Les deux partis minoritaires de l’Alliance Lepep restent silencieux face aux nombreuses secousses qui ébranlent le parti de Pravind Jugnauth. Quelle est leur stratégie ?
Bandeau orange fluo. Pour fixer l’attention des troupes. Juste-au-corps pour faciliter les mouvements visant à rassembler, à mimer une cohésion parfaite. Il n’en faut pas moins à un Pravind Jugnauth qui semble un peu éreinté en ce moment.
Ça transpire, ça grogne, ça s’essouffle et ça manque de souplesse : le MSM featuringl’Alliance Lepep a des allures de classe de Zumbapour débutants. On y cherche encore ses marques de… transpiration. Dans la cacophonie des sonorités locales, des «scandales» pas très caliente(l’abandon d’Heritage City, les Rs 19 millions d’honoraires de l’avocat Kailash Trilochun, les nominations qui font tiquer, entre autres) et un duel presque au sommet provoquent des faux mouvements douloureux. C’est vrai que le reggaetontragique entre Roshi Bhadain et Gérard Sanspeur se danse sur un rythme endiablé.
Au fond de la salle de danse, le PMSD et le ML participent à la chorégraphie docilement. Alors que le reste de l’équipe gouvernementale enchaîne les faux pas dans enn mari tapaz,leurs déhanchés erratiques, eux, se font… en silence. «Nous sommes au pouvoir avec un but : travailler pour le pays. Le reste n’est pas vraiment important. Nous n’avons pas à faire de commentaires sur ce qui se passe au sein du MSM»,confie un membre de la famille bleue, expert en langue de bois (et de lerin dibwa ?).
Le ton est donné. Pour survivre au sein de l’alliance gouvernementale, il vaut mieux zumberavec application, même si on n’approuve pas tous les movesde l’instructor.«Je préfère ne pas faire de commentaire. Tout va bien. Il y a des couacs, ça arrive, mais le gouvernement garde le cap. C’est bien ça le plus important. C’est bien le jeu des médias de s’arrêter sur les petty thingsau lieu de regarder le larger picture», assure un membre du ML.
Le leader de ce parti, Ivan Collendavelloo, avait, en substance, tenu le même discours, il y a quelques jours : «Nous faisons notre travail comme une équipe soudée et solidaire. Mais nous ne pouvons pas être d’accord sur tout au sein du gouvernement.»Néanmoins, au-delà de ce discours rodé, d’autres voix peuvent être entendues. Des constatations qui se font en privé, avec les «proches», dans les cercles de confiance. «Tan ki se pa nu ki pe fer vilin, ça passe. Au moins, la population sait que ce sont des membres du MSM qui agissent mal en ce moment et pas nous. Le PMSD fait du bon travail, c’est bien ça qui m’importe», lance un conseiller bleu. Il semble oublier que le manque de souplesse du MSM est une infection qui touche également les partenaires au sein de l’Alliance Lepep.
Chaud bouillant
Même si, en ce moment, leurs paso dobleratés passent – presque – inaperçus : les sempiternelles déclarations du ministre de la Santé ML, Anil Gayan, les coups de sommeil d’Ivan Collendavelloo et la chance du député bleu, Patrice Armance, de remporter une Audi dans le tirage au sort du Travel Extravaganza d’Air Mauritius (avec l’utilisation d’un billet par le contribuable ou pas ? – la question est posée, même si le principal concerné affirme qu’il s’agit du billet d’un voyage privé), entre autres. Néanmoins, cette attitude de drop it like it’s hotn’est pas celle adoptée par tous. «Il y a des choses qui m’énervent, bien sûr. Je trouve que de nombreux dossiers sont mal gérés par le gouvernement, pour ne pas dire directement le MSM. Et j’estime que mon leader doit s’assurer que ce ne soit pas le cas», confie un conseiller du ML, remonté.
Néanmoins, il a vite fait de comprendre que l’intérêt du partise trouve ailleurs : «Si j’ai bien compris, il n’a pas ce pouvoir. Chaque ministre s’occupe de son ministère et c’est tout, même si on est leader du parti. Les décisions importantes sont prises par le MSM. Et puis, il est certainement plus occupé à conserver sa place au sein de l’alliance pour dire ouvertement le fond de sa pensée. C’est décevant.»
Surtout qu’en ce moment, les places prises au sein de l’alliance gouvernementale seraient précaires. Un jeu de chaises musicales aurait été lancé au son de la mélodie de koz koze qui aurait lieu sur la ligne du MMM et du MSM(Pravind Jugnauth et Paul Bérenger ont officiellement démenti ces rumeurs).
Au PMSD, on se pose des questions sur la possibilité d’une alliance entre les deux anciens alliés. Sans plus. «Il y a des doutes. Mais notre leader nous a rassurés. Au final, des koz koze, il y en a tout le temps. Il y a quelque temps, ce n’est pas avec le PMSD que le MMM se rapprochait, selon la presse ? Alors, on va attendre plus de concret avant de perdre son temps en conjectures»,explique une conseillère bleue. Au ML, même son de cloche. Pour l’instant, les rumeurs sont prises comme telles. «Et puis, Paul Bérenger va bien finir par faire tout capoter, même si c’est une réalité», lance avec humour un ancien membre du MMM, proche du ML (dont il ne fait pas – encore ? – partie). En politique, tous les scénarios sont envisageables et imaginables tant qu’ils n’ont pas de prises sur la réalité, estime la conseillère bleue qui est, comme beaucoup de ses camarades, en mode wait and see.
Pour l’instant, le mot d’ordre est de suivre le bandeau orange fluo. Cela, même si la chorégraphie n’est pas au point. Le tout, c’est de bouger en… (dés)harmonie !
Sir Anerood Jugnauth précise
Il n’a pas apprécié. Alors là, pas du tout ! Quoi donc ? Mais les commentaires de l’opposition sur son manque de leadership. Alors, le chef du gouvernement a décidé de répondre à ses détracteurs. «Ils ont le droit d’attaquer mon leadership ! Tout le monde en a le droit. Mais moi, je sais une chose, c’est que je suis bien en train de lead», a-t-il déclaré à la sortie de la cérémonie d’ouverture de la 47e Commonwealth Parliamentary Association Africa Region Conference à l’hôtel Intercontinental, à Balaclava, le mercredi 24 août. Le chef du gouvernement faisait aussi taire les murmures au sein de son alliance gouvernementale, qui se font entendre depuis le retour de Pravind Jugnauth au sein du Conseil des ministres…