• La jalousie amoureuse : quand ça va trop loin…
  • Disparition du vol Malaysia Airlines MH 370 : c’était il y a 10 ans...
  • 13es Jeux d’Afrique : «Moris casse paquet» avec 25 médailles
  • Laura Mooneesamy : quand Gold Models va d’aventure en aventure
  • Accidents fatals : quatre familles pleurent leurs proches partis trop tôt
  • «Ratsitatann» : un pièce mauricienne/malgache pour «enlever le flou»
  • The Two : explosion de blues créole bientôt
  • Un jeune couple crie à la négligence médicale après le décès de son nourrisson - Kimy et Julien : «Deziem tibaba nou perdi par fot lopital»
  • Maurice vs Tchad : le Club M compte sur le soutien de son public
  • Agression mortelle à Cité Mangalkhan - Læticia Laviolette : «Lion Vibe ti deza menas mo konpanion Damien»

Kevin Keenoo : «Les limites financières ne devraient pas mettre fin aux rêves des étudiants»

À 28 ans, ce jeune homme, habitant Pamplemousses, est à la fois bloggueur, écrivain et explorateur… Ayant animé des séminaires, des séances de counseling à travers le pays et écrit un premier livre, Kevin Keenoo travaille actuellement sur son second bouquin. Il nous donne son avis sur notre système éducatif. 

Vous avez connu, comme beaucoup d’étudiants du HSC, l’après proclamation des résultats. Comment avez-vous vécu ce moment ?  

 

La proclamation des résultats, c’est la finalité des efforts et sacrifices des étudiants, parents et enseignants qui se résume en une note. Celle-ci détermine l’avenir, dans une certaine mesure, des étudiants. Pour certains, c’est un moment d’exaltation, mais pour d’autres, c’est un moment de désespoir. Cela, en fonction des résultats obtenus. à l’époque, j’ai vu, à la fois, des larmes de regrets et de joie. J’ai ressenti le silence et le bruit. C’était un environnement contrasté. J’étais sur le balcon menant à la bibliothèque de l’école, j’ai observé la foule d’en haut et j’ai réfléchi sur ce que nous célébrions vraiment : le succès de quelques-uns ou les échecs de ceux qui ont été victimes d’un système éducatif caractérisé par une concurrence féroce ? 

 

Vous avez un parcours atypique. Vous étiez marchand ambulant... Pouvez-vous nous raconter cette étape de votre vie ?

 

Pendant mon temps libre, alors que j’étais adolescent, je sillonnais les rues animées de nombreux marchés, dont celui de Goodlands et de Montagne-Longue, avec ma mère pour vendre des vêtements qu’elle cousait dès les premières heures du matin. Malgré le fait que mon père travaillait dur, le revenu était insuffisant pour joindre les deux bouts. Nous avons donc dû vendre des vêtements pour apporter un revenu supplémentaire pour répondre à nos besoins. Les jours où mon père ne travaillait pas, il se joignait à nous au marché.

 

Quand nous étions colporteurs, nous avons, à certaines occasions, été rabaissés, ignorés. On s’est moqué de nous. Mais nous n’avons jamais baissé les bras. Nous connaissons la valeur de l’argent durement gagné. Les revenus supplémentaires nous ont beaucoup aidé, que ce soit pour la nourriture ou les frais de scolarité.

 

Quand je regarde en arrière, je n’ai aucun regret d’être passé par de tels moments parce que mon succès aujourd’hui peut être grandement attribué à ces difficultés qui m’ont façonné en une personne plus forte et meilleure.

 

Pouvez-vous nous raconter vos années en tant qu’étudiant ?

 

Je fréquentais l’école primaire de Pamplemousses et j’étais timide. Du coup, j’avais très peu d’amis. J’ai souvent été parmi les trois meilleurs de la classe. Après la primaire, j’ai été admis à la Terre Rouge SSS où j’ai étudié jusqu’à la Form V.

 

Là, je me suis ouvert un peu plus aux autres et je me suis fait beaucoup d’amis. J’ai aussi participé à de nombreux événements organisés par l’institution. J’ai ensuite rejoint le collège Royal de Port-Louis en 2005 pour faire mes deux dernières années de sécondaire. C’était un autre chapitre de ma vie. 

 

Au collège, j’ai développé ma passion pour les livres et j’ai passé beaucoup de temps à la bibliothèque de l’école. Mes études et recherches m’ont rendu plus conscient des problèmes environnementaux auxquels le monde est confronté. Cela m’a conduit à créer l’Environnement Club : une plate-forme pour promouvoir la protection de l’environnement. J’ai rassemblé de nombreux étudiants et mené plusieurs séances de sensibilisation.

 

Qu’en est-il de vos études supérieures ?

 

Après avoir terminé le secondaire en 2006, j’ai rejoint l’université de Maurice pour faire un degré en gestion, que j’ai obtenu avec les honneurs en 2010. Deux ans plus tard, j’ai entamé  ma maîtrise en ressources humaines, toujours à l’université de Maurice. Je l’ai complétée en 2014. Pendant mes années d’université, j’ai aussi appris la musique et la danse. Je suis actuellement inscrit à l’université de Londres pour des études de droit à distance. J’ai commencé en 2015 et ce, afin de développer mon sens juridique et de pouvoir lutter contre l’injustice. 

 

Quels conseils donneriez-vous aux «school leavers» qui souhaitent poursuivre des études à l’université ?

 

Chaque choix définit qui nous sommes. À la lumière de ce raisonnement, notre flux d’étude est aussi un choix important qui définit notre développement personnel et professionnel. J’encourage les jeunes qui quittent l’école à être des chercheurs : à chercher les bonnes informations pour pouvoir faire le bon choix. Ils doivent d’abord évaluer ce qu’ils désirent profondément étudier, la carrière qu’ils veulent embrasser et les conseils de personnes qui ont excellé dans un tel domaine. Finalement, il faut comprendre les tendances du marché du travail. Tout en poursuivant leur programme d’études, j’encourage les school leavers à faire des stages afin d’avoir une meilleure compréhension des pratiques en milieu de travail.

 

Quels sont les problèmes que peuvent rencontrer les étudiants qui n’ont pas eu de bourses ?

 

Les étudiants qui ont obtenu de bons résultats et dont les parents ne sont pas en mesure de financer leurs études se trouvent souvent dans une situation délicate, surtout lorsqu’ils ne peuvent bénéficier d’une bourse. La plupart d’entre eux finissent souvent par compromettre leurs rêves tandis que certains s’efforcent, malgré tout, d’atteindre leur objectif indépendamment de leurs limites financières. 

 

J’ai obtenu de brillants résultats et je n’ai pas bénéficié de bourse. Pourtant, je n’ai pas renoncé à mes rêves. Avec mes parents, nous n’avions pas une très bonne situation financière, mais nous avions de l’espoir. J’ai travaillé en freelance pour gagner de l’argent de poche pendant mes études supérieures. J’encourage les étudiants à ne pas abandonner leurs rêves malgré les limites financières. Cherchez des opportunités ou créez l’opportunité si elle ne se présente pas à vous. Si j’ai pu le faire, alors d’autres peuvent le faire aussi. 

 

Que pensez-vous du Nine-Year Schooling ?

 

Il s’agit d’une réforme majeure de notre système éducatif. Il vise à éliminer la concurrence. C’est une bonne chose que des élèves de 11 ans ne soient pas soumis à un examen purement écrit à la fin de leur sixième année. Diviser l’examen en modules de base et non essentiels permet aux élèves de sixième de comprendre que l’apprentissage est pour la vie et pas seulement pour les examens. Je ne suis toutefois pas d’accord avec la régionalisation du système. 

 

Bien que je comprenne et respecte la vision du gouvernement de donner une éducation de classe, je ne peux fermer les yeux sur deux choses : l’insuccès de notre système actuel pour donner vie à cette réforme et le manque de démystification du Nine-Year Schooling aux parties concernées, dont  les parents. 

 

Quel est, pour vous, un système éducatif adapté ?

 

Je crois que notre système éducatif devrait reposer sur trois piliers importants : la qualité, le leadership et le développement des compétences. Le Nine-Year Schooling peut valoriser l’élément de qualité dans notre système éducatif si nos programmes sont conçus de manière globale et consultative. Il faut pour cela définir et appliquer un système de gestion scolaire standard dans toutes les écoles et ne pas faire les choses de façon parcellaire. 

 

Le leadership est l’âme du Nine-Year Schooling. Cela ne doit pas être considéré comme un devoir, mais plutôt comme une responsabilité de la part de nos dirigeants scolaires. Ces derniers doivent réaliser que nous n’éduquons pas la génération qui dirigera les économies de 2017, mais celle qui dirigera les économies de 2025 et plus. 

 

Par conséquent, nous devons adapter notre système éducatif pour répondre aux compétences requises au cours de la prochaine décennie. 

 

L’absentéisme au troisième trimestre est un gros problème. Qu’en pensez-vous ?

 

Les directeurs d’école et les parents ont un rôle majeur à jouer. Les parents devraient s’assurer qu’ils envoient leurs enfants à l’école, à moins qu’ils aient des raisons valables et fortes de ne pas le faire. Les chefs d’établissements doivent, eux, montrer le bon exemple en étant le pont entre leurs écoles respectives et les parents. Par exemple, la question de l’absentéisme doit être discutée et partagée avec les parents à la réunion de l’Association des parents d’enseignants (PTA). Les enseignants ont également une responsabilité importante. Ils sont chargés d’instruire les élèves et cela ne devrait pas dépendre du nombre d’élèves qui fréquente la classe.

 

Bio express

 

Né le 1er  mai 1988, Kevin Keenoo aime l’écriture, la lecture, les voyages, la photographie et le bodybuilding. En 2011, il a sorti son premier livre My Message of Youth Leadership et son deuxième livre, Ella - A tale of two hearts, sera publié cette année.

 


 

Ma semaine d’actu

 

Quelle actualité locale avez-vous suivie cette semaine?

 

J’ai lu les controverses entourant le système de la proportionnelle pour les élections de Rodrigues.

 

Et sur le plan international ?

 

Tout ce qui entoure le BREXIT.