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Mort suspecte à Madagascar : L’appel désespéré de Priscilla, la mère de Dilan Eléonore

Elvis Eléonore et son épouse Priscilla veulent connaître la vérité sur la mort de leur fils Dilan à Madagascar.

C’est la première fois qu’elle accepte de parler à un journaliste depuis le décès tragique de son fils survenu à Madagascar, en novembre dernier. Les zones d’ombre sont nombreuses autour de cette mort suspecte. Priscilla, la mère de Dilan Eléonore, veut faire entendre sa voix dans l’espoir de faire bouger les choses.

Pourquoi avez-vous décidé de parler maintenant ?

 

Mon époux a toujours fait les démarches. Je ne suis jamais intervenue, à sa demande. J’ai voulu briser le silence car l’affaire est dans une impasse. Je veux dénoncer tout cela en faisant entendre ma voix.

 

Quelle a été votre réaction en apprenant la nouvelle de la mort de Dilan ?

 

Je ne dormais jamais lorsque mon fils sortait la nuit. Ce soir-là, j’ai reçu un appel vers 3 heures du Factory Manager, un Mauricien de l’usine textile où je travaille. Il m’a dit qu’il y avait un problème avec mon fils et de garder mon calme. Lorsqu’il m’a annoncé son décès, j’ai hurlé et pleuré. Il m’a dit que Dilan avait fait un accident. J’étais complètement abasourdie. Ma tension artérielle a tellement grimpé qu’un médecin a dû venir chez moi. J’ai d’ailleurs toujours des problèmes de santé. Ensuite, mes collègues ont fait les démarches pour le rapatriement du corps. Je n’étais pas en état de le faire.

 

Arrivez-vous à faire votre deuil ?

 

Au début, j’étais dans le flou. J’ai pu commencer à faire mon deuil après l’exhumation. Mais je suis toujours accablée. Je suis devenue fragile. Je ne suis plus la même. J’étais très proche de mon fils et il me manque beaucoup. Nous avions une relation très complice. Le matin, à son réveil, il me disait toujours : «Maman, où es-tu ?» J’étais aux petits soins pour lui. Il aimait me taquiner. Il ne sortait jamais sans me dire «au revoir, bon courage et bonne journée». J’étais à Madagascar depuis deux ans et pour la fête des Mères, il me téléphonait toujours pour me dire qu’il voulait me serrer dans ses bras. J’ai vécu la pire fête des Mères de ma vie, cette année, car ma fille n’est pas au pays non plus. Elle fait des études en Australie.

 

Comment faites-vous pour avancer au quotidien ?

 

Tous les jours, je lis les messages que nous avons échangés lorsqu’il travaillait sur un bateau de croisière. Lorsqu’il est venu me voir à Madagascar, juste avant sa mort, il était en vacances et devait repartir dans quelques mois. Je pense aussi à tous les bons moments que nous avons passés ensemble. Il me disait toujours «je t’aime» et il était triste lorsque je ne répondais pas. Il était pareil avec ma fille Prisca.

 

Avez-vous pu reprendre le travail ?

 

Je n’ai toujours pas repris le travail mais je compte le faire bientôt. J’en profite pour remercier ma compagnie pour le soutien. La direction a mis un psychologue et un psychiatre à ma disposition. Ils me sont d’une grande aide pour avancer.

 

Que pensez-vous de la façon dont les autorités malgaches gèrent cette affaire ?

 

Les autorités malgaches sont lentes à la détente. J’ai cru qu’on avait fait une autopsie lorsqu’on m’a dit que mon fils était mort après un accident. J’étais trop mal en point à ce moment-là pour m’attarder là-dessus. Le médecin avait même dû me faire une injection pour faire baisser ma tension et afin que je puisse dormir un peu sur un sofa à côté de la dépouille de mon fils. Ce n’est qu’à Maurice, après les funérailles, que j’ai pris connaissance de la cause of death avancée par les autorités malgaches.

 

La mort de votre fils avait fait l’objet d’une PNQ à l’Assemblée nationale. L’Attorney General vous a-t-il convaincue ce jour-là ?

 

Non. Dans sa réponse, il dit que la police a interrogé trois Mauriciens et une Malgache qui étaient avec Dilan ce soir-là. Ils revenaient tous d’une discothèque. Deux des trois Mauriciens ainsi que la fille sont mes collègues. L’autre Mauricien travaille pour une autre compagnie textile. Les Mauriciens disent que mon fils a été victime d’un accident. Ils m’ont dit la même chose lorsque je leur ai parlé. Ils disent qu’ils rentraient à la maison quand le véhicule dans lequel ils se trouvaient se serait arrêté pour déposer l’un d’eux qui habite au fond d’une allée sombre. En attendant, la fille aurait souhaité rentrer chez elle à pied. Mon fils l’aurait accompagnée muni d’une torche pour ne pas la laisser rentrer seule. L’accident se serait produit peu après. Les deux restés dans le van et celui qui habite au fond de l’allée disent n’avoir rien entendu. La Malgache raconte, elle, qu’elle a également été blessée. Dans sa réponse, l’Attorney General donne l’impression que la police mauricienne est allée là-bas pour enquêter alors que ce n’est pas le cas, selon nos informations.

 

L’enquête policière du Central Criminal Investigation Department (CCID) sert-elle à quelque chose finalement ?

 

Des officiers du CCID sont venus me voir en janvier pour prendre un statement. En partant, ils m’ont dit qu’ils allaient m’appeler sauf qu’ils ne l’ont toujours pas fait. Mon époux avait, lui, consigné une déposition en décembre concernant l’exhumation.

 

Votre époux fait état de plusieurs manquements au niveau de l’enquête policière. Que pouvez-vous nous dire à cet effet ?

 

Il y a effectivement plusieurs manquements car la police mauricienne n’a pas encore interrogé les trois Mauriciens qui sont des témoins-clés. Il y a trop de questions qui restent sans réponse. Comment se fait-il qu’un haut gradé de la police a pu se rendre à Madagascar après la grosse saisie de drogue, il y a quelques jours, alors que cela n’a pas été le cas après le décès suspect de mon fils ? En tout cas, ma famille avait raison de douter. Notre fils n’est pas mort d’une maladie non transmissible, comme le stipule son certificat de décès émis par les autorités malgaches, mais d’une agression. Le rapport de l’autopsie pratiquée par le Dr Gungadin en présence du Dr Boolell après l’exhumation de la dépouille de mon fils le confirme. Dilan a succombé à une fracture du cou et une hémorragie sous-arachnoïdienne.

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre fils… Comment était-il ?

 

Il était toujours jovial, souriant. C’était un bon vivant mais aussi un hard worker. Il travaillait comme barman et avait fait ses débuts à Villa Caroline. Il était très ambitieux ; il voulait construire sa maison et faire une visite surprise à sa sœur en Australie en décembre. Avant de sortir, le jour du drame, il m’a donné une montre en cadeau et m’a demandé si cela me faisait plaisir. Je lui ai répondu que sa présence était le plus beau cadeau car il était venu à Antsirabé uniquement pour me voir. Il est ensuite sorti en me disant «je t’aime». Je regrette terriblement de l’avoir laissé venir me voir à Madagascar. Il a trop insisté. Il avait déjà fait les démarches pour son billet. Il est arrivé le 23 novembre. Il est mort le lendemain, dans la soirée du 24 au 25. Aujourd’hui, nous voulons tous connaître la vérité sur sa mort. Nous voulons tous savoir où en est l’enquête policière. Il y a trop de zones d’ombre. Nous voulons des résultats.

 

Les Eléonore veulent rencontrer le PM

 

Elvis Eléonore et son épouse Priscilla souhaitent rencontrer le Premier ministre pour mettre toutes les chances de leur côté dans leur quête de la vérité. Ils veulent éclaircir toutes les zones d’ombre concernant, notamment, l’enquête policière. «Le rapport de l’autopsie confirme une agression. Il n’y a donc pas eu d’accident. Pravind Jugnauth doit nous aider à obtenir justice. Cela fait bientôt sept mois que nous sommes dans le flou. Il y a trop d’interrogations. Il y a deux autres témoins à interroger. Ils maintiennent que Dilan a été victime d’un accident. L’un d’eux a également fait les démarches pour le rapatriement alors que l’autre nous a interdit d’ouvrir le cercueil lors des funérailles», souligne Elvis.

 

Il souhaite que cette nouvelle demande soit prise en considération cette fois car les trois précédentes sont restées sans réponse. Toute la famille, dit-il, est très affectée. Sa fille Prisca souhaite également que le PM leur donne un coup de main pour faire avancer l’enquête.