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Marie Anne Lagane : la bonne fée qui donne des ailes aux enfants

La travailleuse sociale oeuvre pour le bien-être des petits à travers l’ONG Will Fly.

Touchée par l’extrême pauvreté dans laquelle vivent des enfants de Rivière-Noire, Marie Anne Lagane a décidé de les prendre sous son aile. Nous avons rencontré la cofondatrice de l’association Will Fly dans le cadre de la Journée mondiale de l’enfance, observée le 20 novembre. 

Elle a fait de «ses enfants» sa raison d’être et de croire en un monde meilleur. Cofondatrice de l’association Will Fly, Marie Anne Lagane se dévoue corps et âme pour remplir la mission de l’ONG : donner une chance de réussir dans la vie à ces petits de Rivière-Rivière, dont les familles vivent dans le dénuement. Même le jour de son anniversaire y passe, le jeudi 20 novembre, qui coïncide avec la Journée mondiale de l’enfance. Lorsque nous la rencontrons à Rivière-Noire, ce jour-là, elle nous accueille chaleureusement, les mains chargées de cahiers et stylos qu’elle s’apprête à remettre à une soixantaine d’enfants qu’elle a réunis dans la cour de l’église.

 

«Lorsque j’ai vu à quoi ressemble la misère, voire l’extrême pauvreté, je ne pouvais pas rester les bras croisés. C’est pourquoi, avec Maité Desquenne, une amie suisse qui était à Maurice, nous avons mis sur pied l’association Will Fly. Quand elle est rentrée dans son pays, j’ai continué le travail entamé. Et au fil du temps, je ne me voyais plus faire autre chose que de m’occuper de ces enfants que je considère comme les miens. Ma conscience me disais que je ne pouvais pas reculer et c’est chaque jour avec plaisir et beaucoup d’amour que j’œuvre auprès d’eux», soutient-elle, en précisant que le domaine du social lui était auparavant étranger.

 

Poussée par le désir profond de rendre aux enfants leur enfance et leur dignité, c’est naturellement, dit-elle, que, de fil en aiguille, elle a vu les petits de Will Fly se transformer. «Ils avaient un mode de vie propre à eux et que j’avais du mal à comprendre. Ils s’exprimaient mal, ne connaissaient pas leurs droits, avaient peur et revendiquaient très peu, juste une bouchée de riz pour calmer leur faim. J’étais profondément bouleversée par cette réalité, mais je ne pouvais pas les juger, je n’en avais pas le droit, pas le droit non plus de leur imposer un style de vie, une manière de s’exprimer. La transformation s’est faite graduellement. Ils ont appris à s’exprimer, à canaliser leur colère, car beaucoup s’exprimaient par la violence. À travers des ateliers à thèmes, ils ont peu à peu changé de comportement. Aujourd’hui, certains sont au collège et me donnent un coup de main auprès des petits nouveaux en jouant un rôle d’éducateurs», explique la travailleuse sociale.

 

Chaque après-midi, elle réunit les enfants après l’école, de 16 heures à 18 heures. Au programme : suivi des devoirs et ateliers de chant ou de dessin, entre autres. Et pour Marie Anne, il n’est pas question de chômer pendant les vacances scolaires. Bien au contraire ! En cette période, Will Fly accueille ses protégés de 9 heures à 15 heures, cinq jours sur sept, pour diverses activités. Le mercredi 19 novembre, par exemple, une sortie au Casela était organisée.

 

«Aujourd’hui, je leur ai demandé de préparer un white paper pour analyser et identifier les problèmes qu’ils relèvent à Rivière-Noire, les solutions qui doivent être apportées, leurs revendications et propositions, et un plan de vie pour les cinq ans à venir.» Une initiative qui, selon elle, éveillera davantage la conscience des enfants au problème des inégalités auquel Rivière-Noire est confronté. «Je me bats aussi contre l’esclavage moderne, car il est déplorable de constater que certaines mentalités ne changent pas.»

 

Pour elle, il est plus que jamais nécessaire que les enfants rêvent et pensent à leur avenir. «Je suis fière d’eux, car ils ont appris à se prendre en charge lorsqu’il s’agit des gestes simples de la vie. Aujourd’hui, certains rêvent de devenir médecin, avocat. Bref, ils veulent faire des métiers valorisants. Ils voient leur avenir en grand», fait-elle ressortir.

 

Mais si sa mission auprès des enfants lui procure un bonheur complet, les obstacles qui se dressent sur sa route ne rendent pas toujours les choses faciles. «J’ai repéré un local à Rivière-Noire et j’ai envoyé des correspondances dans le but que le lieu soit transformé en foyer pour accueillir les enfants en difficulté ou victimes de violence. Mais l’emplacement a été transformé en baz politik», déplore-t-elle. Elle regrette aussi un manque de réactivité au niveau des services publics d’aide à l’enfance : « Quand je rapporte des cas de maltraitance, les actions tardent parfois à venir.»

 

Quoi qu’il en soit, armée de courage et de beaucoup d’amour, Marie Anne Lagane ne renoncera pas à son objectif de construire un monde dans lequel les enfants auront la possibilité de réaliser pleinement leur potentiel, de grandir dans la paix et la dignité.