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Le Bouchon : l’après MV Benita

Le vraquier n’a pas laissé de bons souvenirs à cette plage du Sud. Alors pour lui refaire une petite beauté, des habitants de la région se sont mobilisés et comptent sur vous.

Il ne reste que celui des vagues. Le va-et-vient incessant qu’a connu la plage de Le Bouchon s’est arrêté avec le départ du MV Benita. La minuscule route menant à la plage est complètement libre. Et de la route «principale», ça ne prend, du coup, que quelques minutes pour rejoindre ce magnifique coin du Sud avec sa plage qui provoque toutes les envies : comme celle de se prélasser sous les filaos et d’entendre le vent en caresser le feuillage. Et toutes les émotions : le sentiment d’être seul au monde, face à l’immensité de ce bleu qui se permet des pointes de noirceur (comme ces rochers qui semblent flotter à la surface). Ah, le vague à l’âme ! Depuis que le vraquier s’en est allé, la vue n’est plus bouchée par ce tas de ferraille, porteur de tellement de désolation dans la localité. Ce petit coin du sud de l’île, plage presque oubliée, presque sauvage, a retrouvé sa tranquillité d’avant… ou presque.

 

Si après moult tergiversations, le vraquier libérien avait finalement été libéré des récifs de ce coin de mer le samedi 23 juillet (après y avoir échoué le jeudi 16 juin), il a laissé dans son sillage quelques petites choses indésirables. D’ailleurs, en ce mercredi 30 novembre, il y a au moins une chose qui est visible : un panneau informant que la baignade y est interdite et qu’une opération de nettoyage est en cours. Sauf qu’en cette belle journée ensoleillée, estivale à souhait, il n’y a personne qui s’occupe de cette fameuse opération. Et selon Eric Heidrich, secrétaire de la Petit Bouchon Benevolant Association(PBBA), c’est le cas depuis septembre. Ça voudrait donc dire que ce n’est pas nécessaire, que la plage est libérée de toutes les traces de fioul et d’huile lourde, en toute logique. Mauvaise réponse.

 

Et c’est pour ça que l’homme qui vient de Suisse et les autres membres de cette association (habitants de Le Bouchon et de Camp Carol Kenya) ont décidé de prendre le destin de cette plage en main. De ne plus attendre les autorités (qui, elles, attendent certainement l’argent de l’assurance venant des assureurs du MV Benita) et de faire quelque chose pour leur bout de paradis qu’ils ne peuvent qu’admirer que de loin (la baignade et la pêche y étant interdites) :«Avant, c’était un immense terrain de jeu et de joie pour mes deux enfants. Aujourd’hui, ils ne peuvent plus s’en approcher. Quelle tristesse !» Pour faire bouger les choses, pour rendre à cette plage ce qui lui appartient – de la beauté, de la nature, de la propreté –, un concert gratuit de levée de fonds sera organisé le dimanche 11 décembre avec la participation d’artistes locaux (voir hors-texte). Une action nécessaire, estime Eric : «Il y a des coins de sable qui sont noirâtres. De lhuile qui sest accrochée au rocher et qui y sèche. Le nettoyage n’est pas fini. Il y a encore beaucoup de choses à faire.»

 

Amoureux

 

Alors, lhomme, amoureux de cette plage et de cette île, se documente, demande des précisions aux organisations internationales, spécialistes dans le domaine, pour savoir comment faire disparaître les traces de ce début de marée noire dont il ne connaît pas les conséquences : «On ne sait pas si des analyses sont faites. Si les poissons et les crustacés se portent bien. C’est un suivi à faire.» Faute de pouvoir s’acquitter des aspects techniques, l’association souhaite parer au plus pressé : nettoyer la plage. Mais pour ça, il faut de l’argent, des bénévoles et des équipements : «Une des techniques qui me semblent réalisables, c’est de nettoyer le sable grâce à une bétonneuse. Ça demande du temps, des gens, mais aussi un budget.» Alors, quoi de mieux qu’un concert pour récolter les sous nécessaires, alerter, fédérer et rassembler autour de la même cause. Et, en même temps, relancer un appel au gouvernement : ne nous oubliez pas.

 

Question oubli, quelques pêcheurs à la ligne semblent, eux, être passés à côté de la consigne de sécurité, en cette fin de matinée. D’ailleurs, ils le disent tous : elle a été levée, ils peuvent pêcher (ce qui n’est pas le cas). Ils assurent qu’ils ne pêchent que pour le plaisir et pas pour revendre le fruit de leur activité. D’ailleurs, leurs proches mangent les poissons et ne sont pas tombés malades : «Me gouvernma fini met prop, pena okenn problem.» C’est bien possible, estime Eric. Mais pour l’instant, les autorités n’ont pas communiqué sur les tests – s’ils ont été réalisés – dans le lagon ou sur la faune et la flore présentes.«Cest un travail qui doitse faire sur le long terme», affirme Eric.  Il ne faudrait pas oublier le principe de précaution : «Même si on ne voit pas les dégâts, ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas là.» D’ailleurs dans le village, tout le monde a sa petite idée sur la question. On raconte que sur l’îlot-récif sur lequel a échoué leMV Benita,il y a une grosse pollution, que celle-ci s’étendrait jusqu’à La Cambuse, que les lagons, autrefois si beaux, sont en piteux état…

 

Pourtant, en cette matinée paisible, pas de trace d’huile sur l’eau – comme c’était le cas auparavant – et il y a même des petits poissons qui ont décidé de reprendre leur parcours habituel. D’ailleurs, le va-et-vient des vagues les berce tout doucement. Un bon signe, certainement. Une petite «roulette» rouge aux volets fermés attend le week-end pour reprendre ses activités. En semaine, il n’y a pas autant de monde que pendant l’épisode du MV Benita. Néanmoins, plus loin, plus profondément, il est difficile de savoir ce que le vraquier a laissé comme cadeau empoisonné.

 

C’est arrivé…

 

C’est le jeudi 16 juin que le vraquier libérien, le MV Benita, s’était accroché à un récif. Presque deux mois plus tard, le samedi 23 juillet, il a été finalement libéré, après plusieurs tentatives inefficaces. Néanmoins, pendant les semaines de son occupation désagréable, son chargement, de carburant et d’huile lourde, avait trouvé le chemin du lagon de Le Bouchon et les dégâts sur l’écosystème de cette belle plage de l’île étaient très visibles. De nombreux Mauriciens avaient découvert (ou redécouvert) cette plage du Sud pour voir ce bateau impressionnant, prisonnier des récifs.

 

Comment il a débarqué à Maurice ?

 

Globe-trotter, Eric Heidrich voulait découvrir l’océan Indien. Ce qui l’intéressait : les plages et les montagnes. Ce Suisse voulait donc s’envoler, en toute logique, pour La Réunion. Mais il s’est trompé de billet d’avion, dit-il (comment, pourquoi : difficile à dire) : «C’est le destin.»  C’était il y a huit ans et depuis, cet éco-conscient, propriétaire d’une chambre d’hôtes, a adopté l’île.

 

Petit Bouchon Benevolant

 

Association : il y a eu un avant…

… Et un après MV Benita, là où toutes les priorités de l’association se sont, un peu, modifiées. Avant, elle œuvrait pour l’aménagement de la plage, la construction d’une meilleure route, entre autres (ce qui est toujours le cas). Mais depuis l’épisode du vraquier, les énergies sont plutôt tournées vers le nettoyage de la plage et du lagon, et la protection de la faune et de la flore. L’association est en quête de sponsors, de bénévoles, de personnes ayant une connaissance sur le sujet de nettoyage de plage, entre autres. Pour en savoir plus, cliquez sur la page Facebook de l’association : http://bit.ly/2gIqeow.

 

Rendez-vous le 11 décembre

 

À partir de midi, la plage de Le Bouchon vibrera d’une sympathique atmosphère avec ce concert gratuit. Sur la scène des chanteurs locaux pour vous régaler : Natir Chamarel, Prophecy, Nayabinghi Order, Hans Nayna, Renaissance, Mulaëo, Latanier et Claudio Veeraragoo (qui vous réserve une surprise). Ce sera le moment de passer un bon moment en famille et/ou avec des amis… tout en pensant au combat de la Petit Bouchon Benevolant Association. Vous pourrez, bien sûr, leur refiler un coup de pouce : ne l’oubliez pas !