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Le meurtrier de son époux condamné à trois ans de prison | Jannick Huet : «C’est injuste, cet homme a détruit notre vie»

La jeune femme raconte comment elle a dû assumer le rôle de père et de mère pour élever sa fille Océanne.

La sentence est tombée jeudi dernier, soit après 13 ans. Sooresh Padaruth, 56 ans, a écopé d’une peine de trois ans de prison pour l’agression mortelle de Jerry Legallant. Jannick Huet, l’épouse de la victime, enceinte de huit mois et demi à l’époque, est «révoltée» par cette décision de la Cour. Elle se confie à nous de France, où elle s’est maintenant installée.

«Maman, pourquoi je n’ai pas eu la chance d’avoir mon papa avec nous ?» Jannick Huet, 35 ans, se souviendra toujours de cette question de sa fille Océanne. Ce moment, elle le redoutait. Car elle savait qu’il lui faudrait bien un jour tout lui dire, tout lui raconter sur le drame de leur vie. Puis, il lui a fallu trouver le courage de le faire et de remonter à ce terrible 28 novembre 2004 quand un coup de poignard a brisé sa famille. Elle était alors enceinte de huit mois et demi. 

 

Alors que Jerry Legallant assiste à un match de foot à Pamplemousses, une bagarre éclate entre un supporteur de l’équipe adverse et lui. Il reçoit un coup de couteau en plein cœur. Le présumé meurtrier est Soodesh Padaruth, 56 ans. Ce laboureur est arrêté et poursuivi en Cour pour coups et blessures ayant causé mort d’homme sans intention de tuer. Mais ce n’est que le jeudi 2 février, soit 13 ans plus tard, que la sentence est tombée. Il écope de trois ans de prison pour l’agression mortelle du jeune receveur d’autobus. Il avait été jugé coupable, le 29 décembre 2016, par la magistrate Niroshini Ramsoondar, vice-présidente de la Cour intermédiaire. 

 

Si au fil des années, Jannick, tout comme la famille de son défunt mari, vivait dans le flou en l’absence de développements concernant l’affaire en Cour, la sentence qui est tombée cette semaine ravive en elle de vieilles et profondes blessures qui, confie-t-elle, ne se sont jamais cicatrisées malgré le temps qui s’est écoulé. 

 

«Trois ans, cela me paraît très peu par rapport à ce que j’ai dû traverser après avoir perdu Jerry. Je trouve que la loi n’est pas assez sévère à Maurice. Cet homme a détruit notre vie. C’est très injuste envers ma fille et moi. Qui est perdant dans l’histoire ? Qui n’a pas eu la chance d’avoir un père, comme tout le monde, à sa naissance ?» s’insurge Jannick, désormais installée en France où elle a refait sa vie. 

 

Elle est aujourd’hui animée d’un sentiment de révolte : «Je m’attendais à ce qu’il écope d’une sentence plus lourde pour avoir tué un homme. Pour moi, le travail n’a pas été bien fait. À mon avis, c’est pour cette raison que certaines personnes se permettent  de prendre  la vie d’autres personnes : la justice n’est pas assez sévère.»

 

Quand elle regarde Océanne, aujourd’hui âgée de 12 ans, il est impossible pour Jannick de ne pas repenser à celui qui lui apportait tant de bonheur : «Ma fille, qui n’a jamais connu son père, a ses yeux et son côté artistique car, comme lui, elle adore chanter.» Et elle n’a jamais rien voulu cacher à sa fille qui sait tout de leur histoire d’amour : «Jerry était mon premier amour depuis l’école. Il était ma moitié et mon meilleur ami. On s’est fréquentés puis on a choisi de se marier. J’étais tombée enceinte une première fois mais j’avais fait une fausse couche. Peu de temps après, je tombais enceinte d’Océanne.»

 

En attendant la naissance de leur enfant, le couple caressait de nombreux rêves : «J’avais 23 ans et Jerry 26 ans. On construisait toujours notre maison à Terre-Rouge. On lui a ôté la vie 17 jours avant que j’accouche. Jerry attendait tellement le moment de devenir papa. C’était son plus grand désir : fonder une famille et terminer sa maison. Au final, mon mariage n’a duré qu’un an et quatre mois.»

 

Jannick a connu des jours noirs après le décès de son époux : «Tous mes rêves étaient détruits. Ça a été très dur car j’ai dû à la fois assumer le rôle de père et de mère. J’ai toujours veillé à ce que ma fille ne manque de rien.»

 

Souffrance et douleur

 

En mars 2007, la jeune mère décide de quitter l’île : «La vie à Maurice n’était que souffrance et douleur et remplie de souvenirs. Océanne avait 2 ans et demi. Pour lui offrir une autre vie, une vie meilleure, j’ai décidé d’aller vivre très loin. Je n’arrivais  pas à faire mon deuil à Maurice. J’avais même dû déménager pour aller vivre chez ma mère car je n’arrivais pas à me sentir bien là où je vivais avant.»

 

Jannick, qui a aussi connu d’autres périodes difficiles – le décès de son père, celui de son frère à 19 ans et la perte d’un enfant l’année dernière –, s’accroche désormais au bonheur : «La vie ne m’a pas fait de cadeaux. Je me suis remariée en 2016. Grâce à cet homme merveilleux, j’ai pu surmonter mon chagrin. Il aime Océanne comme sa propre fille.»

 

Désormais, dans ses souvenirs, il lui faudra aussi se rappeler «que celui qui (m)’a enlevé le père de (ma) fille n’a écopé que de trois ans de prison».

 


 

Gérard Legallant : «La vie de mon fils vaut-elle trois ans ?»

 

Il se dit lui aussi révolté. Tout comme Jannick, les parents de Jerry Legallant, Gérard et Danielle, ne digèrent pas la sentence dont a écopé «le meurtrier» de leur fils. «C’est révoltant. Cela nous fatigue. On n’arrive pas à comprendre pourquoi il ne doit purger qu’une peine de trois ans. La vie de mon fils vaut-elle trois ans ?» s’insurge Gérard Legallant. Nous avons sollicité la famille de Soodesh Padaruth pour une réaction mais son épouse s’est refusée à tout commentaire.

 

La sentence de Soodesh Padaruth est tombée jeudi dernier.