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Rita Venkatasawmy, l’Ombudsperson for Children : «Il manque actuellement une bonne formation pour le personnel des shelters»

Rita Venkatasawmy, l’Ombudsperson for Children

Que se passe-t-il dans les shelters, censés accueillir des enfants qui viennent de familles dysfonctionnelles, mais qui se retrouvent soudain sous le coup d’allégations de maltraitance ? Qu’en est-il de la formation du personnel et de l’enquête en cours ? La parole à l’Ombudsperson for Children…

Ces dernières années, des shelters, censés être des refuges pour des enfants et des jeunes, se sont retrouvés sous le feu des projecteurs avec des allégations de maltraitance et d’agression. Qu’est-ce qui ne va pas dans le système ?

 

On ne va certainement pas mettre tous les shelters dans le même panier par rapport aux cas d’abus. Il faut bien faire la différence. Ces derniers jours, la Vedic Social Organisation s’est retrouvée dans l’actualité. Je voudrais mettre l’accent sur quelque chose. Quand un enfant quitte sa famille pour être dans a place of safety, il faudrait que ce lieu soit réellement a place of safety. Je le dis souvent et je vais me répéter : les gérants, les responsables des shelters et leur personnel doivent bénéficier d’une formation adéquate. C’est très important. Si demain quelqu’un a un problème au cœur, il va chez un cardiologue, il ne va pas chez un généraliste. Je fais ce parallèle pour bien expliquer ce dont on parle. On parle de façon scientifique. Il n’est nullement question de vengeance, encore moins de vouloir taxer X ou Y. Pour moi, il faudrait que les directeurs et directrices des shelters aient une compétence en gestion. C’est la moindre des choses. Pour bien gérer une institution, il faut des compétences de gestionnaire et actuellement, cela ne figure pas dans les conditions pour pouvoir ouvrir un abri à Maurice.

 

C’est donc la formation qui pèche ?

 

Pour travailler avec les enfants, l’amour ne suffit pas. «Ayo, mo kontan zanfan, mo pou al travay dan enn shelter…» Cela ne suffit absolument pas. Pour travailler dans un shelter, il faut une formation technique. Et pour travailler avec les enfants vulnérables qui ont été enlevés de leur famille et placés dans un shelter, il faut aussi avoir un engagement profond et être un militant des droits des enfants. Il faut connaître la Convention des droits des enfants ainsi que les alternative care guidelines. Quand je parle à des gens dans le domaine pour faire mon rapport et que je leur demande s’ils sont au courant des alternative care guidelines, car c’est un peu notre Bible pour pouvoir gérer un shelter, je me rends compte que la plupart des personnes ne savent pas de quoi il en retourne. Je me rends compte aussi qu’il y a des personnes, parmi elles, qui ne connaissent pas les droits des enfants tels qu’ils sont stipulés dans la convention des droits des enfants ; qui ne savent pas que Maurice doit soumettre son rapport chaque cinq ans au comité des experts des Nations unies qui nous fait un renvoi par la suite concernant la situation des enfants dans notre pays, incluant la situation des enfants dans les centres résidentiels. La formation du personnel des shelters est très importante et complexe. C’est ce que nous n’avons pas actuellement.

 

Comment devrait se passer cette formation ?

 

Je pense que nous avons suffisamment de structures à Maurice. Nous avons, par exemple, l’Université de Maurice. Nous pouvons travailler ensemble sur un plan de formation. Si les gens n’ont pas de formation de base, nous ne pouvons pas parler de formation continue. Autre chose : si on prend l’exemple d’un Carer, on ne peut pas lui demander d’avoir un doctorat. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’a pas besoin de formation. Il faut que ce Carer, même s’il a un minimum de formation académique, puisse être formé par une instance accréditée pour pouvoir travailler avec des enfants. Travailler dans un shelter, c’est quelque chose de très compliqué parce que les enfants qui s’y trouvent ne sont pas faciles à gérer. 

 

Des cas d’allégations de maltraitance sur deux shelters gérés par la Vedic Social Organisation ont été mis à jour suite à une lettre d’une des pensionnaires d’un de ces abris. Ne pensez-vous pas que les autorités auraient dû découvrir s’il y a des disfonctionnements dans ces shelters, en faisant des visites surprises, par exemple, ou en consultant régulièrement les pensionnaires, en les écoutant ?

 

Je suis d’accord mais je dois apporter une précision. J’ai initié une enquête et cela va prendre du temps. On va arriver à des conclusions après avoir bien travaillé sur le terrain, après avoir interviewé les enfants qui étaient dans ces shelters et le staff. Ce travail a déjà commencé. Nous avons interrogé la directrice et les officiers des deux shelters qui ont été fermés. Cette semaine, on va rencontrer le personnel de deux centres. On fait une enquête minutieuse. Une enquête, ce n’est pas juste rencontrer une personne et lui parler. Une enquête doit répondre à certaines règles. Elle est faite par des enquêteurs qui sont mandatés par la loi.

 

Le bureau de l’Ombudsperson est mandaté pour enquêter. Nous avons, au bureau, quatre enquêteurs qui sont formés pour faire des enquêtes. Je vois qu’il y a un amalgame. N’importe qui ne peut pas enquêter. Pour répondre à votre question, je vais dire que vous avez raison. J’ai d’ailleurs déjà écrit dans ce sens dans mon rapport 2016-2017. Mais sur ce cas précis concernant la Vedic Social Organisation, je ne peux pas commenter parce que j’enquête. Et quand j’enquête, je vérifie et je contre-vérifie. Cela est fait de manière scientifique.

 

La ministre de l’Égalité du genre, du bien-être de la famille et du développement de l’enfant, Roubina Jadoo-Jaunbocus, a annoncé une restructuration au niveau de la Child Development Unit. Ainsi, l’organisme fonctionnera désormais avec deux unités : l’une qui se chargera d’enlever les enfants d’un environnement familial qui représente un danger pour eux, et l’autre qui veillera à les placer dans des abris.

 

Comment accueillez-vous ce changement ?

 

Je l’accueille favorablement. C’est important d’avoir cette distinction. On ne peut pas être a Jack of all trades, master of none. Il faut avoir une spécialisation. Le fait qu’il y ait deux unités qui vont gérer ces deux choses différentes, c’est un bon signal.

 

Qu’en est-il du Children’s Bill ?

 

Notre bureau, cette année, a fait beaucoup de consultations. On a rencontré beaucoup d’enfants et hélas, on ne peut pas rencontrer tous les enfants de Maurice. On a rencontré surtout les enfants les plus vulnérables du pays et on leur a donné la parole. On a rencontré des personnes de la société civile et on a aussi fait des recherches autour des lois existantes pour voir si ces lois répondent à la philosophie des Nations unies, surtout à la convention relative aux droits des enfants. La convention doit être domestiquée à travers le Children’s Bill. C’est ce que j’attends de ce bill.