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Relogée à Quatre-Cocos | Lorette Pasnin, refugiée de la pluie : «C’est, enfin, un peu de bonheur»

La maman pose avec deux de ses filles devant leur nouvelle maison.

Des mois d’attente et des moments difficiles. Mais, désormais, cette mère de famille peut prendre un nouveau départ.

Trouver ses marques. Toucher les murs, y voir des étagères et des photos accrochées. Penser aux petits plats à cuisiner dans cette cuisine. Imaginer sa vie, y transposer ses habitudes et se préparer à en créer d’autres. Lorette Pasnin est encore en mode aménagement. Dans sa nouvelle maison à Quatre-Cocos, tout n’est pas encore à sa place. Mais ça viendra.

 

Après six mois passés dans le centre social de Saint-Malo, Baie-du-Tombeau, après les pluies de janvier qui ont endommagé sa petite case en tôle, un drame de se voir «jeter dehors» de ce refuge temporaire – «monn bien plore, zame mo pou bliye sa» –, elle souffle un peu. Elle fait partie de ces familles (les autres, ce vendredi 27 juillet, s’occupaient de leur déménagement), sinistrés depuis les pluies torrentielles et Berguitta, qui ont obtenu un toit après une longue attente. Néanmoins, malgré sa joie, elle pense aux autres qui attendent une issue heureuse au jardin de la Compagnie, où elles survivent depuis plusieurs jours (voir hors-texte) : «Mo pa bliye zot. Pa kapav less zot tombe», confie Lorette.

 

Une nouvelle maison pour une nouvelle vie. Déjà, Lorette rêve : «C’est, enfin, un peu de bonheur.» Les cartons ne sont pas encore tous défaits qu’elle se projette. Il y a d’abord les démarches à faire pour la scolarité de ces deux plus jeunes filles, Delphine et Hélène. Leurs activités qu’elle souhaite conserver (le judo, l’aide scolaire par les religieuses, entre autres). Elle est maman de quatre enfants et grand-mère d’une petite fille, à 43 ans. Dans sa vie, raconte-t-elle, il y a eu des joies, mais aussi des pleurs, des coups durs, des coups du sort : «Pa ti fasil, sirtou kan mo mem mo ti mama-papa.»

 

«Mo pli gran rev»

 

Un départ de Rodrigues à 17 ans pour aider sa sœur à Maurice et des souvenirs qui ne sont pas toujours roses, confie celle qui avoue ne pas savoir écrire. Mais tout cela fait partie du passé maintenant. Entre les murs en béton, elle entrevoit l’avenir. Et il y a de la lumière, du bonheur : «Je pourrais enfin me lancer et préparer des plats que je placerai.» Ou alors ouvrir une tabagie : «Sa mo pli gran rev sa.»

 

Pour l’instant, elle doit rallier la capitale pour aller travailler comme femme de ménage : «Samem mo bouse manze. Mo pa res lebra krwaze.» Le trajet est long, mais elle ne s’en plaint pas. Pour l’instant, elle avance à tâtons, ose un «kot met mwa mo viv» et rappelle qu’elle est populaire et a déjà rencontré ses voisines «bien sympas». Elle a essayé, raconte-t-elle, de reconstruire son foyer à Baie-du-Tombeau, mais les eaux de pluie et les eaux usées qui s’étaient déversées dans sa maison avaient fait trop de dégâts : «Je n’avais pas le choix, c’est pour ça que j’étais dans le centre.» Sa maison, elle s’est engagée à la payer tous les mois : «Le gouvernement a fait un effort. Je remercie les autorités et tous ceux qui nous ont aidés. J’ai aussi une pensée pour ceux qui avaient des préjugés à notre encontre ; la pauvreté existe et elle est dure, alors il faut aider si on le peut.»

 

Assise dans sa cuisine, entourée de deux de ses filles, Lorette se raconte. Son soulagement d’être là. Et le besoin de trouver ses marques.

 


 

Ils attendent toujours …

 

… des jours meilleurs. Car les heures passées au jardin de la Compagnie, les nuits où le froid est mordant pèsent sur le moral des quatre familles restantes qui avaient trouvé refuge au centre social de Saint-Malo. Stéphanie Hall, une des réfugiés de la pluie, espère qu’une solution sera vite trouvée. Qu’un logement temporaire leur sera alloué : «Mo zenfan pou fer so konfirmasion pa kone ki pou fer.» Pour les démarches, elle et Josette Pasnin, bénéficient de l’aide de Père Labour, explique-t-elle.  Désiré Dharcinis a tenu bon plusieurs jours sans manger, depuis une semaine, mais il s’affaiblit (à l’heure où nous mettions sous presse, il prévoyait d’arrêter sa grève). Alexandre Vente, le jeune de 18 ans, qui s’était lancé dans cette épreuve, a, lui, dû se réalimenter après avoir été transporté à l’hôpital. «Mo ena enn problem leker», raconte-t-il, en confiant qu’il pourrait bénéficier, bientôt, d’une maison. Mais, avant, son dossier doit pass lor board. Avec leur groupe de soutien, ces personnes maintiennent la pression et réclament, toujours, leur droit à un logement décent. Une manifestation pacifique est prévue non loin du jardin de la Compagnie, demain, lundi 30 juillet. Alors elles s’accrochent à des nouvelles positives, gardent en elles l’espoir d’un dénouement heureux.