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Jean-Margéot Ravina : «Maurice est loin d’être l’eldorado pour les Rodriguais»

Jean-Margéot Ravina : «Maurice est loin d’être l’eldorado pour les Rodriguais»

Il est le second Rodriguais à occuper le poste de président du groupe Solidarité Rodrigues, après Fock Seng Ho Tu Nam. Pour Jean-Margéot Ravina, élu en février, les Rodriguais qui quittent leur île en vue d’un meilleur avenir sur le sol mauricien ne sont pas encadrés. Afin de mieux répondre à leurs besoins, il a un plan bien établi mais qui nécessite l’appui du gouvernement central.

Quelles sont vos priorités en tant que président du groupe Solidarité Rodrigues ?

 

Ce groupe existe depuis 2011. Un gros travail a été fait avec le président sortant qui s’est retiré pour des raisons de santé. Je vais continuer ce qui a déjà commencé. Ma priorité et celle du groupe Solidarité Rodrigues étaient d’avoir un bureau avec une personne employée en permanence afin de pouvoir assurer un bon travail au quotidien, d’accueillir et de guider les Rodriguais dans leurs démarches. C’est quelque chose qui est sur le point de se concrétiser. Nous avons notre bureau qui se situe à Port-Louis, au centre Misereor, là où se trouve Caritas, en face du Champ de Mars. Il y aura une secrétaire sur place trois fois par semaine, le mardi, le jeudi et le samedi, de 9h30 à 15h30. On n’a hélas pas les moyens financiers d’opérer le bureau à plein-temps.

 

Comment comptez-vous financer vos projets à venir si vous ne pouvez pas opérer un bureau à plein-temps ?

 

Mieux vaut faire quelque chose avec peu de moyens que de ne rien faire. Déjà, nous avons eu une aide de la CSR Foundation. Mais c’est très loin de suffire par rapport au nombre de défis que nous avons à relever. Mais heureusement, il y a des donateurs qui nous aident financièrement de temps à autre. Des Mauriciens et des Rodriguais qui ont à cœur notre mission et notre combat.

 

Parlez-nous de votre mission et du combat du groupe Solidarité Rodrigues.

 

C’est un fait que les Rodriguais quittent leur île en masse pour vivre à Maurice. Mais une fois sur place, c’est la désillusion. Et ils se rendent compte que l’île Maurice est loin d’être l’eldorado. Il faut survivre et le Rodriguais se fond dans la masse, range ses habitudes, oubliant par la même occasion sa culture. Les fausses promesses les rendent vulnérables. Surtout pour les femmes à qui on promet un emploi décent. Une fois sur place, elles se retrouvent dans un réseau de prostitution. Le Rodriguais est victime de trafic humain. Et beaucoup ne connaissent pas leurs droits et ne savent pas vers qui se tourner. Le groupe Solidarité Rodrigues veut justement être la première instance vers laquelle le Rodriguais va se tourner.

 

Quel est votre plan d’action ?

 

Le travail doit commencer à Rodrigues. Il faut sensibiliser les Rodriguais quant à leurs droits. Leur expliquer les difficultés auxquelles ils auront à faire face et les pièges à éviter. Ils ne peuvent pas tout quitter sans être préparés. Cela doit cesser. Pour ce faire, nous travaillons en collaboration avec l’Assemblée régionale de Rodrigues. Ici, le groupe Solidarité Rodrigues a comme mission de guider les Rodriguais dans leurs démarches, de les accompagner et de les encadrer. De plus, le gouvernement Lepep a parlé du projet de mettre sur pied une maison de Rodrigues dans son manifeste électoral. Nous souhaitons vivement que cela devienne une réalité. 

 

Quel type d’encadrement proposerez-vous ?

 

Il faut d’abord comprendre que, dans chaque région à forte concentration rodriguaise, les réalités et les défis à relever ne sont pas les mêmes. Donc, il faut un encadrement adapté qui répondra aux besoins de chaque localité. Par exemple, à Bambous, des enfants sont livrés à eux-mêmes. Non scolarisés, ils arpentent les rues pour tuer le temps. C’est un problème auquel on compte s’attaquer en mettant sur pied des activités culturelles et des formations à l’emploi. À Cité La Cure par exemple, c’est le problème de logement qui fait rage. Des familles entières vivent dans des maisons en mauvais état et dans des conditions pas très hygiéniques. Nous avons besoin du support du gouvernement pour faire bouger les choses. Alors qu’à Roche-Bois et Baie-du-Tombeau, c’est la drogue. Dans chaque quartier, nous avons des travailleurs de terrain qui identifient les familles en difficulté et nous leur proposons notre aide.

 

Ce serait donc le manque d’emploi qui motive les Rodriguais à venir à Maurice. Pourtant, récemment, Serge Clair a lancé un appel aux Rodriguais en leur demandant de rentrer chez eux car le pays fait face à un manque de main-d’œuvre, notamment pour les travaux de maçonnerie. Quel est votre avis sur le sujet ? 

 

Ce sont des emplois contractuels et dont la durée est indéterminée. Le Rodriguais veut un emploi fixe et la sécurité d’emploi. C’est ce qu’il manque à Rodrigues. À Maurice, il y a plus d’opportunités. Mais avec beaucoup de défis. C’est pour cela que nous voulons préparer les Rodriguais à mieux organiser leur avenir. Et la formation est l’outil de base. Bientôt, nous allons organiser une formation qui se tiendra à Chamarel. On parlera de l’entrepreneuriat à Maurice, de comment lancer un business et le gérer, des formations à l’emploi disponibles à travers l’île et des pièges à éviter, entre autres. On demande à tous ceux qui sont intéressés de nous contacter via notre page Facebook Solidarité Rodrigues ou de m’appeler directement au 5971 0476.

 


 

Bio express

 

Jean-Margéot Ravina a fait ses études au collège Le Chou, à Rodrigues. Vivant à Maurice depuis 14 ans suite à une formation à la vie religieuse, ce passionné du social s’est engagé dans la lutte pour le respect des droits des Rodriguais sur le sol mauricien au sein du groupe Solidarité Rodrigues. Ayant fait des études par correspondance en journalisme, il exerce actuellement en tant qu’éducateur auprès des enfants.