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Jean-Philippe Jean, poignardé et brûlé dans son lit | Sa grand-mère : «Je ne comprends pas la raison de ce meurtre»

Il est décrit comme un père aimant par son entourage.

Elle l’a élevé comme son propre fils depuis le jour de sa naissance. Mais aujourd’hui, Marie-Josée Marius souffre atrocement de la disparition tragique de son petit-fils Jean-Philippe Jean qui a été poignardé et ensuite brûlé. Et cet acte barbare, elle ne peut l’expliquer car, dit-elle, son petit-fils n’avait pas d’ennemi.

La mort de son père ne lui a pas enlevé son sourire d’enfant. Quelques heures seulement après les funérailles de Jean-Philippe, Mégane, 8 ans, sourit naturellement. Car à son âge et souffrant d’un handicap physique – elle a perdu l’usage de ses deux jambes suite à une maladie quand elle avait 1 an –, la petite ne saisit pas tout ce qui se passe autour d’elle. Et elle réalise encore moins qu’elle ne verra plus jamais celui qui avait pour habitude, chaque matin, de la préparer pour aller à l’école. Les cheveux courts et ondulés, et vêtue d’une petite robe fleurie, Mégane se déplace à quatre pattes avant de faire un effort supplémentaire pour se glisser sur le canapé aux côtés de son arrière-grand-mère Marie-Josée Marius.   

 

C’est désormais cette dernière qui s’occupera de la fillette, sa mère l’ayant abandonnée peu de temps après sa naissance. Les larmes aux yeux, Marie-Josée Marius est terriblement bouleversée par la mort de son petit-fils Jean-Philippe Jean, 37 ans. Ce dernier a été poignardé à son domicile à Deux-Bras, New-Grove, le mercredi 5 avril. Mais pas seulement. Car son meurtrier a aussi mis le feu à son cadavre (voir hors-texte). L’atrocité avec laquelle ce crime a été commis choque encore plus l’entourage du jeune homme. En particulier sa grand-mère.

 

«Mon petit-fils n’avait aucun ennemi. Il était doux et gentil, et était aimé de tout le monde. Je ne comprends pas pourquoi on l’a tué aussi sauvagement et pour quelle raison», pleure Marie-Josée, 75 ans, dont les nombreuses interrogations restent pour l’heure sans réponse. 

 

Jacqueline Marquet, la mère de Jean-Philippe, est tout aussi bouleversée par le décès tragique de son aîné. Elle a appris la terrible nouvelle par un appel téléphonique. «Je n’arrive toujours pas à y croire. Notre dernière rencontre remonte à environ deux semaines. Il allait bien. Il était un père très protecteur et très aimant envers sa fille. Il avait tellement de projets pour elle», confie-t-elle, la voix cassée de chagrin.

 

Chanteur et musicien

 

Aîné d’une fratrie de trois enfants, il a été confié à sa grand-mère Marie-Josée dès le jour de sa naissance. «Je l’ai élevé et je l’ai aimé comme mon propre fils», avance Marie-Josée qui ne peut retenir ses larmes. Fréquentant l’école primaire de Rose-Belle, il est ensuite admis au collège Windsor Boys, situé dans cette même localité, jusqu’à l’obtention de son School Certificate. «Il ne voulait pas continuer le collège. Il a donc rejoint l’école technique de Saint Gabriel où il a étudié l’électronique. Mais il n’a pas terminé ses cours. Il était encore indécis à l’époque. Au final, il s’est inscrit à l’école hôtelière Sir Gaëtan Duval pour apprendre le métier de serveur», explique Marie-Josée qui n’a oublié aucun détail du parcours scolaire de son petit-fils.

 

Mais finalement, poursuit-elle, Jean-Philippe n’a pas fait carrière en tant que serveur dans l’hôtellerie mais comme chanteur et musicien. Passionné de musique, il a commencé très jeune à animer des soirées dans des hôtels de l’île. Et à en croire sa grand-mère, il était très doué pour cela. Comme en témoignent ses amis qui évoluent dans ce domaine (voir plus loin). «On le réclamait partout. Il avait une voix en or. D’ailleurs, en décembre 2016, il s’est même rendu à Dubaï pour animer une soirée dans un grand hôtel. Il est ensuite rentré au pays le 2 janvier. Il était un bosseur. D’ailleurs, il a aussi travaillé dans des centres d’appels.» 

 

S’il travaillait aussi dur, c’était aussi, explique Marie-Josée, pour que sa fille ne manque de rien. «Il a travaillé dans plusieurs centres d’appels avant de créer son entreprise dans ce même domaine. Son business a marché pendant dix mois environ. Ensuite, il a dû mettre la clé sous le paillasson», se désole-t-elle. 

 

Mais pourquoi a-t-il été tué et de manière aussi atroce ? Ni Marie-Josée, ni Jacqueline Marquet ne peuvent se l’expliquer. Selon ces dernières, Jean-Philippe n’avait aucun ennemi. Timide et très réservé, il n’était pas, disent-elles, du genre à s’attirer des ennuis. «La musique lui a permis de s’ouvrir au monde et de s’affirmer un peu plus. Mais Jean-Philippe est resté un grand timide qui passait son temps à travailler ou à s’occuper de sa fille à la maison. Sinon, il aimait surfer sur le Net ou regarder un match de foot avec ses amis», fait ressortir Jacqueline Marquet. 

 

Elle précise que le plus grand rêve de son fils était de voir sa fille Mégane se tenir un jour sur ses jambes et marcher. «Elle a été opérée d’une jambe à l’hôpital du Nord l’année dernière et elle arrive un peu à se tenir dessus. Cette année, elle doit subir une intervention à l’autre jambe. Elle pourra ensuite marcher. Son père attendait ce moment avec impatience», lâche Marie-Josée, d’une voix tremblante. Hélas, Jean-Philippe ne vivra pas ce moment qu’il attendait tant.

 

La police explore plusieurs pistes

 

Le ou les meurtriers de Jean-Philippe Jean couraient toujours dans la nature à l’heure où nous mettions sous presse. À ce stade de l’enquête, la police n’écarte aucune piste et a déjà interrogé plusieurs personnes, dont un jeune homme qui avait porté plainte pour agression sexuelle contre la victime. Interrogé, celui-ci a fourni un alibi et a été autorisé à rentrer chez lui. Par ailleurs, l’enquête a aussi révélé qu’un couteau de cuisine avait disparu de la maison de Jean-Philippe Jean. Elle pourrait avoir été utilisée pour le poignarder. Il a reçu un coup de couteau au cou et à l’estomac. Selon le rapport de l’autopsie, c’est ce qui aurait entraîné la mort du jeune chanteur dont le corps a aussi été brûlé par son agresseur. Le téléphone portable de la victime a été saisi par la police afin d’analyser son contenu. Car selon une proche de Jean-Philippe Jean, qui a été entendue par les enquêteurs, la victime aurait reçu des menaces vers la fin de 2016. D’autres interrogations sont à prévoir. L’enquête se poursuit.

 

Hommage émouvant de ses amis

 

Dans l’entourage du musicien, le choc se mêle à l’incompréhension. Car tous décrivent Jean-Philippe Jean comme quelqu’un de doux et de pacifique. Cédric Arlanda est de ceux qui l’ont côtoyé de près. Ce bassiste originaire de New-Grove explique que la victime était un excellent musicien qui a fait ses débuts dans une chorale. «À une époque, il accompagnait mon père qui est aussi musicien. Il venait souvent chez moi pour les répétition car mon père avait une école de musique. Nous avons été témoins de son talent et de son succès», explique Cédric Arlanda, très attristé par la mort tragique de son ami. Depuis quelque temps, dit-il, Jean-Philippe avait réussi à monter son groupe musical et était très demandé dans les hôtels de l’île. 

 

Luco Romain, un autre ami du jeune homme, abonde dans le même sens. «Il laisse sa petite équipe derrière lui. Pourtant, tout avait bien commencé et son travail était très apprécié et valorisé dans le domaine de l’hôtellerie.» À l’en croire, Jean-Philippe n’avait pas d’ennemi. «Son plus grand rêve était de voir sa fille se tenir debout sur ses jambes. C’était sa seule préoccupation. D’ailleurs, j’étais admiratif devant tout ce qu’il faisait. Il avait des projets. Il voulait devenir propriétaire d’une maison, entre autres.» Mais le destin, cruel, en a décidé autrement.