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Grosses averses : Ces malheureux de la pluie

Reaz et Aurélie racontent leur détresse.

Ils disent vivre un véritable calvaire, et cela, à chaque fois qu’il pleut. Victimes d’accumulations d’eau et d’inondations, ils nous confient leur détresse et leur colère face à cette situation qui, disent-ils, a trop duré...

Il pleut dans leurs cœurs comme il a plu sur Maurice ces derniers jours. Ils sont nombreux, les Mauriciens qui, au cours de la semaine écoulée, se sont réveillés les pieds dans l’eau… boueuse, victimes d’inondations et d’accumulations d’eau dans leurs maisons et dans leurs cours. Mais ce qui s’est passé cette semaine, après les grosses averses qui se sont abattues sur l’île, n’est malheureusement pas nouveau pour eux…

 

Ils stressent à chaque fois que des nuages gris envahissent les cieux. Ils sont tourmentés à chaque période de pluie et sont angoissés à chaque alerte de pluie torrentielle. Puisque qu’ils vivent, disent-ils, un véritable calvaire, à chaque fois qu’il pleut.

 

Sashikala et Kokil Boodhoo en savent quelque chose. Voilà 40 ans qu’ils ont construit leur nid d’amour à Chitrakoot, Vallée-des-Prêtres. Mais, depuis quelques années, avec la menace de glissement de terrain qui pèse sur la région, ils sont, disent-ils, ils sont sur le qui-vive à chaque averse. «On est habitués maintenant. C’est toujours la même chose quand il y a de grosses averses. L’eau dévale la montagne et submerge notre cour», nous confie Sashikala, 65 ans. Les torrents d’eau de ces derniers jours, lui ont donné beaucoup de travail, dit-elle. «On a tout fait pour se protéger. On a même construit un mur, mais rien n’y fait. Cette semaine encore, on a dû surveiller la montée des eaux et faire en sorte qu’elle ne pénètre pas la maison.» Prenant son courage à deux mains, Sashikala s’est retroussée les manches pour évacuer l’eau de sa cour : «On craint vraiment cette saison car on ne sait pas comment régler ce problème.»

 

Depuis 2005, beaucoup d’habitants de Chitrakoot, confrontés aux affaissements de terrains, se sont mis à lancer des appels à l’aide aux autorités. Comme les Boodhoo, ils sont nombreux à être exaspérés par cette fatalité qui les frappe une énième fois. Ces personnes «en colère» ne savent plus sur quel pied danser. Les récentes averses les ont beaucoup affectées. «À quatre heures du matin, vendredi, on était tous réveillés, les adultes comme les enfants, car l’eau menaçait de rentrer dans la maison», lance Sanjay Lachoomun. Il n’hésite pas à décrire la montée des eaux comme une bête destructrice à leurs trousses.

 

Sa famille et lui  essayent de trouver des solutions pour que les accumulations d’eau ne les atteignent pas. «On n’a pas cessé d’alerter les autorités. On attend toujours qu’une solution soit trouvée pour éviter que l’eau de la montagne n’envahisse notre cour. On n’arrête pas avec les dépenses. Car souvent, il y a des dégâts qu’il faut réparer. Et, en l’absence d’aide, on puise dans nos économies pour consolider la maison par peur qu’elle ne s’effondre», s’exclame pour sa part Satish Lachoomun, le frère de Sanjay. Avec cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête à chaque saison de pluie, c’est la vie de la famille qui est bouleversée. «Nous vivons avec frayeur et je ne vous parle pas des enfants qui sont aussi perturbés par tout cela», souligne Reshma, l’épouse de Sanjay Lachoomun. L’exaspération s’entend dans sa voix et elle espère vivement que les grosses averses cessent rapidement.

 

Impuissante

 

Même scène de désolation à Caro Lalo, à Vallée-des-Prêtres. Là aussi, la terre s’est mêlée à l’eau. Une mare noirâtre stagne. Reaz Eadally, bottes en caoutchouc aux pieds, essaye de trouver une solution pour accéder à sa maison. «L’eau accumulée est sale et profonde par endroits. Ce n’est pas sain d’y patauger. Je place de grosses pierres pour nous permettre de traverser cette mare», nous dit-il. Son épouse assiste à la scène, impuissante.  «On emménage le 15 janvier et cette situation est vraiment difficile pour nous», nous confie la jeune mère de famille.

 

Si pour eux cette situation est nouvelle, pour les voisins, c’est un cauchemar qu’ils revivent à chaque grosse pluie. «Il y a certes eu des travaux et des aménagements, mais le problème persiste. Cela nous bouffe notre énergie et notre santé. À chaque grosse averse, on se retrouve avec des accumulations d’eau dans la cour, ce qui nous empêche de circuler. Et, dans les pires situations, l’eau inonde notre maison et abîme nos effets personnels», lance Catherine Dauhoo, excédée par cette énième inondation chez elle.  «J’élève des bêtes et j’ai un poulailler. Et, j’en ai perdu beaucoup avec la montée des eaux. Dans certaines situations, j’ai dû nager pour aller sauver mes poules.» Elle espère une action des autorités. Ses voisins la soutiennent dans sa détresse et sont tout aussi «furieux» qu’on ne leur vienne pas en aide.

 

Idem à cité-La-Cure. Linda et Aurélie Pauline, des habitantes de cette localité, réclament, elles aussi, de l’aide. Pour crier leur dépit face à la montée des eaux chez elles, mère et fille ont voulu alerter les autorités en allant au poste de police d’Abercrombie, vendredi. «Il faut qu’ils viennent voir notre situation», s’écrie Aurélie devant les dégâts causés par les eaux. Tant d’autres, réduits à l’impuissance face aux inondations qui affectent leurs localités, ne peuvent que laisser ruisseler les larmes qui débordent…