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Parents après 30 ans d’un long combat : Anita, 62 ans et Pran, 64 ans : «Notre fils, notre bébé miracle»

Le couple Padaruth respire aujourd’hui le bonheur. Ci-contre, une photo au tout début de leur histoire.

Il est enfin né leur bébé tant attendu ! Pour leur plus grand bonheur. Le petit a vu le jour, le dimanche 24 septembre, après 30 années difficiles. Après un long parcours du combattant, ces deux sexagénaires réalisent aujourd’hui leur rêve : devenir parents. Instantanés de bonheur...

Des pleurs de bébé, une maman aux yeux tendres, un papa comblé... Si le bonheur avait un visage, il aurait définitivement les traits d’Anita et de Pran Padaruth, 62 et 64 ans respectivement. Tous les deux sont rayonnants de joie et de fierté devant leur petit garçon qui, aujourd’hui, après 30 ans d’attente et de traitements, est venu combler le vide qu’ils avaient dans leur vie depuis leur mariage, il y a une trentaine d’années.

 

Pouvoir enfin chérir leur enfant, ils l’espéraient de tout leur cœur. Ce n’est certainement pas Anita qui dira le contraire. Depuis la naissance de ce fils tant attendu, le dimanche 24 septembre, elle le couve du regard. Car depuis qu’elle a mis au monde son petit homme, cette heureuse mère n’arrête pas de le câliner, de l’embrasser... de le dévorer des yeux. Tout le temps. 

 

«C’est notre fils, notre bébé miracle»,confie Anita, sous le regard rempli de tendresse de son époux. Elle a le sourire dans la voix. Dans les yeux aussi. Elle vit désormais, dit-elle, un bonheur sans nuage. Surtout depuis qu’elle a senti le battement régulier du cœur de son fils contre sa poitrine. Un moment inoubliable, magique ! Un instant qu’elle a savouré et qu’elle a partagé avec son mari. «J’ai été très ému quand j’ai coupé le cordon  ombilical. J’ai réalisé à ce moment-là qu’on avait gagné notre bataille», nous dit Pran, tenant fièrement son fils contre son cœur comme pour s’assurer que ce qu’il vit est bien réel. 

 

Pran et Anita sont tous deux conscients d’être aujourd’hui les protagonistes d’une histoire qui, depuis le début de la semaine, suscite de nombreuses réactions. Car de par leur âge, ils sont les premiers Mauriciens à devenir parents après avoir dépassé la soixantaine. «L’âge n’a jamais été un problème pour nous. Nous n’avons été motivés que par une chose : devenir parents», souligne un Pran confiant qui dit avoir tout prévu pour l’avenir de son enfant. «On a pensé à tout. Notre fils ne manquera de rien. Son avenir est tracé pour parer à toute éventualité.» D’ailleurs, précise Pran, ils sont soutenus par tous leurs proches qui partagent pleinement leur bonheur.

 

Depuis leur mariage, le vœu des Padaruth était de construire une famille et depuis dimanche dernier,  ce vœu est en train de s’accomplir au-delà de toute espérance. Pour eux, leur âge n’altère en rien leur rôle de parents. Ce qui compte pour eux, soulignent-ils, c’est que leur petit forge son caractère. «En tant que guides, on fera tout pour lui. On l’accompagnera sur le chemin de la vie jusqu’à ce qu’il choisisse sa propre route. Ce qui nous importe en premier, c’est qu’il soit heureux», souligne Pran tout en ajoutant qu’ils sont des parents comme les autres : «On se lève le soir, on lui donne son bain, sa maman le nourrit… Bref, on est comme tout le monde.»

 

Revanche sur la vie

 

Dans leur maison à Triolet, tout tourne donc désormais autour de celui que Pran, ex-employé dans le domaine bancaire, et Anita, ex-rectrice dans un collège privé, considèrent comme leur «prince». Avec l’arrivée de bébé, les nuits du couple sont évidemment plus courtes mais Pran et Anita ont vite trouvé leur rythme et ont su s’organiser. La venue au monde de leur fils et la responsabilité que cela confère leur donnent, soulignent-ils, des ailes. «Devenir parent, c’est un engagement pour toujours. Et on compte bien en profiter, c’est pour cela qu’on a pris tous les deux notre retraite au début de cette année», nous confie Pran. 

 

Petit et délicat (il pèse un peu plus de 2 kg), le bébé, confortablement installé dans les bras de sa mère, occupe désormais tout l’espace dans leur cœur. Âgé d’à peine une semaine, avec sa petite bouche délicatement ourlée, ses grands yeux noirs et ses cheveux d’ange foncés, leur bébé, à leurs yeux, a tout du parfait poupon. «Il est beau n’est-ce pas ?» lance Anita avant de préciser que «tout cela n’aurait jamais été possible sans le dévouement, le professionnalisme et le grand travail abattu par le Dr Veyasen Pyneeandee, celui qui a rendu possible ce petit miracle». 

 

Intarissable sur sa grossesse, elle en parle avec émotion. Et le récit est avant tout celui d’une jolie revanche sur la vie : «J’ai vécu intensément les mois écoulés.» Toute leur vie, Anita et Pran ont avancé et travaillé avec comme ultime but d’agrandir leur famille. «J’ai suivi les instructions de mon médecin, j’ai mis en pratique ses conseils et c’est comme ça que j’ai pu avoir une bonne grossesse», témoigne Anita.

 

Bien que transformée par la maternité, elle n’est toutefois pas près  d’oublier son long combat pour devenir maman, sachant très bien que son bonheur d’aujourd’hui, elle l’a payé cher. De bout en bout, elle en a bavé. Médecins, traitements, hygiène de vie. Trente années à essayer coûte que coûte de donner la vie. «On a vu plusieurs médecins, on a essayé plusieurs traitements, on a tenté de nombreuses fécondations in vitro mais à chaque fois, on s‘est heurtés à des échecs. Vous imaginez ce que c’est que d’apprendre une bonne nouvelle puis de devoir tout recommencer ?» raconte Pran, le visage fermé, en se rappelant ces périodes difficiles. 

 

Il y a eu des lueurs d’espoir vite assombris par la fatalité. Il y a eu de la tristesse ou encore des périodes sombres. «On a baissé les bras quelques fois, acceptant notre sort», se remémore Pran. Mais si au fil de ces dernières années, il y a eu des moments où le désespoir a pris le dessus, le couple s’est toujours relevé. «On y croyait vraiment et on a tout fait pour, ajoute Pran. On allait voir un médecin et on recommençait tout à zéro : les visites, les tests, les injections…»  Ne lésinant pas sur les moyens ni sur les efforts, ils ont à chaque fois repris la lutte. «On a toujours avancé ensemble», précise Anita. Des années de patience qui ont fini par payer. 

 

«Persévérance»

 

Des années de persévérance qui semblent bien loin, aujourd’hui. Pour elle comme pour son époux, voir le visage de leur fils efface toutes les souffrances du passé. 

 

Ils se souviendront toute leur vie de leur grand jour. Tout s’est enchaîné très vite. «On avait rendez-vous dimanche matin avec le Dr Pyneeandee, à Rose-Hill, et juste après, Anita a été admise», raconte Pran. C’est à 19 heures, à la clinique du Nord, que le petit a poussé son premier cri (après une césarienne) alors que Pran, lui, était prêt, vaillant, pour couper le cordon. Le temps, raconte-t-il, s’était comme arrêté. Difficile pour les parents de décrire ce moment. Pour eux, certaines émotions ne se racontent pas... «Il faut se contenter de les vivre !» À tel point que, une semaine plus tard, ils ne sont toujours pas remis.

 

Aujourd’hui à trois, ils commencent une nouvelle vie. Depuis, de jour comme de nuit, les parents et le nouvel arrivant apprennent à se connaître par des regards, des gestes, des inflexions de voix. Avec les épreuves, Pran et Anita ont appris à prendre les choses avec sérénité. «Tout arrive avec de la persévérance», lâche Pran qui dit aussi croire à une force divine qui les a guidés dans leur démarche.  

 

«Tout est possible. Nous en sommes les exemples. À ceux qui mènent le même combat pour devenir parents, on leur dit tout simplement de ne jamais perdre espoir»,ajoute Pran.  Aujourd’hui, avec Anita, ils ont tous deux foi en l’avenir. «Le bonheur, il faut en prendre soin au quotidien. Et à travers notre rôle de parents, on continuera à se construire chaque jour à travers notre enfant. On a aussi beaucoup à apprendre avec lui», souligne Pran qui, avec son épouse, a embarqué sereinement pour la plus belle des aventures…

 

Questions au Dr Veyasen Pyneeandee, spécialiste en gynécologie obstétrique, cancérologie gynécologique et infertilité…

 

Depuis dimanche dernier, on vous décrit comme celui qui a provoqué un véritable miracle. Comment vivez-vous cela ?

 

Ce n’est pas un miracle. Il y a la main de Dieu derrière. Je ne suis qu’un instrument. 

 

Comment avez-vous rencontré le couple Padaruth ?

 

C’est en 2007 qu’Anita et Pran Padaruth sont venus vers moi. Ils étaient désespérés. Comme tous les grands fonctionnaires, ils se sont laissé du temps. Puis, ils ont décidé qu’ils voulaient avoir un bébé à l’âge de 35 ans. Ils ont alors fait des traitements ; pas avec moi mais avec d’autres médecins, et après 3-4 ans, toutes leurs tentatives s’étaient soldées par des échecs. Ensuite, ils ont tenté la fécondation in vitro à trois reprises mais c’étaient aussi des échecs. Quand je l’ai ai rencontrés, ils n’avaient pas les conditions physiques pour faire une fécondation in vitro. Ce qui est important avant tout, c’est que les gens soient en bonnes conditions physiques. Il faut aussi mesurer les risques comme les malformations et pouvoir maîtriser cela. 

 

Comment s’est passé le traitement ?

 

Je leur ai d’abord conseillé de prendre du temps pour faire ce bébé. Puis, je les ai mis sur un programme  de micro-nutrition pendant deux ans pour bien les préparer. J’ai fait des prélèvements d’ovocytes pour procéder à une fécondation in vitro que nous sommes allés faire en Inde où je pratique pour les patients de Maurice. En Inde, on paye nettement moins cher. Le principal facteur, c’est la préparation du couple. Le deuxième facteur, c’est qu’une fois enceinte, comment on maîtrise les difficultés d’une femme enceinte qui a passé la cinquantaine et qui peut avoir des problèmes cardiaques ou encore d’hypertension ou même subir un accouchement prématuré. J’ai expliqué tout cela à la patiente. J’ai vérifié que l’enfant n’avait pas des malformations et on savait donc que l’enfant était bien. La préparation a pris deux ans. J’ai aussi maîtrisé la maturation pulmonaire du bébé, ce que j’ai fait en donnant des médicaments qui maturent le bébé. Le bébé, né à 37 semaines, n’a pas eu besoin d’être placé en incubateur.  

 

Les grossesses tardives au-delà de 60 ans sont vivement décriées. Certaines parlent d’attitude égoïste vis-à-vis de l’enfant. Qu’en pensez-vous ? 

 

Je connais ce couple et je l’ai suivi. Je sais qu’Anita et Pran Padaruth ont une hygiène de vie très stricte et, selon moi, ils pourront vivre très longtemps, voire au-delà de 90 ans. Je pense que tout dépend de Dieu. Madame Padaruth était sur pied le lendemain de l’accouchement. Aujourd’hui encore (NdlR : hier), ils sont venus en consultations et ils étaient très en forme. 

 


 

Grossesse tardive : y a-t-il une limite d’âge ?

 

C’est une question qui suscite beaucoup de débats. Tomber enceinte à plus de 60 ans, à l’âge où la plupart des mères sont déjà grands-mères, n’est-ce pas un désir égoïste vis-à-vis de son enfant ? Comment s’occuper d’un petit garçon ou d’une petite fille de 10 ans alors que l’on a plus de 75 ans ? Ce sont autant de questions que beaucoup de personnes se posent sur les grossesses tardives. Grâce à l’ensemble des méthodes regroupées sous le nom de PMA (procréation médicalement assistée), de nombreuses femmes ont pu avoir des enfants alors que la méthode dite naturelle ne fonctionnait pas chez elle. Fécondation in vitro, don de sperme ou d’ovocyte ou encore recours à une mère porteuse, de nombreuses techniques ont été perfectionnées ces dernières années pour aider les femmes à enfanter. N’empêche, cette question fait beaucoup débat. Une Indienne de 70 ans a donné naissance à son premier enfant l’année dernière en Inde. Daljinder Kaur a accouché en avril d’un garçon après avoir eu recours à une fécondation in vitro (FIV) dans une clinique spécialisée de l’état de l’Haryana. Ce cas n’est pas une première en Inde où une femme de 72 ans de l’État de l’Uttar Pradesh a donné naissance à des jumeaux en 2008, après une FIV : un record mondial.