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Rapprochement PTr-MMM : Le petit malaise de la démocratie

La relation entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger est-elle dérangeante ?

En ce moment, on lui attribue la pire des maladies. Elle aurait été «bafouée». Aïe ! Quand un leader de l’opposition et un chef du gouvernement se rapprochent, elle, elle en paie le prix, selon certains observateurs politiques.

Elle serait mal en point. Pas tout à fait en Intensive Care Unit, mais presque. Et son état ne ferait qu’empirer. Effrayant ! Pour lui refaire une santé, le traitement est tout trouvé. Mais difficile à administrer : une dose d’impartialité, une piqûre d’éthique et des cachets de responsabilité. Tout cela doit évidemment être accompagné d’une terrible restriction : plus de koz koze. Selon de nombreux observateurs politiques et des politiciens (sauf ceux du PTr et du MMM, bien sûr), la démocratie ne serait pas au top de sa forme en ce moment. La faute à un vilain virus qui semble rapprocher, inlassablement, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger.

 

Ils ont semblé très complices, cette semaine, lors du dîner offert par la Mauritius Tamil Temples Federation (MTTF). D’ailleurs, la veille, les deux hommes s’étaient rencontrés à la Clarisse House. À l’issue de cette rencontre, le leader du MMM devait déclarer qu’il n’y avait pas eu de koz koze. «Nous avons eu des échanges sur les trois sommets auxquels participera Navin Ramgoolam», a-t-il déclaré. Néanmoins, ces récents événements ne font qu’empirer l’état de la démocratie, selon certains observateurs. Ces derniers temps, elle aurait été «bafouée», «oubliée», «piétinée» (selon les déclarations à ce sujet).  

 

Les discussions d’alliance sur fond de réforme électorale, abouties puis avortées, les on et les off, les rumeurs persistantes – et toujours actuelles – d’un renouveau et les déclarations divergentes de part et d’autre, en sont pour quelque chose. La prorogation du Parlement et les nouvelles vacances parlementaires n’ont pas aidé à ce qu’elle se sente mieux, évidemment. Un leader de l’opposition qui oublie son rôle pour se sentir proche – très proche, même – d’un Premier ministre peut-il pousser la démocratie à se faire porter pâle ? Nombreux sont ceux qui le pensent. Dan Maraye en fait partie : «Un leader de l’opposition est là pour s’assurer que tout ce que fait le gouvernement est dans l’intérêt du peuple. Mais est-ce le cas en ce moment ?»

 

Chien de garde

 

Pour l’observateur politique, la Constitution est claire. Limpide, même : «Elle fait provision pour que le parti qui a une majorité de membre à l’Assemblée forme un gouvernement dirigé par le Premier ministre. Les autres sont, eux, dirigés par un leader de l’opposition. Et ils sont là pour veiller au grain, pour agir en chien de garde. Ils sont payés pour ça.» Bien sûr, il n’est pas réfractaire à une collaboration entre les deux camps sur certains dossiers, pour le bien-être du pays… Ça donnerait même de la couleur à notre démocratie (comme un judicieux coup de blush, les jours de grippe). 

 

Néanmoins, il est d’avis que ce n’est pas actuellement le cas : «La démocratie est bafouée. Surtout quand un leader de l’opposition critique à l’intérieur de l’Assemblée un autre membre de l’opposition.» Et la pilule a du mal à passer : «La personne qui est censée occuper le poste de leader de l’opposition est en train de conspirer. C’est ce que je ressens en tant que Mauricien, payeur de taxes.» Ce qu’il souhaite en tant que citoyen : que la comédie stoppe ! Tout simplement. Pour Dan Maraye, le concept d’opposition loyale envers le parti au pouvoir ne peut exister : «L’opposition se doit d’être loyale envers le peuple. Un point, c’est tout !» Et c’est au leader du MMM de tirer les rideaux… rouges : «Si Paul Bérenger veut faire partie du gouvernement, qu’il démissionne. Ce serait plus sain. Sinon, qu’il prenne son rôle au sérieux. Si les élections n’ont pas lieu avant mai 2015, c’est la condition sine qua non pour qu’il reste leader de l’opposition.» 

 

Shafick Osman, docteur en géopolitique, est du même avis : «Le problème, c’est que Paul Bérenger aurait dû démissionner depuis un moment déjà, comme leader de l’opposition. Car le MMM ne représente plus l’opposition depuis plusieurs semaines.» Laisser la place à quelqu’un d’autre aurait été judicieux, estime-t-il : «Cela aurait été mieux pour lui, mais comme le MMM est numériquement plus nombreux que le MSM et les autres, il a la prérogative d’être le leader de l’opposition parlementaire. L’opposition extraparlementaire est clairement menée par le MSM depuis au moins deux mois.» Un «geste de gentleman» que Paul Bérenger ne peut se résoudre à faire : «Il aurait dû céder sa place à Pravind Jugnauth ou Nando Bodha, et pourquoi pas intégrer le gouvernement en attendant les prochaines élections, comme le MMM l’avait fait en 1990, en intégrant le gouvernement du MSM sous SAJ avant les élections de 1991. Cela aurait été plus clair pour tout le monde.» 

 

Polémiques inutiles

 

Sauf que tous ne partagent pas ce point de vue. Un observateur politique proche du MMM trouve ridicule que la démission de Paul Bérenger soit constamment réclamée : «C’est ridicule ! Pour l’instant, il n’y a pas d’alliance. Alors, la démocratie n’est absolument pas bafouée. Certaines personnes n’ont rien de mieux à faire que de créer des polémiques inutiles. Et je me demande pourquoi Navin Ramgoolam est toujours préservé ?»

 

C’est vrai que ça tape fort sur Paul Bérenger. It takes two to tango, n’est-ce pas ? Et Navin Ramgoolam dans tout ça ? Pour Dan Maraye, les agissements du chef du gouvernement ne sont pas aussi condamnables que ceux de Paul Bérenger : «Sa fonction n’est pas d’agir en chien de garde. Il doit diriger le pays et c’est ce qu’il fait.» Shafick Osman se demande, lui, s’il est – vraiment – prêt à recueillir Paul Bérenger avant les élections : «Navin Ramgoolam est-il prêt à faire des sacrifices au sein de sa troupe ? Cela ne déstabilisera-t-il pas son pouvoir, son autorité ? La question reste posée.»

 

Néanmoins, pour lui, il n’y a pas de doute : il y aura bien une alliance : «Que voulez-vous, Ramgoolam et Bérenger s’aiment. Le mariage finira par avoir lieu avant ou juste après les prochaines élections. Pour le MMM, c’est presqu’une question de survie, de visibilité, et pour le PTr, c’est une question de pérennité, de durabilité. Mais l’entente entre les deux ‘‘familles’’ ne s’annonce pas si tranquille que cela et kan fami pa kontan, tout peut arriver.» 

 

Cependant, il s’agit là d’une tout autre histoire… qui ne fera pas que du bien à cette chère démocratie qui n’est, visiblement, pas près de se remettre !