• Boxe thaï : première édition de «La Nuit des Nak Muay»
  • Badminton : les Internationaux de Maurice à Côte-d’Or
  • Trois univers artistiques à découvrir
  • Handicap et vie professionnelle : un pas de plus vers l’inclusion
  • Mayotte au rythme des crises
  • Une rare éclipse totale traverse l’Amérique du Nord : des Mauriciens au coeur d’un événement céleste spectaculaire 
  • World Thinking Day : les guides et la santé mentale
  • Mama Jaz - Sumrrà : prendre des risques musicaux avec le jazz
  • Karine Delaitre-Korimbocus : Kodel, une nouvelle adresse dans le paysage de Belle-Rose
  • Oodesh Gokool, le taximan attaqué au couteau : «Mo remersie piblik»

La marmite politique déborde

Le rapprochement entre Paul Bérenger   et Navin Ramgoolam ne présage rien de bon pour Pravind Jugnauth.

Faites vos jeux… Rien ne va plus ! Ces derniers jours, l’échiquier politique s’est transformé en table de roulette. La faute aux manigances politiques qui ont alimenté toutes les conversations. Le Remake 2000 a implosé sans que les morceaux ne soient balayés… pour l’instant. Navin Ramgoolam a parlé de l’alchimie le liant à son meilleur ennemi, devenu allié, Paul Bérenger. Mais que retiennent les jeunes de tout ce tintamarre ?

Nelvin Cushmagee
Étudiant en Psychologie
Âge : 21 ans
Région : New-Grove

Ce qu’il retient de la semaine écoulée. Une impression qu’à Maurice on fait du «dirty politics». Les ruptures après des alliances. Des alliances après les critiques. Pour Nelvin Cushmagee, tout cela ne donne pas envie aux jeunes de s’intéresser à ce domaine. Néanmoins, il a décidé de se forcer : «Je ne suis pas le seul. Nous sommes nombreux à penser à l’avenir de notre pays.» D’ailleurs, il se demande où doivent se situer les jeunes dans ce marasme politique ? Ont-ils leur place ? «Je suis persuadé que nous avons notre mot à dire, notre contribution à apporter.» D’ailleurs, il estime que sa génération est celle qui offrira une alternative : «Les Mauriciens ont vu toutes les combinaisons possibles. Il serait temps de se poser cette question : jeunes politiciens, pourquoi pas ?»

La phrase qui l’a marqué. «Nous ne parlons pas d’alliance, mais de réforme (…) il y a une alchimie entre Paul Bérenger et moi. Ni lui, ni moi ne voulons agir dans notre intérêt. Il faut faire quelque chose pour le pays.» Outre le fait que le Premier ministre parle de «chemistry» avec un homme qu’il a critiqué à plusieurs reprises, c’est la rapidité avec laquelle les choses ont évolué cette semaine qui choque Nelvin : «Une alliance qui rompt. Même si rien n’est dit, on le comprend. On parle de discussions avec un autre parti. Mais les deux principaux concernés ne confirment pas. Tout reste dans le flou. Où est l’éthique dans tout ça ? Où est l’intérêt du peuple ?», s’interroge le jeune homme.

Ce qu’il pense de la réforme électorale. Il l’attend avec impatience ! Il est temps que les candidats n’aient plus besoin de préciser leur appartenance ethnique lors d’une élection. Néanmoins, il se demande si, au final, cette réforme se fera «dans l’intérêt du peuple» ou seulement pour le bien de certaines personnes qui sont abonnées au pouvoir.

 


 

Fabrice Aza
Étudiant en Law & Management
Âge : 21 ans
Région : Rose-Hill

 

Ce qu’il retient de la semaine écoulée.  Que les récents événements le confortent dans sa croyance : «Je suis un athée de la politique. Car tout ce qui compte, c’est le pouvoir. La moralité n’existe pas. Cette semaine, ce n’était que des actes de prostitution.» Ce n’est pas pour autant que Fabrice Aza n’analyse pas la situation politique actuelle : «Le MMM peut provoquer la mise à mort du MSM en brisant le Remake 2000. Mais le PTr peut arriver à tuer le MMM s’il le souhaite afin de devenir un parti unique.» Le MSM a, donc, besoin du MMM. Mais le PTr également : «Pour aller de l’avant avec la réforme électorale et le projet de troisième République.» Néanmoins, même si Navin Ramgoolam est le maître du jeu, c’est aujourd’hui Paul Bérenger qui a les cartes en mains, estime Fabrice : «Mais il ne sait visiblement pas s’en servir.»

La phrase qui l’a marqué. «Mo bien amerdé.» La phrase fétiche de Paul Bérenger n’a pas sonné comme une douce mélodie à l’oreille de Fabrice Aza. Le leader du MMM l’a prononcée pour la première fois cette semaine pour exprimer son désaccord face au changement de ligne de défense de Pravind Jugnauth, accusé dans l’affaire Medpoint. Si lui voulait que le leader du MSM demande un early trial, ce dernier a préféré soulever un point de droit. Néanmoins, les raisons de cet «amerdement» ont vite évolué : «Au final, c’est parce que lui et Pravind Jugnauth n’étaient pas sur la même longueur d’onde concernant la réforme électorale. Quelle est la bonne raison ? Il nous prend pour des imbéciles ?»

Ce qu’il pense de la réforme électorale. Pour lui, il n’y a pas de réel désir de changement. D’ailleurs, les propositions du livre blanc sur la réforme électorale de Navin Ramgoolam le laissent de marbre : «On arnaque le peuple.» Il a étudié le document de long en large, s’en est inspiré pour sa dissertation et estime qu’il y a des grands absents dans ce document, notamment le financement des partis politiques, et des mesures peu réalisables.

 


 

Khusboo Balgobin
Étudiante en Comptabilité
Âge : 19 ans
Région : Fond-du-Sac

 

Ce qu’elle retient de la semaine écoulée. Pour Khushboo Balgobin, les tractations politiques de ces derniers jours ne sont que des détails insignifiants : «C’est un jeu de stratégies de la part des politiciens. De toute façon, je préfère penser que chacun d’entre eux a à cœur le bien-être du pays. Qu’importe celui qui est au pouvoir, il va œuvrer pour que le bon travail continue. Nous, nous souhaitons simplement que notre île se développe et que nous vivions bien.»

La phrase qui l’a marquée. «Je ferai tout ce qui est possible dans l’intérêt du pays.» Une déclaration de Navin Ramgoolam qui a rassuré la jeune femme durant cette semaine agitée sur l’échiquier politique. «Je suis persuadée qu’en tant que chef du gouvernement, il prendra les bonnes décisions pour le bien-être de notre pays», confie-t-elle.

Ce qu’elle pense de la réforme électorale. Elle n’a pas vraiment d’opinion sur ce sujet, dit-elle. Elle attend de voir les prochains développements.

 


 

Ismaël Soobrattee
Étudiant en Sociologie
Âge : 22 ans
Région : Camp- Fouquereaux

 

Ce qu’il retient de la semaine écoulée. Ismaël n’en démord pas. Pour lui, les récents événements ne peuvent que dégoûter les jeunes de la chose politique : «On ne fait que critiquer, que parler d’alliance, de pouvoir… Si c’est ça la politique, non merci ! À quand les grandes décisions concernant l’avenir de notre pays ?»

La phrase qui l’a marqué. «Il n’est pas question d’une alliance avec le PTr à ce stade.» Une phrase prononcée par Paul Bérenger à l’issue du bureau politique du MMM, le mercredi 16 avril. Une phrase qui gêne un peu Ismaël Soobrattee : «Aucun parti ne peut aller aux élections sans une alliance dans la configuration actuelle, sinon il risque d’avoir des divisions communales. Si rien ne va plus entre le MMM et le MSM, que va-t-il se passer ?» se demande le jeune homme.

Ce qu’il pense de la réforme électorale. Pour lui, il s’agit d’une nécessité. Mais il se pose une question : «Est-ce que les politiciens ne vont pas se l’approprier et l’utiliser de la façon qui leur convient ?»

 


 

Axel Albert
Étudiant en Accounting & Management
Âge : 21 ans
Région : Vacoas

 

Ce qu’il retient de la semaine écoulée. Le jeune homme estime que les médias en ont «trop fait» et que les partis politiques n’ont pas assez communiqué afin de ne pas laisser la place à de nombreuses spéculations. Notamment celle concernant une alliance entre le PTr et le MMM. Axel Albert, lui, n’y croit pas : «Les divergences d’opinion au sein du Remake 2000 ne concernent que le MMM et le MSM. C’est un problème interne qu’il fallait régler en privé, certes ! Mais Navin Ramgoolam n’a rien à voir là-dedans.»

La phrase qui l’a marqué. Celle de Paul Bérenger face à une petite foule hostile à la sortie du Bureau politique du MMM, le mercredi 16 avril, en réponse à ceux qui le traitent de «vander» : «Quiconque dit que Bérenger est un vendu n’est pas un vrai militant.» Selon Axel, il n’y avait pas de «vrais militants» présents, ce jour-là. Il estime qu’il s’agissait d’une mise en scène des adversaires de Paul Bérenger.

Ce qu’il pense de la réforme électorale. Pour lui, c’est un changement «essentiel» : «Nous sommes Mauriciens avant tout. Mais je ne suis pas sûr qu’elle verra le jour. Les politiciens ne font que parler ! Alors les élections viendront, les alliances se casseront à nouveau et il n’y aura toujours pas de changement.»

 


 

La valse des points de presse

Le matin du samedi 19 avril, le MMM, le MSM et le PTr ont décidé de s’exprimer… avant les grandes réunions.

 

MMM. Ça va mal ! Pour Paul Bérenger, le «Remake est très mal en point». Il n’a pas caché son irritation envers Pravind Jugnauth et ses «zig-zags». Il a déclaré qu’il n’était pas content de sa récente conversation avec SAJ et a critiqué les «manigances» du MSM. Il suspecte le parti d’avoir envoyé des gens pour l’insulter après le Bureau politique du MMM, le mercredi 16 avril. Le chef de file des Mauves a même raillé son allié tombé en disgrâce : «Avant que nous ayons pris une décision concernant le meeting du 1er Mai, le MSM a déjà réservé sa place à Curepipe pour un rassemblement. Il sera en compétition avec le Parti Malin. Je leur souhaite bonne chance.»

PTr. Nita Deerpalsing a décidé de s’en prendre au MSM, le samedi 19 avril, lors d’une déclaration à la presse. La présidente de l’aile jeune a déclaré : «Lorsqu’il était au ministère des Finances, Pravind Jugnauth faisait une vraie chasse aux sorcières par rapport aux militants.»

MSM. Confirmation que ce parti ne tiendra pas de meeting le 1er Mai.

 


 

 

Remake 2000 : la rupture que les leaders ne veulent pas assumer

 

Les militants n’auront pas droit à leur traditionnel meeting. Le 1er Mai, Paul Bérenger et les siens ne seront pas sur l’estrade, micro en mains ! C’est ce qui a été décidé lors du Comité central du MMM, hier, samedi 19 avril, après une semaine de suppositions. Malgré le fait que des banderoles ont déjà été accrochées un peu partout dans l’île pour annoncer le grand rassemblement du Remake 2000, il n’aura pas lieu. À la fin de cette rencontre, Paul Bérenger a, néanmoins, déclaré qu’aucune décision n’avait été prise concernant le Remake 2000 : «Si le MSM a envie d’une rupture, c’est au parti de voir. Nous, nous ne prendrons pas de décision.»

Justement, le parti soleil n’a pas tardé à commenter la décision du Comité central. Suite à une réunion de son état-major, Pravind Jugnauth s’est adressé à la presse et a annoncé qu’il n’organiserait pas de meeting le 1er Mai. Le MSM ne compte pas, non plus, signer la fin du Remake 2000 : «Paul Bérenger a dit que le Remake 2000 était toujours on. Alors, il est toujours on. Il a aussi annoncé qu’il y avait un cooling off period. On va voir si ça ne va pas warm up.» Pravind Jugnauth a décidé de ne pas être pessimiste, visiblement. Mais il est quand même réaliste car, dit-il, les élections générales sont «derrière la porte».

Il invite donc tous ceux qui veulent rejoindre le MSM dans son combat à le faire. Et avec SAJ, il reprend son bâton de pèlerin pour une tournée des circonscriptions. Le 30 avril, le MSM se trouvera à Rivière-du-Rempart pour lancer une série de rencontres hebdomadaires. De plus, lors de ce point de presse, il est revenu sur les discussions autour du meeting du Remake 2000, qui était prévu pour le 1er Mai : «Tout était déjà en place.» Par ailleurs, le leader du parti soleil a aussi précisé que ce ne sont pas ses partisans qui avaient hué Paul Bérenger, le mercredi 16 avril.

Ce samedi 19 avril, il n’y avait pas de foule hostile. Alors que le Comité central des Mauves avait lieu à la mairie des Villes-Sœurs, des partisans du MMM manifestaient pour montrer leur soutien à Paul Bérenger dans la cour du Plaza. Du côté du MMM, à la place du rassemblement populaire du 1er Mai, une assemblée des délégués sera organisée le 1er mai à Belle-Rose. D’autre part, le Bureau politique du MMM se tiendra, le mardi 22 avril, alors que le Comité central se réunira à nouveau, le samedi 26 avril. Paul Bérenger a, également, précisé que le MMM pourrait se présenter seul aux élections. De plus, il estime que les législatives ne «sont pas loin».

 

Le rapprochement entre Paul Bérenger   et Navin Ramgoolam ne présage rien de bon pour Pravind Jugnauth.

 


 

 

Des jours intenses

 

● Samedi 12 avril.

 

Paul Bérenger anime son point de presse hebdomadaire. Pravind Jugnauth également. Pas de conférence conjointe du MMM et du MSM. Rien d’anormal, ça arrive. Aucun des propos tenus n’indiquent que le Remake 2000 est au bord de l’asphyxie.

 

● Dimanche 13 avril.

 

Le cœur et le soleil sont en mode «party» ! Un dîner est organisé pour célebrer les 69 ans et les 84 ans de Paul Bérenger et de sir Anerood Jugnauth, respectivement. Le leader du MMM dira, même, en parlant du chef de file du Remake 2000 : «C’est un grand patriote qui a permis le miracle économique du pays.»

 

● Mardi 15 avril

- Pravind Jugnauth, accusé dans l’affaire Medpoint, de conflit d’intérêts, demande, à travers son avocat, qu’un non-lieu soit prononcé. Pourquoi ? Parce que selon la Public Officers Protection Act, les poursuites doivent être engagées dans les deux années qui suivent le délit allégué.

- La décision du leader du MSM de ne pas demander un «early trial» et certains «palabres» de la part des membres du MSM auraient irrité Paul Bérenger. Il convoque donc une réunion des parlementaires du MMM et parle d’un «cooling off period». C’est le grand froid au sein du Remake.

 - Navin Ramgoolam décide d’ajourner les travaux de l’Assemblée nationale jusqu’au 13 mai afin de mener des consultations dans le cadre de la réforme électorale. Décision qui ne fait pas réagir Paul Bérenger et énerve Pravind Jugnauth.

- Lors de son discours dans le cadre du Nouvel an tamoul, Navin Ramgoolam qualifie le leader du MMM de «camarade» et n’hésite pas à critiquer SAJ.

 

● Mercredi 16 avril

- Pravind Jugnauth sort de son mutisme. Il dit ne pas comprendre l’agacement de Paul Bérenger et rappelle que c’est ce dernier qui a demandé à SAJ de quitter la présidence pour le bien du pays. Il estime qu’une cabale a été montée contre lui.

- Navin Ramgoolam l’affirme : il n’y aura pas de meeting du 1er Mai à Vacoas pour le PTr. À l’issue d’une cérémonie de don de chèques sous le Prime Minister’s Relief Fund, le chef du gouvernement a également déclaré : «Nous ne parlons pas d’alliance avec le MMM, mais de réforme électorale. Tout dépend des circonstances (…) Il est vrai qu’il y a une “chemistry” entre Paul Bérenger et moi.»

 - Un Bureau politique sous haute tension. Paul Bérenger se fait traiter de «vander» par des personnes venues à la rue Ambrose. Il réplique, hors de lui, traitant même une des personnes présentes d’«imbécile». Il est annoncé que le Comité central décidera s’il y aura un meeting conjoint du Remake 2000, le samedi 19 avril. D’autre part, Paul Bérenger a déclaré qu’il ne souhaite pas «casser le Remake».

 

● Jeudi 17 avril

- «C’est tant mieux si Paul Bérenger n’a aucune intention de casser le Remake. Mais encore faut-il que le Remake fonctionne. Le remake n’est pas que sur papier. Le travail doit se faire sur le terrain», confie Pravind Jugnauth après le bureau politique du MSM.  

- Tête-à-tête entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger. Au menu des discussions : la réforme électorale (bien sûr) ! Selon le chef du gouvernement, «il n’y aura pas de réforme électorale sans un accord entre le PTr et le MMM».

- Il se chuchote que l’alliance PTr-MMM est bien d’actualité et qu’il est possible que des élections générales anticipées soient organisées. Un moyen, dit-on, de mettre en place la deuxième République avec Navin Ramgoolam comme Président et Paul Bérenger comme Premier ministre. D’ailleurs, le chef de file des Mauves a évoqué le sujet à la fin de sa réunion avec le leader du Labour Party : «Il faut savoir que ce sujet n’a rien à voir avec une alliance PTr-MMM, mais les deux sujets sont indirectement liés, même si l’alliance n’est pas d’actualité.»

 

● Vendredi 18 avril

Une information murmurée puis confirmée : le MSM a entamé des démarches auprès de la mairie de Curepipe pour tenir un rassemblement le 1er Mai.