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L’amour est dans… le panier bazar

Nesta Pampusa vient faire son marché une fois par semaine.

Manger cinq fruits et légumes par jour, une réalité pas toujours évidente quand les prix de ces produits se mettent à prendre l’ascenseur. Comme chaque année, l’été, sa chaleur et ses pluies sont redoutés par les marchands mais aussi par les consommateurs qui doivent alors débourser un peu plus pour leurs fruits et légumes. En attendant, ils en profitent. 

La fraîcheur du matin, des arômes qui flottent dans l’air, des voix qui s’élèvent, des dizaines et des dizaines de personnes se faufilant dans les allées et un joyeux brouhaha au marché de St-Pierre. Ce sont toutes ces petites choses qui contribuent au charme de nos fameux bazars, lieux presque folkloriques où de nombreux Mauriciens vont s’approvisionner chaque semaine en fruits et légumes. Cependant, s’ils en ont bien profité au cours de ces derniers mois en raison des températures agréables, les prochaines semaines s’annoncent plus difficiles. Avec l’été, la chaleur aura des répercussions inévitables sur la production de plusieurs fruits et légumes, sur leur qualité et évidemment sur leur prix. 

 

Des prix qui, au cours des semaines à venir, prendront graduellement l’ascenseur. Cette hausse découlera de plusieurs facteurs, tous ayant principalement trait à l’arrivée de l’été. La forte chaleur, le manque d’eau ou les périodes de pluies diluviennes ainsi que la prolifération des maladies et des petites bêtes pendant cette période entraîneront une baisse de production. Autant d’éléments qui feront alors flamber les prix. En attendant, les consommateurs profitent encore des meilleurs prix avant qu’ils ne se mettent à grimper. 

 

Manger des légumes, Nesta Pampusa, une habitante de Dagotière, adore ça. Dans sa tant bazar, des margoz qu’elle a payés Rs 30 la livre, des poireaux à Rs 10 l’unité et des betteraves (2 pour Rs 15), entre autres. En ce moment, dit-elle, les prix sont encore abordables, même si faire le marché une fois par semaine demande un petit budget. «Rs 300 pour deux», avance-t-elle. «Même quand les légumes seront plus chers, nous n’aurons pas trop le choix. Comme nous devons en consommer, nous aurons à mettre la main à la poche.» Dans ces moments-là, affirme Nesta Pampusa, elle préfère consommer des produits de saison. 

 

Si les affaires sont bonnes depuis un certain temps, les maraîchers, eux, savent bien que ça ne va pas durer. D’ailleurs, certains prix, particulièrement ceux des fruits, ont déjà commencé à grimper. Si la pomme d’amour se vend entre Rs 30 et Rs 50 le kilo, le lalo (okra) se vend à Rs 80 la livre. Celui qui décroche la première place du classement est sans conteste le melon d’eau dont le quart ou la moitié se vend entre Rs 75 et Rs 175 et jusqu’à Rs 400 pour un melon d’eau entier. 

 

Contourner le problème

 

Actuellement en pleine saison, ce fruit est présent un peu partout. Frais, sucré et extrêmement juteux, il est très apprécié des Mauriciens surtout pendant l’été. Si certains n’hésitent pas à débourser pour se faire plaisir, d’autres sont un peu plus réticents. Et ça, les marchands de fruits l’ont bien compris. 

 

Pour contourner le problème, ils ont donc trouvé une petite astuce qui consiste à couper le melon en petites parts afin que ça soit plus abordable pour les consommateurs. Sur l’étal de Sooraj et Seemah Jagessur, planteurs et vendeurs de melon, ce n’est pas ça qui manque. On y trouve aussi des ananas et quelques légumes issus de leur plantation. 

 

Ce business familial, racontent-ils, se transmet de génération en génération. Avec les pluies d’été qui s’annoncent, les cyclones ou encore le manque d’eau, ils savent bien qu’ils passeront par des moments difficiles. «À chaque fois qu’il y a des grosses pluies, c’est le débordement et pour nos plantations, c’est la catastrophe. Tout est gâché et il faut alors tout recommencer», souligne Sooraj. Du coup, lorsque les légumes se font rares, les prix prennent forcément l’ascenseur. «Pour nous, c’est un peu comme à la loterie. Dépendant des conditions climatiques, soit on gagne, soit on perd», confie Seemah. 

 

Averses redoutées

 

Sur l’étal d’en face, Visham Ramkisoon est occupé à servir les clients qui s’affairent à choisir leurs oignons et leurs pommes de terre. Voilà plusieurs années qu’il a repris le flambeau de son père, vendeur de légumes. Si les prix de ces légumes sont plutôt stables et qu'ils restent d’habitude inchangés, les averses sont toujours redoutées. Alors que la saison des pommes de terre locales tire à sa fin, Visham a déjà prévu de faire son petit stock pour pouvoir approvisionner ses clients. 

 

Devi Ramsurrun est, elle, vendeuse de pommes d’amour. Depuis quelques jours, les prix ont déjà commencé à grimper progressivement. Contrairement aux vendeurs qui cultivent eux-mêmes leurs produits, Devi, elle, se fie énormément aux planteurs chez qui elle achète ses légumes pour les revendre par la suite. «En fait, il faut que le climat soit le juste milieu. Ni trop chaud pour qu’on puisse avoir de l’eau et ni trop de pluie pour ne pas inonder les plantations.» Et lorsque le prix de la pomme d’amour monte en flèche, Devi le ressent immédiatement dans les ventes. «Les gens préfèrent ne pas acheter et consommer les tomates en conserve qui sont beaucoup moins chères.» Même si, pour se faire plaisir avec un bon satini pomme d'amour, certains consommateurs sont prêts à payer le prix fort.

 

Shyam Ramdeen est planteur et vendeur de fruits depuis maintenant 35 ans. Chez lui, le melon d’eau entier se vend jusqu’à Rs 400 l’unité alors que les trois mangues de taille moyenne se vendent à Rs 100. Dans quelques semaines, dit-il, les prix vont encore grimper mais il ne se fait pas de soucis. 

 

S’il n’est pas inquiet, raconte Shyam Ramdeen, c’est qu’il mise sur la qualité de ses produits et ses clients fidèles qui reviennent, même quand les prix sont un peu plus chers, pour acheter ses fruits. «Ils n’auront pas cette qualité ailleurs», assure-t-il. Cependant, il sait qu’avec les pluies du mois de janvier et de février, les plantations souffriront. Il n’y aura plus qu’à espérer, à ce moment-là, que les dégâts ne soient pas trop importants.