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Johnny Latour : «Il ne faut pas considérer les habitants de Roche-Bois comme des citoyens inférieurs»

Les habitants de Roche-Bois sont écartés du recrutement à la Cargo Handling Corporation Ltd. (CHCL). C’est ce que conteste Johnny Latour, leader du Groupe Zanfan Roche-Bois. Les membres de l’organisation crient à l’injustice sociale. Ils étaient une dizaine à manifester leur mécontentement devant le Parlement, le lundi 10 juillet dernier. La parole au leader du groupe…

Vous en êtes à votre 3e manifestation pour contester ce que vous appelez une injustice à l’encontre du Groupe Zanfan Roche-Bois concernant le recrutement au sein de la Cargo Handling Corporation Ltd (CHCL) au port. Est-ce que vos coups de gueule ont porté leurs fruits ?

 

Jusqu’à présent beaucoup de personnes nous ont menées en bateau. Nous sommes allés rencontrer les responsables qui s’occupent de ces dossiers. Nous nous sommes rendus à la CHCL. Nous avons été de bureau en bureau. Et on nous a demandé d’envoyer une liste de candidatures, ce qu’on a fait. Mais on attend toujours. Aucun de nos jeunes n’a trouvé de l’emploi là-bas. Selon des informations que j’ai eues, il semblerait que le prochain recrutement se fera le 1er août prochain.  Mais la façon de faire des responsables de ce dossier donne l’impression que les habitants de Roche-Bois seront tenus à l’écart de cet exercice.  

 

Pourquoi estimez-vous que ces postes reviennent aux habitants de Roche-Bois ?

 

Il y a une marginalisation des habitants de Roche-Bois. Un récent exercice de recrutement ne considère aucune candidature de la région. Ces postes nous reviennent, d’une part parce qu’on habite à proximité du port. Mais aussi parce que nos familles, nos pères, nos grands-pères ont travaillé dur, à la sueur de leur front au port. Depuis longtemps, c’était comme ça. Tout le monde le sait, ce sont des gens de Roche-Bois qui ont construit le port. 

 

Ce travail de general worker – «dékrosé, rékrosé, donn sinial» – ne demande pas de diplôme et cela permet à des familles entières d’avoir une source de revenus en l’absence de qualifications précises. Tout ce qui concerne un bateau, c’est notre domaine. Aujourd’hui, les enfants n’arrivent pas à trouver de l’emploi dans ce secteur. C’est dommage. Car nous avons les connaissance, laissées par nos grands-parents, qui nous ont transmis leur savoir-faire. Nous connaissons ces métiers et c’est pour cela que nous crions haut et fort que ces postes nous reviennent. 

 

Ils embauchent des gens venant de très loin, de Chemin-Grenier, Beau-Vallon ou encore de Mahébourg. Le travail c’est un droit. Il faut arrêter avec les injustices sociales. Il faut qu’ils arrêtent de voler notre gagne-pain. C’est une discrimination.

 

Pourquoi parlez-vous de discrimination ?

 

Qui mieux que nous, les habitants, pouvons savoir ce qui se passe dans le port ? Nous vivons là et nous voyons ce qui s’y passe. Tout se passe devant nous. On sait qui a besoin de travail, qui a postulé et qui attend toujours. Allez dans le port et voyez combien d’employés viennent de Roche-Bois. 

 

Et concrètement qu’avez-vous enclenché ?

 

Nous avons envoyé une correspondance au Premier ministre, vendredi.  Nous lui demandons une rencontre pour que nous puissions lui raconter notre détresse et pourquoi nous considérons que ce qui se passe actuellement est une injustice. On a l’impression de ne pas être écouté. On a l’impression que notre malheur n’intéresse personne. À cause de cette situation, beaucoup de personnes sont au chômage et n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins. Ce sont des familles entières qui souffrent et qui se retrouvent en difficulté. Il ne faut pas considérer les habitants de Roche-Bois comme des citoyens d’une catégorie inférieure. On a le droit de travailler et encore plus de travailler à des postes que nous connaissons et qui nous reviennent. On a notre savoir-faire. On a nos compétences. Il faut juste nous donner les moyens. Il n’y a pas que des choses négatives à Roche-Bois. Je dois souligner qu’il y a des lauréats qui viennent de notre région. 

 

Actuellement combien de zanfan Roche-Bois sont en attente d’un travail dans le port ?

 

Sur notre liste il y a actuellement 70 personnes qui attendent. On a mal au cœur quand on voit tout ce qui passe dans le port avec tous les développements et que nous nous sommes là à n’avoir rien à faire, tout simplement parce que d’autres personnes viennent nous voler nos emplois. Nous invitons les autorités à rendre publiques les adresses des personnes qui ont trouvé un emploi au port et de dire également qui les a embauchées. Sa gato la, nou kin  bat  so la pate, noun kwi li. Aster kan bizin partaz gato la, oken par nou pa gagne !

 

Qu’envisagez-vous de faire pour que ce que vous appelez une injustice soit corrigée ?

 

Nous espérons avoir une réaction de Pravind Jugnauth. Mais si rien n’est fait, si on ne nous donne pas l’impression qu’on nous écoute, on va descendre dans la rue avec nos familles pour réclamer justice. S’il le faut, on est même prêts à faire une grève de la faim.  Il faut qu’on nous assure que ces 70 personnes seront employées.  Nous avons aussi écrit au commissaire de police car nous envisageons de faire une manifestation à la gare du Nord. En tous les cas, nous recevons beaucoup de soutiens des Mauriciens dans cette bataille. 

 


 

Bio express

 

Âgé de 48 ans, Johnny Latour est papa de quatre enfants. Le leader du Groupe Zanfan Roche-Bois est un ex-employé dans le domaine de la sécurité. Il travaillait à l’Amicale de Port-Louis, l’ancienne maison de jeu qui a été détruite par un incendie criminel en 1999 :«J’ai reçu une médaille car j’ai aidé à sauver près de 80 personnes qui étaient en danger ce jour-là. J’avais même reçu un chèque de Rs 5 000 pour mon acte.»