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Rajni Lallah : «La Journée internationale de la femme a perdu son âme»

À l’approche de l’événement, le Muvman Liberasyon Fam propose une charte qui appelle à la réflexion autour de cette journée importante. Une journée qui, selon l’organisme, a perdu de son sens. Rajni Lallah, membre du mouvement, s’explique.

Cette année, le Muvman Liberasyon Fam est venu de l’avant avec une charte dans le cadre de la Journée internationale de la femme. Pourquoi ?

 

Au cours des 30 dernières années, il y a eu, et il y a encore, deux courants distincts ou des points de vue politiques différents concernant le mouvement des femmes à Maurice et dans le monde. Au sein de Muvman Liberasyon Fam, nous sommes en mesure d’analyser ces deux courants lors de la Journée internationale de la femme cette année. Précisément parce que c’est notre organisation qui a lancé Solidarite Fam, qui a célébré la Journée internationale de la femme en 1977 pour la première fois.

 

Nous nous considérons comme faisant partie de la continuation du courant historique qui a d’abord célébré la Journée internationale de la femme sur des thèmes comme le droit de vote, les droits des travailleurs, le développement humain, le droit à la contraception et l’avortement, un emploi pour tous, le logement et la paix dans le monde, dans les espaces publics et privés. Il s’agit non seulement de demandes mais aussi de lutte collective pour l’égalité entre tous. C’est-à-dire pour la fin de l’inégalité des classes et des hiérarchies patriarcales. Avec le temps, nous estimons qu’il y a eu comme une déroute du chemin emprunté au départ lorsque le monde a commencé à observer la Journée internationale de la femme. 

 

Pourquoi dites-vous que la célébration de cette journée a un peu dévié de sa trajectoire initiale ?

 

La Journée internationale de la femme a commencé à perdre son âme, sa force vitale, qui vient de la lutte pour notre émancipation et libération en tant que femmes et êtres humains. Le «genre», qui est un deuxième courant et qui est à la mode, a contribué à étouffer la force de vie du mouvement des femmes en gonflant l’autre courant politique du mouvement des femmes. Celui qui ne cherche pas plus qu’à faire monter quelques femmes au pouvoir dans les hiérarchies patriarcales existantes, dans les inégalités du capitalisme. Même les exigences les plus apparentes dans ce qui entoure le «genre» sont erronées. Par exemple, l’appel à un salaire égal pour un travail égal dans la zone franche était tellement erroné qu’il permettait aux patrons de baisser les salaires des hommes, de ramener la division et la défaite.

 

Comment avez-vous procédé à l’élaboration de votre charte ?

 

On a contacté les associations de femmes que nous connaissons. Les sociétés pour les femmes, il y en a beaucoup : dans chaque village, dans chaque ville. Au fil des années, nous avons travaillé avec plusieurs associations de femmes. On s’est rencontrées il y a un mois parce que nous avons constaté que la Journée internationale de la femme n’est plus ce qu’elle était. À ses débuts, c’était clair. Le message de cette journée mettait en avant l’égalité, pas uniquement entre les hommes et les femmes mais aussi l’égalité entre tous les humains. 

 

C’était aussi une lutte contre le patriarcat. On ne parle pas des hommes. Mais d’un système où les hommes dirigent à la fois des femmes et des hommes. Quand on étudie les grands leaders comme Trump, Berlusconi et Clinton, on se rend compte qu’ils sont des misogynes en puissance. En rencontrant les membres des associations de femmes, on s’est demandées pourquoi cette journée a perdu de son âme. 

 

Donc, malgré les années et la lutte pour plus de parité, le patriarcat existe toujours ?

 

Tout à fait. C’est toujours d’actualité. Il ne faut pas se tromper de combat et militer pour que la femme prenne la tête de ce type de système. Il ne faut pas se battre pour mettre la femme dans une position patriarcale. Le message essentiel autour de la lutte pour l’émancipation de la femme a disparu. Même au sein du gouvernement, il n’y a plus de ministère de la Femme mais un ministère de Gender Equality. Aujourd’hui, nous voulons nous reconcentrer sur les grands enjeux pour les femmes. Le courant gender ne correspond pas à la lutte pour l’émancipation de la femme. 

 

C’est une mauvaise chose ?

 

Ça correspond à cette stratégie de voir la lutte en termes de position dans la hiérarchie. C’est-à-dire qu’il faut des femmes à des postes-clés : des femmes CEO, des femmes à la tête des leaders dans les business. C’est le genre de préoccupations qui, pour nous, n’a rien à voir avec la lutte pour l’émancipation de la femme. 

 

Et quels sont les grands axes de votre lutte ?

 

Les exigences fondamentales restent au centre de notre lutte : un travail pour tout le monde, un logement pour tous, un contrôle collectif et démocratique sur les terres et la mer, et la sécurité alimentaire pour tous.

 

Que proposez-vous pour que la Journée internationale de la femme retrouve de son cachet ?

 

Lorsque des organisations féminines ont été créées, certaines ont été enregistrées, d’autres non. Maintenant, l’État donne Rs 2 000 par an et tente de forcer les associations à s’inscrire, puis contrôle leur ordre du jour. C’est ainsi que les associations se sont éloignées de la question de l’émancipation comme but et se sont mises à demander l’équité entre les sexes sans même savoir ce que cela signifie. 

 

Nous devons continuer à mettre en garde contre cette capitulation. Mais ce n’est pas facile. Il faut vaincre le courant qui compose avec le patriarcat et l’inégalité capitaliste, et revenir aux grandes demandes, au vaste programme, aux rencontres autour d’une plateforme commune ou à un nouveau manifeste.

 


 

Ma semaine d’actu

 

Quelle actualité locale a retenu votre attention ces derniers temps ? 

 

Ce que je trouve choquant, c’est à quel point nos terres sont bradées. 

 

Et sur le plan international ?

 

C’est la montée des forces de l’extrême droite dans plusieurs pays. Tout simplement parce que la force politique traditionnelle ne peut répondre aux questions de l’électorat actuellement. Cela crée un désespoir et si on ne se ressaisit pas, des mouvements racistes, xénophobes ou sectaires vont prendre le dessus.