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Réforme électorale : Députés grâce au «Best Loser System», ils donnent leur avis…

Stéphanie Anquetil, Jean-Claude Barbier, Franco Quirin et Cader Sayed-Hossen  donnent  leur avis.

… et pour eux, la proposition du gouvernement pourrait affecter l’équilibre social et politique de l’île. Oui, rien que ça !

Pe vid dan so ver ! Si la réforme électorale était une de ces «stars» des réseaux sociaux, elle aurait, peut-être, déjà fermé ses comptes en ligne. Ou alors, elle aurait résisté telle une «madam pozitif», tenant bon contre dénigrements et critiques. En ce moment, les bad comments, les reports font exploser les notifications de ceux qui follow cette ébauche de la bande à Pravind Jugnauth.

 

Cette réforme électorale ne sera pas élue produit de l’année ; l’opposition parlementaire l’a bien fait comprendre (le MMM, le PTr, le PMSD et le MP ne voteront pas cette version ; la majorité de ¾ nécessaire pour amender la loi semble, donc, un doux mirage pour l’alliance gouvernementale). Au cœur de la polémique, la gestion de la représentation proportionnelle, du Best Loser System (BLS) et du Best Loser Seat (voir hors-texte) : des modifications que les détracteurs de la réforme montrent du doigt, prédisant, au passage, qu’elles apporteront malheur et damnation à notre tissu social. Mais qu’en pensent ceux qui ont bénéficié du BLS ?

 

Franco Quirin, député correctif de Beau-Bassin-Petite-Rivière (nº 20), sur la liste des additional seats de 2014, trouve que le projet gouvernemental ne mérite pas d’être commenté plus que ça : «Je vous réfère à tout ce qu’a dit Paul Bérenger. C’est peine perdue d’élaborer plus longtemps dessus.» Il trouvera, quand même, quelque chose : «Je me demande si le gouvernement n’est pas en train de créer une diversion. Il devait s’attendre à un rejet total et c’est bien le cas.»

 

Une réforme casse gueule qui n’a aucune chance de passer mais qu’on propose parce qu’on a promis de le faire (dans le manifeste électoral) ? Pour le leader du MMM, this is it.

 

Pour une fois, l’opposition unie dans sa désunion fait front pour contrer le projet de Pravind Jugnauth et Cie. Cader Sayed Hossen n’est pas en reste. Pour lui, une réforme électorale doit travailler sur ces trois axes pour être sérieuses : «Une certaine adéquation entre le vote exprimé par la population et la représentation à l’Assemblée nationale (ce qui n’est pas le cas avec ce projet), l’assurance que tous les groupes ethniques et religieux se sentent représentés et celle que les femmes le soient aussi.» 

 

C’est en 2005, qu’il a été élu député correctif de Mahébourg-Plaine-Magnien, la circonscription nº 10, sous la bannière de l’Alliance sociale grâce au BLS. Les changements du Best Loser au BL Seat, ça ne se résume qu’à ça, selon lui : «Sorti Metro Léger, vinn Metro Express.» Ce n’est qu’une question de formule. Néanmoins, le pouvoir aux leaders de décider de la représentation au Parlement est une «proposition totalement inacceptable» : «Le système sera complètement arbitraire.» Le politicien rappelle que le BLS a été introduit «pour respecter la caractéristique sociologique du pays», pour assurer un équilibre social.

 

Cette formule est garantie par la Constitution, une institution s’occupe de l’appliquer, elle est régie par la loi, explique Cader Sayed Hossen : «Il y a de la rationalité.» Cependant, avec un système «régi par des leaders», certaines communautés «risquent de se sentir menacées». Il y a des risques de «repli communautariste» : «Ce n’est pas bon pour le concept de la nation», confie celui qui dit ne pas être contre l’abolition du BLS pour une formule juste et qui estime qu’un nouveau recensement risque d’entraîner une «balkanisation du pays».

 

Cader Sayed Hossen renvoi aux propositions du PTr en 2014, «c’est une bonne base de départ», que Navin Ramgoolam a évoqué en conférence de presse, cette semaine : «Nous avions proposé une bonne dose de proportionnelle, qui visait à réduire les écarts. Par contre, avec ce projet, les écarts vont augmenter, pas diminuer. Ils font exactement le contraire d’une réforme !»

 

Stéphanie Anquetil, membre du PTr, renvoie également aux propos de son leader : «La formule de 2014 est beaucoup plus fair.» C’est en 2010 qu’elle est devenue la 4th Member for Constituency No 16 (Vacoas-Floréal) et elle est très critique envers la proposition gouvernementale : «Je crois que c’est une reforme juste bonne à mettre à la poubelle. Elle n’est pas équitable et elle ne reflètera pas, si, par malheur, elle passe, les différentes composantes de la population.»

 

Mauricianisme

 

Dans chacun des propos de nos interlocuteurs, le même argument : la sous-représentation de communautés qui déséquilibrerait le fragile tissu social. De quoi faire défriser les permanentes de ceux et celles qui rêvent de mauricianisme, d’enn sel lepep, de sortir les pays des clivages communautaristes…

 

Jean-Claude Barbier, du MP, les comprend. Mais, il parle aujourd’hui avec «la maturité et la sagesse» qu’apportent les années et l’expérience, dit-il : «Si j’avais dû répondre à cette question, il y a 20 ans, ma réponse aurait été autre : ma position était arrêtée, claire, il fallait que le mauricianisme prévale.» Depuis, il a rectifié sa position : «Quand je vois le rapport d’Affirmative Action, comment le communalisme occupe l’espace ces derniers temps, ce qui se passe sur Facebook, entre autres, j’estime que le BLS a apporté beaucoup de stabilité à Maurice.»

 

Il lit actuellement une étude sur la politique locale et une des conclusions l’a interpellé : «Les électeurs font confiance à des gens qui partagent leur way of life. Je suis issu d’une région difficile, je me suis mariée là-bas, j’y ai élevé mes enfants, j’y vis toujours et je peux être la voix de cette réalité, ça me donne une particularité en tant qu’élu», explique le député correctif nommé en 2014 sous la bannière PTr-MMM dans la circonscription nº 1 (Grande-Rivière-Nord-Ouest – Port-Louis-Ouest).

 

Le système de First Past The Post (qui désigne les élus au suffrage direct) ne permet pas de refléter cette richesse pour l’instant (il parle d’un nécessaire redécoupage électoral). Mais Jean-Claude Barbier précise qu’il n’est pas conservateur, donc, pas contre un autre système que le BLS «qui serait plus moderne» : «Mais il faut que ce système trouve un équilibre pour notre stabilité sociale et politique. » Le pouvoir dans la main des leaders pour rééquilibrer la représentation au Parlement est dangereux, estime-t-il. Alors, lui serait pour un autre recensement afin de remplacer les données erronées de 1972 (il s’agit là de son opinion personnelle et non celle de son parti, ) : «Je suis patriote, j’aime mon pays. Mais je pense que c’est nécessaire.»

 

Son souhait, c’est que toutes les composantes de la société se sentent bien dans leur pays. Que le feel good soit au top. Et pour ça, il faut de l’équité, «un bien-être économique, familial et social» qui est, souvent, le résultat des décisions politiques. Et pour lui, le projet de réforme électorale qui fait débat actuellement n’atteindrait pas cet objectif. Alors, il n’hésite pas à vid dan so ver.

 


 

Proportionnelle et BLS…

 

Une petite dose de proportionnelle. 12 sièges seront alloués au nom de la proportionnelle. Pour qu’un parti puisse y prétendre le seuil d’éligibilité est de 10% et il doit avoir fait élire au moins un candidat. Chaque parti devra soumettre une liste de 24 candidats avant les élections.

 

Enter le Best Loser Seats. Euh, un mot change et c’est déjà pas mal ? Le Best Loser System tant décrié s’offre un rebranding est devient Best Loser Seats. C’est le leader qui devra choisir les députés de la liste des candidats battus ou de celle de la représentation proportionnelle. Le but : que le gouvernement puisse conserver son avantage. Si cet équilibre n’est pas atteint avec six seats, le nombre passera à dix.