• Mama Jaz - Sumrrà : prendre des risques musicaux avec le jazz
  • Karine Delaitre-Korimbocus : Kodel, une nouvelle adresse dans le paysage de Belle-Rose
  • Oodesh Gokool, le taximan attaqué au couteau : «Mo remersie piblik»
  • Arrêté pour vol et possession d’objet volé - L’avocat Akil Bissessur affirme : «Mo ena kamera ki demontre tou»
  • Un conducteur ivre tue un motocycliste de 63 ans, à Haute-Rive - Rita, l’épouse de Harryduth Ghoorbin : «Mo misie pann resi trouv figir nou deziem ti zanfan»
  • Concours de beauté - Priyadarshi Dowlut : une Miss mauricienne en croisière
  • Moi, Ansley, ma passion pour la déco, mon combat contre le cancer et ma rage de vivre
  • Trois ans après le décès de 11 patients de l’hôpital de Souillac : le cauchemar des dialysés se poursuit
  • Le MSM s’active - Pravind Jugnauth à Camp-Ithier : «Il faut de la continuité et de la stabilité»
  • Opposition : une alliance fragilisée qui veut convaincre malgré tout

Mervyn Anthony : «L’absence de handicapés à l’Assemblée nationale se fait sentir»

Dans le cadre de la Journée mondiale des handicapés, observée le 3 décembre, parole à ce jeune homme qui a récemment rejoint la direction collégiale du bureau politique du Mouvement patriotique. Mervyn Anthony, qui souffre lui-même d’un handicap – il est sourd et a des difficultés d’élocution –, y présidera la Commission du droit des handicapés. Objectif : faire entendre les revendications de ces derniers et faire respecter leurs droits.

Quel est votre but en rejoignant les rangs du Mouvement patriotique (MP) ?

 

Il est temps de jeter les bases du changement légitime. De faire de la politique autrement et d’assurer l’entrée massive au Parlement de jeunes pointures de la nouvelle génération du MP, entourées de quelques anciens. Le but est de s’assurer que les erreurs du passé ne se répètent pas et que demain, Maurice soit fière de sa politique d’inclusion des handicapés.

 

L’existence de brebis galeuses dans la gestion du dossier pour le renforcement des droits et l’émancipation des handicapés a mis le pays dans l’embarras. Nous avons accumulé beaucoup plus que trois décennies de retard qu’il faut rattraper. C’est honteux et injustifiable de constater que l’Afrique du Sud est loin devant nous en matière de gestion du droit et de l’émancipation des handicapés, bien que ce pays se soit débarrassé du système d’apartheid il y a seulement quelques années.

 

Cette année, l’Afrique du Sud compte 11 parlementaires handicapés, dont des ministres. L’absence de handicapés à l’Assemblée nationale se fait sentir à Maurice. Notre Constitution nous décrit comme un État démocratique souverain mais dans la pratique, les valeurs démocratiques sont bafouées au plus haut point concernant l’entrée de handicapés au Parlement. À ce stade, le Best Loser Systeminclut toutes les communautés, sauf celle des handicapés. Bref, il bafoue le droit aux opportunités égales et ridiculise l’existence de notre Equal Opportunities Act

 

Les handicapés ont du mal à décrocher un emploi. D’où vient le problème ?

 

La gestion du dossier des handicapés par rapport à l’emploi est catastrophique, avec une législation inefficace qui mérite amendement car les amendements de 2012 sont cosmétiques et la contravention à payer pour le non-respect de cette loi est de seulement Rs 4 000. Plutôt qu’inciter au respect du droit des handicapés à l’emploi, cette somme, dérisoire, encourage à bafouer ce droit. Comment peut-on s’attendre à du progrès alors que ceux qui gèrent le dossier des handicapés sont en train de le faire pour tirer des profits personnels ?

 

C’est inadmissible que des institutions s’occupant du droit des handicapés à l’emploi aient été gérées pendant plus d’une année avec un seul membre de la Disability Unitcomme Officer in Chargedu Training and Employment of Disabled Persons Board.Ce même membre occupe le poste de secrétaire du National Council for the Rehabilitation of Disabled Persons.L’ancien Head of Disability Unitagit comme Officer in Chargedu Loïs Lagesse Trust Fund et vient d’être nommé Adviserdu ministère de tutelle alors qu’il existe de nombreux handicapés qualifiés qui ont postulé pour occuper certains de ces postes. Sauf que le ministère a préféré ne pas les recruter. C’est impossible d’envisager du progrès lorsque le pays est tenu en otage avec de telles pratiques au sommet de l’État. 

 

La présentation du Disability Billse fait attendre. Quelle action comptez-vous prendre à votre niveau ?

 

L’attente pour la présentation du Disability Billsemble être éternelle. D’un gouvernement à l’autre, ce cinéma a trop duré. La ministre de tutelle a été incapable de justifier de façon acceptable cette attente qui continue de plus belle. Elle renvoie publiquement la balle dans le camp du State Law Office.

 

Je demande donc aux représentants du State Law Officede venir dire la vérité car leur devoir de réserve en tant que fonctionnaires ne les empêche pas de dire la vérité. Il y va d’une question de bonne gouvernance et d’utilisation efficace des ressources de l’État dans la gestion du dossier. Je demande au Premier ministre d’assumer ses responsabilités car quasiment à mi-mandat, le contrat social du gouvernement avec la population a été bafoué. Le Disability Billfaisait partie intégrante du manifeste électoral du gouvernement durant les dernières élections générales. 

 

La pension des handicapés a été revue à la hausse. Qu’en pensez-vous ?

 

La pension aux handicapés est un droit essentiel et fondamental. La gestion efficace des fonds publics et la responsabilité de l’État envers les vulnérables sont concernées et des augmentations légitimes s’imposent à la lumière de la hausse du coût de vie. Ce n’est pas une faveur du gouvernement envers nous, les handicapés.

 

La révision à la hausse de cette pension est positive mais elle n’est que l’arbre qui cache la forêt. Il n’y a aucune législation pour gouverner la Constitution, les opérations et le fonctionnement du Medical Boarddu ministère de la Sécurité sociale, où des médecins généralistes sont appelés à prendre des décisions concernant un type de handicap alors qu’ils n’ont pas forcément l’expertise requise. Cette lacune laisse la porte grande ouverte aux abus  et à des fautes de jugement envers les handicapés.

 

Il faut se poser les questions suivantes : qui nomme ces médecins ? Sur quelle logique ces nominations sont-elles faites ? Selon quelles pratiques établies ? L’augmentation de cette pension contribue mais ne constitue en rien l’idéal afin d’assurer l’émancipation des handicapés. Il faut donner accès à des fonds pour soutenir la création d’entreprises par des handicapés, avec une garantie de l’État comme sécurité. Sans oublier l’accès sur une base d’opportunités égales, avec le soutien de la SMEDA.

 

Vous avez choisi de mener votre combat dans la circonscription no 12 (Mahébourg/Plaine-Magnien). Pourquoi ?

 

J’ai choisi cette circonscription avec la bénédiction de l’état-major du MP, envers qui je suis reconnaissant de la confiance placée en moi. De Cluny à Mahébourg, en passant par Rose-Belle, beaucoup ont été témoins des obstacles et progressions du petit handicapé que j’étais et qui aujourd’hui incarne l’image d’un role modelface aux hauts et bas de la vie.

 

Je suis un rêveur tenace qui a toujours cru en ses rêves et je n’ai jamais reculé face aux injustices. J’ai toujours eu et j’aurai toujours cette envie de briller aux yeux de ceux qui croient en moi. Et la circonscription no 12 est idéale pour cela. Je serai un politicien de proximité. En véritable chien de garde, j’ai toujours été la voix des sans voix et je le serai encore plus au Parlement comme au Cabinet lorsque je serai élu. Je ne vais pas attendre d’être élu pour aider. 

 


 

Bio express

 

Marié et père d’un garçon de 5 ans, Mervyn Anthony est étudiant en droit (LLM) etdétient une maîtrise en administration des affaires (MBA), Business and Life Coach,et est directeur d’une entreprise sociale. Il pilote la quête des sponsors pour assurer son entrée en opération en janvier 2017. L’entreprise se spécialise en coaching, communication interactive (social media), recherches légales (disability rights)et Advocacy(ONG, institutions et États).Il est l’auteur d’un Coaching DVDet prépare la sortie de son livre. Mervyn Anthony a été Outstanding Young Person of Mauritiusen 2010 et a été élu parmi les 30 finalistes mondiaux pour le titre d’Outstanding Young Person of the World de la Junior Chamber International.