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Motion de blâme contre Steve Obeegadoo : Le MMM en quête d’équilibre

Steve Obeegadoo et Paul Bérenger sauront-ils trouver un terrain d’entente ?   (Photo modifiée)

Au niveau du BP, on penche d’un côté, au CC et aux instances régionales, d’un autre. Ça tangue chez les Mauves.

Se retrouver sur un fil tendu… Le cœur qui bat la chamade. Et là, trouver l’équilibre devient primordial. C’est même une question de vie (et de survie). Cette semaine (et pour les prochains jours : jusqu’à, peut-être, la réunion du comité central, le samedi 10 février, que Paul Bérenger qualifie de «rendez-vous crucial»), le MMM tâtonne en quête de stabilité. Les raisons de l’agitation ? D’abord, Steve Obeegadoo a fait tanguer la corde raide avec ses propos tenus dans une interview qu’il a accordée à l’hebdomadaire Week-End, il y a une semaine (il y a demandé une réorientation du parti après la débâcle de 2014 et les résultats de la partielle au n° 18). Ensuite, le BP des Mauves, qui a voté en faveur de la motion de blâme proposée par Paul Bérenger, a provoqué encore plus de remous. Depuis, la sérénité du parti du coeur ne tient qu’à un cheveu. Tout comme la présence de Steve Obeegadoo au sein du parti et de ses instances. La chute est-elle proche ?

 

Si Paul Bérenger a lancé que cette motion de blâme n’était qu’un «carton jaune», un «avertissement», lors de son point de presse hier, samedi 3 février, le ton employé à l’égard de l’ancien ministre de l’Éducation n’était pas très chaleureux (voir hors-texte). Pas plus de caliente dans la voix du leader pour Pradeep Jeeha et Adil Ameer Mea, qui ne se trouvaient pas à la commémoration du 1er février à Pointe-Canon ni à la conférence de presse hebdomadaire des Mauves. Les deux hommes se seraient rangés – avec Françoise Labelle – du côté de Steve Obeegadoo (nous avons tenté de les contacter, sans succès) face à un BP qui a préféré suivre en majorité son leader : 21 membres ont voté en faveur de la motion de blâme, alors que cinq ont voté contre et que deux se sont abstenus. Ils ne seraient pas les seuls. Parce que, si la motion de blâme est (mal) passée, d’autres mesures plus drastiques – la présentation de la motion de blâme au CC ou encore l’expulsion de l’avocat – n’auraient pas trouvé écho dans le cœur des militants...

 

... Surtout ceux d’un comité central plutôt jeune (mais aussi d’autres instances régionales) qui ont maintenu la pression afin que Steve Obeegadoo préserve sa place au sein du parti. Vague de sympathie pour celui qui a rejoint le MMM en 1976. «Nous avons fait comprendre notre point de vue ; Steve ne mérite pas ce traitement. Et je pense qu’il a été entendu», confie un jeune qui ne condamne pas les propos de l’ancien ministre. Par contre, ce qui le gêne, malgré tout, c’est la façon de faire : «Dans nos instances, on peut s’exprimer. Je ne comprends pas le pourquoi du coup d’éclat.» Néanmoins, un de ses camarades de comité peut en imaginer les raisons : «On peut s’exprimer, oui, mais est-ce qu’on est entendu ? Je n’en ai pas l’impression. Je pense que c’est un ras-le-bol qui l’a poussé à se tourner vers la presse. Je peux le comprendre.» De son cœur à celui de Steve Obeegadoo, il y a le même lien : celui de cet «amour» pour le parti, dit-il.

 

Mais l’amour n’est pas toujours aveugle : «Il est clair que les choses doivent changer. Au moins, lui, a eu le courage de le dire. Mais il n’a pas été entendu. Je crois que Paul Bérenger voit uniquement l’arbre qui cache la forêt.» Cette semaine, de nombreux proches du MMM ont tenté de faire du damage control sur les réseaux sociaux où les critiques étaient acerbes envers Paul Bérenger et son BP. Parmi, Joanna Bérenger qui répondait à une internaute : «(...) Vous dites que Paul est propriétaire du MMM. Pourquoi, alors, a-t-il remis en jeu son leadership à plusieurs reprises, y compris après 2014 (...) ?» Ou encore Franco Quirin qui n’a pas mâché ses mots envers son camarade de parti : «Il (Ndlr : Steve Obeegadoo) n’est pas le seul à vouloir le bien du MMM. Mais on s’exprime à l’intérieur de nos instances (...) Vouloir jouer en solo et avoir le soutien de l’opinion publique est une stratégie qui lui convient probablement (...)» N’hésitant pas à en rajouter une couche, au passage : «En tant que sauveur du MMM, pourquoi n’a-t-il pas pris position en 2014 contre l’alliance avec Ramgoolam, comme je l’avais fait (...) Nous payons toujours les conséquences de cette alliance aujourd’hui.»

 

Visiblement, le numéro d’équilibriste du MMM a des ratés. Néanmoins, sur un fil tendu, on n’a pas vraiment le choix : il faut trouver une certaine stabilité…

 


 

Steve Obeegadoo : «Le MMM, c’est ma maison»

 

Il hésite, lance. «Je suis un peu gêné de m’exprimer sans savoir ce qui a été décidé.» Il explique qu’il n’a pas encore pris connaissance de la teneur de la conférence de presse de Paul Bérenger et d’autres déclarations publiques qui le concernent. Mais il finit par se lancer.

 

Il se dit «peiné». «Je suis peiné par les attaques personnelles et des attaques en dessous de la ceinture que je subis depuis bientôt une semaine. La politique n’a jamais été, pour moi, une question de personnalité mais plutôt une question d’idée. Je suis un homme de conviction et je défends mes convictions avec énergie et passion.»

 

Et précise qu’il n’a pas d’ennemi. «Je n’ai pas d’ennemi, j’ai des relations correctes et souvent même amicales avec des personnes politiques et même celles de différents bords. Vous comprenez donc qu’au sein de mon parti, je considère tout le monde comme des membres de ma famille, ma famille politique.»

 

Mais rappelle l’enjeu qu’il ne faut pas perdre des yeux. «L’enjeu, ce n’est pas Steve Obeegadoo qu’il faut sanctionner ou pas. Le véritable enjeu, si l’on croit en l’importance d’avoir un MMM fort et dynamique dans l’intérêt du pays, est de répondre à la question : quoi faire pour que cela soit une réalité ?»

 

Et il prend le temps de répondre à nos trois questions... 

 

Un départ du MMM est-il au programme ?

«Bien sûr que non, le MMM, c’est ma maison. J’ai contribué à construire cette maison.»

 

Serez-vous au bureau politique de demain, lundi 5 février ?

«Bien sûr que je serai présent. Je participe à toutes les instances auxquelles j’appartiens ; pourquoi  serai-je absent ?»

 

Vous parlez d’attaques personnelles mais vous avez aussi bénéficié d’une importante vague de soutien. Qu’en pensez-vous ?

«Ça me va droit au cœur. Il y a les militants, bien sûr. Mais aussi des gens en dehors du MMM, ceux qui se sont éloignés du parti et ceux qui espèrent une vague de fraîcheur dans le paysage politique.»

 


 

 

Paul Bérenger : «Nous continuerons à travailler»

 

C’est le contenu de l’interview accordée par Steven Obeegadoo qui l’a le plus blessé. Pour le leader du MMM, en conférence de presse hier, samedi 3 février, il est facile de venir avec des «gran koze» – «pena tax lor koze» : «Il faut des propositions concrètes.» Il a confié que ça faisait un moment qu’il n’avait pas eu de tête à tête avec l’ancien ministre de l’Éducation et qu’il verrait comment ça se passerait lors du BP de demain. Concernant l’absence de Pradeep Jeeha et d’Adil Ameer Meea à Pointe-Canon et à la conférence de presse, il a lancé : «Nou ava gete ki sann-la vinn dan BP. De toute façon, nous continuerons à travailler.» Il s’est également exprimé sur les points suivants :

 

Steve Obeegadoo, la motion de blâme et le mauvais «timing». «J’avais proposé de discuter de la nouvelle orientation et des nouvelles initiatives à prendre dans la réunion du BP du lundi. Pourquoi a-t-il décidé d’aller donner une interview publiée la veille ? Li ti kone ! Pourtant, toutes les semaines, tou dimounn ena full liberte pou koze.»

 

Rien qu’un avertissement. «Une motion de blâme, c’est un avertissement, un carton jaune. C’est clair. Il n’y a pas eu de volte-face du BP : il n’a jamais été question d’en parler au CC. Maintenant, si Steve Obeegadoo ou quelqu’un d’autre soulève le sujet, lerla sakenn va asim so responsabilite. Samedi prochain (Ndlr : le samedi 10 février), ce sera un CC crucial. Tous ceux qui souhaitent le bonheur du MMM savent ce qu’ils doivent faire.»

 

Enfin, peut-être pas : «Mais si l’avertissement n’est pas entendu, pou bizin truv lezot solision. Ce carton jaune ne sera pas nécessairement suivi d’un carton rouge, à moins qu’il y ait des circonstances qui en méritent un.»

 

Au niveau des élections du comité central. «Ça a été décidé, à travers un vote par bulletin secret, que ces élections n’auront pas lieu en mars ou avril, comme le prévoit la constitution du parti. La date sera décidée ultérieurement, en prenant en considération ce qui se passe dans le pays et au MMM.»