• Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir
  • Arrêté après l’agression d’un taximan : Iscoty Cledy Malbrook avoue cinq autres cas de vol
  • Golf : un tournoi caritatif au MGC
  • Le groupe PLL : il était une fois un tube nommé… «Maya L’Abeille»
  • Nilesh Mangrabala, 16 ans, septième victime de l’incendie du kanwar à Arsenal - Un rescapé : «Se enn insidan ki pou toultan grave dan nou leker»
  • Hippisme – Ouverture de la grande piste : les Sewdyal font bonne impression
  • Sept kendokas en formation à la Réunion
  • Plusieurs noyades et disparitions en mer : des familles entre chagrin et espoir
  • Mobilisation du 1er Mai : la dernière ligne droite avant le grand rendez-vous
  • Le PMSD secoué : démissions, rumeurs et confusion…

Fête des Mères : Mamans solos et heureuses

Anne-Lise et son fils Klein sont très proches.

Leurs histoires sont celles d’un bonheur, d’une naissance mais aussi d’un abandon. Du coup, à un certain moment de leur vie, elles se sont retrouvées seules à devoir élever leurs enfants. En ce jour de fête des Mères, quelques mamans nous racontent leur vie de mères célibataires…

Quand elle regarde son fils Klein aujourd’hui, elle ne peut s’empêcher de penser aux 18 dernières années, aux moments de doute et aux épreuves qui ont jalonné sa vie. Mais Anne-Lise Bardin se rappelle surtout ces quelques minutes qui ont suivi son accouchement quand elle a vu pour la première fois son petit bout d’homme. 

 

«Il m’a complètement transformée», nous confie celle qui revendique fièrement son statut de maman solo. «Quand j’ai appris que j’attendais un enfant à l’âge de 17 ans, mon papa ne voulait pas que je me marie. Il voulait que je poursuive mes études. J’étais alors en Form V. J’ai donc continué. J’étais au collège BPS, à Beau-Bassin, et j’habitais à Terre-Rouge. Je prenais donc le bus tous les matins à 6 heures avec mon fils et j’allais le déposer à la garderie. Une fois les cours terminés, je rentrais à la maison», se rappelle cette mère qui travaille dans l’immobilier.

 

Malgré son jeune âge, malgré ce bouleversement dans sa vie, son fils, dit-elle, a été sa bouée de sauvetage. «Si j’ai pu continuer et avancer, c’est grâce à lui. Je n’ai donc jamais arrêté : j’ai pris des cours, j’ai travaillé, j’ai progressé, j’ai évolué…» Mais c’est aussi, souligne-t-elle, la volonté de s’en sortir qui l’a aidée. «Je voulais être indépendante et c’est grâce aux études que j’ai pu m’en sortir. Certes, ce n’est pas facile et j’ai aussi eu la chance d’être entourée par des personnes qui m’ont toujours soutenue. Mes parents n’avaient pas non plus beaucoup de moyens mais j’ai dû avancer.»

 

Même si elle est heureuse aujourd’hui, Anne-Lise ne cache pas être passée par des phases très compliquées. «J’étais jeune mais j’avais aussi des responsabilités car mon fils a toujours été ma priorité. Très souvent, il y a eu des regards et commentaires négatifs. Comme j’ai du caractère et que je suis une battante, j’arrivais à passer au-dessus. On m’a souvent demandé s’il était mon frère mais je disais à chaque fois fièrement que Klein est mon fils. À l’époque, j’avais 17 ans. Aujourd’hui, j’ai 35 ans et mon fils aura 18 ans cette année. Klein connaît très bien notre histoire. Cette semaine même, on était en voiture et je lui racontais comment je me suis battue pour étudier. Je lui ai dit qu’il n’avait aucune raison de ne pas réussir parce que si moi j’ai pu le faire avec les responsabilités que j’avais, pourquoi pas lui.»

 

C’est Klein, au fil des épreuves, qui est devenu sa source de motivation pour ne pas sombrer. «Une fois, quand j’étais à bout et que je voulais baisser les bras, j’ai remarqué qu’il prenait ses distances et s’éloignait de moi. Et ce n’est pas ce que je voulais ! Je me suis alors ressaisie. J’ai dû faire un travail sur moi.» Pour s’en sortir, elle s’est fait aider : «J’ai fait des thérapies pour affronter mes peurs.»

 

«À la fois papa et maman»

 

Au quotidien, il lui a fallu, souligne cette maman, beaucoup ramer : «Ce n’est pas une fatalité d’être une mère célibataire. Il faut s’accrocher, se battre et avoir la foi. J’ai dû être à la fois le papa et la maman. Depuis son jeune âge, je lui ai appris à être indépendant car je devais beaucoup travailler. Il m’a déjà dit que, quand il était petit, il ne me voyait presque pas. Je faisais alors des heures supplémentaires.» Il y avait aussi, se souvient-elle, les coups de blues. «Il y a eu des périodes de découragement, surtout quand on voit que tout le monde autour de soi est en couple. Moi, j’étais seule. À l’époque, j’étais chez mes parents. Cela fait cinq ans que j’ai construit ma maison à l’étage. J’ai aujourd’hui un toit, des factures à payer, des dépenses usuelles, une voiture et l’éducation de mon fils à gérer, et je suis très fière de notre cheminement. La prière a aussi été un refuge pour moi.» La journée d’aujourd’hui, dédiée aux mamans, est forcément très spéciale pour elle ; de par son vécu et son expérience. «Aujourd’hui, avec mon fils, on est très proches. On est comme des amis. C’est quelqu’un de très mature. Il me raconte tout. C’est un jeune homme responsable et je suis fière de ce qu’il est devenu.»

 

D’une maman célibataire à une autre, Karin, enseignante, a aussi connu l’expérience traumatisante d’être abandonnée par le père de son enfant : «Je me suis mariée en 2001 et j’ai eu ma fille en 2004. Mon mariage commençait déjà à battre de l’aile.» Entre incompréhension, doute et tourbillon de sentiments, il lui a fallu toutefois réagir pour ne pas sombrer : «En 2006, j’ai pris mon indépendance. J’ai pris ma fille de 2 ans avec moi et j’ai tout recommencé à zéro. Comme je n’ai pas eu moi-même une enfance très heureuse, je ne voulais pas que mon enfant vive la même chose.»

 

Malgré sa force de caractère, Karin raconte qu’elle a dû s’accrocher : «J’ai beaucoup travaillé la relation avec ma fille. Et cela n’a pas été facile. Comme j’ai toujours donné l’impression d’être une femme forte, j’ai eu très peu de soutien à ce moment-là, sinon de quelques vrais amis. Je me suis tournée vers la prière et j’ai dû prendre des décisions. J’ai choisi de me consacrer à ma fille et d’aimer cette enfant que j’avais tant désirée.» Les jours, les mois et les années qui ont suivi n’ont pas été de tout repos : «Je ne pouvais pas avoir de projet. On vivait au jour le jour. Je me donnais à 110 % dans cette relation et j’ai eu la chance que ma fille soit réceptive et coopérative afin qu’on puisse avancer.»

 

Karin, 44 ans, est désormais en phase avec elle-même. «Après 12 ans, je suis aujourd’hui guérie de cette blessure. Ma fille Marinne a 14 ans, son père n’est pas beaucoup présent dans sa vie mais on s’en est bien sorties. C’est la vie qui m’a forgée. Depuis toute jeune, je me suis tournée vers l’éducation. Et comme je suis pédagogue, et que j’ai eu beaucoup de formations, j’ai eu de bons outils pour élever seule mon enfant. Je suis arrivée à jongler entre les émotions, l’échec de mon mariage mais je ne pensais pas qu’il allait ainsi fuir devant ses responsabilités de père pour disparaître après notre séparation.»

 

Dans sa phase de reconstruction, Karin soutient aussi avoir dû penser à elle par moments. «Je ne suis pas parfaite ou une héroïne. J’ai des limites et j’ai dû faire comprendre cela à ma fille. Je savais que je ne pouvais pas remplacer son père et que je ne pouvais pas tout contrôler. J’ai aussi vite compris que je devais être bien dans ma peau pour bien m’occuper d’elle. Une maman qui n’est pas bien, ne peut pas bien s’occuper de son enfant…»

 

Depuis, mère et fille se complètent, et après avoir chassé les périodes sombres de leur existence, sourient plus que jamais à la vie.