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Randhirsingh Choytun arrêté pour avoir tué sa mère de 92 ans : La folie meurtrière d’un fils violent

C’est dans sa maison, à St-Pierre, que Dhano Dawonauth a été agressée mortellement par son fils.

Elle lui a donné la vie. Mais il lui a enlevé la sienne, le mercredi 5 septembre, pour des raisons que la police tente encore de déterminer. Randhirsingh Choytun a été appréhendé pour avoir tué sa mère Dhano Dawonauth. Leur entourage, sous le choc, se confie…

Il tabassait souvent sa vieille mère. Trop souvent même. C’est ce qu’a déclaré Randhirsingh Choytun à la police après son arrestation pour l’assassinat de sa mère Dhano Dawonauth, 92 ans. Ceux qui les côtoyaient régulièrement affirment même que le calvaire de la vieille dame durait depuis de nombreuses années. À force de la taper sans pitié, son fils a fini par la tuer, le mercredi 5 septembre, à leur domicile, à Cité Nicolière, Saint-Pierre. La vieille dame a souffert le martyre avant de rendre l’âme. Elle avait le visage tuméfié, des côtes cassées et d’autres graves blessures sur plusieurs parties du corps.

 

Mais qu’est-ce qui a pu pousser Randhirsingh Choytun à achever ainsi sa mère ? Après son arrestation, il a avoué qu’il tabassait souvent celle-ci et qu’il avait chassé les autres membres de la famille de leur vie de peur qu’elle ne le dénonce. Mais il n’a pas encore donné de déposition formelle, ni la raison précise pour laquelle il a battu sa mère à mort. Il a dû être hospitalisé à l’hôpital Jeetoo car il ne se sentait pas bien, puis il a été transféré à l’hôpital Brown-Séquard, en fin de semaine, pour être soumis à d’autres examens. Ce n’est qu’une fois les résultats obtenus que les enquêteurs sauront s’ils peuvent poursuivre son interrogatoire. 

 

En tout cas, ce bain de sang meurtrier est la conclusion tragique, à en croire le voisinage de Dhano Dawonauth et de Randhirsingh Choytun, d’années et d’années de violence subie par une mère entre les mains de son fils. Malheureusement, les membres de leur famille ne semblaient pas être au courant du calvaire que vivait celle qui était affectueusement appelée Mamadoune par son entourage. Ils n’avaient pas eu, disent-ils, de ses nouvelles depuis des lustres. Car non seulement, la nonagénaire n’avait pas le téléphone à la maison pour que ses proches et elle puissent communiquer, même à distance, mais son fils Randhirsingh chassait tous ceux qui venaient lui rendre visite. C’est ainsi que Sumitra Brijmohun, 67 ans, la fille unique de la victime, issue de son premier mariage, n’avait pas vu cette dernière depuis de nombreuses années.

 

L’habitante de Flacq raconte, encore sous le choc : «Cela faisait 25 ans que je n’avais pas revu ma mère. Mon demi-frère avait tout fait pour m’empêcher de l’approcher. Je ne sais pas du tout comment cela se passait pour elle au quotidien.» Il en est de même pour la nièce de Dhano Dawonauth, domiciliée à Circonstance, Saint-Pierre, qui, à plusieurs reprises, a voulu lui rendre visite. «Je n’habite pas très loin de chez elle. Mais lorsque Randhirsingh nous voyait dans les parages, il se tenait devant la porte et ne nous donnait pas accès à la maison», raconte-t-elle.

 

Un cauchemar

 

Les seules personnes qui semblent être au courant de ce que vivait Dhano Dawonauth sont ses voisins. À plusieurs reprises, ils ont tenté d’intervenir afin de mettre un terme à l’enfer que vivait la vieille dame, en vain. Car la vieille dame voulait coûte que coûte protéger son benjamin, bien qu’il fasse de sa vie un cauchemar. «Ils se disputaient régulièrement et nous entendions souvent les hurlements de douleur de Mamadoune. Nous avions alerté la Sécurité sociale à plusieurs reprises car nous craignions pour sa sécurité», confie une voisine.

 

Mais lorsque les officiers du ministère lui rendaient visite et la questionnaient, Dhano Dawonauth trouvait toujours des excuses pour tirer son fils d’affaire. «Elle leur racontait, par exemple, que ses blessures étaient dues à une chute.» Il y a quelque temps, la nonagénaire, qui ne pouvait plus se débrouiller seule et avait quelques complications de santé, avait tout de même accepté d’être prise en charge par une préposée de la Sécurité sociale qui lui donnait son bain et lui préparait à manger. Mais une fois de plus, Randhirsingh Choytun s’en était mêlé et l’avait chassée, elle aussi.

 

Linzy Roopnarain a emménagé dans une maison voisine de celle de Dhano Dawonauth, il y a environ deux ans. Une semaine avant le drame, elle s’était portée volontaire pour s’occuper de la vieille dame au quotidien vu que la préposée de la Sécurité sociale s’était désistée. Mais le mercredi 5 septembre, en se rendant chez la vieille dame, elle a fait une découverte effroyable. «Il était encore 6h15 lorsque j’ai entendu Randhirsingh appeler Jocelyn, mon concubin, qui était au travail. Mais je ne lui ai pas répondu car il nous dérange souvent très tôt le matin.» Vers 7h20, son mari, qui était sorti, est rentré en lui demandant d’aller voir leur voisine car son fils disait qu’elle n’allait pas bien. «Je pensais que c’était parce qu’il fallait changer sa couche. Mais en arrivant sur place, j’ai vu Mamadoune dans une mare de sang. Il y avait tellement de sang que je ne pouvais même pas voir où elle était blessée. J’ai tout de suite quitté les lieux pour alerter Jocelyn.» À ce moment-là, dit-elle, Randhirsingh Choytun était assis à côté du corps de sa mère, l’air hébété. Jusqu’à l’arrivée des policiers qui l’ont arrêté et ont pris en charge le cadavre et la scène de crime.

 

Choc immense

 

Pourtant, aux dires de ceux qui connaissaient le fils de Dhano Dawonauth, il n’avait pas un mauvais fond. «Quand il est dans son état normal, il est quelqu’un de calme, de tranquille. Par contre, quand il consomme de l’alcool, il devient violent. Il utilisait la pension de sa mère pour acheter des boissons alcoolisées. Et lorsqu’il était en état d’ébriété, il ne s’en prenait pas qu’à sa mère mais également aux habitants de la localité. Il les injuriait», ajoute Linzy Roopnarain. 

 

Mais le choc est encore plus immense pour Nandkumar Choytun, le frère du suspect – issu de la première union de son père –, qui dit n’avoir eu aucune idée du martyr que celui-ci faisait vivre à sa mère. «Je suis incapable de dire avec certitude qu’il la violentait. Du temps où je venais encore leur rendre visite, il ne s’était jamais mal conduit avec elle en ma présence. Je ne savais pas non plus qu’il chassait les autres membres de la famille de chez lui car il m’avait toujours accueilli à bras ouverts», raconte cet habitant de L’Espérance. La dernière fois qu’il leur avait rendu visite, c’était il y a deux ans. «J’avais arrêté de me rendre chez eux parce que mon demi-frère n’avait pas assisté au mariage de mon fils. Mais lorsque nous nous voyions à Saint-Pierre, nous nous parlions toujours. Il m’a toujours respecté.»

 

Après avoir longtemps cumulé des petits boulots – notamment comme chauffeur et maçon –, Randhirsingh Choytun avait arrêté de travailler. Mais vu que ses proches ne le voyaient pas souvent, ils sont incapables de dire depuis combien de temps le quinquagénaire est sans emploi. Il n’était pas non plus marié et n’avait pas d’enfant. Son frère dit ignorer ce qui a pu le faire basculer ainsi du côté obscur. «Il est probable qu’il se sentait seul. C’est sûrement pour cela qu’il s’était mis à boire», dit Nandkumar Choytun. Lorsqu’il était plus jeune, raconte-t-il, Randhirsingh était très sportif. «Il faisait de la boxe, du karaté. Il était en pleine forme.» Rien ne laissait présager alors qu’un jour il porterait sur sa mère les coups qu’il avait appris à donner.

 

Bouleversé par ce drame qui l’affecte doublement, Nandkumar Choytun avoue douloureusement : «Je suis encore sous le choc. Je considérais cette femme comme ma mère. Mais lorsque Dieu a décidé de quelque chose, il est impossible de l’arrêter.» Ainsi décrit-il cette tragédie qui s’abat sur sa famille et la fait découvrir par la même occasion une histoire des plus terribles.