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Meurtre de Kisnamah Ramanjooloo : Émouvant hommage à une boutiquière très appréciée

La dame de 79 ans a connu une fin tragique.

Cette commerçante a perdu la vie dans des circonstances tragiques quelques jours après son 79e anniversaire. Depuis, le quartier de Pointe-aux-Sables, où elle habitait et tenait boutique, et même au-delà, pleure la Tantine que tous aimaient tant… Témoignages.

Choc, tristesse, incompréhension. Ceux qui côtoyaient Kisnamah Ramanjooloo, 79 ans, n’en reviennent pas du drame qui s’est joué dans sa boutique, le vendredi 14 avril. Le corps de la septuagénaire a été retrouvé dans son commerce à Terrasson, Pointe-aux-Sables. Elle a été agressée et étouffée par des malfrats qui s’étaient introduis dans sa boutique pour voler. L’autopsie a attribué son décès à une «asphyxia due to smothering»

 

Une semaine plus tôt, cette dame très appréciée, que tous appelaient affectueusement tantine, avait fêté son anniversaire. «Linn gagn 79 an le 8 avril. Nou pann kapav fer fet pou li parski li ti karem. So landemin li ti ena pou lev cavadee», confie son fils Koomaren, bouleversé. Ce dernier, qui habite à Ripailles, se trouvait sur son lieu de travail à Grand-Baie lorsque son frère Nanda lui a appris cette terrible nouvelle. Le jour même où leur communauté fêtait le Varusha Pirappu, le Nouvel an tamoul. Une fête que sa mère ne célébrait pas vraiment car «li ti kontan pass tou so letan dan so la boutik». Ce qu’elle faisait justement en ce vendredi 14 avril où elle a été tuée.

 

Rico Sohun, 71 ans, le voisin de Kisnamah, a été l’un des premiers sur les lieux du drame. N’en revenant toujours pas de ce qui s’est passé a à peine quelques mètres de chez lui, il nous raconte qu’il était assis sur sa terrasse, vers 15 heures, lorsqu’il a entendu des hurlements provenant de l’extérieur. «Monn al devan laport. Monn trouv enn madam pe plore lor telefonn. Enn misie qui ti pe balye lari e madam la inn dir li : “Vinn get tantine, tantine inn tombe. Voler inn bat li e inn zet li anba”.»

 

La femme en pleurs s’appelle Sharone Christine Jackson, 30 ans. Elle habite en face de la maison de Kisnamah Ramanjooloo et à côté de celle de Rico Sohun. À ce moment-là, rien ne laisse présager qu’elle est impliquée dans l’agression mortelle de la dame de 79 ans. «Elle nous a dit qu’elle aussi avait été agressée et que les voleurs avaient déchiré ses vêtements», confie Rico Sohun. 

 

Contradictions et soupçons

 

Lorsque le voisin qu’elle a alerté entre dans la boutique, il découvre la commerçante gisant inerte sur le sol. «Linn dir mwa sinyal la polis. Lerla monn telefonn La Tour Koenig ek garson tantine, indique Rico Sohun. Pa premye fwa voler pass kot tantine me tou letan, li kriye, lerla tou vwazin sorti. Zame bann la pann resi kokin kitsoz. Sa kou la nou pann tann nanye.» Nanda, l’un des enfants de la victime, qui travaille au garage de la Compagnie Nationale de Transport (CNT) et habite à Pointe-aux-Sables, ne tarde pas à arriver sur place. D’habitude, il rend quotidiennement visite à sa mère, matin et soir, mais ce jour-là le destin aura voulu qu’il change ses plans pour se rendre chez sa belle-mère au matin du drame, à l’occasion du Nouvel an tamoul. 

 

À son arrivée, les enquêteurs du poste de police de La Tour Koenig sont déjà sur les lieux pour un premier constat. Le SAMU,  les limiers de la Scene of Crime Office et ceux de la Major Crime Investigation Team arrivent eux aussi peu après. Entre-temps, Sharone Christine Jackson est conduite au poste de police en tant que témoin à des fins d’interrogatoire. Se contredisant dans ses propos, elle attise les soupçons des policiers. Soumise à un feu roulant de questions, elle finit par lâcher le morceau dans la soirée et balance le nom de ses complices, tous des récidivistes. 

 

Selon une source policière, elle a avoué avoir élaboré un plan, plus tôt à Plaine-Verte, avec Naserrally Jeewon, un Portlouisien de 41 ans, et Nazim Emambaccus, un habitant de Vallée-Pitot de 35 ans, pour commettre un vol dans la boutique Ramanjooloo. Ils ont ensuite pris un taxi pour s’y rendre. En chemin, ils ont croisé le chemin d’Aktar Hosenally, 35 ans et habitant Plaine-Verte, et l’ont convaincu d’y participer. Le cambriolage aurait pris un tour tragique quand la septuagénaire aurait fait de la résistance. Deux des complices présumés ont été appréhendés vendredi soir tandis que Nazim Emambaccus a été arrêté samedi matin. Ils ont tous comparu devant le Bail and Remand Court sous la charge provisoire de meurtre avant d’être reconduits en cellule (voir hors-texte). 

 

La victime, elle, laisse derrière elle, des proches abasourdis de douleur. Veuve depuis 19 ans, Kisnamah Ramanjooloo avait sept enfants ; quatre fils et trois filles. L’aîné est mort il y a plusieurs années. Deux de ses filles, établies en Suisse, devaient rentrer au pays d’ici ce matin afin de rendre un dernier hommage à leur mère, dont les funérailles sont prévues aujourd’hui. Des funérailles auxquelles vont assister tous ceux qui l’appréciaient grandement, dont ses voisins, amis et connaissances.

 

Car la vieille dame était indéniablement très appréciée et très connue dans sa localité. La boutique qu’elle gère depuis des dizaines d’années, à l’angle des rues Jacarandas et John Kenneth, en face de sa maison à Terrasson, était notamment connue pour être l’un des seuls endroits où les gens de la région pouvaient s’approvisionner en bonbonne de gaz. Tantine était célèbre à des kilomètres à la ronde et la nouvelle de sa mort s’est répandue comme une traînée de poudre dès la découverte de son corps.

 

Le député Patrice Armance, par exemple, qui habite aussi la localité, est venu présenter ses sympathies à la famille très rapidement. «Je connais madame Ramanjooloo depuis très longtemps, je viens souvent m’approvisionner dans sa boutique. C’était une personne joviale, bavarde, très respectée dans la région. J’ai été choqué d’apprendre ce qui lui est arrivé. Vendredi matin, vers 6h30, j’étais allé acheter des provisions dans sa boutique.» 

 

Le meurtre de Tantine le choque terriblement. «Je condamne un tel acte de barbarie. Beaucoup de toxicomanes habitent dans la région ; donc beaucoup de vols sont recensés. Nous avons alerté la police à plusieurs reprises et entamé plusieurs campagnes de sensibilisation. Commettre un vol, c’est une chose pour arriver à un meurtre, c’en est une autre. C’est inadmissible !»

 

Ganessen Ganapudy, dont la maison se trouve derrière celle de la victime, connaissait par cœur toutes les habitudes de tantine. Il se souvient que «dan gramatin, li ti pe leve boner pour prepar gato pima. Lerla li ouver so la boutik 5 er. Vendredi matin, c’est la dernière fois que je l’ai vue en allant acheter du pain». Cependant, il ne se souvient que très peu, dit-il, de Sharone Christine Jackson qui «est venue vivre dans cette maison il y a seulement quelques mois»

 

Ganessen Ganapudy, comme tous ceux qui connaissaient Kisnamah Ramanjooloo, n’en finissent pas de regretter cette dame qu’ils aimaient tant et qui est partie dans des circonstances tragiques.

 


 

Les proches des quatre suspects sous le choc

 

 

Elle était considérée comme un témoin potentiel. Mais ses propos contradictoires ont vite alerté les enquêteurs qui l’ont soumis à un interrogatoire serré jusqu’à ce qu’elle avoue la vérité et dénonce ses trois complices dans le meurtre de la boutiquière Kisnamah Ramanjooloo, 79 ans. 

 

En effet, Sharone Christine Jackson, 30 ans et qui n’est autre que la voisine de la victime, a confessé avoir participé à l’agression mortelle de Kisnamah Ramanjooloo lors d’un cambriolage qui a mal tourné le vendredi 14 avril. Trois récidivistes notoires, à savoir Naserrally Jeewon, 41 ans et aussi connu sous le nom de Jockey, un dénommé Acktar Hosenally et Nazim Emambaccus, tous deux âgés de 35 ans, ont été arrêtés.

 

Shamna, la sœur de Naserrally Jeewon confie qu’elle ne connaît pas les fréquentations de son frère. «On ne se voit pas souvent. Il n’est pas marié et n’a pas d’enfant. Mais il a déjà eu des problèmes avec la justice», confie cette habitante de Port-Louis. 

 

Tandis qu’à la route Alma à Vallée-Pitot, les proches de Nazim Emambaccus ne sont pas surpris de cette arrestation. Et pour cause, «il a l’habitude de voler. Il vient à peine de sortir de prison pour une affaire de vol», explique Nawshad, l’oncle de Nazim. Peu avant notre arrivée, ce dernier avait fait une découverte des plus surprenantes. 

 

Dans une poubelle collée à son mur d’enceinte, il a retrouvé des papiers appartenant à Kisnamah Ramanjooloo, dont une facture de Mauritius Telecom, des bons de commandes du gaz ménager ainsi que de cigarettes. Sur place, Nawshad nous tend ces documents. «Dans notre famille, il y a des médecins, des policiers et des enseignants. Mon neveu ternit l’image de notre famille», lâche-t-il complètement hors de lui. Comment ces documents se sont-ils retrouvés à cet endroit ? Est-ce le suspect Nazim Emamboccus qui les aurait volés au domicile de la victime lors de ce vol qui a mal tourné ? A l’heure où nous mettions sous presse, nos questions demeuraient  sans réponses.

 

Quelques kilomètres plus loin, chez Acktar Hossenally, l’épouse est abasourdie depuis qu’elle a appris l’implication de son époux dans cet horrible meurtre. «Nous vivons séparés depuis plusieurs années car je ne pouvais plus supporter son mauvais caractère. Mais je ne le pensais pas capable de participer à un meurtre. Nous avons trois enfants. Avant, il se droguait et il essayait de s’en sortir grâce à la méthadone », fait-elle ressortir. 

 

Les suspects ont comparu devant la Bail and Remand Court le samedi 15 avril. Une charge provisoire de meurtre a été retenue contre eux. La police poursuit son enquête.

 

Textes : Elodie Dalloo et Laura Samoisy