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Fierté nationale : Leur héritage pour Maurice

Ils font partie de ceux dont les noms seront à jamais associés à la fête de l’Indépendance. Ils sont : Jean-Georges Prosper et Philippe Gentil, respectivement auteur des paroles et compositeur de la musique de l’hymne national, et Bahal Gowry, auteur de Donn to lame, pran mo lame... Ils racontent comment ils vivent chaque 12 mars lorsqu’ils entendent la chanson qui porte leur signature.

 «Lame dan lame» avec Bahal Gowry

 

 

«Donn to lame, pran mo lame, lame dan lame (x2). Anou batir, nasion morisien (…)» Qui ne connaît pas cet air entraînant, ce son bien local, sur un rythme bien de chez nous ? Cette chanson de Bahal Gowry est un titre incontournable de la fête de l’Indépendance et Lame dan lame est d’ailleurs le thème des festivités du jubilé d’or de notre pays.

 

Alors qu’une version regroupant plusieurs artistes locaux a été enregistrée dans le cadre des 50 ans de l’Indépendance, Bahal Gowry se souvient parfaitement de tout ce qui a conduit à la composition de cette National Song. À l’époque, il était membre du groupe Gowry Brothers avec son frère Chandu, et c’est en laissant parler son cœur, en mettant en avant la richesse de Maurice, que sont apparus les paroles et l’air de cette chanson chantée aujourd’hui par les petits et les grands.

 

Malgré le temps qui s’est écoulé, la chanson de Bahal Gowry, 82 ans, garde toute sa saveur. Ce n’est pas pour déplaire à cet habitant de Vacoas, qui a écrit cette chanson en y mettant tout son cœur, lui qui était en faveur de l’Indépendance. «La version de cette année reprend fidèlement mon refrain mais les autres paroles ont été remises en contexte 50 ans après. Mais je suis très fier quand je vois que le message de ma chanson est toujours d’actualité et que nous continuons tous à vivre en harmonie», confie le chanteur qui avait 32 ans lorsqu’il a composé la chanson. «J’ai composé ce titre en décembre 1967, en pleine campagne pour l’Indépendance. Il y avait alors une tension communale mais je voulais vraiment un titre rassembleur et qui allait correspondre à notre nation arc-en-ciel.»

 

Depuis, sa chanson, accompagnée de l’harmonium, de la ravann, du dholak et du tabla, un concentré de bonne humeur et de couleurs, continue de faire danser les Mauriciens lame dan lame…

 


 

Jean-Georges Prosper : «Maurice, une brillante étoile aux yeux du monde»

 

 

Son nom est à jamais associé à l’histoire de Maurice. Jean-Georges Prosper, docteur ès lettres (Paris-Sorbonne), vit chaque 12 mars intensément. Son cœur de patriote vibre à chaque fois qu’il entend raisonner l’hymne national et ses paroles qui sont ancrées en lui.

 

Écrivain, poète, auteur de plusieurs ouvrages littéraires à Maurice comme en France, conseiller culturel auprès de l’ambassade de Maurice à Paris, celui qui a longtemps vécu en France et qui a composé les paroles de cette chanson qui résonnera demain, lundi 12 mars, au Champ de Mars, n’oublie pas les étapes qui ont précédé l’écriture de son texte. «Tout s’est passé en janvier 1968. Il y avait un concours pour trouver notre hymne national. À la base, c’était un long poème et, avec Philippe Gentil qui a composé la musique. Tout avait été fait séparément mais au final, les paroles et la musique s’accordaient parfaitement», confie Jean-Georges Prosper, 84 ans, entouré des nombreux livres qu’il a écrits.

 

Celui qui a été fait commandeur de l’ordre de l’Étoile et de la Clé de l’océan Indien ressent la même émotion à chaque fois qu’il entend le Motherland, dont les paroles représentent tout l’attachement qu’il a pour cette île qui n’a pas fini de l’émerveiller. «À chaque fois, en cette sublime circonstance, l’on demande à Philippe Gentil ce qui l’a inspiré à composer la musique. Et on me demande ce qui m’a poussé à écrire les paroles de ce chant symbolique. Chaque année, nous donnons aux journaux, à la radio et à la télévision, la même réponse sur l’essentiel», explique Jean-Georges Prosper dans son livre Gloire à la mère patrie-Inspirations de l’hymne national.

 

Et le chemin menant à l’écriture de ce texte est riche en histoires, explique le poète. Il y a d’abord «la circonstance : l’éclatant mouvement sociopolitique travailliste mené avec ardeur, sagesse et inspiration, par le Dr Seewoosagur Ramgoolam et sa dynamique collective pour l’Indépendance». Il y a aussi «le concours public lancé par le gouvernement du Dr Ramgoolam pour le choix d’un hymne national : musique et paroles». Jean-Georges Prosper parle, en outre, de «la passion créatrice de Philippe Gentil pour la musique» et la sienne pour la poésie. Il évoque leurs «profonds sentiments patriotiques» à tous les deux, leur «vif souci et âpre volonté de trouver ce qu’il y a d’infiniment mieux pour cet événement national exceptionnel» mais «par-dessus tout de cette énergie éclairante qui, momentanément, émane de l’intérieur de notre être, du tréfonds et, à la fois, l’énergie cosmique suprême qui vient du Très-Haut, qui est Dieu et qui nous inspire à ce moment-là».

 

Qui dit anniversaire dit aussi souhaits. Et l’auteur des paroles du Motherland souhaite à son île de continuer à briller. «Je souhaite à l’île Maurice, notre merveilleuse mère patrie, une évolution, une modernité encore plus glorieuse, sur les plans social, économique, politique, technique et avant tout, humain, patriotique, religieux. Que l’île Maurice soit à jamais la perle de l’océan Indien ! Une brillante étoile aux yeux du monde !» nous dit-il, les yeux remplis d’amour pour son île qui fête demain un anniversaire très spécial.

 


 

 

Philippe Gentil : sur un air de tristesse

 

 

Jean-Georges Prosper et Philippe Gentil ne s’étaient pas concertés mais au final, les paroles et la musique concordaient. Le Motherland était né. Et depuis, chaque année, à la même période, un vibrant hommage est rendu à Philippe Gentil, auteur de la musique de ce chant hautement symbolique pour tous les Mauriciens. Violoniste, trompettiste, saxophoniste : cet inspecteur de la fanfare de la police est lui aussi ému lorsqu’il parle de l’hymne national. «Philippe Oh San m’a persuadé d’adapter ma musique à un poème que Jean-Georges Prosper lui avait confié et ça collait parfaitement», dit-il dans le livre Gloire à la mère patrie-Inspirations de l’hymne national.

 

C’est chaque année la même chose. Il le sait, ça l’irrite même mais il sait que parler de la fête nationale sans parler de son chant symbolique ne se peut pas. «Je ne suis pas très bien actuellement. Chaque année, à la même époque, je croule sous les sollicitations», confie celui qui a aujourd’hui 90 ans. Bien que les invitations affluent, il sait qu’il ne pourra les honorer : «Je n’ai hélas pas une bonne santé.» Parlant de la musique du Motherland comme de sa contribution à quelque chose qui est aujourd’hui partie intégrante de l’histoire du pays, il émet toutefois un petit bémol : «Je trouve très dommage qu’on n’entende plus aussi souvent notre hymne national. L’entendez-vous au quotidien ? Auparavant, sur la MBC, l’hymne était la première chose qu’on entendait avant le début des émissions. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas et ça me rend triste.»

 

Évidemment, il ne peut que se réjouir du chemin parcouru depuis 1968. Philippe Gentil souhaite ainsi un «heureux anniversaire» au pays : «Je souhaite à notre petite île de continuer d’aller de progrès en progrès.»