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Madan Dulloo, l’homme qui ne rassemble pas le MMM

Madan Dulloo et Paul Bérenger sont-ils sur la même longueur d’onde ?

Il serait le must have du moment de Paul Bérenger. Néanmoins, il ne convaincrait pas la majorité des Mauves. Qui est-il ?

Question pour… la Saint-Valentin. Pour y répondre, il faut fouiller du côté des affaires du cœur. L’interrogation love de cette semaine : qui serait le nouveau «beau gosse» de Paul Bérenger ? L’élu (du moment) ? Indice : c’est un mec qui ne rassemble pas les Mauves (mais qui ne les divise pas pour autant, précise un membre du bureau politique).

 

Le leader du MMM aurait indiqué, lors de la réunion du comité régional de Stanley–Rose-Hill (circonscription n°19), que Madan Dulloo pourrait partager le poste de Premier ministre si les Mauves accèdent au pouvoir aux prochaines législatives (une formule deux ans-trois ans). Néanmoins, Paul Bérenger l’a précisé lors de son point de presse post-comité central - où il a remis en cause son leadership (voir hors-texte) – il s’agit d’une «fausseté» : «Il n’y a eu aucune proposition. On peut parler de possibilités mais c’est tout. Ça n’a d’ailleurs pas été à l’agenda du bureau politique. Quel rôle aura Madan Dulloo pour les législatives ? On ne le sait même pas encore.»

 

Néanmoins, certains militants en entendant cette rumeur le disaient, sans détour : cette annonce est tombée comme un cheveu sur la soupe. Et même une grosse mèche. Question de timing. Pour d’autres, il s’agissait d’une stratégie à la Paul Bérenger : une façon de détourner l’attention de Steve Obeegadoo  (il s’était attiré les foudres de son leader en demandant une refonte du MMM dans le journal Week-End). Ou d’un petit tour de passe-passe pour bien énerver son leader adjoint, son ancien the one, tombé en disgrâce mais bien présent sur le front bench de ce point de presse d’hier : Pradeep Jeeha (voir hors-texte).

 

Tous les ingrédients d’un happy end ne sont pas réunis pour ce parti qui connaît les heartbreaks depuis quelque  temps. Néanmoins, une grande session de counselling a eu lieu hier, samedi 10 février, avec une journée exceptionnelle avec l’organisation d’un BP et d’un comité central dans la même journée (voir hors-texte) afin de statuer sur le leadership de Paul Bérenger. Et si le «cas» Madan Dulloo n’aurait pas été évoqué, selon Paul Bérenger, il a, certainement, été assailli de questions par ses camarades sur places. Le principal concerné ne veut, lui, pas faire de commentaire pour l’instant. Il s’agit d’un sujet «épineux et délicat» et «tellement d’actualité», confie l’un des membres du BP qui ne voudra pas en dire plus.

 

Il prend à contre-pied son leader qui a parlé de «faussetés». Notre interlocuteur ne voudra pas, non plus (voire encore moins), se prononcer sur la personnalité de l’ancien ministre des Affaires étrangères, à la longue et riche carrière en politique, qu’il a longtemps côtoyé sur le terrain. S’il est impossible de savoir si ce partage de pouvoir n’est qu’une rumeur ou une flamme cachée, il est quand même envisageable de répondre à une question : qui est l’homme qui ferait chavirer le cœur de Paul Bérenger ? Voici quelques éléments de réponse…

 

Des idéaux

 

Madan Dulloo est né le 20 septembre 1949 à Nicolay Rd, Port-Louis, et a grandi dans une famille qui tras. De Sainte-Croix à Vallée-des-Prêtres, les années de l’enfance, à la Church of England Aided School (qui se trouve à l’époque à la rue Arsenal), et de l’adolescence, au collège Royal de Port-Louis, défilent.

 

Après le collège, il devient enseignant. Mais pas pour longtemps. Une année au Trinity College et à l’Universal College (1970-1971). Mais il marque certains esprits : «Il était jeune et très motivé. Il est parti en milieu de l’année scolaire pour ses études, je crois», confie une de ses anciennes élèves. Puis il s’envole pour l’Angleterre où il entame des études de droit à l’université de Londres et est appelé au barreau en 1974 (il obtiendra un doctorat en droit civil de la prestigieuse université de La Sorbonne). Un ami d’enfance se souvient de lui en ces termes : «Il était intelligent, oui. Mais je crois, surtout et avant tout, qu’il avait cette envie de s’élever pour lui et pour son pays.» Le jeune Madan a des idéaux, une envie de contribuer à la construction de cette île Maurice indépendante. C’est pour cela qu’il revient au pays, épouse Indira et rejoint le MMM.

 

Sa première élection ? Celle du 20 décembre 1976. Il est candidat à Grand-Baie-Poudre d’Or (nº6). Il y est élu second avec 9 178 voix. C’est Mooneswar Hurry de l’Independence Party qui obtient le plus grand nombre de votes : 9 417.  Ce n’est qu’en 2014, que le diplomate – qui s’est penché sur plusieurs dossiers à l’international, notamment celui du sucre et l’accord préférentiel européen – quittera sa circonscription pour être parachuté au nº12 (Mahébourg–Plaine-Magnien). Néanmoins, des anciens de ces régions du nord de l’île gardent, en général, un bon souvenir de Madan Dulloo. Certains saluent son humilité et sa proximité avec les gens. D’autres, cependant, reprochent son arrogance à celui que certains appellent Mamou ledan lor : «Kan li ti miniss zame ti kapav zwenn li», confie l’un deux. Au nº 12, on se souvient tout particulièrement de son message après la défaite du MMM en 2014. Un de ses agents de l’époque raconte : «Enn boug mari humb. Nounn perdi, linn exiz li. Monn truv sa extra.»

 

Pourtant, depuis 1976 celui qui a été plusieurs fois ministres (des Affaires étrangères, de l’Agriculture, de la Justice…)  n’est pas le plus constant des militants ; il quitte le MMM et rejoint le MSM en 1983, est président d’un Select Committee on Drug Addiction – le rapport de 1985 sera connu comme The Dulloo Report on Drugs –,  s’énerve contre le clan Jugnauth et crée son Mouvement militant socialiste mauricien (MMSM), critique souvent Paul Bérenger, s’allie au PTr… qui le révoquera de son poste de ministre des Affaires étrangères en 2007. Ce n’est qu’après ces péripéties politiques qu’il retourne à lakaz mama (provoquant une maxi polémique mauve ; d’ailleurs, c’est uniquement grâce à l’intervention de Paul Bérenger qu’il siège, aujourd’hui, au sein du BP). Pradeep Jeeha le qualifiera, alors, en ces termes : «Dulloo est le politicien le plus erratique et le plus infidèle de Maurice.»

 

L’actuel love interest de Paul Bérenger risque, donc, de ne pas rassembler les Mauves. Mais est-ce que cette dernière folie de leur leader les divisera encore plus ? Affaire à suivre…

 


 

Pradeep Jeeha : en position délicate

 

Panik lor baz pour le leader-adjoint du MMM. Depuis qu’il a pris la défense de Steve Obeegadoo, lors du BP où une motion de blâme à son encontre avait été votée, rien ne va plus. Les relations sont tendues entre Pradeep Jeeha et son leader. D’ailleurs, ses absences lors des célébrations de la commémoration de l’Abolition de l’esclavage à Pointe-Canon et à la dernière conférence du presse du MMM –celle du samedi 3 février - ne sont pas passées inaperçues. Mais, il était bien présent, hier, samedi 10 février, mais n’a pas souhaité faire de commentaire. Paul Bérenger a, lui, lancé que «chacun devrait prendre ses responsabilités».  Pour certains militants, le choix de Paul Bérenger pour Madan Dulloo découlerait de cette guéguerre intestinale. Une façon d’évincer l’un pour l’autre. Pradeep Jeeha était, d’ailleurs, vertement opposé au retour de Madan Dulloo au sein du MMM en 2007, boudant des fonctions officielles, et faisant des déclarations fracassantes : «Dulloo a combattu le MMM et son leader pendant un quart de siècle (…) Ses actions récentes (…)ne l’autorisent pas à intégrer le MMM», disait-il à l’époque. Nous avons tenté d’obtenir une déclaration de Pradeep Jeeha, sans succès.

 

Yvonne Stephen-Lavictoire

 


 

Paul Bérenger reste mais…

 

63 voix pour qu’il reste, 9 contre et six abstentions. Voilà le résultat du vote du comité central du MMM, appelé hier, samedi 10 février, à voter une motion qui concernait ni plus ni moins le leadership du parti et le possible retrait de Paul Bérenger. Mais celui-ci reste finalement le leader mauve après ce vote à bulletin secret. Motion déposée par Paul Bérenger lui-même lors du bureau politique qui s’est réuni plus tôt.

 

15h45. On nous fait entrer dans une salle de conférence du Hennessy Park Hotel,  après que toute la foule du comité central se soit dispersée. Une femme s’exclame : «Nou leader reste nou leader, kontan pa kontan». Le leader en question semble justement tendu. Et n’y va pas de main morte : «Ma motion seule était à l’agenda du jour (…) J’ai donné mes raisons et dans le bureau politique et dans le comité central pour cette motion. C’est à cause de plusieurs remous dans le parti, et de choses bien blessantes qui donnent l’impression que je m’accroche au siège de leader. Et il y a même eu des allégations sur le fait que j’insiste pour qu’il y ait des élections au comité central et au bureau politique pour pousser ma fille en avant. Trois sentiments m’animent. Beaucoup de tristesse, beaucoup de dégoût à cause de certains hypocrites, et beaucoup de colère aussi,» dit-il en ajoutant qu’il y a eu insistance pour que le vote pour la motion se fasse aujourd’hui et non jeudi, lors du comité central. Il insiste aussi sur le fait que personne ne s’est prononcé contre son leadership lors du comité, avant le vote à bulletin secret. 

 

Le front bench du parti lors de la conférence de presse d’hier, avec notamment, tout à droite, Pradeep Jeeha et Adil Ameer Meea.

 

Justement, dans le parking du Hennessy, après le comité central et la conférence de presse, plusieurs personnes présentes lors du comité central discutaient de façon très animée sur le fait que personne justement ne s’était prononcé contre le leadership avant le vote à bulletin secret.

 

Sur le front bench, on remarque aussi Pradeep Jeeha et Adil Ameer Meea. Deux membres du parti qui se seraient rangés du côté de Steve Obeegadoo après que celui-ci a fait l’objet d’une motion de blâme après sa récente interview dans l’hebdomadaire Week-End. De plus, Jeeha et Ameer Meea n’étaient pas présents à la commémoration de l’Abolition de l’esclavage, le 1er février, à Pointe-Canon, ni à la conférence de presse des Mauves du samedi 3 février. Sur toute cette histoire, Paul Bérenger dira : «Chacun fait son boulot, chacun prend ses responsabilités.» 

 

Après la conférence de presse, on s’approche, on leur demande des explications. Si Pradeep Jeeha nous dira un plat «pas de commentaire», Adil Ameer Meera va nous déclarer qu’il «avait mieux à faire» en ces deux occasions et que «tout se passe bien» pour lui au sein du parti.

 

Stephane Chinnapen