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Départ du PMSD du gouvernement : Le séisme Duval décortiqué

Coup de tonnerre politique. Black-out électrique. Un lundi inoubliable de décembre ; le PMSD claque la porte de l’alliance gouvernementale. La cause officielle de cette démission de Xavier-Luc Duval et de sa bande : le vote du  Prosecution Commission Bill (PCB) qui plongerait Maurice dans une ère de dictature avec la tentative de minimiser l’indépendance du Directeur des poursuites publiques (DPP). Néanmoins, les raisons de ce départ seraient plus complexes, selon les observateurs politiques que nous avons interrogés. Éléments de réponse, ici…

Dany Marie : «Pas une question de principe»

Membre de Rezistans ek Alternativ

 

«Rien d’étonnant de la part de Xavier-Luc Duval. Il a l’habitude de sortir d’une alliance pour entrer dans une autre. Il est clair que la passation de pouvoir entre le Premier ministre sir Anerood Jugnauth et son fils Pravind est un des éléments ayant motivé ce départ. Il est aussi clair que le leader du PMSD se positionne pour être le prochain Premier ministre, soit pour deux ans et demi, soit pour cinq ans. Si le projet de loi était la vraie raison de sa démission, pourquoi a-t-il présidé la commission sur ce bill et quelle était la raison de sa présence au Conseil des ministres qui a décidé d’aller de l’avant avec ? 

 

D’ailleurs, s’il avait vraiment des principes, il aurait démissionné avant. Il me semble qu’il a pris cette décision quand d’autres ont décidé de faire entendre leur voix contre le PCB. Et puis, il ne s’est opposé ni au projet de raffinerie de pétrole, ni à la braderie des plages publiques, ni au Non Citizens (Property Restriction) (Amendment) Bill, ni au Sugar Industry Efficiency (Amendment) Bill. C’est dégoûtant ce que font actuellement les partis traditionnels et c’est pour cela que nous, au sein de Rezistans ek Alternativ, faisons un appel aux jeunes et aux travailleurs à ne pas se laisser prendre dans cet engrenage. 

 

D’ailleurs, entre ces formations politiques traditionnelles, il n’y a pas de différences de fond. Nous n’avons pas besoin d’un Xavier-Luc Duval, d’un Paul Bérenger, d’un Navin Ramgoolam ou d’un Anerood/Pravind Jugnauth. Nous avons besoin d’un mouvement alternatif éco-socialiste.»

 

Shafick Osman : «Le coq pourrait laisser des plumes»

Docteur en géopolitique

 

«Le départ du PMSD est inattendu malgré le désaccord sur le PCB. On aurait pensé que le parti allait attendre le vote pour partir ou simplement voter non, avec les conséquences auxquelles on aurait pu s’attendre. Cela dit, avec le PMSD, le PTr et le MMM dans l’opposition, le MSM reste seul aux commandes, avec le ML et l’OPR en appui. Une situation qui nous rappelle les années 83 à 90 (
) et aussi jusqu’à 1993 quand le MSM avait gouverné presque en solo (…) jusqu’à la lourde défaite de 60-0, en 1995. Pour le pouvoir, les projets d’amendements constitutionnels seront maintenant très difficiles à faire passer, à moins de possibles revirements de situation, avec, par exemple, une énième réunification de la grande famille militante, avec le MMM, le MP et les dissidents MP, MMM et MSM on board. La tâche du gouvernement sera plus difficile, à moins qu’il ne réinvente sa communication de masse et produise rezilta lor rezilta. Cela dit, un profond remaniement, avec un changement de capitaine, pourrait changer la donne. Mais il ne faudrait pas sous-estimer le poids d’une opposition unifiée. Mais le «poids» du PMSD pourrait aussi s’essouffler car, sans le pouvoir, le coq pourrait laisser des plumes.»

 

Nilen Vencadasmy : «Une bonne chose pour la démocratie»

Avocat engagé

  

«J’avais eu vent que certains éléments de cette loi ne passaient pas du côté du PMSD. Néanmoins, ça reste une surprise. Pour moi, c’est une bonne surprise. Le PMSD quitte le gouvernement pour une question de principe : Xavier-Luc Duval ne nous avait pas habitués à ça dans le passé. Auprès de Navin Ramgoolam, il avait tendance à avaler couleuvre sur couleuvre. Je crois aussi que Xavier-Luc Duval n’avait pas vraiment le choix : SAJ ne voulait pas renvoyer les débats. Néanmoins, c’est une bonne chose pour la démocratie… et pour le PMSD qui gagne des points. D’un point de vue plus systémique, cette situation démontre que notre système politique est à bout de souffle. Le modèle westministérien favorise les alliances politiques. Ce qui contribue à la création de toutes sortes d’alliances contre nature. SAJ l’a reconnu lui-même cette semaine : il a dit que rien ne liait le MSM au PMSD, que cette alliance n’était qu’une question de stratégie. Et ce genre de regroupement ne tient pas la route. Tôt ou tard, les différends font surface. Tant que ce système existera, des alliances seront concoctées par défaut et seront décidées par une conjoncture…»

 

Alain Ah Vee : «Xavier-Luc Duval voit plus loin»

Membre de Lalit 

 

«À Lalit, nous sommes convaincus d’une chose : le rejet du Prosecution Commission Bill n’est pas la principale raison du départ du PMSD. Il faut donc s’intéresser aux vraies raisons de cette démission. Il y a plusieurs intérêts en jeu. Qui souhaite que le gouvernement soit moins fort (surtout qu’il n’a pas la majorité de trois-quarts) ? Trois forces ont permis au gouvernement Lepep d’être au pouvoir : 1) les capitalistes qui en avaient marre du régime Ramgoolam (2) la classe des travailleurs qui souffraient de la crise économique, du chômage et de la précarité de l’emploi 3) et les ambassades par rapport aux enjeux géopolitiques. Quand ce gouvernement a été élu, comme il n’y avait rien qui rassemblait tous les partenaires de l’alliance, il n’a pas pu répondre à toutes les demandes. Leur seul point fédérateur : faire tomber Navin Ramgoolam. 

 

Il n’y a pas de vrai plan économique et la crise de l’emploi s’aggrave. Dans la ligne droite de l’ancien gouvernement, les Lepep tentent de rentabiliser la canne, dilapident les terres et bradent nos ressources aux étrangers. L’incohérence au sein du gouvernement s’est accentuée en 2016, il n’y a eu que des lager sat lisien. Du coup, les capitalistes et les travailleurs sont insatisfaits. Idem pour les ambassades (avec le move de SAJ concernant les Chagos). Cela ne convient certainement pas au PMSD qui est un parti pro-capitaliste depuis toujours mais qui s’ouvre un peu aux travailleurs. Et Xavier-Luc Duval voit plus loin. Il a d’autres ambitions. Avant 2014, son parti était faible mais, désormais, avec 11 députés, il croit qu’il peut représenter une certaine force. D’ailleurs, ces derniers mois, le leader du PMSD démontrait déjà sa volonté à avoir un parti national, donc il agissait seul… Ce qui n’était déjà pas du goût du MSM.»

 

Les news «fun» 

 

Ah, les vilaines affiches ! Elles sont bleues et blanches, portent le logo du PMSD… mais ne viendraient pas de ce parti. Le message n’est pas incroyable non plus quand on connaît l’histoire de ce parti : «PMSD, Navin avant tout.» Néanmoins, du côté du parti de Xavier-Luc Duval, on affirme qu’il ne s’agit pas de l’œuvre des Joes. D’ailleurs, le secrétaire général de ce parti, Mamade Kodabaccus, a fait une déposition en ce sens. 

 

Pour Showkutally Soodhun… Ça a été la goutte d’eau. Il n’a pas été nommé no 2 du gouvernement. Donc, le vice-Premier ministre a boudé les travaux à l’Assemblée nationale, le mardi 20 décembre. Néanmoins, dès le lendemain, il est rentré dans les rangs. 

 

Boni de fin d’année : au remboursement.Les Bleus démissionnaires, qu’ils soient ministres ou PPS, devront rembourser dix jours de leur boni de fin d’année.

 

Xavier-Luc Duval fait le point  

 

Son départ n’a rien à voir avec Navin Ramgoolam. C’est Xavier-Luc Duval qui le dit. Le nouveau leader de l’opposition animait un point de presse le vendredi 23 décembre pour expliquer le pourquoi du départ du PMSD du gouvernement : un gros désaccord sur le PCB, of course, que ces démissions en masse auraient fait «capoter».

 

C’était aussi le moment de commenter les rumeurs de rapprochement avec son ancien partenaire :«Navin Ramgoolam est un ami. Mais en politique, pena kamuad.» Le chef de file des Joe a ajouté qu’il n’aurait pas pris cette décision au nom d’une hypothétique alliance PTr-PMSD dans trois ans. Trois ans ? Pourtant, il affirme que le gouvernement ne tiendra pas le coup jusqu’à la prochaine rentrée parlementaire, prévue pour mars 2017. Une aile du MSM se sentirait un peu à l’étroit au sein de l’équipe dirigeante, a-t-il affirmé. 

 

Dans le registre du déjà-dit, Xavier-Luc Duval a expliqué que le PCB a été imposé aux membres du Conseil des ministres, où la discussion n’était pas permise. «C’est un gouvernement caractérisé par l’insécurité, qui voit des complots partout et qui montre des signes de paranoïa.»

Le leader du PMSD estime que le départ des Bleus du gouvernement a été bien accueilli par la population et que celle-ci entrevoit enfin une lueur d’espoir maintenant que le gouvernement Lepep n’a plus la majorité au Parlement. Pravind Jugnauth, lui, a réagi en assurant que l’avenir du gouvernement était flamboyant. 

 

Maistry quitte le navire bleu

 

Le président du parti, Ramalingum Maistry, a décidé de ne pas suivre son leader car il qualifie sa décision de quitter le gouvernement de précipitée. D’autres démissions sont-elles à prévoir ? Du côté des Joe, après le choc de ce départ, c’est la crainte du moment…

 

Des départs et des conséquences

Un nouveau leader de l’opposition. Après la démission de Paul Bérenger de ce poste, le leader du PMSD, parti majoritaire de l’opposition, débute une nouvelle étape de sa vie politique… 

 

Pour le ML.C’est la promotion des promotions ! Avec le départ du PMSD, c’est Ivan Collendavelloo et son parti qui semblent être les grands gagnants de toute cette débâcle. C’est Noël ! L’homme passe deuxième du gouvernement, récupère le portefeuille du tourisme et l’avenir au sein de l’Alliance Lepep devrait être plus lumineux pour son parti. 

 

Et pour les autres ministères.Le ministère des Communications externes (rattaché à la base à celui du Tourisme) : sir Anerood Jugnauth. L’Environnement : Étienne Sinatambou. L’Égalité du genre : Fazila Jeewa-Daureeawoo. Arts et culture : Pradeep Roopun. Fonction publique : Ashit Gungah. 

 

Lev pake ale.Les nominés politiques plient bagage, un à un. Du côté de la mairie de Curepipe (la seule contrôlée par les Joes), la mairesse PMSD, Nathalie Gopee, affirme qu’elle restera en poste pour le moment, en attendant d’autres consignes de son leader. Dans les autres municipalités, il y a désormais une opposition ! 

 

Pravind Jugnauth grimpe. Et le Premier ministre to be est désormais no 4 du gouvernement. 

 

Ah, les bonnes vieilles tractations ! Pour vous, c’est la période des fêtes. Pour eux, c’est celle des koz koze. Alors, en ce moment, on resserre les liens ou on essaie de s’en découvrir de nouveaux. Malgré de fortes rumeurs concernant l’entrée du Mouvement patriotique (MP) d’Alan Ganoo au sein du gouvernement, les responsables du parti ont affirmé que ce n’était pas à l’ordre du jour. Les démissionnaires du MP, eux, ne seraient pas aussi réfractaires. Pour l’instant, le MSM tenterait, par tous les moyens, de retrouver sa majorité de trois-quarts… quitte à piocher partout. 

 

Dan zot kafe pena triyaz. Une bonne dose de cross the floor ? Y aurait-il des dissensions au sein du PMSD ? Mamade Kodabaccus, lui, a estimé que sir Gaëtan Duval aurait signé le projet de loi de la discorde, désavouant en quelque sorte son leader. Des élus bleus, notamment Alain Wong, Patrice Armance et Marie-Claire Monty, seraient courtisés par le MSM. Un parfum de suspicion plane dans l’air. 

 

Le leader du MSM dit «non».En fin de semaine, Pravind Jugnauth a affirmé que Marie-Claire Monty (députée de Port-Louis Nord/Montagne-Longue) avait pris contact avec lui pour discuter du PCB. La principale concernée, elle, dit être en période de réflexion. Le ministre des Finances a également déclaré que le MSM ne discutait avec aucun parti en vue d’une alliance. 

 

Une opposition unie, une alliance «to be»

 

Après sa démission, Xavier-Luc Duval a fait un appel pour que l’opposition soit unie. Une proposition bien accueillie par Paul Bérenger et Navin Ramgoolam (qui a salué le courage de son ancien partenaire). Paul Bérenger a préféré nuancer : «Oui à une unité parlementaire mais une unité politique, c’est autre chose.» Le leader du MSM, lui, estime qu’il y a un parfum d’alliance dans l’air. Pour lui, une coalition MMM-PMSD-PTr verra bientôt le jour.

 

Les vacances parlementaires : it’s on… en attendant le remaniement 

 

Après ce raz-de-marée politique, les élus sont désormais en vacances. Le Parlement reprendra le 28 mars 2017. Avant, il est prévu qu’un remaniement ministériel ait lieu, a affirmé SAJ. 

 

Des élections anticipées 

 

Rumeurs, rumeurs ! Certains estiment que des législatives sont derrière laport : il faudrait, pour certains, une démission en masse de députés ou alors le départ du ML du gouvernement (entre autres scénarios possibles). Néanmoins, SAJ, lui, a répondu à ceux qui souhaitent des élections anticipées : «Aret reve !»

 

PCB : pas de date 

 

Le projet de loi et l’amendement constitutionnel ont été retirés des travaux parlementaires le mercredi 21 décembre. Si SAJ affirme qu’il ira de l’avant avec ce changement de taille pour le bureau du DPP, il n’a pas fixé de date pour que cette loi soit votée
ou pas.