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Metro Express : sur les rails du mécontentement

Des clichés qui parlent. Instantanés d’une partie de Beau-Bassin/Rose-Hill qui vit à l’heure des travaux du Metro Express. Alors que les inconvénients autour de ce projet sont sur toutes les lèvres ou presque, il était nécessaire d’y retourner, d’écouter les gens. Ces derniers jours, une histoire d’eaux usées, d’odeur pestilentielle, a choqué le pays. Les drames des familles qui ont dû y faire face ont touché, interpellé. D’autres qui vivent les travaux au quotidien vivent aussi des moments difficiles. Et, en fin de semaine, la Private Notice Question consacrée à l’impact de ce projet au Parlement a remis le sujet au centre des conversations…
 

Au parfum d’égouts

 

La nuit est tombée sur Rose-Hill. Par moments, l’air se charge d’une odeur fétide, vite balayée par la brise qui change de sens. Mais à la rue Virgil Naz, elle revient toujours, comme un mauvais souvenir. Après une semaine d’horreur, suite aux problèmes qui ont affecté un conduit de la WMA dans le cadre des fouilles pour le Metro Express, les choses se sont néanmoins calmées. On respire mieux. Jérôme Pierrot, peintre en bâtiment, se rappelle de ces jours de cauchemar, où il a fallu «se sauver de la maison» : «On ne pouvait pas manger ni dormir ici. Je devais emmener ma fille avec moi sur les chantiers. C’était horrible !»

 

Jérôme Pierrot

 

Les haut-le-cœur, les malaises, l’impression de vivre dans des toilettes grandeur de ville ont marqué à jamais ses souvenirs. D’ailleurs, il est prêt à changer de région. Les odeurs d’égouts l’ont décidé (et dégoûté). Mais ce sont les inondations du début d’année qui avaient lancé sa réflexion : «Le canal déborde et toute l’eau rentre dans les maisons, ce n’est plus possible.» À quelques pas de là, Annabelle Savriacouty s’offre une pause. Cette habitante de Curepipe bosse dans un centre d’appels qui se trouve dans cette rue. Et elle le dit simplement : «Ça pue !» Moins, certes, cette semaine. Mais toujours un peu : «Ça vient par vague.» Calfeutrée dans son bureau climatisé, la situation est vivable et respirable. Mais dès qu’elle se retrouve dans la rue ou alors dans le mess, les choses sentent moins bon !

 

Heureusement que son calvaire ne dure que quelques heures par jour. Mais pour les habitants de ce coin de l’île, l’horreur se vivait à travers le nez. D’ailleurs, nombreux d’entre eux envisagent d’entamer une action légale. Le ministre Nando Bodha a, néanmoins, assuré que tout avait été mis en œuvre pour régler le problème : «The WMA in collaboration with L&T has put in place a mechanism to divert waste water further down the WMA network, while permanent repairs are in process.»

 

Annabelle Savriacouty

 

Ce tuyau endommagé est un problème qui, selon lui, ne pouvait pas être prévu, expliquera-t-il, tentant de faire taire la vague de critiques. «It is likely that different types of soils along different layers, including boulders around the concerned manhole and the pile, might have led to damage to the manhole during the drilling works, despite all precautions taken by the Contractor and Site Supervisor», a-t-il déclaré au Parlement.

 

On retient.Dans son allocution au Parlement, Nando Bodha a précisé que Larsen & Toubro avait fourni des «air fresheners and cleaning products» aux habitants et aux commerces.

 


 

 

 

Quand il est l’heure de rentrer…

 

… à la maison, comment ça se passe ? C’est un peu un parcours du combattant ! Surtout quand il y a des travaux devant sa porte. Le local access n’empêche pas que la route a pris des allures de chemins minés. Et qu’il faut jouer à cache-cache avec la pelleteuse qui fait de nombreux va-et-vient. Pour cet habitant de Vandermeersch, impossible de rentrer sa voiture dans son garage. Du coup, grâce aux travailleurs du chantier, il trouve une place de parking temporaire. Pour ça, il faut que ces derniers bougent matériaux et blocs de béton. Mais ils le font avec gentillesse. Ce qui facilite, forcément, cette situation difficile. Néanmoins, le quotidien pèse. «On n’a pas le choix. On subit, voilà ! Le bruit, la poussière. On ne peut rien dire de plus, il faut faire avec», confie le conducteur.

 


 

Le regard tourné vers l’avenir

 

C’est celui de Boyjoo Toolsy. Cet entrepreneur, qui habite Vandermeersch depuis toujours, a vu le départ des trains, l’arrivée des arbres et les récents travaux. Il se rappelle de ces journées d’été à courir sur les rails abandonnés. Et se dit qu’il a le privilège de vivre toutes les étapes de l’arrivée d’un système «moderne et performant» : «Moi, j’ai voyagé, je sais à quel point c’est bien.» Ceux qui sont contre ce projet ne sont pas très futés, estime-t-il (nous n’utiliserons pas ici le terme qu’il a employé) car la marche du progrès ne peut être freinée : «Pour l’instant, il y a quelques petits désagréments mais quand tout ça sera fini, tout le monde va enjoy. On ne peut pas faire une omelette sans casser des œufs. Les gens seront contents.» Il souligne la rapidité et le professionnalisme des travailleurs dédiés à ce projet, la qualité des matériaux utilisés et les techniques modernes employées.

 


 

Des travaux, encore des travaux !

 

Plusieurs corps de métier bossent sur la route de Vandermeersch. Un ballet bruyant et poussiéreux qui doit avoir une chorégraphie complexe et chronométrée, même si on ne la comprend pas forcément. Ici, on place des drains. Là-bas, on file des tuyaux. Tout un monde en ébullition qui n’est pas près de laisser la place à la sérénité. Le ministre Nando Bodha l’a dit au Parlement : 48 % des travaux de la première phase ont été complétées. Elle comprend le trajet Port-Louis/Rose-Hill qui devrait entrer en opération d’ici septembre 2019.

 


 

John Chung, propriétaire du restaurant Apo : «Nous devons travailler, nous aussi»

 

Scène de fin du monde. Vandermeersch est en chantier. Mais le restaurant Apo roule toujours. Envers et contre tout. Envers et contre la poussière, le bruit et les routes fermées. Le propriétaire, John Chung, ne lâche pas l’affaire, même si les journées et les soirées sont moroses. Un peu moins, peut-être, depuis que les feuilles de tôle qui masquaient sa façade flashy – rouge et blanche – sont parties : «Quand elles étaient là, personne ne venait.» Pour survivre, il a mis en place un service de takeaway, a aménagé un autre espace pour manger (il a dû supprimer la terrasse à la demande des contracteurs) et a créé une autre entrée (à côté de la boutique Idriss) pour que ses clients évitent Vandermeersch. Toute une organisation pour survivre malgré le chaos. Mais parfois, il y a des choses qui ressemblent à la goutte de bouillon qui fait déborder son bol. Comme ce qui s’est passé il y a quelques jours : «Les travailleurs ont déposé deux mètres de macadams devant mon entrée. Même si les clients voulaient venir, ils n’auraient pas pu. Ça coûtait quoi de faire ça quelques mètres plus loin ? Nous devons travailler nous aussi.» Il appelle donc au respect pour une cohabitation, difficile de toute façon, mais plus sereine.

 


 

La vie continue

 

Elle se fraye un passage malgré le désordre. Elle coule, même si on l’assèche. Et sur la mythique route de Beau-Bassin, le monde ne s’est pas arrêté malgré les travaux. On y fait son jogging, comme avant, en imaginant, peut-être, les arbres morts. On s’y promène avec son fils. Comme le fait, cet après-midi-là, Hans Bacorisen. Le soleil se couche déjà et la nostalgie s’installe dans les conversations. «J’ai une vidéo de cette route avant le massacre», confie l’habitant de la région. Ici, c’est son enfance, sa vie d’adulte, son univers : «J’ai assisté à la construction de la promenade. J’étais là quand on a planté le premier arbre, j’étais là quand on l’a détruit. C’est terrible !» Ce jour-là, son monde s’est écroulé un peu. Et les jours qui ont suivi n’ont pas aidé : «Le bruit de la pelleteuse jusqu’à 2 heures du matin ? Vous imaginez ce que c’est ? La poussière ? Ma mère de 70 ans ne dort plus, les gens sont malades.» Vivre dans un chantier a quelque chose d’infernal, d’irrespirable. Et fait naître des colères sourdes qui se nourrissent d’un quotidien bruyant et sale : «Je ne sais pas qui sont ceux qui sont pressés de couper le ruban mais j’aimerais les voir vivre là !»

 


 

Au temps de la PNQ…

 

Le leader de l’opposition a tenu à mettre la pression. À faire réagir et à avoir des réponses. C’était lors du Private Notice Question Time au Parlement, le vendredi 9 novembre.

 

Et le ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha, s’est montré rassurant : la compagnie Larsen & Toubro prend toutes les précautions nécessaires pour la protection des Mauriciens concernés par le chantier. Et l’entreprise tient en compte des recommandations du rapport sur l’impact environmental de la Singapore Coorporation Enterprise. Des mesures supplémentaires seront prises pour améliorer le quotidien des habitants de la rue Vandermeersch (nettoyage des rues, des drains, entre autres). Deux problèmes uniquement. Nando Bodha a assuré qu’il y avait eu que ces deux-là : la découverte d’amiante dans les tuyaux de la CWA et le tuyau de la WMA endommagé il y a quelques jours.

 

La qualité de l’eau ? Cet aspect du récent problème avec le conduit de la WMA a interpellé Xavier-Luc Duval. Mais Nando Bodha a, une nouvelle fois, voulu rassurer. Selon lui, l’eau traitée est conforme aux normes internationales. Le leader de l’opposition a insisté et a demandé à ce que les analyses soient rendues publiques. Questionnant le ministre Nando Bodha sur l’impact du Metro Express, Xavier-Luc Duval a dit qu’il estimait que le ministre des Infrastructures publiques mettait la vie des Mauriciens en danger. Pourquoi ? Parce que des drains auraient disparu à Vandermeersch. «Que se passera-t-il pendant des inondations ?», a-t-il lancé.

 


 

Compensation ?

 

«J’estime que tous ceux affectés doivent être dédommagés pour leurs pertes.» Dixit Xavier-Luc Duval au Parlement, le vendredi 9 novembre. Le ministre Nando Bodha a, lui, confié que le contrat avec Larsen & Toubro fait provision pour une compensation, à condition que ceux qui la demandent prouvent ce qu’ils ont perdu.

 


 

Eddy Boissezon, la positive attitude

 

Rassurant ! Le ministre de la Fonction publique l’a été, le samedi 10 novembre, lors du point de presse hebdomadaire du gouvernement. Pour lui, pas de doute concernant le Metro Express : «Le pire est derrière nous. Nous sommes conscients que vous traversez des moments difficiles. Nous sommes prêts à vous aider. La situation va s’améliorer.»