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Grand oral de Pravind Jugnauth : Bidze-la ki pe dir ?

Le Premier ministre et ministre des Finances a réalisé son exercice financier pour 2018-2019.

Le Premier ministre et ministre des Finances s’est lancé dans son exercice annuel, cette semaine. Alors, ça a donné quoi ? Petite virée dans l’île pour tâter le pouls des Mauriciens.

«Pe fer la bous dou sa !» Réaction sans sucre d’une personne croisée dans un bar, qui célèbre la non-majoration du prix des boissons alcoolisées… pour une fois. Au lendemain du grand oral de Pravind Jugnauth, le jeudi 14 juin, il s’improvise analyste politique et reprend les termes des observateurs habituels : «Budget électoraliste», «Premier ministre en campagne électorale»... Entre cérémonie d’ouverture de la Coupe du Monde et petit drink, il a trouvé le temps de retenir l’essentiel – pour lui – de l’exercice budgétaire 2018-2019. D’autres ont accueilli la baisse du tarif de la bonbonne de gaz ou encore l’assurance que le prix de l’eau n’augmentera pas. La baisse du carburant a, elle, fait jaser !

 

Nous avons donné la parole à ces gens croisés dans ces lieux emblématiques du koz-koze ; anba laboutik, lor laplaz, dan enn bar, kot kwafer et marsan legim. Un moyen de partager des conversations informelles, d’écouter les ressentis des Mauriciens et de goûter aux ambiances post-discours budgétaire. Si les préoccupations de ceux que nous avons rencontrés n’étaient pas axées sur le grand oral de Pravind Jugnauth (ah, ce fameux ballon rond, star du moment !), il a été possible de grappiller quelques commentaires. Dans ces pages consacrées au Budget, vous découvrirez également un zoom sur les mesures qui touchent les Mauriciens (mais aussi celles qui étaient absentes du Budget et une, en particulier, qui ferait peur) et les réactions des habituels commentateurs de cet exercice annuel.

 

En attendant, prenez la route avec nous et rendez-vous à la plage de Péreybère pour le premier stop…

 

«Kot marsan legim»

 

Anita Haton sert des légumes à Melina.

 

Brouhaha de fin d’après-midi sur la route principale de Rose-Belle. Mélodie urbaine en klaxons majeurs. Cacophonie de conversations, de bruits d’autobus et de musique techno. Et là, dans une petite ruelle, l’étal de légumes d’Anita Haton (juste en dehors de son magasin où elle vend chaussures et accessoires : ena zis tou). Pommes d’amour, piments et oignons, entre autres légumes, apportent des touches de couleur à l’ensemble un peu terne. Et la marchande de legim/soulie/akseswar aussi : «Les gens disent que le Budget est bien. Que la baisse du gaz est une bonne chose. Mais, en même temps, ils s’inquiètent un peu.» Comment ça ? «Zot pe dir lartik pann monte, savedir pe kouyonn zot. Donn ou enn dizef pou pran enn bef», poursuit-elle, en nous interrogeant sur l’augmentation ou non de la pension de vieillesse et en s’attristant de notre réponse. Melina est venue prendre quelques légumes pour le dîner en rentrant du boulot. Du Budget, elle n’a pas entendu grand-chose dit-elle. Au boulot, on parle plutôt de foot, en ce moment. Mais elle va s’y intéresser pendant le week-end… quand elle aura un peu de temps.

 

«Lor laplaz»

 

Une petite pause pour Maxime Charlot, Bryan Azie, Jude Matadeen et Rex Colimalay.

 

Soleil d’été, douceur de début d’hiver. Touristes qui bronzent, chiens errants qui prennent les rayons et font les poubelles. Et mer qui chante touzour mo pe la, avec son bleu turquoise à donner envie d’être en vacances. Dans un petit coin, loin des odeurs de nourriture, à l’ombre d’un arbre, un groupe de copains s’offre une petite pause palab sur la plage de Péreybère où ils sont skippers. Côté musique, c’est Stir it Up de Bob Marley. Et il n’est pas question du Budget. «Nou koz zis football. L’Arabie saoudite inn gagn bate par 5-0», confie Maxime Charlot. Le discours de Pravind Jugnauth ? «On n’a pas écouté. Il n’y a que le football là», poursuit notre interlocuteur. Oui, concède-t-il, c’est important. Mais il y a des priorités : le ballon rond ! Ses copains acquiescent. «De toute façon, on sait que la cigarette et l’alcool ont monté, pena pou dir sa, tou le lane, mem zafer», lance Bryan Azie. Nous sommes donc obligés de les contredire et de mettre les briquets… sur les paquets. Et là, goaaal. Ils sont contents ! Jude Matadeen exulte : «Labier pann monte ? Enn mari nouvel sa !» Et Jude Matadeen prédit : «Savedir gouvernman pou gagn lot eleksion sa»…

 

«Dan enn restoran-bar»

 

Ramsay Baloomoody est le proprio de cet endroit mythique.

 

Dans la vitrine à gajak : lezel frir, dizef roti et salad lalo, entre autres. Sur l’étagère… on vous laisse deviner. Sur l’écran, les dernières minutes du match Égypte-Uruguay. Le restaurant-bar Baloomoody, qui existe depuis 118 ans, est une institution à Curepipe pou bat enn ti zafer. Derrière le comptoir, le proprio, Ramsay Baloomoody : «Mes habitués sont contents que les prix de l’alcool et de la cigarette n’ont pas monté. C’est comme si c’était une baisse !» C’est un peu Noël, alors. Une raison pou aroze ar pwa ! Assis à des tables, quelques habitués, même s’il est encore un peu tôt, pour que ce soit la grande foule. Ici, on refait le monde et on s’offre une escapade. «Isi mo pli trankil. On parle du travail, de la famille, de football et de politique», confie Adam Posun. Du Budget, il retient les mesures pour la sécurité routière : «C’est une bonne chose. Il ne faut pas conduire et boire en même temps.» Intéressé par le mouvement, un monsieur qui ne dira pas son nom, verre à la main (certainement pour faire fuir la fraîcheur de ce début de soirée), veut discuter politique en mode lalang maye. Ce Budget kado est une stratégie pour une réélection : «Ki pou gagne pli devan ? Ça, on ne sait pas !» Jean-Pierre, lui, ne veut rien dire. Qu’on le laisse seul avec son petit drink : «Pa koz bidze, pann ekoute.»

 

«Kot kwafer»

 

Indranee Dookhan apporte la dernière touche à la coiffure de Steward Camargue.

 

Salon rempli, coiffeur happy ? En ce début d’après-midi à Flacq, c’est la grosse affluence au Salon de coiffure Sunil, là où on peut faire brushing «defrizan», «permanent» et waving. Ambiance rétro pour ce lieu koup seve traditionnel qui existe depuis 75 ans, avec peinture effet bois, miroirs vintage et coupe à Rs 75. Aux commandes : Indranee Dookhan qui a repris la petite baz de son père. Depuis ce matin, elle entend souvent un commentaire de ses clients. Et il concerne l’essence : «Selon eux, le prix du carburant a trop monté mais n’a pas baissé de la même façon. Ils trouvent ça injuste.» Steward Camangue de Poste-de-Flacq, qui s’est offert un petit taye raze, n’a pas entendu le même son de ciseaux : «Je travaille sur un filling et les gens semblent être contents.» Il se regarde dans le miroir et, satisfait, reprend le cours de sa journée. Jean-Charles Thomas est le prochain à passer. Pour lui, le gouvernement «pe fer dominer» avec ceux qui, comme lui, s’occupent de collecter du scrap metal : «Pas un mot pour nous dans ce Budget et pour les entreprises qui récupèrent les métaux. C’est bien dommage !»

 

«Anba laboutik»

 

Kersley Mamode, James Spéville et Ondo Mélisse ont partagé une petite conversation.
 

 

Petite brise sur Bambous. Le début de la nuit accueille une baisse de température. Le soleil a tiré sa révérence. Restent quelques traits orangés dans le ciel sombre. Anba laboutik, c’est toute une vie d’après-boulot qui se déroule. Et à chaque début de soirée, James Spéville, opérateur de JCB, vient rejoindre ses amis sous la varangue du Mangue Vert Doux Store : «Se nou baz zwenn pou kas enn poz.» C’est une habitude, un rituel. Et le Budget, ça alimente les conversations : «Le prix de certaines choses ont baissé, oui, mais bann lezot zafer pou monte. C’est tout le temps comme ça. On n’a aucun contrôle.» Ondo Mélisse, enn kamwad, est bien de cet avis. Le maçon qui habite Bambous hoche la tête et lance des «sa we» pour le montrer. Et dans le mouvement, Kersley Mamode, qui travaille dans un hôtel de Flic-en-Flac et qui attend son bus pour Quatre-Bornes, se joint à la conversation. On échange et on parle de la stratégie des politiciens, des problèmes des ti dimounn, si éloignés de leurs calculs et de ce panier rasion qui devient de plus en plus cher. Des opportunités bouchées. Ça s’anime, ça discute à la lueur des lampadaires… jusqu’à ce que le bus pour Quatre-Bornes arrive.

 


 

Réactions

 

Xavier-Luc Duval : «Se enn bidze a demi kwi, prepare par bann novis dan enn lakwizinn mal eklere ! Pravind  Jugnauth inn fail. L’industrie sucrière est aux soins intensifs, le textile est menacé par la mondialisation. Nous attendions des mesures concrètes pour ces secteurs mais rien (…) Qu’arrivera-t-il au prix des terrains si des étrangers achètent la nationalité mauricienne et le passeport ?»

 

Paul Bérenger : «Se enn bidze panadol. Il y a plusieurs mesures électoralistes. La baisse des carburants est ridicule. Et concernant le tarif de l’eau, tou seki Collendavelloo inn dir, fioup akoz eleksion pre (…) Pravind Jugnauth crée des illusions et donne de faux espoirs. Il joue avec l’avenir du pays et des jeunes.»

 

Shakeel Mohamed : «C’est un Budget où il n’y a rien de concret (…) Pravind Jugnauth joue avec l’avenir du pays avec la vente du passeport mauricien. Eski pou ena check and balances pou evit enn lot epizod Sobrinho ankor ? (…) Pas un mot également sur les récents scandales qui ont frappé le secteur bancaire et qui impliquent une banque locale.»

 

Alan Ganoo : «Beaucoup de mesures sociales et populistes. N’empêche, le Budget 2018-19 est décevant et c’est de l’unfinished business. Il ressemble à un manifeste électoral (…) En ce qui concerne l’eau, hormis le désaveu du Premier ministre vis-à-vis du no 2 du gouvernement, le Budget ne dit rien sur la stratégie pour la réforme dans le secteur

de l’eau.»

 

Kobita Jugnauth : «C’est un Budget très humain. Il a pris en considération les soucis des familles mauriciennes. En même temps, ce Budget est visionnaire, je retiens deux mesures : celles sur l’environnement et concernant la taxation pour les familles de la classe moyenne.»

 

Cédric de Spéville : «L’exercice budgétaire 2018 est encourageant. Il s’agit d’un Budget très social, comportant des mesures intéressantes pour la formation des jeunes et l’intégration des femmes. Toutefois, une mise en œuvre coordonnée, et en partenariat, des mesures reste clé.»

 

Rashid Imrith : «Le Budget contient de bonnes mesures et vient consolider certains projets mis sur pied par le gouvernement. Il y aura définitivement un soulagement chez les consommateurs en ce qui concerne le prix du carburant, même s’il aurait été mieux que la baisse soit plus importante. Je pense que le PM a bien fait de trancher sur le dossier de l’eau car les Mauriciens étaient inquiets.»

 

Jane Ragoo : «Dans l’ensemble, c’est un Budget intéressant qui touche à la justice sociale. Il y a, par exemple, plusieurs mesures pour soutenir les familles pauvres et les enfants handicapés. De plus, Pravind Jugnauth a annoncé le Work From Home Scheme. Avec ça, certaines personnes pourront travailler de chez elles. Il faut éclaircir tout ça et l’inclure dans la loi.»

 

Ashok Subron : «C’est un Budget conservateur qui fait la part belle à l’élite politique et économique. Il vient nous dire que n’importe quel milliardaire comme Alvaro Sobrinho n’aura qu’à investir dans le Mauritius Sovereign Fund pour avoir la citoyenneté mauricienne et le passeport, sans avoir à investir dans les villas royales, entre autres. C’est de la vieille politique qui continue.»

 

Suttyhudeo Tengur : «C’est un Budget qui se focalise beaucoup sur les jeunes, avec des programmes de formation et des possibilités d’emploi. Le  gouvernement a aussi pris la sage décision de baisser les prix du carburant, de n’augmenter ni le tarif d’eau ni les taxes sur l’alcool et la cigarette. De bonnes mesures en faveur des consommateurs.»

 

Du côté des ministres. Ils ont affiché la satisfaction. Le ministre du Commerce, Ashit Gungah, a salué le tour de force du Premier ministre : «Il n’était pas évident de baisser les prix de l’essence, du diesel et du gaz ménager parce que le contexte international est toujours difficile. Mais il s’agit d’un signe de solidarité.» Le ministre des Sports, Stéphan Toussaint, a dit être «comblé». Yogida Sawmynaden, ministre de la Technologie, s’est dit ravi de la création d’un Artificial Intelligence Council. Le vice-Premier ministre, Ivan Collendavelloo, n’a, lui, pas souhaité commenter le maintien du prix de l’eau (la CWA, c’est un peu son dossier).

 


 

Y a-t-il des manquements ?

 

Une série de mesures ont été annoncées par Pravind Jugnauth cette semaine. Si pour certains, il s’agit de décisions populaires, d’un Budget satisfaisant ou encore d’une stratégie électorale, pour d’autres, le Budget 2018-2019 est incomplet. Ils s’expliquent…

 

Roshni, Goodlands : «Réduire le prix des aliments»

 

«Il aurait fallu réduire le prix des aliments de première nécessité. Car aujourd’hui, la plupart des familles ne peuvent plus subvenir à leurs besoins. Mais dans l’ensemble, c’est un Budget satisfaisant.»

 

Vijay, Flacq : «Aucune lacune»

 

«C’est bien qu’il y ait eu la baisse du prix du gaz ménager, des prévisions pour la construction des maisons... C’est un Budget acceptable.»

 

Mireille, Grande-Rivière-Sud-Est : «Outrée»

 

«Il n’y a aucune mesure pour les senior citizens. Dommage. Et puis, à quoi bon baisser le prix du gaz ménager si les familles n’ont rien à faire cuire ?»

 

Varun, Rose-Belle : «Satisfaisante»

 

«Une réduction de la taxe douanière aurait facilité les affaires des commerçants. Nous aurions pu satisfaire la clientèle et faire tourner nos commerces. Mais il y a quand même des mesures satisfaisantes.»

 


 

 

Budget : ces mesures qui vous touchent

 

Budget électoraliste pour certains, Budget équilibré pour d’autres. Quoi qu’il en soit, le Budget de Pravind Jugnauth n’a laissé personne indifférent. Parmi toutes les mesures annoncées par le grand argentier, certaines toucheront directement le Mauricien lambda. Tour d’horizon des mesures les plus populaires.  

 

Carburant

 

Une baisse qui soulage ?

 

Le mécontentement populaire a fait son chemin. La dernière hausse du prix du carburant avait soulevé un tollé et le gouvernement a décidé de revenir en arrière. L’essence, qui était vendu à Rs 52, est désormais à Rs 49,65. Le diesel se vend dorénavant à Rs 40 au lieu de Rs 41,90.

 

Yash Ramchurn, manifestant contre la hausse : «Le prix reste toujours élevé»

 

«Même avec une baisse de Rs 2,35, le prix reste élevé à Maurice. Le gouvernement a juste revu la hausse. Aujourd’hui, payer un litre d’essence à Rs 49,65 n’est pas chose évidente pour de nombreuses personnes. Si on élimine certaines taxes et qu’on considère la baisse au niveau mondiale, l’essence aurait dû diminuer de Rs 7 à Rs 11. On apprécie l’effort du gouvernement mais ce n’est pas suffisant. Nous allons continuer à faire entendre notre voix.»

 

Gaz ménager moins cher

 

Pourquoi pas… mais

 

Vous paierez dorénavant votre bonbonne de gaz de 12 kilos à Rs 240 au lieu de Rs 270. C’est ce qui a été décidé dans ce Budget. Vous économiserez ainsi Rs 30 sur cet achat. Cette baisse va-t-elle soulager les Mauriciens face à un panier de la ménagère qui ne cesse de grimper ? Pas sûr !

 

Géraldine Momine, mère de famille : «Je ne vois pas comment ça va nous soulager»

 

«Payer le gaz moins cher oui, pourquoi pas, mais je ne vois pas comment ça va nous soulager. Le gaz, on l’achète au moins une fois le mois. Je suis d’accord qu’une économie de Rs 30, ce n’est pas rien. Cependant, les autres produits de base coûtent tout de même très cher. Pour soulager la population, c’est le prix du lait, du riz et des autres aliments qu’on utilise au quotidien qui doit être revu à la baisse.»

 

Congé maternité

 

Moins d’un an d’expérience et éligible quand même

 

Ce n’est actuellement pas le cas mais les choses vont changer. Pravind Jugnauth a ainsi annoncé que les femmes ayant moins d’un an de service auront désormais droit à leur congé maternité payé. La loi sera amendée en ce sens. Autre mesure : les compagnies qui aménageront des crèches sur les lieux de travail bénéficieront d’une double déduction d’impôts.

 

Rachel Sham, Data Entry Clerk : «Cette mesure budgétaire est rassurante»

 

«C’est une bonne initiative et je pense que toutes celles qui pensaient ne pas avoir droit au congé maternité sont heureuses de cette nouvelle. Ça aurait dû être comme ça dès le départ mais c’est bien que les choses changent. Pour ma part, j’ai commencé ce travail en novembre dernier et comme je vais accoucher dans quelques mois, mon patron m’a confirmé que je bénéficierai de mon congé maternité sans problème. Cette mesure budgétaire est rassurante.»

 

Special Education Needs

 

Pour une meilleure prise en charge

 

Le système éducatif destiné aux enfants à besoins spéciaux a longtemps été décrié. L’appel lancé par les parents et les professionnels semble avoir été entendu par Pravind Jugnauth qui a annoncé la mise sur pied d’une Special Education Needs Authority. Si les enfants obtenaient jusqu’ici des subventions de Rs 1 300 pour les fournitures scolaires et autres équipements, cette somme passera désormais à Rs 5 200. S’ils prennent le taxi pour se rendre à l’école, ils obtiendront un remboursement. Par ailleurs, les parents dont les enfants poursuivent des études tertiaires bénéficieront d’une déduction d’impôts.

 

Teena Bulbul Cheetamun, enseignante dans une école SEN : «Rien de bien nouveau»

 

«Les mesures sont là mais il n’y a rien de bien nouveau dans ce Budget. Par exemple, la Special Education Needs Authority dont parle le Premier ministre a été déjà annoncé il y a deux ans dans le programme du Nine-Year Schooling. Il n’y a rien d’extraordinaire, sauf le remboursement du taxi pour les enfants du primaire et du secondaire, ce qui est une bonne chose. Je suis assez déçue. En bougeant du mainstream à une école SEN, j’avais beaucoup d’attentes en tant qu’enseignante mais tout le système est tout sauf dynamique.»

 

Sécurité routière

 

Le gouvernement durcit le ton

 

Ceux qui ne vont pas respecter le Code de la route et les limitations de vitesse vont le payer cher. La loi sera amendée pour que les contraventions soient plus sévères. Si vous dépassez la limitation de vitesse de plus de 25 km/h, par exemple, l’amende passera de Rs 2 000 à Rs 10 000. Pour ce qui est de la conduite sans permis, elle passera de Rs 10 000 à Rs 100 000. La liste des délits passe, elle, de 141 à 204. La police appliquera une politique de zéro tolérance pour ce qui est de l’alcool au volant et davantage de radars seront sur nos routes.

 

Fatimah Ismaël, automobiliste : «La loi doit être respectée»

 

«Le gouvernement est décidé à s’attaquer au problème de la sécurité routière. L’initiative est fort louable car il y a trop de morts sur nos routes. La loi doit être respectée. Cependant, il faudra être extrêmement prudent car les amendes sont très élevées. Peut-être qu’il aurait été bon de considérer les circonstances atténuantes comme transporter un malade à l’hôpital, un décès, entre autres, avant de condamner un automobiliste à payer une amende de Rs 10 000 pour excès de vitesse.»

 

Chômage

 

Le gouvernement sort le grand jeu 

 

Sortir 14 000 jeunes du chômage, c’est l’objectif. Un Budget de Rs 1 milliard a été voté pour investir dans différents projets en ce sens. Le National Skills Development Programme accueillera 3 000 jeunes pour des formations. Autre projet : le Youth Employment Programme pour les 17-25 ans. Les détenteurs d’une licence pourront se joindre au SME Employment Scheme et le Human Resource Development Council offrira une allocation de Rs 14 000 à 1 000 personnes diplômées et employées par des PME.

 

Véronique Karutasami, chômeur : «Le gouvernement soutient»

 

«Cela fait un moment que je suis au chômage. Je suis fleuriste et j’ai toujours voulu me lancer à mon compte et développer mon business. Je suis contente de voir que le gouvernement s'attaque au chômage et met l’accent sur la formation. J’espère moi-même avoir la chance de pouvoir en bénéficier. Ça me fera certainement avancer. C’est encourageant de savoir que le gouvernement soutient et comprend ceux qui n’arrivent pas à trouver du travail.»

 

Le passeport mauricien, cette mesure qui inquiète

 

Ils dénoncent la «vente» du passeport et de la nationalité mauricienne. La mesure annoncée par Pravind Jugnauth pour attirer les High Net Worth Individuals fait tiquer. Ainsi, si un étranger verse 1 million de dollars (Rs 34,5 millions) au Mauritius Sovereign Fund qui sera sous la houlette de la Mauritius National Investment Authority, il bénéficiera de la nationalité mauricienne. Il devra payer, cependant, Rs 3,4 millions supplémentaires pour chaque personne à charge.

 

Pour ce qui est d’obtenir le passeport mauricien, le demandeur devra contribuer 500 000 dollars (Rs 17,2 millions). Une mesure qui inquiète et qui met mal à l’aise. Si l’économiste Eric Ng estime que c’est une mesure «rétrograde et désespérée» qui démontre que le gouvernement n’arrive pas à attirer les investisseurs étrangers, Shakeel Mohamed n’a, lui, pas hésité à la qualifier de dangereuse. Il dit craindre que celle-ci ne laisse le «champ libre à d’autres Alvaro Sobrinho». Le gouvernement compte aussi mettre sur pied un Foreign Manpower Scheme pour attirer les experts à Maurice.

 

Ces mesures… inexistantes

 

Les consommateurs retenaient leur souffle. Ils ont finalement poussé un ouf de soulagement en écoutant le grand oral de Pravind Jugnauth qui, dans son Budget, n’a annoncé aucune augmentation sur les produits de grande consommation. Les consommateurs de cigarettes et d’alcool ont particulièrement été surpris en constatant qu’aucune augmentation n’a été votée, chose qui n’était pas arrivée depuis un certain temps. Autre surprise : le prix de l’eau ne connaîtra aucune hausse.

 

Alors qu’Ivan Collendavelloo, no 2 du gouvernement, s’est toujours prononcé en faveur d’une augmentation du prix de l’eau, Pravind Jugnauth l’a pris à contre-pied, donnant la garantie que ce ne sera pas le cas. Par contre, les propriétaires de piscine devront payer une somme additionnelle de Rs 500 si leur consommation mensuelle dépasse les 50 mètres cubes. Par ailleurs, le PM a réaffirmé la volonté du gouvernement d’offrir une fourniture 24/7. Il a aussi annoncé la révision du Water Rank Scheme pour que 30 000 familles supplémentaires puissent en bénéficier. Alors que le secteur du sucre connaît ces derniers temps des jours difficiles, Pravind Jugnauth était attendu au tournant sur ce dossier. Cependant, certains estiment que les mesures ne sont pas à la hauteur.

 

Textes Yvonne Stephen-Lavictoire et Amy Kamanah-Murday