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Elle enterre ses deux filles et son petit-fils en deux mois : La terrible tragédie d’une mère

Marie-Ange n’en revient toujours pas d’avoir perdu ses filles et son petit-fils en si peu de temps

Sa douleur est intense, profonde… Car en seulement deux mois, Marie-Ange Eugénie a perdu deux de ses enfants mais aussi un petit-enfant suite à un accident de la route survenu le 14 mars. Si Clarissa, alors enceinte de jumeaux, et son fils Ismaël, 3 ans, sont décédés le jour même, Marie-Ange Eugénie espérait de tout cœur que Theresa, 19 ans, ne s’en irait pas elle aussi. Mais le mercredi 23 mai, cette dernière a rendu l’âme. Depuis, Marie-Ange Eugénie est abattue, anéantie. À l’heure où d’autres se préparent à célébrer la fête des Mères, elle nous livre un poignant et triste témoignage…

Tous les ans, à cette période de l’année, l’heure est aux réjouissances, du moins chez les Eugénie et les Hollandais. Les emplois du temps habituellement chargés sont allégés, et les obligations professionnelles et autres tracasseries du quotidien sont mis de côté le temps d’une journée pour entourer et célébrer les mamans. Mais cette année, à l’occasion de la fête des Mères, les choses ne se passeront pas comme d’habitude… La joie de Marie-Ange Eugénie, ses rires et ses sourires ont laissé la place à la tristesse et aux larmes. Ce dimanche, elle aurait aimé le passer avec sa famille au complet. Mais il lui a fallu dire adieu à trois êtres chers en seulement deux mois. 

 

Le mercredi 14 mars, un accident de voiture est survenu sur la route principale de La Prairie, dans les parages de Dilo Pouri. Les deux filles de Marie-Ange Eugénie, Clarissa, 20 ans, et Theresa, 19 ans, toutes deux enceintes à ce moment-là, ainsi que les compagnons et les fils respectifs de ces dernières, se trouvent à bord du véhicule, conduit par Yash Kardaree, un habitant de la localité âgé de 21 ans, lorsque celui-ci fait une sortie de route. Clarissa et les jumeaux qu’elle attend, de même que son fils Ismaël, 3 ans, ne survivent pas.

 

Marie-Ange est anéantie mais tente de faire son deuil car il lui faut être forte pour Theresa. Cette dernière, qui a accouché prématurément d’un petit Anovan par césarienne, est alors admise à l’hôpital Victoria. Mais cette semaine, la jeune femme, déjà maman de Jahnovan, 2 ans, est décédée. Ses obsèques ont eu lieu le jeudi 24 mai. Depuis, Marie-Ange, qui s’accroche à son fils Emilio, 18 ans, est plongée dans une souffrance sans nom. «J’ai perdu plusieurs êtres chers en si peu de temps. À cause de l’imprudence du conducteur, plusieurs familles se retrouvent détruites. Comment puis-je ne serait-ce que penser à célébrer la fête des Mères après ce qu’il m’a fallu traverser ?» lâche notre interlocutrice.

 

Depuis le décès de Theresa, elle se repasse en boucle les images de ces deux derniers mois qui ont été vraiment pénibles pour elle. Notamment celles de Theresa qui était devenue tétraplégique. Bouleversée, elle ne s’était rendue à l’hôpital Victoria qu’à deux reprises pour lui rendre visite. «Je fondais en larmes à chaque fois. Je ne supportais pas de la voir dans un tel état. C’est la raison pour laquelle je ne m’y suis pas rendue souvent. C’était déjà dur pour elle ; je ne voulais pas non plus lui infliger ma tristesse. Et devoir lui mentir sur ce qui était arrivé à Clarissa ne faisait qu’ajouter à ma peine.»

 

«Elle n’a jamais su...»

 

En effet, sa famille et elle avaient choisi de ne pas parler du décès de Clarissa et d’Ismaël à Theresa. Du moins jusqu’à ce qu’elle se remette de cet accident. «Nous lui avions laissé croire que Clarissa s’était blessée et qu’elle avait été habiter chez sa grand-mère, à Rivière-des-Galets, pour pouvoir s’occuper d’Ismaël. Elle s’était fâchée contre moi, me reprochant de la délaisser au profit de sa sœur car je ne me rendais pas à l’hôpital. Elle n’a jamais su que Clarissa et Ismaël n’étaient plus de ce monde. Cela me faisait de la peine de lui mentir mais elle n’aurait jamais pu encaisser ce choc», confie Marie-Ange.

 

Ce mercredi 23 mai, vers 9h30, son monde, qu’elle tentait de reconstruire, s’est de nouveau effondré. L’état de santé de Theresa s’est détérioré après sa dernière intervention chirurgicale. «Pourtant, les médecins nous avaient garanti qu’elle s’en remettrait, que tout était normal. Nous leur avons fait confiance. Nous étions convaincus qu’elle s’en remettrait.» À la tristesse et à la douleur de Marie-Ange et de ses proches s’ajoutent la colère et l’incompréhension. Car, pour eux, il y a eu négligence médicale. «Le 20 mars, elle avait accouché prématurément par césarienne. Les médecins avaient ensuite attendu qu’elle s’en remette pour l’opérer de la colonne vertébrale. Entre-temps, ils lui changeaient tous les jours ses pansements au pied droit, où elle avait subi de graves blessures», explique Marie-Ange. «Samedi dernier, il était prévu qu’elle subisse une greffe. Mais les médecins se sont rendu compte que la gangrène s’était propagée et ils lui ont donc amputé la jambe infectée. Malgré cela, l’infection continuait de se propager et Theresa a été admise aux soins intensifs. S’ils s’étaient occupés de sa blessure à temps, elle s’en serait peut-être sortie.» Cependant, elle ne compte pas entamer de poursuites.

 

Pour le moment, si la douleur est intense, elle s’accroche aux moments passés avec Theresa avant son décès. À une journée en particulier, il y a trois semaines. Quelques jours à peine après que son nouveau-né, Anovan, a obtenu sa décharge, Theresa avait demandé aux médecins de lui autoriser à passer quelques jours avec ses proches. «Elle tenait à être auprès de ses enfants. On dirait qu’elle avait eu le pressentiment que les choses tourneraient mal pour elle. Elle avait donc passé le week-end chez sa grand-mère avec son aîné Jahnovan et son nouveau-né. Cependant, en raison de sa forte fièvre, elle n’a jamais pu tenir Anovan dans ses bras avant de s’en aller.»

 

Si Marie-Ange est affligée, elle sait que, désormais, Theresa ne souffre plus. Mais aussi que seul le temps pourra, un jour, combler ce vide qu’elle ressent.

 


 

L’ASP Veerasamy de la Traffic Branch Unit : «La magistrate devra décider de la sentence infligée au conducteur»

 

Il avait pris la fuite après l’accident, avait refusé de se soumettre à un alcootest après son arrestation et n’était pas non plus autorisé à prendre le volant car son permis avait été révoqué l’an dernier suivant plusieurs délits routiers. Pourtant, Yash Kardaree, le conducteur de la voiture impliquée dans la sortie de route ayant coûté la vie à Clarissa, ses jumeaux, son fils de 3 ans, et Theresa, est actuellement en liberté. Ce qui intrigue les proches des victimes.

 

Interrogé, l’ASP Veerasamy, de la Traffic Branch Unit, explique : «Lorsqu’un conducteur ne peut plus interférer avec une enquête et que les enquêteurs n’ont plus besoin de lui, il a droit à la liberté conditionnelle même si une charge provisoire d’homicide involontaire pèse toujours sur lui. Il sera du devoir de la magistrate de déterminer sa sentence une fois l’enquête bouclée, en fonction de la gravité de l’accident et des circonstances dans lesquelles il s’est produit.»

 

Dans le cas présent, précise-t-il, «le conducteur ne peut pas être de nouveau arrêté car une seule charge d’homicide involontaire peut être logée pour un accident fatal, peu importe le nombre de victimes». Il ajoute : «Lorsqu’un individu décède plus de 30 jours après un accident fatal, il n’est pas répertorié dans la liste des victimes d’accidents mais cela ne concerne que les statistiques. La charge provisoire d’homicide involontaire est tout de même maintenue contre le conducteur.»

 


 

Donovan Genave, petit ami de Theresa Hollandais : «Que la justice fasse son travail !»

 

Ces dernières semaines, il n’a cessé de faire des allers-retours à l’hôpital, s’accrochant de toutes ses forces à l’idée que Theresa rentrerait un jour à la maison. Mais cette dernière est morte cette semaine. Et Donovan Genave, avec qui elle était en couple depuis sept ans, a beaucoup de mal à digérer cette perte. Il n’a jamais imaginé devoir un jour élever ses deux enfants, Jahnovan, 2 ans, et Anovan, 2 mois, sans celle qu’il aime. Mais aussi les accompagner, calmer leur émotions, comme celles que ressent l’aîné qui n’arrête pas de réclamer sa maman. Heureusement, il peut compter sur l’aide de ses proches, notamment de sa mère. «Toute la famille coopère ; cela rend les choses plus faciles pour moi.» Mais il déplore toutefois le fait que le conducteur de la voiture ait déjà été libéré. «Que la justice fasse son travail ! Il doit payer pour ce qu’il a fait. Je ne comprends pas pourquoi la police l’a déjà libéré…»