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Metro Express : «Arab Town», ses commerçants, leurs inquiétudes

Amina Mandary travaille ici depuis plusieurs années.

Ils doivent quitter leur baz d’ici trois mois. C’est le conseil municipal qui l’a décidé. Mais ils veulent partir dans les meilleures conditions.

L’assourdissante mélodie s’est tue. La symphonie de la pluie sur les feuilles de tôle a laissé la place au brouhaha habituel de cet endroit. Dans ce lieu de vie, les notes se mélangent : les cris du marchand de fruits, le ronflement de la circulation, toute proche, les échanges entre commerçants et clients, et le kling des verres d’alouda («la neige dans verre» chez Iqbal) qu’on dépose sur le comptoir. Pourtant, ce n’est pas encore l’heure du rush. Les «patrons» d’Arab Town (que beaucoup prononcent arap town)s’installent, mettent en place savat, casseroles, culottes et boxers. 

 

Depuis quelque temps, une vague d’inquiétudes a plombé leur ciel : avec le projet du Metro Express (dont le nom du contracteur devrait être connu demain, 31 juillet), ils sont appelés à se délocaliser. Et ils ont trois mois pour le faire (décision d’un conseil spécial de la municipalité de Beau-Bassin/Rose-Hill). Déjà, un lieu – non loin du stade de Rose-Hill – a été désigné pour les accueillir. Mais ce qui les inquiète, c’est qu’aucune infrastructure n’a été prévue pour l’instant.

 

Cette incontournable foire de Rose-Hill devrait être rasée. Et les porte-parole des commerçants, au sein de la Distributive Trade Employees (DTE), se battent pour leur droit. D’ailleurs, une rencontre avec le maire a eu lieu cette semaine. «Nous allons dans la bonne direction», confie un porte-parole de ce front commun. Hossen Boodhoo, qui y a son étal depuis plus de 30 ans, ne refuse pas de bouger. Mais il faut, dit-il, que cela se passe dans les bonnes conditions : «Nous ne sommes pas des marchands ambulants, nous payons notre place ici, alors nous avons besoin d’un lieu adéquat.» Un endroit qui ressemble à Arab Town mais en mieux. Parce que depuis le temps qu’il est là, il estime avoir droit à un peu de considération : «J’ai une famille, une génération après moi, j’ai besoin de travailler.» Il se rappelle des débuts de cette foire, le moment où des commerçants, comme lui, avaient créé des étals de fortune avec des bouts de bois et des morceaux de tôle.

 

Lacets de chaussure, naphtaline

 

Cette époque-là, c’est le grand-père d’Imtazally Jaumeer, président de la DTE, qui l’a connue. Lui qui a commencé en vendant des lacets de chaussures et de la naphtaline. La famille opère aujourd’hui dans la vente de tissu et son histoire est intimement liée à Arab Town. D’ailleurs, Imtazally a grandi dans les allées de ce petit bout folklorique de la ville. Alors, le départ sera difficile émotionnellement. Mais pas que. D’un point de vue pragmatique, les recettes risquent d’être moins bonnes avec un espace plus excentré : «Li sinp pou dimunn isi. Les gens viennent faire un tour, boire un alouda, manger un dholl puri. Ce n’est pas loin.»

 

Il aurait préféré que les autorités conservent ce patrimoine et fassent passer le métro en hauteur. Comme cela se fait à l’étranger, précise Goolamhossen Ellaybux. Il est vendeur de fruits et de légumes depuis 30 ans dans ce lieu mythique : «Ariv mo laz ki pou bizin rekumans trase ? Li pa bon !» Une rénovation et un agrandissement (avec parking sous-terrain) auraient été souhaitables, explique Salim Boodhoo, vendeur latwal : «Les tôles sont pourries, il n’y a pas d’électricité. Ce serait bien si on pouvait s’agrandir sans bouger, être plus moderne pour attirer les touristes.»

 

Bien sûr, il y a le projet (une des propositions de la DTE) d’une relocation, dans un deuxième temps, non loin de la gare du métro. Mais il faudrait que les prix des nouvelles infrastructures suivent et que la configuration de cette foire reste la même : «Avec le même nombre de commerçants.» À la Town, tout le monde se connaît. C’est une famille, précise Amina Mandary. Alors, il n’y a rien d’anormal à ce que les conversations se mêlent et que les gens s’interpellent pour donner leur avis. Et c’est cette ambiance particulière qu’apprécie cette commerçante : «Tombe, leve, nu ansam. S’il y a un problème, il y a de la solidarité. Si les autorités veulent nous bouger, il faut que nous soyons comme ici, que nous ayons encore notre Arab Town

 

Alors, c’est ensemble qu’ils font face à cette inquiétude partagée qu’est la relocalisation, bien sûr. Mais chacun de ces commerçants a une angoisse intime : «Il y a l’emprunt et le loyer à payer, mon enfant qui fait le HSC, je vis dans un grand stress. Enn bom in tom lor latet», explique la mère de famille qui vend des tongs et qui travaille à Arab Town depuis qu’elle a 15 ans. Et il y a ces questions pratiques qui, pour l’instant, ne trouvent pas des réponses : pourront-ils mettre sous clé leurs marchandises dans leur nouvel emplacement (ou faudra-t-il constamment les ramener) et leur étal sera-t-il assez grand et sécurisé ? 

 

Mais aussi cette frustration qui ne cesse de grandir : «Nu bann ti dimunn. Que ferons-nous si nous n’arrivons plus à gagner notre vie ? Ce n’est pas possible. Si bizin revolte, nu ava revolte.» Yanee Ramsun et sa fille Rajini Chady espèrent que les choses vont se régler pour le mieux. Mère et fille travaillent sur le même étal. Deux femmes qui gagnent leur vie dans cet endroit qui est comme leur deuxième maison. Et la sécurité est au cœur de leur angoisse : «J’emmène mes enfants ici. Ils sont bien, ils connaissent tout le monde. Pourrai-je faire de même dans le nouveau lieu ?» se demande Rajini.Cette inquiétude s’invite à toutes ses pensées. Et entraîne avec elle son lot de questions. Elles tourbillonnent dans son esprit et créent une assourdissante mélodie. 

 


 

Grogne des employés du transport : le ministre rassure

 

Ils ne sont pas contents, alors là, pas contents du tout ! Et ils se sont fait entendre, cette semaine, lors d’un point de presse. Les membres du Front commun syndicat transport ont dit ce qu’ils attendaient : une réunion avec le ministre du Transport pour obtenir une réelle garantie qu’il n’y aura pas de licenciement dans leur secteur avec la venue du Metro Express. Sinon, ils envisagent une grève. Si le ministre de tutelle, Nando Bodha, a, par la suite, tenu à rassurer les employés de ce secteur en avançant qu’il n’y aurait pas de perte d’emploi, le Front commun attend, lui, un engagement plus officiel.