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Faizal Ally Beegun : «Les travailleurs étrangers ne sont pas des machines à sous»

Faizal Ally Beegun : «Les travailleurs étrangers ne sont pas des machines à sous»

Plus de 200 employés, dont 140 travailleurs indiens, se retrouvent dans une situation difficile après la fermeture de l’usine Avant Mauritius Ltd le vendredi 25 août. Si le ministre du Travail a affirmé son soutien à ces travailleurs étrangers, le syndicaliste Faizal Ally Beegun estime que les mesures proposées par celui-ci pour décanter la situation sont loin d’être satisfaisantes et que les lois en vigueur ne suffisent pas pour faire respecter les droits des travailleurs étrangers.

Ils sont 210 employés d’Avant Mauritius Ltd à se retrouver à la rue, dont 140 travailleurs indiens. Qu’est-ce qui les attend désormais ?

 

Les employés étrangers, tout comme les Mauriciens, vivent un terrible drame après la fermeture de cette usine. Le directeur a mis les voiles et n’a pas payé ses employés depuis deux mois. Certains n’ont pas reçu leur boni de fin d’année. De plus, leur contribution mensuelle au National Pension Fund (NPF), qui est pourtant déduite chaque mois de leur salaire, n’a pas été créditée par l’employeur. C’est du vol. Le ministre du Travail a rencontré les travailleurs étrangers. Il a trouvé un arrangement mais celui-ci ne convient pas à tous. Le ministre a trouvé un accord avec d’autres usines textiles qui ont accepté de les embaucher et de payer leurs deux mois de salaire. Ceux qui ne souhaitent pas rester au pays vont pouvoir rentrer chez eux. Leurs billets d’avion seront pris en charge par le gouvernement. Mais ils ne recevront pas leur salaire. C’est injuste.

 

Quelle serait la solution dans ce cas ?

 

Le ministre a clairement expliqué que le gouvernement n’a fait aucune provision pour ce genre de situation. Les travailleurs étrangers qui souhaitent quitter le pays vont devoir se plier à cette condition. Mais ils ne vont pas se laisser faire car ils ont travaillé et doivent être payés. Leur patron leur a pris leur contribution au NPF, leur boni de fin d’année et deux mois de salaire. Trop, c’est trop. De plus, leur loyer n’a pas été payé pendant neuf mois. Heureusement que le ministre a donné la garantie qu’ils ne se retrouveront pas à la rue. Le propriétaire du dortoir va déposer une plainte contre le directeur de l’usine Avant Mauritius Ltd à ce propos. Et concernant le directeur, pourquoi le gouvernement ne le recherche-t-il pas pour qu’il vienne répondre à tout ce qu’on lui reproche ? Comment se fait-il que lorsqu’il y a des scandales politiques, de grands moyens sont déployés pour faire rapatrier les personnes concernées alors que dans ce cas, rien n’est fait ? C’est une politique de deux poids deux mesures. On aurait pu vendre les biens de l’usine et payer les travailleurs avec l’argent que cela aurait rapporté. Mais tous les biens ont disparu. Il est grand temps que le gouvernement crée un fond spécial pour les travailleurs étrangers afin de faire face à ce genre de situation. Par exemple, les travailleurs d’Avant Mauritius Ltd n’ont pas un sou pour acheter de quoi manger. Le ministre a promis de les aider personnellement et d’acheter leur nourriture. 

 

Comment en est-on arrivé là ?

 

Il y a eu trop de laisser-aller dans le secteur de la zone franche. Des recruteurs peu scrupuleux ont fait la pluie et le beau temps. Et s’en sont sortis en toute impunité. Ils ont embauché des travailleurs alors qu’ils n’avaient pas de permis pour opérer comme agent recruteur. La situation a été tolérée par tous les gouvernements et par certains patrons. Et une fois que les choses tournent mal, les employés étrangers sont abandonnés à leur propre sort. De la rémunération aux conditions de travail, c’est souvent la désillusion pour ces travailleurs étrangers qui découvrent tardivement qu’ils ont été dupés sur toute la ligne.

 

Comment éviter un tel «piège» ?

 

Premièrement, les étrangers doivent exiger que leur contrat soit écrit dans une langue qu’ils comprennent. Et deuxièmement, ils ne doivent pas hésiter à se faire syndiquer. Mais là aussi, ils craignent la déportation si jamais ils dénoncent un cas de maltraitance ou d’abus de pouvoir. Il y a aussi la Special Migrant Workers Unit vers laquelle ils peuvent se tourner. D’un autre côté, je conseille aux travailleurs étrangers, ceux qui comptent plus de deux ans de service et qui contribuent au NPF, de se rendre de temps en temps au ministère de la Sécurité sociale afin de vérifier si leur argent est comptabilisé chaque mois. 

 

N’est-il pas trop tard pour recadrer ce secteur ?

 

Les syndicalistes ont envoyé des centaines de propositions aux différents gouvernements afin d’en finir avec ce genre de pratique et pour que les droits des travailleurs étrangers soient respectés. Il faut revoir la loi. Et c’est le gouvernement qui a ce pouvoir. Il faut juste un peu de volonté pour faire bouger les choses. Premièrement, certains travailleurs étrangers bossent sept jours sur sept. Qu’en est-il de leur santé ? Ils ne sont pas des robots, encore moins des machines à sous. Il faut au minimum un jour de repos obligatoire pour tous travailleurs. Au cas contraire, lorsqu’ils rentreront chez eux, ils ne seront que des épaves.