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Meurtre de l’ancien policier Jacques Bathilde : L’émouvant hommage de son frère Judex

La victime vivait avec son fils.

C’est l’incompréhension dans l’entourage de Jacques Bathilde qui a été retrouvé mort à son domicile, sur un matelas posé à même le sol, les mains et les pieds ligotés. Selon son entourage, cet ancien policier n’avait aucun ennemi et menait une vie simple et sans histoire. Mais une question demeure : qui a bien pu le tuer et pour quel motif ? En attendant que la police tire cette affaire au clair, Judex Bathilde nous parle de son frère et lui rend un vibrant hommage.

Assissur un mur, entouré de ses amis, Judex Bathilde donne le dos à la maison de son frère Jacques. Difficile pour lui de fixer son regard sur cette demeure dont il franchissait le seuil quotidiennement – il habite dans une maison à côté – et dans laquelle il a passé de merveilleux moments avec toute sa famille. Une demeure qui est aujourd’hui mise sous scellés par la police. Difficile pour lui d’admettre que cette maison s’est transformée en une scène de crime où enquêteurs, médecins légistes et scientifiques, entre autres, entrent et sortent dans le but de recueillir le moindre indice et tout élément pouvant les aider dans leur enquête.

 

Car son frère Jacques Bathilde, un policier à la retraite âgé de 61 ans, a été retrouvé mort dans cette grande maison située à la rue Epingle, Mont-Roches, le jeudi 25 août. C’est Judex Bathilde lui-même qui a fait la découverte macabre. La victime était allongée sur un matelas posé sur le sol, avec de multiples blessures et les mains et les pieds ligotés (voir hors-texte). Depuis, sous le choc, Judex Bathilde et les siens n’arrivent pas à expliquer ce drame. «Il n’avait aucun ennemi», confie le frère de la victime, le regard rempli de tristesse. Aujourd’hui, après le départ tragique de son frère bien-aimé, il n’a qu’un souhait : «Que le ou les coupables soient retrouvés et qu’ils soient condamnés pour cette atrocité.»

 

Dehors, assis sur le perron, deux policiers en uniforme montent la garde devant la maison de l’ancien flic, parti dans des circonstances atroces. Dans la rue, des voisins n’hésitent pas à dire qu’ils ne se sentent plus en sécurité chez eux et qu’ils regrettent profondément la triste fin de Jacques Bathilde. «C’était un homme bon et sans histoire. On vivait en parfaite harmonie ici. Il n’y a jamais eu de vol. D’ailleurs, personne n’a de caméra de surveillance chezlui. Tout cela va changer avec ce qui vient de se passer», confie un voisin sous couvert de l’anonymat.

 

Àce stade de l’enquête, la police a interpellé quatre personnes. Et à l’heure où nous mettions sous presse, aucune arrestation n’avait encore eu lieu. Mais quel serait le motif de cette agression mortelle barbare ? L’argent ou encore la vengeance ? La police enquête toujours pour établir la vérité. Celle-ci n’écarte pas la possibilité que le ou les meurtriers fassent partie de la famille ou des amis proches de la victime. Le ou les agresseurs paraissaient bien connaître les lieux. Ils savaient où placer l’échelle pour entrer dans la maison et savaient qu’il y avait des chiens, dont un rottweiller, qu’ils ont endormis pour commettre leur sale besogne. Le coffre-fort de l’ancien policier, qui contenait environ Rs 300 000 selon son fils, a également été emporté (voir hors-texte).

 

Bonnes relations

 

En tout cas, selon Judex Bathilde, son frère, cadet d’une famille de trois enfants et natif de Mont-Roches où il a toujours vécu, n’avait aucun ennemi qui aurait pu lui vouloir du mal. «Il a toujours eu de bonnes relations avec les autres, même lorsqu’il était jeune. Nos parents, qui sont aujourd’hui décédés, nous ont transmis de vraies valeurs. Jacques ne méritait pas de finir ainsi», regrette Judex Bathilde qui ne peut contenir ses émotions.

 

Ex-élève du collège Eden, à Rose-Hill, Jacques Bathilde a étudié jusqu’en Form Vavant de se lancer dans le monde du travail. C’est à l’hôtel Le Touessrokqu’il a débuté. «Il y a travaillé comme réceptionniste. Mais il n’a pas fait long feu là-bas car il avait postulé pour devenir policier. En 1976 ou 1979, il a rejoint la force policière. C’était le métier qu’il rêvait de faire.»

 

L’homme a passé tous ses tests avec succès lors de sa période d’entraînement en vue de faire partie de la police.«Après son recrutement, il a notamment travaillé au poste de police de Stanley, à la Riot Unit et à Rodriguesaussi pendant un moment. Et il était très fier quand l’ex-commissaire de police, André Feillafé, avait fait de lui son Orderly. Il le véhiculait partout», ajoute Judex Bathilde. Depuis sa retraite, poursuit-il, Jacques Bathilde passait le plus clair de son temps chez lui, avec son fils Pascal. Les samedis, il se rendait aux courses hippiques au Champ-de-Mars. «C’était un passionnédes courses hippiques. Mais il n’a jamais été bookmaker. Il pariait sur des chevaux, sans plus», précise Judex Bathilde avec force.

 

Père de deux fils, Jonathan, 21 ans, qui vit à La Réunion avec sa mère Paulette, et Pascal, né de son premier mariage et qui vit avec lui, Jacques Bathilde est aussi décrit comme un père aimant et protecteur. Selon son frère, il se rendait souvent àLa Réunion pour rendre visite à son épouse et son cadet. Sa femme est rentrée au pays après le drame. «Elle est réunionnaise. Elle est abasourdie par ce qui s’est passé.»  Les funérailles de Jacques Bathilde ont lieu aujourd’hui à 11 heures en l’église de Mont-Roches. Pour les Bathilde, sa mort tragique ne doit pas rester impunie. Unis dans la douleur, ils réclament justice.

 


 

Découverte macabre

 

La porte de la maison de Jacques Bathilde était grande ouverte en ce jeudi matin du 25 août. Undétail quia attiré l’attention de ses proches qui se sont tout de suite doutés que quelque chose ne tournait pas rond. Judex Bathilde revient avec forcesdétails sur cette matinée qui l’a complètement bouleversé. «C’est mon neveu qui m’a dit que la porte de la maison de mon frère était ouverte. Je suis monté le voir et j’ai eu un énorme choc en le découvrant sur un matelas, les mains et les pieds attachés. Il y avait un désordre terrible dans la maison», explique celui qui a également noté des signes d’effraction sur le lieu du drame. Il a aussitôt alerté la police. Selon Judex Bathilde, les malfrats ont utilisé une échelle afin d’entrer dans la maison de son frère Jacques, situé à l’étage. «Chaque soir, je lui apporte son dîner. Mais la veille du drame, soit mercredi, j’étais à Tamarin. Lorsque je suis rentré, mon fils m’a dit qu’il lui avait déjà servi son dîner. Je suis quand même allé le voir, mais sa porte était déjà fermée. J’en ai déduit qu’il était déjà couché et je suis redescendu chez moi.»

 


 

Enquête policière

 

Àl’heure où nous mettions sous presse, aucun suspect n’avait encore été arrêté pour le meurtre atroce de l’ancien policier Jacques Bathilde. Trois personnes ont été interpellées par la police jusqu’ici, avant d’être autorisées à rentrer chez elles. À ce stade, la police n’écarte pas la thèse que le crime ait été commis par un proche de la victime. Pour cause, le ou les agresseurs connaissaient les lieux et savaient par où passer pour atteindre l’étage où vivait la victime et son fils. Ce dernier, un agent de sécurité, était sur son lieu de travail le soir du drame. Le ou les agresseurs savaient vraisemblablement à quel moment Jacques Bathilde serait seul chez lui. Selon les enquêteurs, ce n’est qu’un habitué des lieux qui aurait pu approcher le rottweiller de la victime dans le but de l’endormir et de pouvoir ainsi accomplir sa sale besogne. L’animal en question a été examiné par un vétérinaire et a pu regagner la maison de son maître depuis.

 

Toujours selon la police, le meurtre de Jacques Bathilde aurait été commis par plus d’une personne. Car l’homme, de forte corpulence, aurait pu se défendre face à un seul agresseur. Le fait qu’il ait été ligoté donne aussi à croire qu’il aété maintenu par une personne pendant qu’une deuxième l’attachait. Ce qui n’écarte pas la possibilité qu’il y ait eu plus de deux participants. Le coffre-fort de la victime, contenant environ Rs 300 000, aurait nécessité l’apport d’au moins trois personnes pour êtretransporté hors de la maison.

 

Pour faire la lumière sur ce cas, les enquêteurs se fient également aux avancées scientifiques. Les empreintes digitales récoltées sur le lieu du crime et les prélèvements faits sur la victime seront ainsi passés au crible par le Forensic Scientific Laboratory. Les traces d’ADN retrouvées seront ensuite comparées avec celles des potentiels suspects afin de permettre de résoudre cette affaire. L’enquête est menée par l’équipe de la Major Crime Investigation Team, en collaboration avec laCentral Investigation Division de la Western Division.