• La jalousie amoureuse : quand ça va trop loin…
  • Disparition du vol Malaysia Airlines MH 370 : c’était il y a 10 ans...
  • 13es Jeux d’Afrique : «Moris casse paquet» avec 25 médailles
  • Laura Mooneesamy : quand Gold Models va d’aventure en aventure
  • Accidents fatals : quatre familles pleurent leurs proches partis trop tôt
  • «Ratsitatann» : un pièce mauricienne/malgache pour «enlever le flou»
  • The Two : explosion de blues créole bientôt
  • Un jeune couple crie à la négligence médicale après le décès de son nourrisson - Kimy et Julien : «Deziem tibaba nou perdi par fot lopital»
  • Maurice vs Tchad : le Club M compte sur le soutien de son public
  • Agression mortelle à Cité Mangalkhan - Læticia Laviolette : «Lion Vibe ti deza menas mo konpanion Damien»

Drame à Fond-du-Sac | Geeta Goorbin : «Comment survivre après l’assassinat de mon fils et de mon époux ?»

Les frères Baboolall nient avoir volontairement renversé Anand et son fils

Cette sexagénaire a dû organiser deux funérailles, en trois jours, en ce début d’année. Son fils, Outam, et son époux, Anand, ont été tués par un voisin au volant d’un 4x4, après une violente altercation, dans la soirée du 2 janvier, dans leur ruelle, à Fond-du-Sac.

C’est la désolation au domicile des Goorbin, à Fond-du-Sac. Geeta Goorbin est en larmes et tient très mal le coup ce vendredi matin. «Comment survivre après l’horrible assassinat de mon fils et de mon époux ?», répète sans cesse la vieille dame. Pressent-elle, que la fin est proche pour son époux, Anand Goorbin, un courtier automobile, âgé de 62 ans ? En tous les cas, elle ne tient pas en place, la souffrance la ronge ! Et malheureusement, ce dernier rendra l’âme quelques heures plus tard.

 

En ce debut de journee funeste, ses proches s’affairent autour d’elle et évitent de lui donner les dernières nouvelles, peu réjouissantes, sur l’état de santé de son époux. «Mon grand-père est entre la vie et la mort. Le médecin nous a déjà dit qu’il n’a que 3% de chance de pouvoir survivre. Nous évitons tous d’en parler à ma grand-mère, vu son état de santé précaire. Je pense qu’elle sait déjà que mon grand-père va mourir», se lamente Rahul, 14 ans, entouré des membres de sa famille. «On risque également de la perdre», souligne le jeune Rahul. Sa grand-mère, explique-t-il, est diabétique, et souffre également de cataracte à un oeil.

 

«On ne sait pas si elle va pouvoir tenir le coup après ce double drame car elle vient récemment de faire un accident vasculaire cérébral», soutient Rahul. S’il se fait un sang d’encre pour sa grand-mère, il est également préoccupé par l’état de santé mentale de sa mère, Meenakshi. Cette femme au foyer de 33 ans se retrouve désormais seule, avec quatre enfants à sa charge, après le décès tragique de son époux Outam. Rahul est l’aîné. Le couple a aussi des jumelles, Isha et Asha âgées de 13 ans, et Karun âgé de 11 ans.

 

Les faits remontent au mardi 2 janvier. L’horloge indique 23h20, ce jour-là, lorsque des policiers du poste de police de Plaine-des-Papayes foncent vers la rue First, Fond-du-Sac, suite à un appel urgent. Sur place, ils se retrouvent face à une foule hostile, regroupée autour des corps de deux habitants de la ruelle, allongés sur l’asphalte et grièvement blessés. Il s’agit d’Anand Goorbin et de son fils, Outam Goorbin, un maçon de 37 ans. Ils ont été «deliberately knocked down» par un 4x4, après une violente altercation.

 

Et, selon la police, le forfait aurait été commis par l’un des frères Baboolall, qui habitent dans la même rue. Le lendemain, Ritesh Kumar Baboolall, 24 ans, et son frère Oumesh Kumar Baboolall, 19 ans, se sont constitués prisonniers. Les deux frères nient cependant les faits. (Voir hors-texte)

 

Plusieurs fractures

 

Outam et son père sont transportés à l’hôpital du Nord, par la police, ce soir-là. Le fils rend l’âme peu après. Le rapport d’autopsie indique qu’il a succombé à de nombreuses blessures. Son père, Anand, est, pour sa part, admis dans un état très critique. «Mon grand-père était dans le coma. Il souffrait d’une fracture du crâne et des jambes. Il avait également des hémorragies internes», se souvient Rahul.

 

Les blessures du sexagénaire ont finalement eu raison de lui vers 14 h 45, le vendredi 5 janvier. Le rapport d’autopsie indique qu’il a succombé suite à des «cranio cerebral injuries». Ses funérailles ont eu lieu, hier, samedi 6 janvier, à midi. L’incinération s’est faite au crématoire de la localité, trois jours après celle de son fils qui ont eu lieu le mercredi 3 janvier.

 

Ce jour-là aurait dû une journée de fête pour la famille Goorbin. «Toute la famille devait se réunir pour célébrer le Nouvel An chez mes grands-parents. Mon oncle Preetam, qui habite à Goodlands, devait également être des nôtres avec sa famille. Au lieu d’une fête, il y a eu les funérailles de mon père. Nous sommes tous marqués à vie», confie Rahul.

 

Assise à ses côtés, Geeta éclate en sanglots. Une de ses brus s’empresse de l’emmener s’allonger sur un lit. «Akoz li malad la mem ki nou pa pe dir li narnye. Me gran dimounn sa. Mo krwar li fini kone mo boper osi pou mort. Sa case la ti pou pli grav si mo lot bofrer ek mo neve ti dan mem bord sime ki Outam ek mo boper», explique la bru. Selon elle, un deuxième fils d’Anand Goorbin, Gowtam Goorbin, ainsi que le jeune Rahul ont aussi failli mourir le soir fatidique. Gowtam a passé de longues heures avec les enquêteurs le vendredi 5 janvier, pour raconter, avec moult détails, les circonstances du drame.

 

Rahul raconte qu’il était chez lui, ce soir-là, lorsqu’un premier incident a éclaté entre son père et les deux frères. Ce n’est, d’ailleurs, pas la première fois que ces derniers ont une discussion houleuse.  «Mon père les a réprimandé à plusieurs reprises dans le passé, car ils avaient pour habitude de taquiner mes sœurs. Mon père n’a toutefois jamais porté plainte à la police, pour ne pas créer des problèmes avec cette famille», relate-t-il avec amertume.

 

Énième dispute

 

Pour cause : les Goorbin doivent tous passer devant la maison des Baboolall pour rejoindre la route principale. Le soir du drame, une énième dispute a éclaté, pour une histoire de pollution sonore, cette fois-ci. «Les deux frères avaient garé leur 4x4 à proximité d’une boutique, se trouvant à quelques mètres de ma maison. Ils avaient mis la musique à fond. Celui qui tenait le volant n’arrêtait pas d’accélérer pour faire rugir le moteur. Mon père est alors sorti pour leur faire entendre raison, car il était déjà très tard et nous étions tous déjà au lit», explique Rahul.

 

La situation aurait cependant vite dégénéré entre Outam et les deux frères. «Ils  lui ont couru après avec enn dibwa koulou. L’un d’eux a frappé un coup de gourdin sur notre portail et a fait des dégâts. Alertés par le bruit, mon grand-père, mon oncle Gowtam et moi-même sommes sortis pour voir ce qui se passait. Les deux frères ont alors pris la fuite dans leur 4x4. Nous pensions tous qu’ils allaient rentrer chez eux. Contre toute attente, ils ont fait marche arrière et ont foncé en notre direction», s’indigne Rahul.

 

La scène qui suit est digne d’un film d’horreur. «Le 4x4 s’est dirigé directement vers mon père et mon grand-père, et les a écrasés contre le mur, avant de les faire voltiger. Ils ont atterri brutalement sur l’asphalte. Mon oncle et moi avions eu beaucoup de chance, car nous étions de l’autre côté de la ruelle. Le véhicule nous a raté d’à peine quelques centimètres. Cela nous a pris quelques secondes pour réaliser vraiment qu’on avait échappé à la mort», se remémore l’adolescent.

 

Les cris stridents des Goorbin alertent le voisinage. Plusieurs personnes se ruent vers Outam et Anand en les voyant par terre. «Le 4x4 venait de rouler sur mon père. On pensait tous qu’il allait s’en sortir, car il n’avait pas saigné, contrairement à mon grand-père.  Mais, le destin en a cependant décidé autrement», se souvient Rahul, d’une voix complètement cassée. Les jours à venir s’annoncent très durs, pour l’adolescent, ses sœurs, son frère. et sa mère.

 

Leur père était le seul gagne-pain de la maison. Leur mère est femme au foyer. Rahul devrait entrer en Form 4, alors que les jumelles doivent elles, entrer en Form III. Le benjamin fera, lui, ses premiers pas au collège. Tous fréquentent le collège Cosmos à Plaine-des-Papayes. La rentrée des classes s’avère incertaine pour Rahul. L’adolescent envisage de mettre fin à ses études, pour subvenir aux besoins financiers de sa famille.

 


 

Les frères Baboolall nient avoir volontairement renversé Anand et son fils

 

L’aîné des frères Baboolall fait l’objet d’une charge provisoire d’assassinat. Le cadet fait, pour sa part, l’objet d’une charge provisoire de «conspiracy to commit murder». Ritesh Kumar Baboolall, 24 ans, et son frère Oumesh Kumar Baboolall, 19 ans, nient tous deux les faits. Ils ont retenu les services des Mes Hamid Jagoo et Neelkant Dulloo.

 

Tous deux ont déjà donné leur version des faits, dans laquelle ils nient la charge provisoire logée contre eux. Ritesh Kumar Baboolall, l’aîné, explique qu’il a renversé Anand Gourbin et son fils dans un moment de panique. Il affirme qu’il n’a pas agi délibérément.

 

Son jeune frère raconte, pour sa part, qu’il n’était pas dans le 4x4 au moment de «cet accident». Pour cause : il affirme avoir déjà pris la fuite, après une violente dispute entre les Goorbin, son frère et lui-même. Oumesh Kumar Baboolall réserve aussi son droit au silence concernant la charge provisoire de complicité d’assassinat. En revanche : il ne nie pas le fait de s’être rendu chez les Goorbin avec un gourdin.

 

Selon ses dires : son frère et lui n’étaient pas en bons termes avec Outam. «Sak fwa li bwar, li sou, li rod lager ek tou dimounn», explique Oumesh Kumar Baboolall dans sa déposition. Un proche des frères Baboolall affirme qu’Outam Goorbin a déjà été arrêté pour agression dans le passé. Il avait, notamment, agressé un policier violemment dans un poste de police de la région. Ce dernier s’était retrouvé avec un bras plâtré après cette agression. Ce que nie une tante : «Mon neveu boit uniquement à la maison. J’ignore s’il a déjà eu des démêlés avec la police.»

 

Fait marquant dans cette affaire : les deux frères Baboolall ont été directement «remanded to jail», sur instruction du commissaire de police. Une décision qui surprend plus d’un, dans la mesure où la police a pour habitude de maintenir les suspects en détention policière, pendant un minimum de 21 jours, avant de les transférer en prison. Du côté de la police, on justifie cette décision comme une mesure de sécurité. D’ailleurs, pour éviter tout dérapage, des patrouilles régulières ont lieu à Fond-du-Sac.