Jinghoor, lui, ralentit, qu’il y ait des personnes qui traversent ou pas : «Je rétrograde à l’approche d’un ‘‘cross here’’. On ne sait jamais si quelqu’un peut surgir de nulle part. Il vaut mieux être prudent.»

 

Faites gaffe ! Aux personnes âgées, aux enfants et aux groupes de jeunes. «Ils n’ont pas les mêmes réflexes, donc il faut adapter sa conduite à cette nouvelle donnée», explique Alain Jeannot. 

 


 

Les piétons et les motos aussi

 

«8 victimes sur 10 d’accidents de la route sont des usagers de la route vulnérables. C’est-à-dire des piétons et des utilisateurs des deux-roues motorisés», affirme Alain Jeannot. 

 

Il estime qu’il est nécessaire que les motocyclistes portent des gilets adaptés : «Même si ça coûte un peu, il faut opter pour ceux de bonne qualité.» Mais aussi les piétons : «Leur visibilité, le soir, est de 20 mètres, ce n’est rien. Néanmoins, s’ils n’en ont pas sous la main, ils doivent absolument privilégier des vêtements de couleur claire pour être plus visibles.»

 

Pas de longue conversation au téléphone ni d’utilisation trop forte de la musique dans les écouteurs : «Le piéton a aussi besoin d’être conscient de ce qui se passe autour de lui. J’ai vu des gens qui traversaient la route en envoyant des textos : c’est très dangereux.» Et puis, si vous êtes à pied, privilégiez les files indiennes s’il n’y a pas de place pour marcher à deux. 

 

Pour une route plus sûre, il faudrait que tous ses utilisateurs prennent leurs responsabilités. «Les motocyclistes doublent à droite, à gauche dès qu’on laisse une certaine distance entre un autre véhicule, ils s’y engouffrent. Les piétons traversent sans regarder. Ils doivent être responsabilisés également»,confie Manoj Jinghoor.