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Les dérapages de trop de sir Anerood Jugnauth ?

Aujourd’hui, beaucoup estiment qu’il est l’heure pour SAJ de prendre ses distances avec la politique.

Selon son fils, il n’a jamais voulu dire quelque chose de mal sur les cleaners sauf que les mots «mo foupamal ar zot» ont bien été prononcés avant de faire le tour des réseaux sociaux et de susciter chez les Mauriciens, exaspération et indignation. Après cet énième écart de langage, sir Anerood Jugnauth peut-il encore être ministre mentor ? Les observateurs politiques répondent…

Son franc-parler, sa verve tout sauf délicate et sa manière de dire les choses sans kata kata ont toujours été légendaires. Cependant, sir Anerood Jugnauth, qui a endossé le rôle de ministre mentor depuis janvier dernier, n’est-il pas allé trop loin en lançant récemment des répliques cinglantes aux Rodriguais et aux femmes cleaners qui étaient en grève de la faim ? 

 

En déplacement il y a deux semaines à l’occasion des festivités dans le cadre des 15 ans de l’autonomie de Rodrigues dont il était l’invité d’honneur, SAJ n’est une fois de plus pas passé inaperçu. Interpellé par Nicolas Von Mally sur la nécessité de revoir la situation de la fourniture d’eau sur l’île au lieu de s’attarder sur l’amendement de la Rodrigues Regional Assembly, il est sorti de ces gongs, visiblement irrité par les remarques du leader du Mouvement Rodriguais (MR). 

 

«Mo finn vinn isi pou fourni dilo mwa ? Taler mo bizin vinn baign zot osi !» a-t-il lancé. Une attitude vivement critiquée surtout compte tenu de son poste de mentor dont la mission est d’agir comme un guide pour les ministres en raison de son expérience et de ses connaissances. 

 

L’indignation a été encore plus grande lorsque le lundi 23 octobre à la sortie d’une réunion du comité parlementaire, il a lancé «mo foupamal ar zot» en parlant des femmes cleaners qui tenaient une grève de la faim au jardin de la Compagnie, dénonçant un salaire de Rs 1 500. Des propos qui ont choqué d’abord les femmes cleaners mais aussi de nombreux Mauriciens. SAJ n’en est pas à son premier esclandre verbal. 

 

En effet, cet épisode rappelle incontestablement son «mo p**** ar zot !» lancé en mars dernier à un journaliste qui lui demandait de réagir aux critiques de ses adversaires politiques qui affirmaient qu’à chaque fois qu’il était au pouvoir, la drogue proliférait dans le pays. 

 

«Insulte»

 

Autant de déclarations outrageuses et grossières qui sont vivement critiquées par la population sur les réseaux sociaux et ailleurs. Et cela n’arrange ni ses affaires ni celles du gouvernement Lepep. C’est du moins ce que pense l’observateur politique, Jocelyn Chan Low pour qui ces faux pas sont préjudiciables au régime en place. «On dirait qu’il prend plaisir à le faire. SAJ a toujours eu un langage franc mais désormais ça relève de la brutalité et de l’insulte.»

 

Pour la politologue Catherine Boudet, il est clair que le ministre mentor n’a pas tiré de leçons de ses erreurs passées. Selon elle, des questions se posent sur la capacité de SAJ à porter la responsabilité qui lui incombe. Ses propos, dit-elle, relève d’un mépris pour la population et d’une cruauté envers des femmes qui militent pour un meilleur salaire et pour que leurs droits soient respectés. «Ses dérapages verbaux à répétition montrent qu’il n’a pas conscience des responsabilités morales et éthiques liées à sa fonction. Il donne libre cours à son agacement au lieu de se contrôler. Cela laisse planer le doute quant à sa capacité à exercer une charge ministérielle.» 

 

Un point sur lequel s’accorde Jocelyn Chan Low qui avance que les écarts de langage de SAJ remettent en question sa capacité d’être comme son titre l’indique : un mentor. «Au début, cela faisait rire mais plus maintenant. Un mentor se doit d’être sage, calme et posé. Il se doit de prendre de la hauteur. Sir Anerood Jugnauth est tout le contraire d’un mentor et il l’a prouvé à maintes reprises.»

 

Pour Shafick Osman, géopoliticien et chercheur associé à la Florida International University, les déclarations du ministre mentor sur les femmes cleaners et sur les Rodriguais ne font ni honneur au ministre ni au gouvernement auquel il appartient. Selon lui, SAJ devrait justement faire plus de «mentoring» et son service de communication doit être plus attentif à sa communication tout en soignant ses déclarations publiques. Mais est-ce dans ses cordes ? se demande Shafick Osman. 

 

Après l’énième dérapage de son père, Pravind Jugnauth, Premier ministre, a tenté de venir à sa rescousse en affirmant quelques jours plus tard que SAJ n’avait pas l’intention de dire quelque chose de mal sur les cleaners. Ses mots auraient-ils donc tout bonnement dépassé sa pensée ? Selon Shafick Osman, le PM essaie aujourd’hui de «colmater les brèches de son gouvernement». «Je crains fort que cela ne soit pas suffisant pour redorer le blason de l’alliance gouvernementale. En temps de crise, il faut une communication de crise et c’est cela qui lui manque», estime le géopoliticien. Quoi qu’il en soit, estime Catherine Boudet, ces propos sont inacceptables de la part d’un membre du gouvernement, qui en ce faisant donne le mauvais exemple. 

 

Ces écarts ne font-ils pas du tort à ce gouvernement qui n’a déjà pas une très bonne image ? Pour Jocelyn Chan Low, il est clair aujourd’hui que sir Anerood Jugnauth doit prendre ses distances. S’il avait auparavant une aura autour de lui, ce n’est désormais plus le cas.«Il est temps qu’il prenne sa retraite. Il se fait du tort et fait encore plus de torts à ce gouvernement avec de telles déclarations.»

 

Des propos et une attitude, affirme pour sa part Catherine Boudet, clairement néfastes pour le gouvernement et le pays. «Non seulement il est en train d’entacher la crédibilité déjà fragile de son gouvernement vis-à-vis de la population et quid de l’image qu’il projette de Maurice ? Au lieu d’être un guide, le ministre mentor est en train de devenir un embarras», lance-t-elle. Un avis que partagent ces derniers jours de nombreux Mauriciens.