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Rentrée parlementaire : l’opposition face à ses enjeux

Paul Bérenger, Shakeel Mohammed et Xavier-Luc Duval affûtent leurs armes.

Ce retour au Parlement s’ annonce électrique. Surtout que les partis politiques hument déjà le parfum des législatives…

Bare la kes ! Rentrée parlementaire survitaminée, ce mardi 16 octobre, pour l’opposition parlementaire. Dopés comme jamais, ses membres promettent de faire la guerre des… nerfs à l’alliance gouvernementale. Sous l’influence de produits licites (café, thé ?), ils ont décidé, au travers de questions parlementaires, d’acculer le gouvernement sur de nombreuses thématiques : le trafic de drogue et le comité interministériel suite au rapport de l’ex-juge Paul Lam Shang Leen, les «scandales à la SBM», les frais encourus par le gouvernement pour les voyages des élus, entre autres.

 

Dans l’air, un parfum de législatives, avec tout ce que cela implique : quel parti sera le plus fort, le plus charismatique, sur la Parliament TV ? Car il ne faut pas simplement déstabiliser la bande à Pravind Jugnauth pour cette séance-là (et pour celles à venir). Il faut briller ! Donner envie. «Que les gens veuillent voter pour nous. C’est ça qu’il faut qu’on inspire. Le Parlement nous permet d’intéresser, d’alerter. De montrer que nous sommes sérieux, que nous avons des valeurs. On le fait sur le terrain mais dans l’hémicycle, ça a quand même un autre impact», confie un membre de l’opposition qui est en pleine négociation pour un ticket pour les prochaines législatives.

 

L’enjeu de l’opposition est donc double. Surtout que l’alliance gouvernementale a déjà enclenché des manœuvres «yeux doux» pour convaincre les Mauriciens qu’il est nécessaire de leur permettre de former le prochain gouvernement : budget plutôt raisin, nombreux recrutements, pas d’augmentation des prix du carburant et la possibilité d’augmenter la pension de vieillesse (évoquée par Pravind Jugnauth, cette semaine)... Le mood est ainsi au combat politique (en attendant rapprochements et koz-koze).

 

D’ailleurs, en congrès à Tranquebar en fin de semaine, Rajesh Baghwan, secrétaire général du MMM, a lancé, en faisant allusion aux membres du gouvernement : «Nou pou fer zot pas dan blender.» Paul Bérenger en a rajouté une couche lors du même rassemblement. Avec des termes populistes – comme «zape», «clown» et «imbécile» – pour dire sa condescendance : «C’est le plus fay parlement depuis l’Indépendance.» Lors de son point de presse, le samedi 13 octobre, il ne s’est pas réveillé plus tendre, s’en prenant à la Speaker, Maya Hanoomanjee, son adjoint démissionnaire, Bobby Hureeram. Et plus largement à l’alliance gouvernementale : «C’est l’accumulation de problèmes, de scandales» Toutefois, précise-t-il, il souhaite avoir des réponses sur des dossiers prioritaires, mardi : le Metro Express, la drogue et la State Bank. Même si ce n’est pas gagné car la séance «a été très mal organisée».

 

Mais les dossiers chauds ne manquent pas. Ils risqueront d’allumer le feu au Parlement. Et de brûler les membres de l’Alliance Lepep, qui, eux, s’attendent à faire face. Même si c’est avec une certaine désinvolture : «Nous travaillons pour le pays. Et nous le faisons bien. Le reste n’est pas important. Les élections ne sont pas ‘‘derrière la porte’’, comme l’opposition essaie de le faire croire. Notre bilan, quand le moment viendra, parlera de lui-même», confie un membre du gouvernement, peu enclin à faire des commentaires sur les questions parlementaires qui risquent de mettre l’équipe au pouvoir dans une posture un peu délicate. Au niveau du PTr, ce sont sur ces points sensibles que les Rouges au Parlement vont appuyer. Le chef de file du Labour Party, Shakeel Mohammed, l’a dit cette semaine : il faut prouver aux Mauriciens, en apportant des points de vue éclairés et éclairants, que les Rouges représentent la seule alternative possible aux prochaines élections…

 

Au PMSD, on est bien d’accord ! Sur le fait que le PTr doive former le prochain gouvernement ? Certains membres de ce parti semblent le penser. Mais surtout que c’est le PMSD qui représente l’alternative. Et déjà, les Joes se tournent vers les législatives tant attendues qui pourraient faire tourner le vent en leur faveur. Pour un parti qui a été longtemps au pouvoir, il n’est pas bon de humer l’odeur du karo kann. «C’est une rentrée de présélections qui nous attend. Les législatives sont derrière la porte», a lancé en conférence de presse, Adrien Duval (qui a aussi clairement laissé entendre que le PMSD n’irait pas seul aux élections : voir hors-texte). Cette semaine, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a rappelé que c’est le moment de montrer au grand jour toutes les failles du gouvernement. Pour cela, les Private Notice Questions qu’il posera chaque semaine seront des moments-clés. Adrien Duval dira que le leader de l’opposition a ses «boulet kanon pou so bann PNQ».

 

Afin de ne rater aucun tir, l’équipe du PMSD travaille pour se documenter et préparer des questions qui marquent les esprits de par leur pertinence. «Nous en discutons dans des réunions, faisons des recherches, demandons l’aide de ceux qui suivent l’actualité. C’est une machine de guerre que nous avons mise en place», confie un membre de cette équipe de «questionneurs». Il ne faut rien laisser au hasard, explique-t-il : «Nous devons montrer que nous avons une force de frappe importante quand ce sera le moment de former une alliance.» Oui, pour négocier, il faut avoir de quoi faire pencher la balance en sa faveur. Le PMSD connaît toutes les subtilités de ces difficiles danses de l’amour politique. 

 

Au niveau des Bleus, cette rentrée est celle de tous les possibles : «Notre leader est le leader de l’opposition, tous les yeux seront braqués sur lui et ses questions : c’est un énorme avantage.» Alors, ils sont prêts à affronter le gouvernement (ou pas : en politique, tout est possible). Bare la kes, le show recommence !

 


 

Adrien Duval parle de sa «zoli mamzel»…

 

… qu’est le PMSD. Le député bleu animait une conférence de presse spécial jeunes, le samedi 13 octobre, et il a décidé de faire de l’humour : «PMSD enn zoli mamzel ek tou parti kontan fer lalians ek li.» Il s’exprimait ainsi pour faire le contraste avec le MMM qui ira seul aux élections, selon Paul Bérenger : «Nous devons comprendre qu’un seul parti ne remportera pas les élections. Le MMM dit qu’il ira seul ; la vérité, c’est que personne ne veut faire d’alliance avec ce parti.» Adrien Duval a aussi commenté le projet de réforme électorale du gouvernement. Pour lui, faire barrage à un recensement et un redécoupage électoral est une mauvaise chose. Le PMSD envisage de saisir le Privy Council si l’Electoral Boundaries Commission ne prend pas en considération les propositions du parti.

 

Ça ne se rapproche pas !

 

Parfum de rapprochement. Alliance qui pétille. Ces derniers temps, des rumeurs de koz-koze entre le MMM et le MSM avaient empli l’air comme un bourdonnement intempestif. Pour faire passer la réforme électorale (avec changements proposés par Paul Bérenger, bien sûr), un rapprochement était envisageable. Néanmoins, si des discussions ont toujours lieu en coulisses, il semblerait que les fiançailles ne sont pas prévues pour les prochains jours. Le leader du MMM s’est montré plus acerbe que jamais lors de son congrès de fin de semaine : «Il n’y aura pas de rapprochement et d’alliance avec le MSM. Ce parti est bon pour la poubelle de l’histoire. C’est de la pourriture ! La meilleure chose pour Maurice, c’est que le MMM aille seul aux élections.»

 

Bobby Hureeram : «Il n’y a pas de poste plus important que l’autre»

 

«C’est une décision du Premier ministre et je suis un homme de parti.» Déclaration de Bobby Hureeram, promu Deputy Speaker (DS) il y a quelques semaines (suite à la démission de Sanjeev Teeluckdharry dans le sillage des conclusions du rapport Lam Shang Leen). Et appelé à démissionner en fin de semaine (dans un time frame qui fait tiquer l’opposition) pour reprendre sa place de Chief Whip qu’il avait délaissée pour sa nouvelle fonction. Celui qui a été DS rien que pour une séance ne souhaite pas polémiquer : «Je ne suis pas déçu. Il n’y a pas de poste plus important que l’autre. C’est un ensemble qui fait que tout fonctionne bien, que nous travaillons ensemble pour le bien du pays. Moi, je vais donner le meilleur de moi-même comme d’habitude, qu’importe le poste que j’occupe.» À la question de savoir s’il s’agit d’un désaveu du Premier ministre concernant sa performance, il dira : «Je ne suis pas dans cet état d’esprit. I am not looking this way.»

 

C’est Joe Lesjongard qui sera présenté par le gouvernement au Parlement pour lui succéder (nous avons tenté de le joindre mais sans succès). Au niveau de l’opposition, Paul Bérenger a vivement critiqué cette décision : «C’est un transfuge, c’est un scandale.» Et a assuré que l’opposition parlementaire présentera certainement un autre candidat.

 

Le Premier ministre confirme. À la sortie du bureau politique du MSM, le samedi 13 octobre, c’est Pravind Jugnauth qui a confirmé les rumeurs : Hureeram comme Chief Whip et Joe Lesgongard au poste de Deputy Speaker (dont l’élection est prévue lors de la rentrée parlementaire de mardi). Il est aussi revenu sur le projet de réforme électorale, a commenté les… commentaires de ses adversaires politiques. Et a assuré qu’au MSM, on bouge «kouma enn blok», tentant ainsi de faire taire la rumeur selon laquelle tous les membres de la majorité gouvernementale ne seraient pas en faveur de certaines mesures de ce projet.