Un ministre qui désavoue les décisions d’un autre, qui est aussi son collègue de parti. Quelque chose ne tourne pas rond au ML..
Tremblementsde… stupeur. Au Muvman liberater (ML), entre camarades de parti, on peut se permettre des choses. Au rayon des coups bas et compagnie, il n’y a pas de pénurie ni de black-out. Alors, les anciens copains de l’opposition (Ivan Collendavelloo a quitté le MMM pour former son parti en 2014) regardent le spectacle, amusés. Celui qui l’est moins, c’est Anil Gayan, actuel ministre du Tourisme (rappelez-vous son tonitruant passage à la Santé). «Il voit rouge ! Mais son leader a pour l’instant réussi à le calmer», confie un proche de ce parti.
Depuis le remaniement ministériel, son successeur au Ministry of Health s’amuse à l’enquiquiner (ambiance de cour de récré). Anwar Husnoo semble avoir une priorité : rectifier les mauvais coups de son prédécesseur... et collègue de parti. Mais que cache cette mission ?
Les deux Liberater ne sont, semble-t-il, pas des BFF (best friends forever). C’est le moins que l’on puisse dire ! De quoi faire frémir la structure fragile du ML. Dernier épisode en date : la réintroduction de la méthadone, comme traitement de substitution pour les toxicomanes. Annonce du ministre Anwar Husnoo lors d’une marche organisée par Radio Plus dans le cadre de ses 15 ans et de son engagement dans la lutte contre la drogue. «Selon plusieurs études, la vie de nombreux toxicomanes a été améliorée grâce au programme de substitution à la méthadone», a-t-il déclaré, prenant à contre-pied son collègue Anil Gayan qui, malgré les cris d’alerte des ONG, avait décidé de faire disparaître cette substance. Ce dernier, à travers son attachée de presse, nous a fait savoir qu’il ne ferait pas de déclaration à ce sujet.
Hidden agenda?
Au sein du ML, cette décision d’Anwar Husnoo, qui n’a pas pris nos appels, est accueillie diversement : si certains saluent le courage de l’homme, d’autres se demandent quel est son hidden agenda. Y aurait-il un lien entre les agissements d’Anwar Husnoo, qui aurait la bénédiction de Pravind Jugnauth, et les murmures faisant état que certains membres du ML souhaiteraient rejoindre les rangs du MSM, se demandent ces derniers ? Le nouveau ministre de la Santé n’en est pas à son coup d’essai.
Coïncidence ? C’est lui qui a révélé le montant du salaire de Vijaya Sumputh, proche d’Anil Gayan, au Parlement (provoquant ainsi une vague d’événements : démission de la principale concernée, mise sur pied d’un comité d’enquête). C’est aussi grâce à lui que les médecins spécialistes du public sont à nouveau autorisés à pratiquer dans le privé (encore une décision de l’actuel ministre du Tourisme renversée).
Pour l’instant, Ivan Collendavelloo, qui est resté injoignable, pare au plus pressé, explique l’un de ses proches collaborateurs : «Il leur a parlé à tous les deux. Ça s’est réglé. Il leur a fait comprendre les réels enjeux du moment.» Si ce dernier tremblement a relevé d’autres fissures dans la structure du ML, le leader du parti a un problème plus grave à gérer : son avenir au sein de l’Alliance Lepep, même s’il persiste à dire qu’il n’y a aucun malaise.
Les choses entre les deux partenaires se seraient corsées depuis l’éclatement de l’affaire Alvaro Sobrinho. Le souhait du MSM concernant le départ d’Ameenah Gurib-Fakim de la présidence n’aurait pas amélioré les relations. Et selon les rumeurs, c’est bien de là que viendraient les vraies secousses pour le ML.