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Ramgoolam et Bérenger : En attendant… qu’ils se décident

Est-ce que ça se réchauffe entre les deux hommes ? S’il y a des signes qui vont en ce sens, en politique, peu de choses sont ce qu’elles semblent être.

Le cœur a ses raisons… que même le cœur des Mauves ne connaît pas. En chœur, certains membres du MMM affirment ne pas être au courant d’un quelconque – nouveau – rapprochement entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger. Tout comme ceux du Labour Party qui estiment qu’avoir de bonnes relations n’est pas synonyme d’alliance. Pourtant, à l’Assemblée nationale, lors des débats sur l’amendement constitutionnel, le vendredi 4 juillet, il était difficile de passer à côté des élans du cœur. Le courant passait, sans problème, entre les deux leaders. Signe d’un renouveau ? Paul Bérenger, lui, dément. Lors de son point de presse, hier, samedi 5 juillet, il a déclaré que rien n’avait changé sur le chapitre d’une alliance avec le PTr. Mais il ne l’a pas juré… sur le cœur !

Si les rumeurs de koz koze entre les deux hommes n’ont jamais vraiment cessé – malgré la série de on et de off de Paul Bérenger –, une déclaration d’amour, à la mode «bague d’arrêt», ne serait pas d’actualité.  Néanmoins, il y avait un peu de douceur dans l’air, en fin de semaine. Bouches en cœur. Yeux pleins d’étoiles. Regards de connivence échangés. Sourires béats. La reprise du Parlement, après de longues semaines de vacances suite à la prorogation, était chargée d’émotion. Et pas uniquement parce qu’il s’agissait d’un «moment historique» –  une expression que chérissent Navin Ramgoolam et Paul Bérenger – avec la présentation du Constitution (declaration of community, Temporary provisions) Bill (voir hors-texte).  

Le jeu de regards entre les deux hommes y était aussi pour quelque chose. Un croqueur d’expressions aurait pu s’en donner à cœur joie. Il y avait des fleurs, aussi. Des anthuriums et des roses rouges dans les mots. Des parfums de 60-0 pour faire les cœurs battre la chamade. Oui, on en rêvait à l’unisson de ce cas de figure. Navin Ramgoolam qui déclarait : «C’est ce qui est arrivé en 1982, puis de nouveau en 1995. Il se pourrait bien que cela arrive de nouveau.» Et Paul Bérenger qui renchérissait : «Jamais deux sans trois !» Un appel du pied ? Ou un cri du cœur ?

Peut-être bien. À cœur vaillant, rien d’impossible ! Entre Paul Bérenger qui félicitait – très chaleureusement – Navin Ramgoolam pour son discours et ce dernier qui saluait la «décision clairvoyante» de 1982 de supprimer le recensement ethnique et soulignait l’apport du leader du MMM concernant cet amendement transitoire, il est difficile de ne pas voir des signes… de cœurs qui s’emballent : «Surtout quand Paul Bérenger évoque la possibilité de faire un compromis concernant la réforme électorale. Il n’était pas super amerde et prêt à défendre toutes ses idées, il y a quelque temps ?» se demande un observateur politique. Pour l’homme, tout ça est écoeurant !   

L’heure est donc aux spéculations. Surtout que le leader du MMM s’est mis à dos le MSM (mais ça, ce n’est pas nouveau, on n’oublie pas que SAJ a accusé Paul Bérenger de faire son «leker fer mal») et le PMSD (alors que les relations semblaient cordiales). Survolté, Paul Bérenger a fait son show (voir hors-texte) s’élevant contre certaines déclarations des deux hommes. «Pourquoi ferme-t-on des portes ? Quand on est sûr d’avoir une ouverture.  Sinon, c’est risqué. Mais bon, c’est Paul Bérenger. Il est imprévisible. Ou alors trop prévisible», souligne un Joe. Le langage du cœur est souvent indéchiffrable.

Élections en août ?

Du côté des Mauves, on a décidé de ne pas se prononcer… avant d’en avoir le cœur net. «Pour l’instant, on n’est au courant de rien», confie un député MMM. Et on apprend vite qu’il existe autant de variantes de cette réponse que d’interlocuteurs : «Pa kone nanye ladan», «Il ne se passe rien. Ce ne sont que des spéculations des journalistes» ou encore «C’est à Paul Bérenger de parler de ce sujet-là». Pour les Rouges, par contre, on peut passer d’une extrême à l’autre. Comme du chaud au froid. De quoi faire tressaillir le cœur.

Pour un conseiller rouge, les élections, avec une alliance PTr-MMM à l’agenda, devrait avoir lieu le 24 août (oui, il est précis !) : «Paul Bérenger doit être en train de danser de joie dans son bureau.» Un député du même bord n’en est pas si sûr : «C’est une stratégie de Navin Ramgoolam pour affaiblir Paul Bérenger. Un point, c’est tout.» Après son cuisant échec de réunir les forces de l’opposition pour une manifestation devant le Parlement, il ne reste pas beaucoup d’options à Bérenger. «Il est acculé. Il sait que le MMM n’a aucune chance de remporter les élections si le parti se présente seul. Il se voit déjà au gouvernement, en alliance avec Navin Ramgoolam. Il en rêve éveillé, je pense», confie avec humour un ancien membre du MMM qui suit l’actualité politique de près.

La «frustration» de Paul Bérenger, quant aux points importants – pour concrétiser une coalition – approuvés et désavoués par Navin Ramgoolam, serait-elle de l’histoire ancienne ? Paul Bérenger aurait-il le cœur gros ? Navin Ramgoolam ouvrira-t-il enfin son cœur ? Il sera nécessaire de patienter encore un peu pour trouver les réponses à ces questions. Il faudra regarder encore quelques épisodes du feuilleton.

 


Le leader du MMM… tout chaud

Il a joué au chevalier servant. Sa princesse et son royaume : Navin Ramgoolam (qui, du coup, n’a pas eu besoin de monter au créneau) et le mini-amendement. Son armure et ses armes : ses «points of order» contre ceux qui partagent les bancs de l’opposition… avec lui !

● Lors de son discours au Parlement, Paul Bérenger n’a pas manqué d’égratigner le PMSD : «Si le PMSD vote contre ce mini-amendement, il se retrouvera à contre-courant de l’histoire. Et l’histoire ne le lui pardonnera pas.» Plus tard, il a également critiqué la proposition de Xavier Luc Duval (concernant un amendement… au mini-amendement afin qu’un référendum soit organisé pour connaître l’avis de la population concernant des changements au Best Loser System). Le speaker de l’Assemblée nationale, Razack Peeroo a, lui, estimé que si l’amendement était recevable, il n’en voyait pas l’utilité.

● C’était tendu entre Pravind Jugnauth et Paul Bérenger. Alors que le leader du MSM parlait des «manquements» du mini-amendement, le chef de file du MMM est intervenu. Pravind Jugnauth estime que le Best Loser System, avec la nouvelle formule qui devrait être utilisée, serait «arbitraire et injuste» et que la Commission électorale aurait déjà décidé du nombre de sièges alloués aux députés correctifs (il a utilisé le terme «predetermined». Paul Bérenger a estimé que son ancien allié tente «d’entacher l’image de l’Electoral Supervisory Commission» et a lancé un «point of order» pour que ce dernier retire le mot utilisé. Et Razack Peeroo a demandé la suspension des débats pour décider sur quels termes le leader du MSM devait revenir. Après 50 minutes de pause, Pravind Jugnauth a été invité à accéder à cette requête.

 


Navin Ramgoolam : «Le début de la fin du communalisme»

Fierté et satisfaction. Le Premier ministre a fait part de ses sentiments concernant la présentation de ce projet de loi, le vendredi 4 juillet. Pour lui, ce changement a une portée historique : «Ce que l’on débute aujourd’hui, c’est le début de la fin du communalisme dans notre Constitution.» Il a déclaré que cela fait des années qu’il croit qu’il faut que le communalisme disparaisse des lois mauriciennes : «Surtout quatre décennies après l’Indépendance.» Il a également précisé que ce mini-amendement n’en était pas un, mais qu’il est un vrai projet de loi, un pas vers l’avenir. Et a souligné le travail de Rezistans Ek Alternativ tout en revenant sur les difficultés autour de la construction de ce projet de loi.

 


Une question de… position

● Le MMM votera le mini-amendement. Mais lors du Nomination Day, les membres de ce parti déclineront leur appartenance ethnique under protest.

● Le PTr votera logiquement (c’est son projet !) en faveur de ce bill. Reste à savoir ce qui se passera le jour du Nomination Day pour les prochaines législatives.

● Le PMSD votera en faveur du Constitution (declaration of community, Temporary provisions) Bill à une condition : qu’un référendum soit organisé. Son leader, Xavier Luc Duval, estime qu’il y a une confusion qui entoure le mini-amendement : «Ce n’est pas clair.» Concernant la déclaration ethnique, il semblerait que les Bleus ne feront pas dans la nouveauté.

● Le MSM ne fera pas, non plus, obstacle au vote du bill. Néanmoins, Pravind Jugnauth estime que ce mini-amendement contient des failles et n’est pas une solution. Chaque membre du parti, qui sera candidat, aura le choix de déclarer son appartenance ethnique ou pas. Le leader du MSM, lui, ne le fera pas : «Je suis fier de dire que je ne vais pas déclarer ma communauté.»

 


À l’heure des points de presse

Une séance parlementaire n’a pas calmé leurs ardeurs. Paul Bérenger et Pravind Jugnauth ont organisé des points de presse hier, samedi 5 juillet. Séparément, bien sûr.

● Chez Paul Bérenger : Le chef de file du MMM est revenu sur ses différentes interventions lors des discours de Xavier Luc Duval et de Pravind Jugnauth lors de la séance parlementaire du vendredi 4 juillet. Il a jugé la déclaration du leader du MSM concernant la Commission électorale «inacceptable». Pour lui, l’attitude de Xavier Luc Duval est «honteuse» et «rétrograde» : «Comment peut-on venir demander un recensement sur la base des communautés ?» Il a invité les Bleus à relire le discours de sir Gaëtan Duval en 1982 : «Il estimait qu’un référendum sur un tel sujet était une perte de temps et d’argent.»

●  Chez Pravind Jugnauth : Le leader du MSM n’a pas épargné Paul Bérenger. «Il n’est pas digne de représenter l’opposition», a-t-il déclaré. Il a hâte, dit-il, que ce dernier se lance dans une Private Notice Question car il ne manque pas de sujets (l’affaire de declaration of assets, sur la Rolls Royce du PM ainsi que le bâtiment de la SICOM). Par ailleurs, il s’est dit étonné que le leader du MMM ait émis des «points of order» contre lui et Xavier Luc Duval : «La personne concernée, Navin Ramgoolam, est, elle, demeurée silencieuse.»