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Jayraj Sookur trouvé coupable du meurtre de Stacey Henrisson : Tristesse, soulagement, choc et colère

Jayraj Sookur sera fixé  sur sa sentence le jeudi 11 fevrier.

Poursuivi aux assises pour le meurtre de sa belle-fille Stacey Henrisson, Jayraj Sookur a été trouvé coupable par les membres du jury à une majorité de sept contre deux. Celui qui tout au long de son procès n’a laissé transparaître aucune émotion est resté impassible dans le box des accusés lors de l’annonce du verdict, alors que des membres de sa famille venus le soutenir n’ont pu contenir leurs larmes. Les proches de la jeune victime, eux, savouraient enfin le goût de la justice. Retour sur cette terrible affaire qui a coûté la vie à une adolescente de 17 ans qui avait toute la vie devant elle.

Dans le box des accusés, l’homme reste stoïque. Les yeux tantôt rivés sur le juge Benjamin Marie Joseph, tantôt en fixant un à un les membres du jury, Jayraj Sookur fait face à son destin. Vêtu d’une chemise et d’un pantalon blancs, il ne laisse paraître aucune émotion. Dans la salle, assise aux côtés de sa tante Anita Sookur, Marissa, la fille de l’accusé, tente par tous les moyens de croiser le regard de celui-ci.

 

Mais en cet après-midi du 5 février, contrairement à l’attitude affichée envers sa fille tout au long du procès, Jayraj Sookur se garde d’échanger le moindre sourire ou regard avec celle qui l’a toujours soutenu et qui a toujours clamé son innocence dans cette affaire.

 

À 15h15, le silence s’impose dans la salle d’audience de la cour suprême lorsque les neuf membres du jury font leur entrée. Ils ont délibéré pendant plus de deux heures. Daniel Monvoisin, principal enquêteur dans le cadre du meurtre de Stacey Henrisson, assis aux côtés de Lisette Pushparathan et Hugues Vitry, des témoins de la poursuite, est sur le qui-vive. À 15h17, le verdict tombe enfin. Jayraj Sookur est trouvé coupable du meurtre de Stacey Henrisson à une majorité de sept contre deux.

 

Jayraj Sookur, lui, ne fléchit pas. Face au verdict, il reste impassible, presque indifférent.  Dans le camp des Sookur et celui des Henrisson, les émotions sont partagés. Les yeux remplis de larmes, Marissa Sookur laisse exploser sa tristesse. Affalée sur un banc dans la salle no 4, elle laisse les larmes couler sur son visage tandis que ses proches essaient tant bien que mal de la consoler. En vain. Pendant ce temps, son père échange quelques mots avec son avocat, Me Avinash Raj Dayal, avant d’être reconduit en prison sous forte escorte policière. Là encore, l’homme n’échange pas, un seul instant, le moindre signe ou regard avec sa fille Marissa.

 

Lisette Pushparathan et Hugues Vitry, qui avaient témoigné lors de ce procès, sont soulagés et tristes.

 

La mère de Stacey Henrisson, elle, est absente. Elle ne s’est pas déplacée pour entendre le jugement contre son mari pour le meurtre de sa fille. Clude Henrisson, l’oncle et le parrain de la victime – c’est le frère du père de Stacey –, est, lui, bien présent. Il se réjouit que justice ait été rendue. Mais concède que cela ne ramènera pas celle qu’il a toujours appelée son «bébé». «Elle avait toute la vie devant elle. On la lui a arrachée de manière violente et affreuse à cause de son argent. Même condamné, ce criminel obtient gain de cause en quelque sorte. C’est sa femme Béatrice et leur fils qui vont hériter de la maison de Stacey», lâche Clude Henrisson, en colère.

 

Un autre proche de l’adolescente, Bhavick Ramphul, visiblement ébranlé, préfère garder le silence après la condamnation du meurtrier de celle qu’il considérait comme sa «petite sœur». Il a bien connu la jeune fille quand elle habitait à Pointe-aux-Canonniers, tout comme lui. Lisette Pushparathan aussi était une voisine de la famille Henrisson du temps où le père de Stacey était toujours vivant et que l’adolescente vivait avec lui. Pour elle, c’est un soulagement car Stacey, dit-elle, peut désormais reposer en paix. «C’était une fille géniale. Un peu garçon manqué. Mais elle était généreuse et avait la joie de vivre. Elle n’avait manqué de rien dans la vie jusqu’à la mort de son père. Sa vie a alors complètement changé. Celle qui aurait dû la protéger envers et contre tout a failli à son devoir», dit-elle, faisant allusion à Béatrice Rouillon-Sookur, la mère de Stacey.

 

D’ailleurs, l’absence de cette dernière en cour n’est pas passée inaperçue le vendredi 5 février. Cela n’arrange en rien l’opinion de ceux qui croient dur comme fer qu’elle serait en partie responsable de la mort de sa fille. À l’instar d’Hugues Vitry, un autre voisin à Pointe-aux-Canonniers, qui avait déclaré en cour que «l’une des enseignantes de Stacey avait probablement bien plus d’affection pour cette dernière que sa propre mère».

 

Confrontation

 

Et après le verdict, l’homme a maintenu ses dires. «Stacey était en danger. Je lui ai conseillé de dire à sa mère ce qui se passait. Mais celle-ci l’a confrontée à son beau-père et elle n’a rien pu dire. Aujourd’hui, Stacey n’est plus de ce monde et c’est sa mère qui habite dans sa résidence à Pointe-aux-Canonniers», confie-t-il tristement.

 

Nous nous sommes également rendus à Pointe-aux-Canonniers afin de connaître le sentiment de Béatrice Rouillon-Sookur après l’énoncé du verdict. Mais son fils, né de l’union entre elle et Jayraj Sookur, nous a affirmé qu’elle ne se trouvait pas à son domicile alors que sa voix résonnait à l’intérieur de la maison.

 

La mère de Béatrice Rouillon-Sookur, Margaret Rouillon, qui était elle aussi présente apparemment, n’est pas sortie non plus. Quoi qu’il en soit, elle nous avait déclaré, dans un entretien en décembre dernier, qu’elle souhaitait que Jayraj Sookur obtienne «la sentence maximale».«La cour ne doit avoir aucune pitié envers lui. Il l’empêchait de venir me voir alors que ma maison est située juste derrière la sienne», nous avait-elle confié.

 

Clude Henrisson, le parrain de la victime, se réjouit que justice a été rendue à son «bébé».

 

Le cadavre de Stacey Henrisson avait été retrouvé dans un ravin à Plaine-Champagne le 13 mai 2012. Quelques jours plus tôt, le 5 mai, elle avait été tuée par son beau-père qui a ensuite sollicité l’aide de son homme de main, Ramdassen Tany, pour se débarrasser du son corps. Ce dernier a été condamné il y a quelque temps à purger un an de prison dans cette affaire. La raison de ce meurtre serait l’héritage laissé à la jeune fille par son père Wills Henrisson, mort de maladie, estimé à plusieurs millions de roupies. Jayraj Sookur voulait faire main basse sur les biens de sa belle-fille.

 

Passionnée par la plongée sous-marine et la photographie, entre autres, Stacey Henrisson, élève au Lycée des Mascareignes, a été tuée de sang-froid, comme si sa vie «n’avait pas la moindre importance», comme l’avait précisé Me Mehdi Manrakhan lors de sa plaidoirie. Demain, lundi 8 février, Stacey aurait fêté ses 21 ans. Mais un homme, du nom de Jayraj Sookur, en a décidé autrement.

 


 

Sanjeev Nunkoo présent au procès : «On s’est fait des confidences en prison»

 

Sa présence n’est pas passée inaperçue en cour d’assises le vendredi 5 février. Lui, c’est Sanjeev Nunkoo, poursuivi aux assises pour le meurtre d’Hélène Lam Po Tang et trouvé non coupable par les membres du jury. «On s’est fait des confidences en prison. C’est tout ce que je peux vous dire», nous a-t-il répondu. Mais était-il là pour soutenir Jayraj Sookur ? À cette question, Sanjeev Nunkoo fait ressortir qu’il est «neutre», avant d’entamer la conversation avec les membres de la famille de l’accusé. Toutefois, Jayraj Sookur, lui, a été freiné dans son action de serrer la main de son «ami» avant de faire son entrée dans la salle no 4 pour l’annonce du verdict. «Pa vinn la, ena zournalis la»,lui a lancé Sanjeev Nunkoo alors que Jayraj Sookur, l’air hébété, n’a eu d’autre choix que de poursuivre son chemin sous forte escorte policière.

 


 

Jayraj Sookur, de «docteur» à criminel

 

Dans son entourage, personne ne le croyait capable de telles atrocités. Car dans le petit village de Bonne-Mère, où vivait Jayraj Sookur avant le meurtre de Stacey Henrisson, celui-ci était un homme respecté et apprécié. Connu sous le sobriquet de «docteur» pour les soins qu’il dispensait au centre Myassa, annexé à son domicile, ce Master Healerde profession porte désormais l’étiquette de criminel. Il a été jugé coupable du meurtre de sa belle-fille Stacey Henrisson. Jayraj Sookur est père de deux enfants. L’aînée, Marissa, est issue de l’union entre Jayraj Sookur et une Japonaise qui aurait «disparu du jour au lendemain», selon Ramdassen Tany, alors que sa fille était âgée de 2 ans seulement.

 

Béatrice Rouillon-Sookur était absente en cour vendredi lors de l’énoncé du verdict.

 

Plusieurs années plus tard, il rencontre Béatrice Rouillon-Henrisson qui porte à l’époque le nom de son premier mari, Wills Henrisson. Celle-ci, qui souffre de quelques complications de santé, est soignée par le «docteur» jusqu’à ce qu’une relation amoureuse naisse entre eux et se concrétise par la suite dans un mariage. De cette union, naîtra l’unique fils du couple. À la mort de Wills Henrisson, le père de Stacey, Béatrice Rouillon-Sookur donnera les pleins pouvoirs à Jayraj Sookur en le désignant comme le tuteur légal de la jeune fille, devenue alors l’unique riche héritière de son défunt père.

 

Un héritage qui était, hélas, convoité par Jayraj Sookur au point de le faire basculer du statut de «docteur» à celui de criminel.

 


 

La sentence prononcée ce jeudi 11 février

 

Jayraj Sookur a été jugé coupable du meurtre de Stacey Henrisson à une majorité de sept contre deux par les membres du jury lors de son procès aux assises. Toutefois, le juge Benjamin Marie Joseph prononcera la sentence le jeudi 11 février. On saura alors à combien d’années sera condamné celui qui a tué sa belle-fille le 5 mars 2012.