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Michel Hardy, président de l’Association pour la Protection des Emprunteurs Abusés : «Pour un ménage, c’est très difficile de vivre avec uniquement Rs 8 500»

Le salaire minimum est un sujet qui fait débat actuellement. Une réunion entre les syndicalistes, le secrétaire financier Dev Manraj et le président du National Wage Consultative Council a eu lieu le jeudi 23 novembre et les représentants des travailleurs ont insisté pour que la compensation salariale ne soit pas comptabilisée dans le salaire minimum. Alors que la somme de Rs 8 500 est au centre de toutes les préoccupations, Michel Hardy, président de l’Association pour la Protection des Emprunteurs Abusés (APEA), nous donne son avis sur le sujet et parle de la nécessité pour les Mauriciens de savoir gérer leur budget, surtout en cette période de fin d’année.

Est-ce qu’on peut vivre avec Rs 8 500 de nos jours ?

 

S’il s’agit d’une personne seule, je dirais peut-être. Mais si on parle d’une famille avec des enfants, c’est très difficile. Les ménages ont souvent un loyer, des factures, l’écolage, les dépenses pour la nourriture et d’autres dépenses courantes, comme l’achat de médicaments. Pour un ménage avec deux enfants et une seule personne qui travaille, c’est difficile de vivre avec Rs 8 500. 

 

Pourquoi ?

 

Le coût de la vie est très élevé actuellement et le panier de la ménagère pour une famille de quatre personnes est au-dessus du salaire minimal. Je crois d’ailleurs qu’il est estimé à Rs 20 000. Pour un ménage, c’est donc très difficile de vivre avec uniquement Rs 8 500. Tout est cher ! Il y a peut-être des gens qui sont obligés de vivre avec cette somme, mais cela se fait dans des conditions très dures et je juge cela inacceptable.

 

Que pensez-vous de la nécessité d’avoir un salaire minimum ?

 

Je pense que c’est un pas dans la bonne direction. Dans beaucoup d’entreprises, les salariés touchent beaucoup plus que ça. Alors que dans d’autres compagnies, comme des entreprises manufacturières, il y a des salaires qui sont inférieurs. 

 

Quels sont les cas de figure qui poussent les gens à se tourner vers vous ?

 

Il y a d’abord ceux qui ont eu affaire à des casseurs. On en parlait d’ailleurs récemment dans la presse. Se trouvant dans une situation précaire, ces gens n’ont eu d’autres alternatives que de se tourner vers des casseurs avec des intérêts très forts à rembourser. Ils ont même eu à donner en garantie des biens. Puis, il y a des gens qui ont trop emprunté et qui sont obligés d’emprunter encore pour rembourser. Ils se retrouvent donc dans un cycle infernal. Il a aussi des gens qui ont trop de dettes auprès de banques et d’assurances et qui viennent nous voir. Dans ce dernier cas de figure, on essaie de les aider en prenant contact avec les institutions pour voir comment leurs dettes peuvent être rééchelonnées afin de leur donner un peu plus de temps pour le remboursement.

 

Ces personnes arrivent-ils à s’en sortir ?

 

On a affaire à des situations très difficiles. Et souvent, il est difficile de trouver un chemin de sortie.  On essaie d’aider le maximum de personnes. Mais il y a des cas très difficiles auxquels on s’efforce de trouver une solution. Par exemple, on essaie de voir si on peut rééchelonner ou renégocier les dettes. 

 

Comment opérez-vous au sein de votre association ?

 

On a un bureau, une permanence, à Rose-Hill, plus précisément à la rue Célicourt-Antelme. Les gens peuvent venir nous voir et nous étudierons leur cas. Nous n’avons, certes, pas d’argent à leur donner mais nous pouvons les aider à travers des conseils et dans certains cas, en essayant de trouver une solution pour les soulager de leurs dettes. Aussi, nous organisons souvent des causeries sur le budget familial ou sur comment gérer un budget. Nous allons dans des écoles, des paroisses ou des Citizens Advice Bureau, où on donne des conseils sur comment trouver un équilibre entre les revenus et les dépenses, entre autres. Nous sommes tous des volontaires. Notre numéro de téléphone est le 466 5694 et notre mèl est apeamau@intnet.mu.

 

Est-ce qu’au fil des années, la situation s’est améliorée concernant l’endettement ?

 

L’endettement est un problème national et il n’y a pas d’amélioration. D’ailleurs, les autorités, surtout la Banque de Maurice, tirent la sonnette d’alarme. Donc, je ne dirais pas que c’est un problème qui s’améliore, surtout avec le coût de la vie qui est de plus en plus élevé. Puis, il y a la tentation. Les gens veulent acheter les nouveaux téléphones portables, les télévisions dernier cri, ce qui augmente le problème de l’endettement à Maurice. En contrepartie, la capacité à économiser baisse. Aujourd’hui, avec tout ce que les supermarchés et les commerces proposent, sans oublier les ventes à tempérament – une façon facile de contracter des dettes surtout avec des offres à zéro dépôt –, économiser est un défi. Il y a beaucoup de possibilités, si on peut appeler ça ainsi, qui poussent une personne à l’endettement et à faire des dépenses inutiles. C’est pour cela qu’on essaie, à travers nos causeries, de mettre l’accent sur l’importance d’équilibrer son budget et que nous ciblons des familles. 

 

Nous sommes bientôt en décembre, le mois où les Mauriciens dépensent énormément. Quels conseils pouvez-vous leur donner ?

 

C’est le mois où les Mauriciens touchent leur boni de fin d’année. Il est donc encore plus important pour une famille de faire un état de sa situation : revenus/dépenses. C’est le mois où on fait des achats, où on achète des présents ou encore où on fait des sorties, d’où l’importance de faire encore plus attention, de bien calculer. D’ailleurs, notre association va bientôt faire une communication. En cette période, nos portes sont ouvertes à tous les Mauriciens. 

 


 

 

Le rapport toujours à l’étude

 

Les recommandations du comité Appanah sur le salaire minimal devront être soumises au State Law Office avant d’obtenir l’aval du Conseil des ministres. C’est ce qui a été décidé par le Premier ministre Pravind Jugnauth, après consultation avec ses ministres, le vendredi 24 novembre.

 

Marie-France Gaspard, 51 ans : «C’est difficile de joindre les deux bouts»

 

Elle touche un salaire de Rs 8 500 et dit devoir, tous les mois, se serrer la ceinture pour pouvoir vivre décemment. «C’est compliqué. J’ai un loyer de Rs 6 000 à payer. J’ai les factures pour l’eau et l’électricité à Rs 150 et Rs 1 500 respectivement par mois et également les dépenses pour les courses qui avoisinent les Rs 6 000. C’est vraiment difficile de joindre les deux bouts», nous confie Marie-France Gaspard, 51 ans, une habitante de Moka. Employée depuis 12 ans dans une compagnie, où elle est recorder, notre interlocutrice a deux enfants. Elle nous confie qu’elle arrive à faire face grâce au salaire de son époux qui est anfle : «Il touche un salaire de Rs 7 500 et c’est avec nos deux salaires qu’on arrive à s’en sortir. Mais il faut vraiment se priver.»

 

Suttyhudeo Tengur, président de l’Association for the Protection of the Environment and Consumers

 

«Au National Wages Council, les syndicalistes ont fait un walk-out en disant qu’ils n’étaient pas d’accord avec les Rs 8 500. Pourtant, c’est bien ce chiffre qui a été maintenu et les travailleurs n’auront pas un sou de plus. Mais dans les medias, ils parlent de victoire car, selon eux, ils ont pu faire ajouter la compensation salariale de Rs 360 au montant du salaire minimal. Peanuts ! Nos syndicalistes sont plus intéressés à voir leur photo dans la presse. Aujourd’hui, on n’a pas la trempe des syndicalistes d’antan. Les syndicalistes de nos jours ne sont bons que pour se mettre devant les caméras de la MBC et faire les éloges du gouvernement. Sont-ils à sa solde ?»