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Polémique autour de la présidente de la République : Démission annoncée, colère et malaises

Un froid semble s’être installé entre Ameenah Gurib-Fakim et le PM.

Clap de fin sur des turbulences ? Ce n’est pas si sûr. Ameenah Gurib-Fakim ferait-elle de la résistance ? Le MSM et le ML tiendront-ils bon ? Autant de questions qui tiennent le pays en haleine…

La «solution» de Pravind Jugnauth

 

C’est l’épilogue (enfin presque : voir «Résiste-t-elle ?» ci-contre) d’une semaine de rumeurs. Mais aussi de retournements de situation, de négociations et de koz-koze intense. Et c’est le Premier ministre qui s’est fait le porte-parole de ce dénouement, le vendredi 9 mars, après deux rencontres avec la principale concernée. Il a annoncé, lors d’un point de presse express, que la présidente de la République démissionnerait après le 12 mars mais avant la rentrée parlementaire prévue pour le 27 mars : «La présidente de la République m’a confié qu’elle démissionnera de ses fonctions. Nous sommes tombés d’accord sur une date mais nous ne l’annoncerons pas pour l’instant.» Un compromis trouvé dans «l’intérêt du pays», a précisé Pravind Jugnauth. Le même chef du gouvernement qui avait ouvertement lâché la présidente quelques jours plus tôt en parlant de divergences d’opinion. De quoi raviver certaines rumeurs… Alors qu’internautes et observateurs politiques demandent à Ameenah Gurib-Fakim de «tout révéler», persuadés que, dans le sillage de l’affaire Sobrinho, la présidente de la République n’est que l’arbre qui cache la forêt.

 

En bref…

 

Depuis les révélations faites par le quotidien l’express sur les dépenses de la présidente avec une carte Platinum fournie par le Planet Earth Institute d’Alvaro Sobrinho, le businessman angolais controversé, rien ne va plus pour Ameenah Gurib-Fakim. Si dans un premier temps, elle a mis au défi le quotidien d’authentifier ces documents bancaires, elle devait confirmer qu’il s’agissait bien de ses dépenses mais qu’elle avait déjà tout remboursé. Lors de son discours à l’occasion du lancement de son dernier livre et de la journée internationale des droits de la femme, elle a appelé au soutien de ses «sisters» et a répété, encore une fois, qu’elle n’avait rien à se reprocher : «Dans l’exercice de mes fonctions au sein de Planet Earth Institute, j’ai eu une carte. J’ai remboursé mes dépenses. Je ne dois rien à personne.» Le même jour, c’est le Conseil des ministres qui se réunissait et prenait la décision d’enclencher les procédures afin de la destituer. La suite, vous la connaissez (du moins, à l’officiel) : des rencontres entre la présidente et Pravind Jugnauth, et un compromis trouvé.

 

Résiste-t-elle ?

 

Ameenah Gurib-Fakim aurait-elle décidé de faire de la résistance ? Ses tweets du vendredi 9  mars, peu de temps après l’annonce de sa démission par Pravind Jugnauth, ont étonné plus d’un. Comme un gato pima san pima ! On peut lire les déclarations suivantes sur Twitter : «It is being reported that I am resigning… I am still in post», «ALL ALLEGATIONS... truth will come out when inquiry over...», «I am fighting». Une question s’impose : est-ce que la présidente de la République et le Premier ministre sont réellement tombés d’accord sur ce départ, comme l’a dit Pravind Jugnauth ? La principale concernée n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations. Reste à savoir comment se passera la cohabitation entre le chef du gouvernement et la présidente de la République durant les festivités entourant le 12 mars. Réponse dans quelques heures…

 

MSM : ça passe… ou pas

 

«Ce n’était pas nécessaire de repousser l’échéance», confie un membre du MSM. Notre interlocuteur se dit déçu du compromis trouvé par Pravind Jugnauth. Le chef du gouvernement avait, pourtant, assure-t-il, promis d’agir avec sévérité : «Je ne sais pas ce qui s’est passé. C’est la présence de la présidente lors des festivités qui risque d’entacher la réputation de Maurice. Ces invités étrangers savent bien ce qui se passe dans notre île», ajoute-t-il, un peu irrité. De nombreux journaux internationaux ont déjà repris l’information (Le Monde, The Guardian et Le Figaro, entre autres), poursuit notre interlocuteur, c’est impossible de ne pas être au courant. Il n’est pas le seul à partager ce point de vue. Pour certains membres du MSM, le chef du gouvernement a fait fit dan baja. Néanmoins, pour d’autres, Pravind Jugnauth a agi avec intelligence et subtilité : «Il a préféré écouter les sages conseils de son père au lieu de suivre le mouvement. Et c’est tant mieux pour le gouvernement et pour le pays.»

 

MSM-ML : une trêve ?

 

Ça ne sent pas très bon. Le cramé presque. Comme un samousa qui a été oublié au fond de la karay. La relation entre les deux leaders des deux partis de l’alliance gouvernementale a pris feu. En cause : le soutien indéfectible d’Ivan Collendavelloo à Ameenah Gurib-Fakim (c’est le ML qui l’a «nommée» à la présidence) depuis l’éclatement de l’affaire. La présence du leader du ML, tout sourire aux côtés de la présidente de la République lors du lancement de son dernier livre, cette semaine, a attisé les ressentiments. Du coup, non seulement le MSM a dû faire des compromis avec Ameenah Gurib-Fakim mais aussi avec le ML afin d’offrir une apparence d’unité au sein du gouvernement. Il semblerait que c’est lors du Conseil des ministres, qui s’est réuni le jeudi 8 mars – pour discuter, entre autres, de l’avenir d’Ameenah Gurib-Fakim –, qu’une stratégie de façade a été adoptée en attendant la fin des festivités.

 

MMM : le cœur bat…

 

… la chamade ? Une rumeur de plus en plus persistante fait part d’un koz-koze entre le MSM et le MMM (dans le contexte d’un départ du ML). En plus, les propos de sir Anerood Jugnauth (dans un entretien accordé au Défi Media) viennent rajouter du sirop sur le gato moutay. Le ministre mentor a déclaré que si Paul Bérenger accepte ses erreurs et changent, une alliance entre les deux partis est encore envisageable pour les prochaines élections. Ajay Gunness, secrétaire général du MMM, lui, dément tout rapprochement et affirme que le MMM ira seul aux prochaines législatives.

 

L’opposition fâchée et… unie

 

Ils l’ont dit ; ils bouderont toutes les activités où sera présente Ameenah Gurib-Fakim. Les membres de l’opposition sont, pour une fois, sur la même longueur d’onde. Ils dénoncent tous, également, le compromis accepté par Pravind Jugnauth. Par ailleurs, Alan Ganoo du MP estime qu’une enquête doit être instituée sur Alvaro Sobrinho et sur les remboursements de la présidente. Navin Ramgoolam estime, lui, que le pays est «anba-lao» et que le compromis trouvé est un signe de faiblesse de la part de Pravind Jugnauth. Il promet des révélations sur un «méga scandale». Aurore Perraud, du PMSD, déplore qu’Ameenah Gurib-Fakim démissionne (et ne soit pas destituer). Ainsi, elle conserve tous ses privilèges : «C’est une forme d’impunité.» Au MMM, on dénonce le fait que Pravind Jugnauth n’assume pas ses responsabilités. Et Paul Bérenger, lors de la causerie pour la Journée de la femme, organisée hier, samedi 10 mars, en a rajouté une couche : «C’est un crime contre l’histoire de notre pays que de célébrer les 50 ans de l’Indépendance dans ces circonstances. Tout cela montre que Pravind Jugnauth n’a pas été à la hauteur.»