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Dr Poonam Bissessur : «Il est important de partager des informations avec nos enfants, y compris sur le sexe et la sexualité»

Dr Poonam Bissessur : «Il est important de partager des informations avec nos enfants, y compris sur le sexe et la sexualité»

Cette semaine, une autre affaire impliquant des enfants dans un cas de tentative d’agression a choqué. Le Dr Poonam Bissessur, directrice de Pédostop, nous parle des dangers qui guettent nos petits.

Une enfant de 7 ans se retrouve au centre d’une affaire de tentative d’agression. Qu’est-ce que cela suscite en vous ?

 

Chaque jour, des enfants sont abusés sexuellement par d’autres enfants. Cela se passe à la maison, à l’école, dans les toilettes, les vestiaires, les autobus... La gravité de l’abus sexuel par les adolescents commence enfin à recevoir l’attention adéquate des médias. Mais l’existence des enfants auteurs est largement rejetée et refusée. Les abus peuvent être des contacts directs, des attouchements, des rapports sexuels réels, une agression verbale ou émotionnelle à caractère sexuel, des comportements de nature sexuelle, la photographie d’un enfant dans des poses sexuelles ou l’exposition d’un enfant à des actes sexuels ou à des images.

 

Les suspects dans cette affaire sont âgés de 7 et 13 ans. Est-ce que cela vous choque ?

 

On comprend de mieux en mieux que la grande majorité des enfants victimes d’abus sexuel sont maltraités par quelqu’un qu’ils connaissent et font souvent confiance. Malheureusement, très peu d’adultes reconnaissent que les enfants et les adolescents peuvent également présenter un risque pour les autres enfants. En fait, plus d’un tiers de tous les abus sexuels commis sur des enfants est commis par une personne de moins de 18 ans.

 

Comment pouvez-vous expliquer le fait que des enfants agressent sexuellement d’autres enfants ?

 

Les raisons pour lesquelles les enfants font du mal à d’autres sont compliquées, variées et pas toujours évidentes. Il se peut que certains aient eux-mêmes été abusés émotionnellement, sexuellement ou physiquement, tandis que d’autres ont pu être témoins de violence physique ou émotionnelle à la maison. Certains peuvent avoir été en contact avec des films sexuellement explicites, des jeux vidéo ou des documents qui leur semblent confus. Dans d’autres cas, un enfant ou un adolescent peut agir sur une impulsion passagère sans intention nuisible mais peut quand même causer du mal à lui-même ou à d’autres enfants. Quelle que soit la raison, sans aide, sans traitement, les jeunes qui abusent sexuellement continueront d’abuser des enfants à l’âge adulte. Et un enfant qui a été victime d’abus sexuel peut être plus vulnérable à la violence ou être confus quant au comportement approprié.

 

Avez-vous à traiter ce genre de cas à Pédostop ?

 

Malheureusement, Pédostop ne peut faire le suivi des auteurs de crime car notre aide est destinée uniquement aux victimes et ex-victimes. Un enfant, même s’il a été lui-même abusé (victime), doit être avant traité pour son agression. Par contre, on a organisé des formations pour les officiers de la Child Development Unit (CDU) en avril 2016, avec le Dr Samuel Lemître. Cette sensibilisation était essentiellement basée sur les auteurs d’agression sexuelle. La CDU est donc probablement apte à prendre en charge des enfants auteurs afin d’éviter toute récidive.

 

Comment peut-on prévenir pareils incidents ?

 

La prévention la plus efficace se produit avant qu’un enfant ne soit blessé. Les enfants sont immédiatement plus en sécurité lorsque les parents et les soignants prennent le temps d’en apprendre davantage sur les abus sexuels. Les enfants peuvent s’engager dans des interactions inappropriées sans comprendre l’impact nuisible sur les autres. Il est utile de parler du comportement sexuellement «nuisible» d’un enfant et du comportement sexuellement «abusif».

 

Il est essentiel que tous les adultes aient l’information nécessaire pour reconnaître les comportements sexuellement nuisibles à un stade précoce et pour demander de l’aide afin que les comportements puissent être arrêtés. Chaque adulte qui se soucie des enfants a la possibilité, en tant qu’enseignant et modèle, de leur montrer comment interagir sans nuire aux autres, soit lorsqu’ils sont encore des enfants, ou plus tard, en tant qu’adultes. 

 

Faudrait-il parler de sexualité à un enfant ? 

 

Il peut être difficile de penser que nos enfants ont des sentiments, des besoins et des intérêts sexuels. Mais tout comme ils sont curieux au sujet des portables, des animaux, des voitures, des avions, ils seront curieux au sujet de leur corps et du corps des autres. En tant que parents, il est très important de partager des informations avec nos enfants, y compris sur le sexe et la sexualité, pour les aider à se préparer à tous les aspects de leur vie. Nous n’aidons pas nos enfants si nous ignorons la réalité de leur développement sexuel. Parfois, nos croyances culturelles nous empêchent de parler de développement sexuel. Souvent, les parents se sentent mal à l’aise. 

 

Comment cela peut-il se faire ?

 

Au lieu de planifier «la grande discussion», faites de l’éducation de votre enfant sur la sexualité et les relations une partie de la vie quotidienne. Considérez ceci comme une conversation continue qui change au fur et à mesure que votre enfant grandit et est exposé à différentes situations. Attendez-vous à avoir de nombreuses conversations au fil du temps et cherchez des occasions de renforcer ce que vous enseignez. 

 

Pouvez-vous nous donner des exemples ?

 

Tous les enfants, même ceux qui sont gravement handicapés, doivent comprendre les concepts de base, comme les différences entre les garçons et les filles, les noms précis de toutes les parties du corps et d’où viennent les bébés. Lorsque les parents présentent ces informations d’une manière concrète, les enfants apprennent qu’il est acceptable de parler avec leurs parents de leurs questions. Adaptez la manière dont vous présentez cette information à votre enfant en utilisant des outils comme le jeu de rôle, le jeu structuré avec des poupées, des livres et des vidéos, etc.

 

Tous les enfants doivent être préparés aux changements physiques dans leur corps, qui accompagnent la puberté. Même les enfants ayant des retards de développement importants éprouvent ces changements physiques. Aux parents, je leur dirais de parler au pédiatre ou au médecin de leur enfant. Renseignez-vous sur les comportements sexuels attendus chez les enfants d’âges divers. Ces connaissances vous aideront à vous préparer à ce que votre enfant a besoin de savoir et à faire la différence entre les comportements attendus et ceux qui peuvent être une source de préoccupation.

 

Comment peut-on prévenir un enfant des dangers qu’il peut encourir face à des prédateurs sexuels ?

 

Les adultes peuvent faire beaucoup de choses pour prévenir l’abus sexuel des enfants : lui donner des informations claires, établir des normes claires pour ce qui est considéré comme approprié, un comportement respectueux ; rester vigilant dans les situations à risques. La communication est la clé. Parler quotidiennement aux enfants de leurs activités, de leurs angoisses. Cela augmente la probabilité qu’un enfant, inquiet de son propre comportement, se confie à quelqu’un. Plus les adultes reconnaîtront des situations potentiellement préoccupantes, plus les enfants seront protégés. 

 


 

Bio express

 

Née Kangloo,  le 21 août 1982, le Dr Poonam Bissessur, directrice de Pédostop, a vécu à Triolet jusqu’à l’âge de 18 ans : «Puis, je suis partie à l’étranger pour faire des études.» Mariée à Akil Bissessur, qui est avocat, elle est détentrice d’un Diplôme Universitaire Addictologie océan Indien 2016, Université de La Réunion, d’un titre professionnel particulier de médecin spécialiste, psychiatrie adulte, Belgique et d’un Masters complémentaire en psychiatrie, Université Catholique de Louvain, Belgique, entre autres. «J’ai commencé ma carrière comme médecin en Irlande. Puis, comme Registraren psychiatrie en Angleterre et assistante en psychiatrie en Belgique. Je suis retournée à Maurice en 2013 où j’airejoint le servicepublic comme médecin au ministère de la Santé.»