Avant de se faire couronner, le leader du MSM s’est lancé dans une sacrée campagne de communication en quête de légitimité.
Strass et paillettes. Discours et balad dan…circonscription. Entre les deux, il y a un point en commun : Pravind Jugnauth. Alors que la saison des Missest lancée depuis un moment et que les finales de «beauté» se suivent et se ressemblent, le fils Jugnauth, lui, est partout, omniprésent même, et enchaîne les défilés (ou sorties publiques, si vous préférez). Et le rapprochement entre les deux mondes (outre des cracheurs de feu présents à un congrès – c’est très show !), c’est bien le ministre des Finances qui l’a fait.
Le futur Premier ministre adoubé par son père a dit ne pas courir derrière «la couronne», cette semaine (comme toute Missqui se respecte et qui doit faire preuve de modestie) : «Je ne suis pas en train de regarder la transition ni la couronne ni le fauteuil. C’est uniquement le travail que j’ai en tête.»Finalement, c’est peut-être l’écharpe de MrCongenialityqui l’intéresse.
Parce qu’en ce moment, le ministre des Finances a un agenda digne d’une reine de beauté fraîchement élue à l’international. Il a lancé une tournée des circonscriptions cette semaine (raison officielle : pour faire un état des lieux des projets à réaliser) et des site visitsen veux-tu en voilà, tout en enchaînant les congrès et les lancements (avec petites allocutions à la presse). Congrès à Cité Atlee et à Goodlands, ouverture d’un atelier de travail sur l’industrie cinématographique, lancement d’une formation en aquaculture à Moka… Le leader du MSM shines bright like a diamond(mais il ne pense pas à la couronne, on le rappelle). Un enchaînement d’événements qui n’a rien d’anodin et qui devrait se poursuivre, explique un proche, élu, de Pravind Jugnauth : «C’est une vaste campagne de communication qui est à l’œuvre, dont je ne connais ni ne comprends tous les tenants et aboutissants.»
«Convaincre les Mauriciens»
Si le ministre des Finances balaie d’un revers de main les critiques de ses adversaires politiques – Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, s’il fallait les citer – sur l’immoralité de cette passation de pouvoir, il n’est pas dupe, confie notre interlocuteur. «Il ne passera pas par des élections, c’est ridicule ! Mais il sait qu’il doit convaincre les Mauriciens.» Et pourquoi ne pas commencer par ceux qui sont acquis à la cause du MSM ? Un excellent moyen de créer une impression que le ministre des Finances qui devient Premier ministre est une situation acceptée et accueillie par tous, tente d’expliquer un ancien membre du MSM qui souhaite que sir Anerood Jugnauth reste à son poste. Ce serait dans cette entreprise «séduction» qu’un mot d’ordre semble avoir été donné dans les régionales : que le PMto be soit accueilli, lors des congrès organisés, comme s’il était l’actuel chef du gouvernement.
Un activiste du nord de l’île confirme, mais préfère ne pas dévoiler son identité (comme d’autres membres de régionales à qui nous nous sommes adressés) : «De toute façon, on est tournés vers l’avenir. Et c’est Pravind qui le représente le mieux.» Certaines personnes engagées dans les structures locales du MSM se seraient même prises à anticiper la passation de pouvoir en commandant des goodiesà l’effigie de Pravind, Premier ministre, apprend-on ! La passation se fait donc dans l’opinion avant d’être officielle. D’ailleurs, poursuit notre interlocuteur, SAJ sera absent de toutes ces rencontres populaires pour l’instant.
Du côté de la circonscription Vieux-Grand-Port/Rose-Belle (la nº11), Sunil Bhakarreea, qui est membre de la régionale, ne parle pas de stratégie. Pour lui, c’est beaucoup plus simple que ça : c’est dans l’ordre des choses que le leader du MSM soit le chef du gouvernement. Il est bien le seul à vouloir s’exprimer ouvertement sur cette passation de pouvoir : «Samem nou ti pe atann. Nu ti kone sa pou arive. La relève, c’est Pravind. Il a toutes les qualités requises. Nous ne mettons pas la pression, mais nous savons que SAJpa pou kapav al pli lontan. Alors, nous attendons ! De toute façon, c’est Pravind qui représente la nouvelle génération.» Quand le futur Premier ministre fera une halte dans sa région, il sait qu’il pourra lui faire part de tous les projets que lui et les autres habitants de sa localité souhaitent voir réaliser.
Parce que c’est sans aucun doute que le leader du MSM fera une halte au nº11. En ce moment, c’est discours et balad dan circonscription pour une couronne…
Ça s’intensifie !
Ce n’est qu’un secret de polichinelle : un groupe au sein du MSM fait un véritable lobby pour que l’actuel Premier ministre se retire au plus vite. Si ce dernier estime qu’il a encore des choses à accomplir, il doit, en ce moment, faire face à cette fronde assez puissante (que dénonce Paul Bérenger depuis des semaines !). Ensuite, il y a Showkutally Soodhun qui n’aime pas la subtilité. Et lui a fait passer le message, le jeudi 20 octobre, lors d’un congrès à Cité Atlee (poussant Pravind Jugnauth à parler de couronne et de fauteuil qui ne l’intéressent pas) : «Il est temps que Pravind Jugnauth prenne le pays en main (…) A letranze pe fini konsider li kouma Premie minis.»
Mahen se lâche sur… Mahen !
La petite phrase de ce week-end est signée Mahen Jhugroo. Lors de son discours à l’ouverture du Salon de l’Agriculture au Mahébourg Waterfront hier, le Chief Whip a lancé une allusion au futur du ministre de l’Agro-industrie : «Je souhaite bonne chance à Mahen Seeruttun pour l’année prochaine. Je ne sais pas s’il sera toujours ministre de l’Agro-industrie ou s’il aura une promotion et sera ministre des Finances.» Il n’est pas difficile de ne pas saisir le sous-entendu : une situation qui pourrait se présenter avec l’accession de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre. Rien d’étonnant venant du député de Mahébourg/Plaine-Magnien (circonscription nº12) qui avait déclaré, dans une interview accordé à ionnews.mu en septembre 2016 : «Si cela ne tenait qu’à moi, Pravind serait Premier ministre demain.»