• Étoile d’Espérance : 26 ans d’engagement, de combat et d’espoir
  • Arrêté après l’agression d’un taximan : Iscoty Cledy Malbrook avoue cinq autres cas de vol
  • Golf : un tournoi caritatif au MGC
  • Le groupe PLL : il était une fois un tube nommé… «Maya L’Abeille»
  • Nilesh Mangrabala, 16 ans, septième victime de l’incendie du kanwar à Arsenal - Un rescapé : «Se enn insidan ki pou toultan grave dan nou leker»
  • Hippisme – Ouverture de la grande piste : les Sewdyal font bonne impression
  • Sept kendokas en formation à la Réunion
  • Plusieurs noyades et disparitions en mer : des familles entre chagrin et espoir
  • Mobilisation du 1er Mai : la dernière ligne droite avant le grand rendez-vous
  • Le PMSD secoué : démissions, rumeurs et confusion…

Fazila Jeewa-Daureeawoo, ministre de l’Égalité du genre : «La Mauricienne hésite encore parfois à s’affirmer»

À l’occasion de la Journée internationale de la femme, observée le mercredi 8 mars, Fazila Jeewa-Daureeawoo, ministre de l’Égalité du genre, du développement de l’enfant et du bien-être de la famille, nous parle de la Mauricienne et de ce que c’est d’être femme en 2017. Entretien…

C’est quoi être une femme en 2017 ?

 

Une grande chance d’abord, parce que les féministes ont tracé le chemin pour notre émancipation. Nous ne connaissons pas les difficultés qu’elles ont dû endurer, même si chaque époque vient avec ses propres défis. Être femme aujourd’hui, c’est jongler avec ses aspirations et ses responsabilités.

 

Comment définiriez-vous la Mauricienne ?

 

Je la vois courageuse, remplie de ressources et de résilience. Elle se bat pour mener à bien ses rôles de mère, d’épouse, de professionnelle, de femme. Elle hésite parfois encore à s’affirmer, et s’inquiète des préjugés. Elle voit des exemples de femmes qui ont osé et réussi, et veut, elle aussi, foncer pour prendre sa place. Certaines mentalités jouent encore contre elle, mais petit à petit, elle prend son envol. 

 

Qu’est-ce que le 8 mars représente pour vous ? 

 

Le jour où on doit se dire que chaque jour la femme mérite toute notre considération, notre attention, notre respect, la dignité. Pour moi, chaque jour doit nous rappeler ce combat symbolique du 8 mars. Le 8 mars,  c’est toute l’année !

 

Vous êtes femme, épouse, mère et ministre… Quelle est pour vous l’importance de cette journée ?

 

C’est le jour où on a le regard braqué sur la femme, sur l’évolution de son émancipation, sur les progrès accomplis pour rehausser son statut, sur les difficultés qu’elle rencontre encore. C’est important de revenir sur les difficultés qui continuent à ralentir le progrès vers l’égalité, la planète 50/50. Je reste à l’écoute des femmes. Les stéréotypes archaïques de notre société ont ralenti l’émancipation pour ne pas dire le développement des femmes. Dans certains domaines et secteurs, la femme continue à se heurter à des portes fermées. Dans le secteur privé, par exemple, elle a des difficultés à atteindre des postes clés. Elle croule parfois sous les responsabilités, parce que son conjoint ne participe pas aux tâches ménagères. La mentalité a fait des dégâts pendant trop longtemps. Les changements arrivent, avec chaque génération mais c’est un parcours long.

 

Une femme, une autre… Christiana Chery, vient de subir la violence d’un homme et laisse une petite fille orpheline. Comment réagissez-vous face à ces drames ?

 

Beaucoup trop de femmes sont victimes de violence. C’est un problème complexe, où l’être humain n’arrive pas à contrôler ses pulsions, sa colère. Nous sommes tous unanimes à condamner la violence. Le ministère encourage à dénoncer la violence dès qu’elle s’installe au sein du couple. à travers l’encadrement psychologique que nous offrons, le couple peut se reconstruire. On peut comprendre que c’est difficile de venir dénoncer son mari, le père de ses enfants, mais souffrir en silence n’est pas la solution. Aujourd’hui, la situation se dégrade très vite en crimes passionnels.

 

Quels sont les grands chantiers de votre ministère pour la cause des femmes ?

 

Nous travaillons sur différents fronts. L’égalité du genre est essentielle pour que la femme puisse participer pleinement au développement du pays. Cette année, nos activités touchent, entre autres, des sections de la population féminine qui ont du mal à émerger, notamment les filles-mères et les femmes vulnérables. Nous voulons que ces filles et ces femmes puissent faire partie intégrante de ce vaste mouvement d’autonomisation qui vise une planète 50/50. 

Les services de formation dispensés dans les Women Empowerment Centres pour l’autonomisation des femmes seront bientôt étendus aux Social Welfare Centres et aux centres communautaires pour qu’un plus grand nombre de femmes puisse en bénéficier. 

 

D’autre part, le gouvernement, pas seulement mon ministère, multiplie les actions recommandées par la Coalition nationale sur la violence domestique, sous l’égide du Premier ministre. Mon ministère s’active en ce moment pour la mise en place d’un centre de services intégrés pour mieux protéger les victimes de violence domestique. 

 

Nous faisons aussi un travail au niveau légal, pour que le cadre législatif réponde mieux à la protection et à l’autonomisation des femmes. Ce sont là quelques exemples…

 

Pour le Muvman Liberation Fam, la journée du 8 mars a perdu de son âme. Qu’en pensez-vous ?

 

à mon avis, la journée du 8 mars a toujours toute sa valeur. Comme je l’ai dit un peu plus haut, cette journée ne représente pas qu’une célébration. Elle revêt toute son importance car elle sert à dresser un bilan des progrès réalisés et aussi à faire une réflexion profonde sur les stratégies et actions à adopter pour un meilleur épanouissement de la femme…

 

Bio express

 

Avouée depuis plus de 25 ans, Fazila Jeewa-Daureeawoo a été membre de l’Assemblée nationale entre 2005 et 2010. Elle a notamment représenté Maurice comme observatrice lors des élections générales en Zambie durant cette même période. Elle est l’épouse de Racheed Daureeawoo, ex-député et ex-maire de Beau-Bassin-Rose-Hill, homme de loi et ex-magistrat.

 

Une Journée internationale, des activités

 

Tout un programme a été établi dans le cadre de la Journée internationale de la femme. Voici le calendrier : Lundi 6 mars, de 10h00 à 13h00 au Batelage Restaurant, à Souillac. Thème de la rencontre : «Dialogue with Poor/Vulnerable Women»; Mercredi 8 mars, de 10h30 à 12h00 «Celebration of International Women’s Day» au Swami Vivekananda International Convention Centre. 

 

Un peu d’histoire 

 

La Journée internationale de la femme a d’abord émergé des activités des mouvements ouvriers au 20e siècle en Amérique du Nord et en Europe. La première Journée nationale de la femme a été observée aux États-Unis le 28 février 1909. Le Parti socialiste en Amérique a désigné ce jour en l’honneur de la grève des ouvriers du textile, à New York en 1908, quand les femmes ont protesté contre les conditions de travail.

 

En quelques chiffres 

De janvier à décembre 2016, pour les chiffres de violence basée sur le genre : 275 hommes et 2 434 femmes. Donc sur un total de 2 709. C’est un constat mondial, 90 % sont des femmes.

 

Taux de réussite : pour le CPE : 80,3 % chez les filles, 69,4 % chez les garçons. Pour le SC : 75 % chez les filles, 68,5 % chez les garçons. Pour le HSC : 78,7 % chez les filles, 70,9 % chez les garçons

 

Les femmes dans les instances décisionnaires : les derniers chiffres du secteur public, en janvier 2017 indiquent : deux ministres, huit parlementaires, trois Senior Chief Executives, 16 Permanent Secretaries, 38 Deputy Permanent Secretaries, et 53 Asistant Permanent Secretaries. 

 

Chômage : 58 % de chômeurs étaient des femmes, pour le dernier trimestre de 2016. 

 

Main-d’œuvre : la population active (âgée de 16 ans à monter) pour le dernier trimestre de 2016 : 45 % de femmes et 75 % des hommes, sur un total de 580 700 personnes.

 

Le Parliamentary Gender Caucus (PGC) bientôt une réalité

 

L’idée d’un PGC revient à la Speaker, Maya Hanoomanjee. Cette instance, dont le modèle existe déjà dans plusieurs pays, aiderait ainsi à avoir un meilleur traitement des questions liées au genre à l’Assemblée nationale. Maurice est assistée dans sa démarche par le National Democratic Institute, basé à Washington, ainsi que l’ambassade des états-Unis et l’Union européenne, entre autres.«Les choses se précisent et on avance dans la bonne direction. Une réunion est prévue incessament avec la Speakeret la ministre de l’Égalité du genre pour dégager une date pour le lancement du PGC. Un plan d’action a également été travaillé», nous fait part un responsable du ministère de la Femme.