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Pointe-aux-Sables : Les nouveaux habitants de Cité-Blanche

Ils ont obtenu un terrain de l’État mais pour ces squatters, l’installation dans leur nouvelle baz ne se fait pas sans encombre…

Des enfants courent pieds nus. Dans leur foulée, des nuages de poussière de terre emplissent l’espace. Entre les maisonnettes en tôle – habitations sommaires pour des familles qui se disent en difficulté – ils se faufilent, pris dans des activités d’enfants dont, eux seuls, connaissent les règles. Sur un morceau d’asphalte, un jeu de marelle, dessiné à la craie, est presque effacé. Ils sont une dizaine d’enfants à tuer le temps, en plein soleil ce vendredi 6 janvier, en attendant la rentrée des classes. Si certains enfants s’enferment pour regarder la télé ou jouer à la console, eux, s’occupent autrement. Chez eux, il n’y a pas d’électricité. La plupart d’entre eux n’ont même  pas d’eau courante. Ici, on utilise des générateurs, on s’éclaire à la bougie, on stocke de l’eau «empruntée» dans des droms en plastique…

 

Ces enfants vivent depuis peu à Cité-Blanche, Pointe-aux-Sables. Là où les autorités ont donné à leurs familles un bout de terrain (de bonne taille). Ils viennent de Cité-La-Cure, de Roche-Bois et de Baie-du-Tombeau. Leurs parents étaient des squatters. Mais ces derniers sont désormais propriétaires (ils doivent payer une petite somme annuellement). Néanmoins, tous n’ont pas les moyens de se raccorder au système d’eau potable et au réseau électrique, avancent-ils. Ni de construire une maison en dur. Ils attendent de l’aide pour pouvoir transformer ce coin inconnu en leur nouvelle maison…

 

 En ce début de matinée, des mères de famille, à la recherche de l’ombre, dans ce bout de terre désolé, se confient, montrent leur maison où parfois le sol n’est pas en dur, où les gens dorment à même la terre ou le macadam (une association a fait une distribution de matelas fin 2016, voir hors-texte) et où des familles s’entassent dans une seule pièce. Or, chaque famille a, à sa manière, apporté une petite touche festive : des guirlandes, un sapin… Un moyen d’oublier leur pauvreté, peut-être. Mais la réalité ne se couvre pas si facilement de glitters. Les toilettes, la salle de bains ? Dehors. Dans des abris de fortune.

 

Clairette Allas, aux yeux bleus remplis de larmes, un chapeau rose vissé sur la tête, parle de ces journées laborieuses sans eau. De ces longues heures sans électricité. De la difficulté de survivre avec un fils handicapé : «On devrait nous aider mais on ne le fait pas.» La main tendue par les autorités, soit la possibilité de posséder un terrain, ne suffit pas, il faut accompagner les familles, estime-t-elle : «Nous avons dû reconstruire une maison, ici. Nous n’avons pas eu d’aide pour ça. Et nous devons de l’argent aux gens avec qui nous avons acheté le bois et les feuilles de tôle.» Elle ne travaille plus, elle a plus de 60 ans. 

 

Mais dans son nouvel entourage, d’autres jeunes femmes restent à la maison à cause des enfants, disent-elles. Certaines ont un mari qui travaille dans la sécurité ou est manev mason, entre autres. D’autres vivent grâce à des aides financières fournies par le gouvernement. C’est le cas de Marie-Line Perrine qui, avec ses filles, doit survivre avec moins de Rs 3 000 par mois. À 33 ans, elle ne travaille pas… et ne sait pas pourquoi (quand on lui pose la question). Mais elle s’inquiète pour ses filles, qui n’ont ni uniforme ni matériel scolaire pour la rentrée, et s’étonne que la National Empowerment Foundation ne lui ait pas encore envoyé de lettres pour qu’elle collecte ce dont ses enfants ont besoin pour reprendre le chemin de l’école. À Cité-Blanche, c’est au rythme d’une tout autre réalité que l’on vit… 

 

Ce qui n’empêche cependant pas la difficulté du quotidien, empreint de pauvreté. Les besoins immédiats pour sortir de l’insalubrité. Et la nécessité d’une aide pour que les enfants puissent suivre une scolarité enrichissante. Ces enfants qui courent pieds nus dans des sentiers de terre, en cette matinée ensoleillée…

 


 

Ce dont ces familles ont besoin

 

C’est l’association FAITH qui a décidé de prendre en charge ces dix familles qui vivent dans des situations difficiles. D’ailleurs, en fin d’année 2016, les membres de cette organisation non gouvernementale ont apporté des matelas, des vivres et des cadeaux de Noël pour les enfants. Dans quelques jours, les personnes sans emploi pourront trouver un job dans une usine de la région grâce à l’intervention de FAITH. Toutefois, un des membres de cette association, Georges Brelu-Brelu, fait un appel aux entreprises comme Gamma Civic, Betonix, entre autres, afin d’aider ces personnes dans le besoin à couler la base de leur maison : «S’il y a de fortes pluies ou un cyclone, elles seront en grande difficulté.» Selon lui, ces familles se trouvent sur des wet lands : «Je m’inquiète pour elles.»